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de la forteresse ranimaient bientôt le courage des habitants dispersés. Ils aimaient à fixer de nouveau leur demeure à l'ombre de ses vieux remparts.

coupures,

En 1569, le comte de Lude et Pui-Gaillard, chefs de l'armée royale, formèrent le projet d'enlever aux Calvinistes le château et Marans, dont ils s'étaient emparés. Ce lieu était d'une très-grande importance, puisqu'il approvisionnait la Rochelle, révoltée alors contre son Dieu et contre son roi, plus par la séduction des grands que par la conviction du peuple. Marans était d'un très-difficile accès. L'art, dit Arcère, n'avait presque rien fait pour mettre cette place hors d'insulte; mais la nature suppléait à l'art. Située au milieu des marais et dans un labyrinthe de canaux et de elle déconcertait les efforts du courage le plus audacieux. Une levée offrait un chemin aux voyageurs qui venaient de Surgères et de SaintJean-de-Liversay. Elle avait été coupée pendant les troubles précédents; un pont levis y avait été jeté. C'est l'endroit qu'on appelait le Poste de la Bastille. Pui-Gaillard dirigea une brusque attaque sur ce point. Il fut repoussé. D'après le conseil de quelques paysans Marandais, pendant qu'il cherchait à s'onvrir, ainsi qu'aux siens, un sentier au milieu du marais dont il affermissait le sol au moyen de fascines et de roseaux, le comte de Lude occupait le passage du Braud; Jean de Montsoreau, maître de l'ile d'Elle, faisait armer des

barques légères afin d'aider leur action offensive. Pui-Gaillard, à la tête de sept compagnies d'infanterie et de quelques escadrons de cavalerie, s'était porté en avant, pour enlever le fort dit de la Brune, situé sur la route de la Rochelle.

Malgré les efforts du chef huguenot Puiviault, qui commandait dans Marans, le comte de Lude y entra en triomphe, le 1er novembre, après avoir forcé les Calvinistes à une prompte retraite. Les bannières de France furent arborées sur les tours du château et le commandement de la place fut donné à La Rivière Pui-Taillé. Mais un an à peine écoulé, le protestant Lanouë, brave dont la vertu guerrière était digne de défendre une plus noble cause, reprit le château qu'on avait fort imprudemment dégarni de ses meilleures troupes. Biron, en 1572, s'en rendit maître au nom du roi. Plusieurs fois encore, pendant les troubles du Protestantisme, attaqué et repris, le château de Marans ne tomba jamais au pouvoir des sectaires révoltés, sans que l'église de SaintÉtienne, dans un temps très-reculé, église abbatiale d'un monastère dont il ne reste plus de vestiges, ne devînt l'objet des coups de leur massue destructive et ne fû tcriblée par leur artillerie foudroyante. Ils faisaient la guerre à l'autel comme au trône, on le sait. Ce que l'on voit de ce temple saint offre les caractères du style architectural des XIe XIIIe et XVIe siècles. Le fanatisme hérétique a

brisé, renversé ou mutilé cette église. Au XIXe siècle, le croirait-on ?.. non moins acharnée que l'hérésie du XVIe, l'hostilité voltairienne, réprouvée plus que jamais par le génie et par la raison, s'oppose, quand les intérêts religieux de toute une population catholique le demandent, à ce qu'une nouvelle église paroissiale, plus rapprochée du centre de l'agglomération, s'élève, grande et spacieuse, et s'ouvre enfin aux vœux et à l'affluence des fidèles Marandais !! L'esprit retardataire qui fait naître cette mesquine opposition, indique l'absence de tout principe rationnel, chrétien, progressif, moral et religieux.

Le château de Marans fut rasé en 1638. Le seigneur du lieu devint plus tard possesseur d'une partie de son emplacement. Jean, sire de Bueil, seigneur en 1659, donna ce qui restait du même terrain pour la fondation d'un monastère de religieux de saint François. L'humilité du cloître remplaça l'orgueil féodal, et la religion du ciel

y

fit succéder la prière et la paix, aux luttes acharnées, aux combats opiniâtres de l'erreur contre

Les habitants de Marans n'apportent jamais de lenteur quand il s'agit de l'honneur de la Religion qu'ils aiment : témoin leur admirable élan à seconder le zèle de leur digne pasteur, quand la Religion leur fit entendre sa voix en faveur des victimes de la Pointe-à-Pitre ! Quelques heures leur suffirent pour fournir une somme de douze cents francs!... Voilà le peuple dont on méprise les vœux pour la construction d'une église!.........

la vérité, et de la fidélité contre la révolte. Une halte à Marans nous repose, mais Mauléon nous rappelle.

L'église abbatiale et le monastère de la Trinité furent rebâtis par les chanoines réguliers de la congrégation de France, qui s'y établirent au milieu du XVIIe siècle.

Revenons sur nos pas. Traversons Fontenayle-Comte. Saluons de nos souvenirs le monastère de Saint-Vincent-de-Nieuil-sur-l'Autize. Un seigneur de Vouvant, nommé Airaud Gassedener, en fut le fondateur vers l'an 1068. Le pape Clément XI supprima cette abbaye régulière et la remplaça par un couvent séculier de l'Église Aunisienne. Le chapitre de la Rochelle jouissait du revenu des menses abbatiales et conventuelles réunies.

A chaque pas, nous rencontrons les monuments que les beaux siècles de la foi ont fait surgir comme autant de témoignages d'adoration, d'amour et de reconnaissance. Ici s'offre encore NotreDame de Moreilles, de l'ordre de Citeaux. Cette abbaye était située près de Marans, dans la paroisse de Sainte-Radegonde. Les seigneurs de Triaize la fondèrent au XIe siècle. Ce monastère avait été autrefois très considérable. Il ne fut agrégé à l'ordre des disciples de Saint-Benoît que vers le XIIe siècle. Les Protestants destructeurs le ruinerent; il fut cependant reconstruit par un prieur appelé Denis Gedouin. Le cardinal de Richelieu

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en avait été abbé commandataire, au commencement du XVIIe siècle; aujourd'hui, il n'en reste rien. Presque partout les pierres des asiles claustraux et des églises abbatiales, dispersées par la main des démolisseurs, ont été employées à la construction de maisons opulentes, par ceux souvent dont les pères habitaient sous le chaume. C'est le progrès! Un poète dirait :

<< Tu vois les nations s'éclipser tour-à-tour
<< Comme les astres dans l'espace;

<< De mains en mains le sceptre passe;

<< Chaque peuple a son siècle, et chaque homme a son jour 1.»

Notre-Dame de la Gráce-Dieu, qui ne vit plus que dans l'histoire du moyen-âge, fut long-temps l'asile des vertus monastiques. Cette abbaye était située à cinq lieues de la Rochelle. Elle appartenait jadis au diocèse de Saintes. Guillaume, duc d'Aquitaine, ou, suivant quelques auteurs, sa fille Éléonore, la fonda au XIIe siècle. Elle fut renversée par les Protestants. Qu'il est honteux pour le Calvinisme d'entendre sans cesse répéter ce refrain de légitimes regrets!.. Partout où le moyen-âge avait produit des chefs-d'oeuvre, le vandalisme huguenot n'a laissé que des ruines ! « Il se déclara ennemi des arts, dit à juste titre le vicomte de Châteaubriand; en retranchant l'imagination des

↑ Lamartine.

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