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religieuse de la Charente-Inférieure, s'y trouvant placé par sa fougue désordonnée plus encore que par sa position sociale, »> c'est un langage erroné; ce n'est qu'un écho des déclamations conventionnelles que le talent a répété sans avoir, au préalable, su prendre les inspirations de la justice. Cette fougue désordonnée, comme parle l'honorable écrivain, n'était que le sentiment profond d'une conscience fidèle aux devoirs imposés par l'épiscopat : il devait, l'illustre pontife, << soit par des mandements et lettres pastorales adressés à ses diocésains, soit par ses motions à l'assemblée nationale, où il représentait le clergé de la sénéchaussée de Saintes, s'opposer aux réformes décrétées... Et la constitution civile du clergé devait surtout devenir le but de ses protestations et de ses attaques... parle l'auteur. . C'est précisément ainsi qu'auraient agi les Ambroise, les Augustin et les Chrysostôme. Quand un évêque combat pour la foi dont il est divinement établi le juge et le docteur, il n'excite point à la révolte il cherche à l'étouffer pour sauver l'Etat; et, de plus, pour édifier l'Eglise, il s'efforce de prémunir, contre une ignoble apostasie, et les prètres qu'il encourage et les fidèles qui lui sont confiés. C'est alors qu'il

- >> comme

Hist. pol., civ. et relig. par M. Massiou, IV pér., pag.

109 et 110.

il

est grand devant Dieu dont il défend la cause, et devant les hommes dont il règle les devoirs. Oui, une des gloires de l'évêque de Saintes, c'est le mandement qu'on vient de lire!... L'attaquer, au XIXe siècle, sur ce point, c'est prouver, ou que l'on a pas envisagé sous son véritable jour le motif de sa louable conduite, ou qu'on a voulu céder à l'empire des vieilles préventions d'une époque plus que jamais réprouvée par la raison et par l'histoire. Car Pie VI, dans son bref doctrinal, sous la date du 10 mars 1791, n'avaitpas déclaré que « le décret sur la constitution du clergé renversait les dogmes les plus sacrés et la discipline de l'Eglise la plus certaine; qu'il abolissait les droits du premier siège, ceux des évêques, des prêtres, des réguliers des deux sexes, supprimait de saintes règles, enlevait à l'Eglise ses revenus et ses fonds, et qu'enfin il produisait des calamités si déplorables, qu'on ne pourrait les croire, si on ne les avait pas sous les yeux. >> Dans un autre bref, le saint pape n'avait-il pas dit « que personne ne peut ignorer que, d'après son jugement et celui du saint siège apostolique, la nouvelle constitution du clergé ne soit composée de principes puisés dans l'hérésie; qu'en conséquence, elle ne soit hérétique dans plusieurs de ses décrets, et opposée au dogme catholique; qu'en d'autres, elle ne soit sacrilège, schismatique, éversive des droits de la

primauté et de ceux de l'Eglise, contraire à la discipline tant ancienne que moderne, et qu'elle n'ait été inventée et publiée que dans le dessein de détruire entièrement la religion catholique...>> Ce jugement du successeur de Pierre ne fut-il pas reçu avec respect par l'épiscopat français, à l'exception de quatre prélats transfuges? Plus de cent trente-cinq évêques étrangers n'y avaient-ils pas joint leur adhésion expresse et n'était-il pas devenu le jugement de l'Eglise universelle? 1... L'évêque de Saintes n'avait donc rien de mieux à faire que d'unir sa voix aux accents de l'Eglise entière; il n'excitait donc pas à la révolte par ses protestations et ses attaques, quand il s'opposait aux réformes décrétées. Que serait devenue l'Eglise Romaine, si, depuis deux mille ans bientôt qu'elle enseigne le monde et qu'elle combat l'erreur, elle avait eu à souscrire à toutes les exigences des imposteurs qui l'ont attaquée ?... Dans la circonstance de 1791, oser blâmer notre évêque de sa conduite énergique, c'est le blâmer de l'accomplissement d'un devoir qui lui donne des titres à l'admiration de tous les siècles chrétiens.

Quelques mois après une manifestation si digne d'éloge, l'évêque de Saintes reçut la récompense réservée à son zèle et à sa fidélité. Nous

1

Voy. Brefs de Pie VI, Dict. des Conciles; nouv. édit.; Besançon 1822, pag. 274 et sui

ajoutons à sa profession de foi la copie de deux lettres autographes qu'il adressa an vertueux abbé de Rupt, alors principal du collège de Saintes. Elles honorent l'évêque qui les écrivit et le prêtre estimable qui les reçut en 1791 '.

« Je sens, Monsieur, combien votre position est cruelle et votre perspective affligeante. C'est précisément parce qu'elle se présente à moi dans toute son horreur, que j'admire davantage votre fermeté et votre courage! Je n'en ai jamais douté un seul instant et je connais trop bien vos sentiments et vos principes religieux, pour n'avoir pas prévu le parti que vous prendriez, si on voulait exiger de vous un serment que la religion réprouve et auquel, en conséquence, votre conscience se refuse. Faire notre devoir, obéir à Dieu, voilà le seul objet qui doit nous occuper. Ne désespérons pas de sa providence, et soyons bien sûrs qu'après avoir mis notre foi à l'épreuve, il trouvera les moyens de nous secourir dans notre malheur. D'ailleurs, s'il a décidé que nous devions périr pour une si belle cause, réjouissons-nous en lui de ce qu'il nous a jugés dignes de souffrir pour lui. Je désire bien que Messieurs les professeurs imitent votre exemple et conforment leur conduite à ceux que vous me nommez dans votre

Ces deux lettres qui nous viennent de M. l'abbé de Rupt, sont actuellement dans les archives de l'Évêché de la Rochelle.

lettre. S'ils aiment leurs devoirs et qu'ils aient conservé l'esprit ecclésiastique, ils ne peuvent se conduire autrement.

Recevez, avec les assurances de toute ma reconnaissance pour les vœux que vous formez pour moi, au commencement de cette année, ceux du sincère attachement avec lequel, etc.

« Paris, 31 janvier 1791. »

PIERRE-LOUIS, évêque de Saintes. Voilà les sentiments de religion, d'honneur et de piété qu'un PROCUREUR-GÉNÉRAL SYNDIC déféra au directoire du département, comme hostiles à la Nation, à la Loi et AU ROI !!!... Quelle hypocrisie criminelle!... Deux ans plus tard, ce procureur-général syndic votait la mort du Roi!!!.

La seconde lettre du prélat est l'expression de tout ce que l'esprit chrétien peut inspirer à une âme élevée et à un coeur pur. Le ciel, qui destinait notre évêque à la gloire du martyre, lui en donnait déjà la force et la résignation. Ce qu'on va lire en est une preuve :

« Vous ne devez pas douter, Monsieur, du plaisir que j'ai eu en apprenant que presque tous les membres du collége s'étaient refusés à prêter le

Hist. civ. polit. et relig., au lieu déjà cité.

2 Extrait des procès-verbaux de la Convention, note 7, tom. IV, pag. 424. Hist. de la Révolut. par le vicomte de Conny.

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