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laisser même soupçonner à Fénélon l'objet de son voyage à la cour, il présenta au roi un mémoire pour supplier Sa Majesté de lui accorder l'abbé de Fénélon pour coadjuteur. On prit une voie détournée mais infaillible pour qu'il fut exclu de l'évèché de la Rochelle, comme il l'avait été de celui de Poitiers; (les courtisans ont tant d'adresse!) on fit entendre au roi que le vœu de l'évêque de la Rochelle pour Fénélon était inspiré par une certaine conformité d'opinion sur la grâce ... » ce qui était aussi calomnieux qu'absurde. Fénélon était trop supérieur en talent et en vertu, pour n'être pas l'objet d'une basse envie; le mérite inquiète les esprits jaloux!.. Mais revenons à la Rochelle.

Le pontife Laval de Bois-Dauphin avait donné occasion de le juger sévèrement sur le point de ses sentiments sur la grâce, car il fit partie des dix-neuf prélats qui mirent tout en œuvre pour arrêter la procédure contre les quatre évêques qui s'obstinaient à défendre la doctrine condamnée par le Saint-Siège, dans le livre de Jansénius. Louis de Bassompierre, évêque de Saintes dont nous avons parlé, fut également gagné par les quatre contumaces. Nous ne pensous point que

Vie de Fénelon, par le cardinal de Beausset; liv. I. n° 25, 26, 27, depuis la page 62 jusqu'à la page 82; 4* édit. in-S. Paris, 1830.

ces deux pontifes aient forfait à la foi orthodoxe; leur conduite fut pour le moins imprudente.

« Ces dix-neuf prélats, dit l'historien Béraud, écrivirent d'abord au pape en faveur des quatre opposants, d'une manière cependant assez ambiguë pour ne pas décrier ouvertement leur propre foi. Ils posaient, à la vérité, pour principe, que l'Église ne définit pas avec une certitude infaillible les faits que Dieu n'a point révélés; d'où ils concluaient que tout ce qu'elle exige des fidèles, à cet égard, c'est qu'ils aient pour ses décrets le respect qu'ils doivent. Ils ajoutaient mème que, si c'était un crime d'être dans ce sentiment, ce ne serait pas l'erreur particulière des quatre évêques; que c'était le sentiment de tous les autres et de toute l'Église. Mais en même temps ils mettaient ces faits au nombre des faits purement humains, des faits qui arrivent journellement, facta quotidiana, et sur lesquels, disaient-ils formellement, Baronius, Bellarmin, Palavicin, et bien d'autres docteurs non moins orthodoxes, enseignent que l'Église ne prononce pas avec une certitude infaillible. En un mot, ils ne semblaient rejeter à cet égard que le genre de foi réservé aux faits révélés immédiatement dans l'écriture et la tradition; ce qui ramenait les termes de leur déclaration, aux faits purement historiques, aux faits même personnels, et à la foi strictement divine, rejetée en cette matière par la plupart même des Catholiques français.

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Le pape put d'autant mieux prendre le change à ce sujet, que l'évêque de Châlons lui attesta que telle était véritablement la croyance des dixneuf évêques au nombre desquels il se trouvait; certifiant, de plus, qu'ils ne refusaient point d'attribuer les cinq propositions au livre de Jansenius, et qu'à cet égard ils avaient toute la soumission qu'on doit avoir pour la condamnation des mauvais livres, selon la doctrine catholique de tous les siècles ». Voilà qui prouve que nos deux évêques de Saintes et de la Rochelle n'étaient pas à l'abri de tout blâme pour leur participation à la lettre adressée au roi.

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Après toutes ces démonstrations de respect à l'égard du pape, les dix-neuf prélats adressèrent au roi une lettre bien éloignée de ces sentiments. Elle se réduit en substance à établir, avec toute la dureté des termes suivants, qu'en jugeant les quatre évêques selon le bref donné à cet effet, on ne renverserait pas seulement les canons, mais qu'il faudrait pour cela renoncer aux premiers principes de l'équité naturelle, reconnus par les païens mêmes. Ils faisaient gloire ensuite, avec toute l'emphase d'un verbiage qu'on veut substituer à la raison, de s'opposer à une nouvelle et pernicieuse doctrine, contraire à tous les principes de la religion, aux intérêts du monarque, à la sûreté de l'état, et qui, rendant le pape infaillible dans les faits mêmes, lui attribue ce qui

n'appartient qu'à Dieu seul. Il eût été de la bonne foi de distinguer au moins les faits doctrinaux de ceux qui sont purement personnels; mais on ne distinguait pas même entre l'infaillibilité du pape, dont on voulait faire peur à la cour, et l'infaillibilité de l'Eglise, dont il était uniquement question.

« Tout cet étalage de zèle pour les intérêts du roi et la sûreté de l'état ne fit point illusion à la sagesse du monarque, qui parut au contraire vivement offensé. Le procureur-général eut ordre d'annoncer au parlement que le prince était informé des conventicules et des cabales qui avaient pour fin de faire signer aux évêques qui se trouvaient dans la capitale, une prétendue lettre à lui adressée, dans laquelle il y avait des maximes et des propositions capables de troubler l'Eglise, comme aussi d'affaiblir l'autorité des ordonnances et des bulles enregistrées touchant la doctrine de Jansenius. Sur quoi il intervint un arrêt, à l'effet d'informer de ces cabales et de ces assemblées illicites, avec défense à toute personne d'imprimer, faire imprimer, vendre et répandre la lettre en question, ni autres écrits semblables '». Nous croyons que le mauvais accueil fait à cette lettre produisit une heureuse impression sur nos denx prélats beaucoup trop confiants, et les ramena

Hist. Eccl. tom. II, pag. 546.

aux vues saines et précises du corps entier de l'épiscopat. Nous pensons aussi que les évêques de Saintes et de la Rochelle purent se montrer partisans de quelques disciples de Jansénius, mais qu'ils n'ont jamais voulu donner adhésion au Jansénisme; car ils étaient l'un et l'autre des prélats fort estimables et l'édification de leurs diocèses.

Le seigneur de Laval de Bois-Dauphin s'occupa avec zèle d'assurer à son Église les ressources du ministère ecclésiastique, en sollicitant auprès du roi l'établissement d'un séminaire dans sa ville épiscopale. Sur sa demande, des lettres-patentes furent délivrées, au mois de juin 1664. Elles méritent d'être citées, puisqu'elles expliquent les grandes vues et les principes de foi qui animaient et inspiraient alors le gouvernement du roi trèschrétien.

« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut. Les bénédictions toutes particulières qu'il a plu à Dieu verser sur nous et sur notre état, depuis notre avènement à la couronne, nous obligeant d'en rendre grâces à sa divine bonté, et de témoigner, par tous les moyens possibles, que c'est à elle seule que nous nous reconnaissons redevable de tous les avantages que nous avons remportés sur nos ennemis, et qui ont été enfin couronnés par une paix glorieuse à nous et à notre état : nous ne croyons pas pouvoir mieux faire voir

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