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en plénitude la science du prêtre ; les matières doctrinales lui étaient familières. Puissant par les œeuvres de sa piété, il ne le fut pas moins par ses discours et ses écrits. L'hérésie trouva en lui un formidable adversaire: il soutint contre les ministres protestants de la Rochelle les droits de la vérité catholique. Il fit successivement imprimer plusieurs traités tendant à établir les dogmes de la foi contre les subtilités calvinistes, entre autres un petit écrit ayant pour titre : Établissement de la doctrine de l'Église touchant le culte des Saints, en réponse à une déclamation qu'un ministre protestant, nommé Hespérien, avait fait entendre au synode de Marennes. Un autre ministre, qu'on appelait l'Ortie, crut devoir attaquer l'Éclaircissement du grand vicaire de la Rochelle; l'abbé Bourdaille répondit en théologien méthodique, faisant preuve d'un raisonnement fort, lumineux et précis. L'Ortie s'était mis en opposition avec le ministre Daillé touchant la question du culte des Saints; le docteur de Sorbonne sut, avec un heureux à-propos, relever la méprise de l'adversaire qui avait osé nier un fait qu'il ne devait pas ignorer.

« M. Daillé, dit l'abbé Bourdaille, qui avait une réputation à ménager parmi les savants, a cru qu'il devait se faire honneur d'avouer de bonne grâce que le culte des Saints a été pratiqué par les pères des IVe et Ve siècles de l'Église. M. l'Ortie a jugé à propos de contester ce fait. Ce n'est point

ici une question ni épineuse ni embrouillée, où l'on puisse ni se tromper ni tromper les autres; c'est un fait de notoriété publique. On sait que M. Daillé a fait un assez gros volume contre la tradition des Latins, touchant le culte des Saints, et il suffit de l'avoir ouvert pour savoir que l'auteur se retranche dans les trois premiers siècles, et qu'abandonnant tous les autres, il avoue que son sentiment et celui de sa communion est contraire à la pratique et à la doctrine de toute l'Église, depuis le IVe siècle inclusivement. M. l'Ortie a mieux aimé nier un fait constant, que de laisser tirer la conséquence, qui se tire d'elle-même, qu'il faudra condamner, comme autant de docteurs de superstition et d'idolâtrie, de grands hommes si éclairés et si zélés pour la pureté de la religion, tels qu'étaient, dans les IVe et Ve siècles, saint Grégoire de Naziance, saint Bazile, saint Grégoire de Nysse, saint Augustin, saint Cyrille d'Alexandrie, Théodoret et les autres.»

L'abbé Bourdaille publia une Théologie morale de saint Augustin, où le précepte de l'amour de Dieu est traité à fond, et les autres maximes de l'Evangile se trouvent expliquées et démontrées.

Le chapitre VIIIe du 3e traité contient une proposition que réfuta le fameux Arnaud de PortRoyal; telle est cette proposition:

<< Ceux, dit le docteur Rochelais, qui ne se laisscraient aller à quelques-uns de ces désordres (il s'agit de grands désordres), qu'avec une extrême ré

pugnance et malgré eux, ou forcés par la crainte d'un grand mal qui les menacerait, ou cédant à la violence d'une passion qui les emporterait, de sorte qu'ils eussent un extrême déplaisir tout aussitôt qu'ils seraient hors de ces fâcheuses conjonctures, on ne pourrait pas dire si assurément qu'ils auraient perdu la grâce et qu'ils auraient encouru la damnation : car encore que la cupidité ait dominé en ce moment, ce peut n'avoir été qu'une domination passagère, qui ne change point absolument le fond et la disposition du cœur. » Un écrit imprimé à Liège taxa cette proposition de morale reláchée. La réfutation d'Arnaud fait apprécier la valeur de l'écrit imprimé à Liège. Pour juger un ouvrage, il suffit de connaître l'esprit et les principes de ceux qui l'attaquent et le condamnent.

Cependant, une autorité beaucoup plus grave pour nous que celle du fameux Janséniste Arnaud, rend blåmable, à nos yeux, la proposition de l'abbé Bourdaille; le clergé de France, assemblé en 1700, condamna la théologie morale du grandvicaire de la Rochelle, en ce qui touche la doctrine que nous venons d'indiquer, doctrine reconnue par l'illustre assemblée comme fausse, pernicieuse, erronée, contraire à l'Ecriture, injurieuse à saint Augustin, dont Bourdaille se disait le disciple dévoué, et en outre, comme tendant à

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Voyez l'Hist. de la Rochelle, par Arcère, tom. II.

excuser toutes sortes de péchés et en diminuer l'horreur. « Cette doctrine, dit l'auteur des Conférences d'Angers, est contraire à celle de saint Augustin; loin de trouver quelque appui dans ses écrits, le saint docteur enseigne partout que l'acte senl du péché mortel détruit la charité: et c'est ce qu'il marque bien positivement.

Vivait, à l'époque de l'épiscopat d'Henri de Laval, un autre ecclésiastique dont le mérite fut également trop éminent pour que nous ne consacrions pas plusieurs pages à sa mémoire. Il se nommait René Moreau. Il prit naissance en 1605, au village de la Chaponnière, dans la paroisse de NotreDame-de-Moulins, en Poitou, et alors du diocèse de Maillezais. Son père était un simple laboureur. Mais Jacques Moreau et Renée Vion, son épouse, avaient en partage les vertus sincères que l'Evangile inspire. Leur fils aima leurs leçons en suivant leurs pieux exemples. Deux des oncles de l'enfant, l'un était curé de Notre-Dame de Fontenay-leComte, et l'autre, curé de Saint-Marc, se promettaient de présider à l'éducation du jeune René; mais les Calvinistes, s'étant rendus maîtres de la ville, après avoir profané, pillé, brûlé les églises, particulièrement celle de Notre-Dame, forcèrent les pasteurs à prendre la fuite, seule ressource pour échapper à une mort violente. Les parents de René suppléèrent autant que possible, par leurs soins paternels, aux intentions de ses deux oncles.

Dieu vellait sur cet enfant de bénédiction. Son père et sa mère eurent l'inspiration de l'envoyer, dès l'âge de quatre ans, à une école du bourg de Moulins, et surent le former de bonne heure à l'amour de la religion sainte dont un jour il devait être un si digne ministre. La grâce prévint cet heureux enfant. N'ayant encore que sept ou huit ans, au lieu de se livrer aux plaisirs bruyants, il aimait, au retour de classe, à prier long-temps au pied d'une croix placée sur le chemin de Moulins à son village. Des circonstances plus favorables permirent enfin à ses oncles de se charger entiè rement de son éducation. Sa vertu naissante et sa capacité intellectuelle les portaient à concevoir les plus hautes espérances pour l'avenir de leur

neveu.

Après avoir étudié les éléments de la langue latine. à l'école d'un maître habile, le jeune Moreau fut envoyé à Poitiers. Il s'y distingua dans ses cours de philosophie et de théologie. Il comprit que, puisque Dieu l'appelait au sacerdoce, il exigeait de lui une science plus étendue, afin de pouvoir un jour confondre les ennemis de l'Église. Il alla en conséquence étudier en Sorbonne; il passa bientôt maître ès-arts et, après les examens et les thèses d'usage, il fut reçu bachelier. Il fut élevé à la prêtrise et commença à exercer à Paris le saint ministère. Docile à l'esprit de Dieu, il fit autant de progrès dans l'amour et la pratique des vertus

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