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les ressentiments que nous avons de tant de grâces reçues du ciel, qu'en procurant, autant qu'il est en nous, l'exaltation et augmentation de la religion divine catholique, et de la rétablir dans tous les lieux de notre royaume où elle a souffert quelque relâchement par les malheurs de la rébellion de l'hérésie et comme il n'y a point de moyen plus propre à cet effet que de pourvoir à ce que ceux que Dieu a appelés au ministère de son Église, soient rendus capables des fonctions nécessaires à un emploi si saint et si relevé, et instruits des choses qui concernent leurs ministères, nous avons estimé ne pouvoir rien faire de plus à propos que de tenir la main à l'exécution des ordonnances que les rois, nos prédecesseurs, ont faites, sur ce sujet, en procurant l'établissement des séminaires qu'ils ont ordonné être faits en chaque diocèse de notre royaume, pour donner moyen aux jeunes ecclésiastiques de se former dans l'administration des sacrements, dans le service de l'Église, et les rendre capables d'enseigner les peuples en ce qui regarde le culte de Dieu, la pureté de la foi et la sainteté de la morale chrétienne. Et d'autant que notre cher et bien-aimé Henri de Laval, évêque de la Rochelle, conseiller en nos conseils, nous a fait entendre que son diocèse est celui de notre royaume où un semblable établissement est le plus nécessaire, parce que la ville de la Rochelle, aussi bien que tout le pays d'alentour, ayant été le siège de

l'hérésie et le théâtre des guerres du Calvinisme, le peuple même catholique y est demeuré dans une profonde ignorance, tant des mystères de notre religion que des devoirs d'un véritable chrétien; qu'en cette considération le roi Louis XIII, de glorieuse mémoire, notre très-honoré seigneur et père, après avoir réduit à son obéissance ladite ville de la Rochelle, forma le pieux dessein d'y procurer un évêché, lequel nous aurions ensuite exécuté, ayant obtenu la translation du siège épiscopal de l'évêché de Maillezais en ladite ville de la Rochelle, nous aurions jugé que c'était un moyen d'attirer en ladite ville quantité d'ecclésiastiques, lesquels, par leur bon exemple et capacité, contribueraient à faire retourner au giron de l'Église ceux qui s'en sont malheureusement séparés.

<< Mais d'autant que cet avantage ne regarde pas la seule ville de la Rochelle, et que les paroissiens de la campagne ne sont pas dans une moindre nécessité d'avoir des ecclésiastiques qui puissent, par leur suffisance et bonne vie, affermir les Catholiques dans la vérité de la religion et confondre les erreurs des hérétiques; ledit évêque se serait retiré par devers nous, et nous aurait humblement supplié de lui vouloir accorder nos lettres-patentes pour l'établissement d'un séminaire de clercs dans son diocèse; et, pour le fonder et doter avec plus de facilité, nous aurait requis per

mission, par lesdites lettes-patentes, d'imposer par chacun an la somme de trois mille livres, sur tous les bénéfices de son diocèse, à l'exception des cures, pour ladite somme imposée être payée par chacune année, par forme de pension, aux termes qui seront réglés...

« A ces causes et autres considérations à ce nous mouvant... Permettons et accordons, voulons et nous plaît, qu'il soit établi un séminaire par ledit sieur évêque de la Rochelle. Si donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenant nos cours de parlement et chambre des comptes de Paris, que ces présentes ils ayent à enrégistrer... Car tel est notre plaisir.

<< Donné à Paris, au mois de juin 1664.
«< Signé Louis 1».

Un an après l'assemblée du clergé de 1682, Laval de Boisdauphin se rendit auprès du consistoire protestant de la Rochelle, pour lui lire, au nom du roi, en présence de l'intendant de la province dont il était accompagné, la lettre pastorale que nous avons citée. Les ministres avouèrent que les nobles accents de l'évêque, sa dignité modeste et l'expression des sentiments de l'épiscopat français, leur causèrent une impression de surprise et de respect. Le procès-verbal qui

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Mém. du C., t. II. pag. 674.

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atteste ce fait, est ainsi conçu; nous le copions sur la pièce manuscrite et originale:

« Henri de Laval, par la miséricorde de Dieu, évesque de la Rochelle, sçavoir faisons que ce iourdhuy vingt-un décembre mil six cens quatrevingt-trois, sur les dix heures du matin, en conséquence de la délibération de l'assemblée générale du clergé de France, tenue à Paris la présente année, et en exécution des ordres de Sa Majesté, nous nous sommes transportez avec messire Honoré Lucas, chevalier-seigneur de Delvuin, conseiller du roy en ses conseils, et intendant de la marine du Ponant et de la ville et gouvernement de la Rochelle, assistez de MM. Félix Phelypes de la Brosse, doyen de notre église cathédrale, l'un de nos vicaires-généraux; Michel Bourdaille, aumosnier de la dite église, et Arnoul Bredon, notre secrétaire, au lieu où se fait l'exercice de la religion prétendue réformée de ceste ville de la Rochelle, où estant arrivez nous aurions esté receus, à la descente de nostre carosse, par trois des ministres accompagnez de plusieurs anciens et autres faisant profession de la dite religion prétendue réformée; lesquels nous auroient conduits dans ce lieu où ils tiennent leur consistoire,

En italien, Ponente, terme dont on se sert sur les côtes de la Méditerranée, pour signifier l'Occident.

(Dict. de la Martin., t. IV. p. 1022.)

dans lequel nous aurions trouvé le sieur Tantebarat, ancien ministre, plusieurs anciens et autres faisant profession de la dite religion prétendue réformée. Et ayant pris place avec le dit sieur de Delvuin sur des fauteuils qui auroient esté préparez à cet effet, et les dits ministres et anciens sur leurs bancs ordinaires, le dit sieur de Delvuin auroit déclaré et fait entendre au dit consistoire ainsy assemblé, qu'il avoit des ordres de Sa Majesté de nous accompagner audit lieu; que la volonté du roy estoit qu'ils entendissent la lecture de l'avertissement pastoral dressé par l'ordre de nos seigneurs de l'assemblée du clergé de France, et qu'ils en reçeussent la signification; à quoy le dit sieur Tantebarat ayant respondu avec respect qu'ils estoient tout parfaitement soumis aux ordres de Sa Majesté, et prests d'obéir à tout ce qui leur seroit prescrit de sa part, mais qu'ils ne pouvoient croire qu'elle voulust gesner leurs consciences' et les soumestre à nostre jurisdiction qu'ils ne pouvoient reconnoistre, non plus que celle de nos seigneurs du clergé; nous aurions pris la parole, et fait entendre aux dits du consistoire les causes et les motifs du dit avertissement, et les

L'intention du roi ne pouvait pas gesner leurs consciences, puisqu'il s'agissait pour eux de revenir à la vérité; ce retour est de nécessité pour toute conscience droite et de bonne foi. La conscience fausse et ténébreuse maintient l'homme dans l'erreur.

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