Oldalképek
PDF
ePub

la garde nationale. La foule se dissipe en partie et le calme paraît se rétablir au milieu de l'assemblée. M. l'évêque d'Agen peut se faire entendre; il répond avec fermeté que, quoiqu'il soit sur le point de perdre et sa place et tout ce qu'il a dans le monde pour subsister, cette crainte ne le fera pas manquer à sa conscience et qu'il ne prétera point le serment. Beaucoup d'applaudissements de notre côté, et un morne silence de l'autre. On appelle ensuite M. de Fournets, curé du PuyMiquelan; Il répond : « — Je me ferai toujours gloire de suivre les traces de mon évêque, et, quelque chose qui puisse m'arriver, j'espère que Dieu me fera la grâce de le suivre partout, comme saint Laurent suivit le pape saint Sixte. Je refuse de prêter le serment. >>

[ocr errors]

Après avoir appelé quelques personnes absentes, se présente encore un curé qui veut motiver son refus avec autant de force que les deux autres. On crie que l'on ne veut pas d'explications et qu'il faut répondre simplement: Je jure, ou je refuse. On demande qu'on cesse l'appel nominal et qu'on s'en tienne à une interpellation générale. Grand débat à cet égard. Enfin la proposition est décrétée. Nouvelles explications données par Mirabeau. L'abbé Mauri demande encore la

1 Les hommes sans conscience redoutent les hommes de principes.

parole; le président la lui accorde. Il monte à la tribune et en est écarté par un nouveau décret, sans avoir pu proférer une seule parole. Nouvelle dispute sans qu'on puisse s'entendre. De Cazales propose à l'assemblée d'accepter la formule de M. de Clermont et observe qu'il ne peut y avoir de difficulté, puisque l'assemblée prétend n'avoir ni touché ni vouloir toucher au spirituel. Cette proposition est rejetée avec beaucoup de vivacité, pour ne rien dire de plus. Enfin on fait une dernière interpellation et on décrète la dernière partie de la motion de Barnave. Voilà', dans l'exactitude, ce qui s'est passé. Les évêques et les curés ont montré courage et fermeté. Nous devons donc rendre grâces à Dieu de nous avoir soutenu dans cette circonstance. J'espère que l'exemple que viennent de donner les membres de l'assemblée inspirera de l'énergie et de la cons

tance aux autres. >>

Après s'être montré un narrateur fidèle, notre évêque sut encore se montrer un apôtre énergique. Sa profession de foi est un chef-d'œuvre; son adhésion à la bulle de Pie VI est le plus glorieux monument de notre histoire. Le prélat s'exprime

ainsi :

<< Pierre-Louis de Larochefoucaud, évêque de

Le talent inquiète la tyrannie; elle le hait comme une puissance, dit Châteaubriand.

Saintes, par la miséricorde divine et la grâce du Saint-Siège apostolique, au clergé et à tous les fidèles de notre diocèse salut en notre Seigneur Jésus-Christ.

« Vu la lettre de notre saint père le pape, du 13 avril dernier, adressée aux évêques, au clergé et à tous les fidèles de l'Église de France, concernant les ecclésiastiques qui ont prêté le serment prescrit par l'assemblée nationale, le 27 novembre précédent, et les faux pasteurs déjà en possession, ou prêts à s'emparer de l'administration des diocèses et des paroisses;

<«< Vu aussi le bref particulier, écrit le même jour, par le Souverain-Pontife, aux métropolitains chargés, suivant l'ancien ordre de l'Église, de transmettre et communiquer lesdites lettres aux évêques de leurs provinces, pour la distribution en être faite dans les principaux lieux de chaque diocèse;

« Considérant qu'il est de notoriété publique que le chef de l'Église a été saisi, par le roi et par les évêques de France, de la connaissance du nouveau plan de constitution du clergé et de tout ce qui s'en est ensuivi dans ses rapports avec la religion; que ce concours, au premier siège, était conforme à la pratique immémoriale des grandes Églises d'Orient et d'Occident et que l'intervention de l'Église romaine devenait plus indispensable encore depuis que la permission de s'assembler

en concile avait été refusée aux instances des

représentants de l'Église de France;

«

Considérant que nos pères nous ont appris que c'est dans le saint siège, principalement, et dans le corps de l'épiscopat, uni à son chef, qu'il faut trouver le dépôt de la doctrine catholique confiée aux évêques par les apôtres, et qu'il n'est point d'orthodoxe qui doute que le pape ne soit chef, pasteur et primat de l'Église universelle, père et docteur de tous les chrétiens, selon le langage du concile de Florence, et qu'il ne puisse, en cette qualité, pourvoir, dans le cas et selon les formes de droit, au régime de tous les diocèses et à toutes les fonctions pastorales qui y sont nécessaires pour le bien des âmes 3;

« Considérant que déjà la lumière a commencé à se répandre du haut de la chaire apostolique par la réponse de Sa Sainteté aux prélats députés à l'assemblée nationale; que sa nouvelle instruction, adressée à l'Église de France tout entière, ne lais

1 Gerson ne connaît pas de plus grand malheur pour l'Église que celui d'être privée de l'avantage de ses Conciles généraux et provinciaux : - Nulla fuit hactenus, nec erit in posterùm perniciosior pestis in Ecclesid, quàm omissio generalium Conciliorum et provincialium. - Le Protestantisme et l'impiété le savent bien! Voilà pourquoi la permission de s'assembler en Concile avait été refusée, sans doute au nom de la liberté des cultes!...

2 Bossuet, Disc. sur l'unité de l'Eglise.

3 Lett. circul. du Clergé de France, de l'an 1655.

sera plus de doute aux yeux des peuples sur l'enseignement uniforme du pape et des évêques; que plus nous en avons médité les dispositions, plus nous y avons reconnu la tradition de notre Église1, le langage de nos collègues dans l'épiscopat, la doctrine et la pratique de l'Église universelle, et que Pierre a parlé par la voix de son digne successeur;

<< Considérant enfin que telle est aujourd'hui la violence de la tempête contre l'Église gallicane, que les évêques voudraient en vain procéder à l'acceptation et publication du décret apostolique, dans les formes antiques et solennelles que la sage discipline de nos pères avait consacrées; qu'il s'agit des plus grands intérêts de la religion, et que, privés de la consolation de recevoir, en corps de pasteurs, la décision du Souverain-Pontife, nous n'en sommes pas moins tenus de faire connaître notre vou, pour éclairer les consciences, affermir nos frères dans la foi et préserver des malheurs du schisme la portion du troupeau de Jésus-Christ, confié à notre sollicitude:

« Nous déclarons accepter avec respect et soumission le jugement émané de l'autorité du SaintSiège, le 13 avril de la présente année 1791, et notamment les dispositions qui condamnent le serment exigé des ecclésiastiques français, et celles

La tradition de l'Église Santone est une tradition upostolique.

« ElőzőTovább »