Oldalképek
PDF
ePub

serment'. Je suis vivement peiné qu'il y en ait eu un qui, quoique jeune encore 2, se soit persuadé qu'il était plus éclairé que les évêques de France, le plus grand nombre des pasteurs respectables qui ont cru ne pas devoir le prêter. Il faut avoir un bien grand fond d'amour-propre, ou être de bien mauvaise foi, pour tenir une pareille conduite! Plusieurs personnes m'avaient déjà parlé de l'ouvrage de M. Létourneau; on m'avait mème mandé qu'il m'en avait adressé une copie. Je ne l'ai point reçue et j'en suis fort aise. Je ne crois pas, d'après l'extrait que vous m'en donnéz, qu'il fasse beaucoup de prosélytes. Je pense, au contraire, qu'un pareil ouvrage ne peut que faire tort à son auteur, qui sera peut-être bien honteux, un jour, de l'avoir fait. Dieu veuille lui faire la grâce de se repentir d'avoir ainsi trahi sa conscience, ses devoirs et sa religion !

« Voulez-vous bien témoigner à tous vos messieurs combien j'admire leur fermeté et leur

1 MM. Bonnerot, Favreau et Saboureau étaient du nombre de ces professeurs fideles.

2 L'oubli du saint exercice de l'oraison journalière, le mépris pour l'étude spéciale du prêtre, les goûts frivoles, les visites inutiles, la présomption audacieuse et tranchante comme l'inspire l'ignorance, conduisirent ce jeune ecclésiastique à l'apostasie et au scandale; tant il est vrai de dire que le prêtre doit être par excellence un homme d'étude et de prière ! C'est son élément essentiel.

courage. Les circonstances où nous nous trouvons en demandent beaucoup; mais quand on est bien pénétré de la grande, importante vérité, qu'une seule chose doit nous occuper sur la terre et que c'est le soin de notre salut, à quels sacrifices ne se soumettrait-on pas pour pouvoir l'opérer sûrement? Quelque dure que puisse devenir notre position, nous devons encore remercier Dieu de ce qu'il nous juge dignes de souffrir pour lui. En jetant souvent les yeux sur la croix de notre divin Sauveur, nous y trouverons bien des motifs de nous consoler de tous les maux dont il nous afflige. Puisse-t-il nous faire la grâce de les prendre en expiation de toutes les fautes dont nous nous sommes rendus coupables à ses yeux!

Recevez les assurances du tendre et inviolable. attachement avec lequel, etc.

<< Paris, ce 8 février 1791. »

[ocr errors]

PIERRE-LOUIS, évêque de Saintes. >>

Les persécuteurs réservent ordinairement leur admiration pour les agents de leur tyrannie. Ils restent muets et sans éloges devant l'héroïsme chrétien; nous le concevons: ils ne peuvent ni le comprendre ni l'apprécier. Des doctrines fausses les aveuglent; des préventions funestes les égarent. Pour savoir louer et admirer les grands hommes que la religion divine fait naître, il ne faut pas seulement avoir une âme élevée; il faut aussi posséder un cœur pur. Au reste, la tache de sang

qui demeure empreinte sur le front des licteurs ne s'efface pas. Le bourreau n'est Le bourreau n'est pas dans l'usage

d'encenser sa victime.

L'évêque de Saintes et l'évêque de Beauvais unis par les liens de la nature et de l'amitié la plus tendre, partageaient les sentiments de la même foi et du même courage. Nous aimons à transcrire deux lettres, également autographes, adressées par l'évêque de Beauvais à un curé de sa ville épiscopale; elles offrent une conformité parfaite de pensées et de conviction. Elles sont datées de Paris, 18 et 20 février 1791.

« Aurez-vous, mon cher pasteur, mandait l'ilJustre prélat, aurez-vous dans Beauvais des imitateurs de votre foy, de votre courage, du sacrifice généreux que vous faites, pour faire respecter le ministère sacré que le Sauveur du monde vous a confié ?... Vos confrères me donneront-ils la consolation de reconnaître enfin la voix de leur chef?.. Puis-je me flatter que les dernières paroles que je leur ay adressées ayent fait quelque impression sur leur coeur?... Dieu, dans sa miséricorde, aura-t-il donné à mes expressions cette douceur, cette onction, cette grâce qui éclaire et conduit avec sûreté dans la voie étroite du salut? Hélas! que j'attends avec impatience des nouvelles de la journée de dimanche passé! Je suis dans une grande perplexité. Si je m'en rapporte à la lettre que vous et vos confrères m'avez écrite, je ne

dois que verser des larmes bien amères; mais j'espère le secours du souverain pasteur; j'espère qu'il ne permettra pas que l'Église de Beauvais se souille d'une tache dont elle ne se laverait jamais. Votre exemple, vous ministre de ses saints autels, celuy que donnent à vos confrères trois vicaires de votre ville, sera sans doute suivi. Si l'on a paru chanceler, on se sera reconforté; le bon exemple, des avis plus éclairés, des prières adressées au trône du Dieu vivant par un cœur humble et sincère, n'ayant en vue que la gloire de celuy dont nous sommes les ministres, auront sans doute obtenu les lumières de l'Esprit-Saint; je l'espère.

Quant à vous, mon cher pasteur, mon cœur oppressé avait besoin d'être soulagé; vous le faites autant qu'il est en vous; j'en rends grâce à Dieu et le prie de vous faire ressentir, toute votre vie, la douceur, l'ineffable onction dont votre âme est favorisée et que vous a méritée votre courage et votre amour pour votre créateur. Comparez la paix, la tranquillité de votre intérieur avec l'état effrayant de ceux qui n'auraient pas suivi votre exemple. On assure que, dans Paris, Dieu a déjà manifesté son improbation sur la lâcheté de ses ministres deux de messieurs les curés de Paris qui ont fait le serment, sont tombés dans un état bien déplorable et qui a des caractères de désespoir. Je ne vous certifie pas ce fait, mais on en parle beaucoup.

« Vous avez fait un grand sacrifice; mais la Providence ne vous abandonnera pas, comptez-y. Des fidèles s'empressent de réparer l'injustice que l'on commet envers ceux qui restent inébranlables dans l'accomplissement de leur devoir. Il se forme à Paris une caisse pour soulager la misère à laquelle on nous a réduits. Je ne doute pas qu'à l'exemple de Paris, les provinces ne se portent à en faire autant; mais, quand ce ne serait pas, il est bien assuré que, si le Seigneur nous croit utiles en ce monde, il trouvera bien les il trouvera bien les moyens de nous y faire subsister. Si, au contraire, nous avons rempli la tâche qu'il nous a imposée, et que le sacrifice que nous luy faisons dans ce moment-cy luy est agréable et que, par sa grande bonté, il veuille bien l'accepter en réparation de nos fautes commises contre luy, de notre lâcheté dans son service, s'il daigne luy attacher quelque prix; félicitons-nous, s'il nous appelle à luy, et ne nous inquiétons pas du mode qu'il voudra bien choisir dans la séparation qu'il fera de notre âme d'avec le corps. Voilà les pensées, les réflexions dont nous devons aujourd'hui nourrir notre âme. Priez Dieu qu'il veuille bien les graver aussi réellement en mon cœur que je le fais sur le papier.

« J'ai l'honneur d'être, avec un sincère attachement, etc. »

« FR. J., évêque de Beauvais. >> Le prélat continue à révéler au même ecclésias

« ElőzőTovább »