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plutôt que la persuasion; qui fut l'auteur de la guerre que l'on fit aux Albigeois et des cruautés dont elle fut accompagnée; qui, pour perpétuer dans l'Eglise le zèle persécuteur, suggéra le tribunal de l'inquisition la vérité est que saint Dominique n'employa jamais contre les Albigeois que les sermons, les conférences, la patience et la charité. En arrivant dans cette mission représenta aux abbés de Citeaux qui y travaillaient, que le seul moyen d'y réussir était d'imiter la douceur, le zèle et la pauvreté des apôtres; il leur persuada de renvoyer leurs équipages et leurs domestiques, et leur donna l'exemple de la charité apostolique. Il n'eut aucune part à la guerre que l'on fit aux Albigeois. Saint Dominique prêcha contre les excès que commirent les Croisés, aussi bien que contre les cruautés des hérétiques'.: Alphonse, comte de Poitou et de Toulouse frère de saint Louis et dont nous aurons ailleurs à signaler la piété envers saint Eutrope, établit à la Rochelle les religieux Dominicains. Il leur assigna un vaste emplacement entre l'église de Notre-Dame et la rue de Cordouan. Il paraît, d'après une ancienne charte, que, du vivant même du prince, Geoffroy, fils de Hugues du Puy-duFou', fit bâtir l'église de ces pieux cénobites. Le

Voy. Dict. hist. tom. VI. pag. 85.

2 De Podio fagi. (Clerg. de Fr. tom. 11. pag. 546.)

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fanatisme du XVIe siècle a tout détruit. Cependant, par sentence du lieutenant particulier au présidial de la Rochelle, en 1637, ces religieux rentrèrent en possession de leurs domaines dévastés. Mais que sont-ils devenus?.. Ici-bas tout passe vite! tout disparaît successivement, monastères et cénobites! Les ruines et la mort envahissent tout, tout s'éteint; Dieu seul reste.

Mais toi, Seigneur, tu possèdes
Ta propre immortalité!

Tout le bonheur que tu cèdes
Accroît ta félicité!

Tu dis au soleil d'éclore

Et le jour ruisselle encore!
Tu dis au temps d'enfanter,
Et l'éternité docile,

Jetant les siècles par mille,
Les répand sans les compter!
Les mondes que tu répares
Devant toi vont rajeunir,
Et jamais tu ne sépares
Le passé de l'avenir;

Tu vis! et tu vis!.. Les âges

Inégaux pour tes ouvrages,
Sont tous égaux sous ta main;

Et jamais ta voix ne nomme

Hélas! ces trois mots de l'homme,
Hier, aujourd'hui, demain !.. »

Un établissement du XIIIe siècle nous ramène

vers le rivage de la mer. Nous ne sommes plus,

1 Médit. de Lamart. déjà citée....

comme au moyen-âge, dans cette lumière éminemment rationnelle, parce qu'elle est le reflet de la foi, vertu divine qui découvre, sous son véritable aspect, l'utilité des fondations monastiques. Nous ne savons plus, au XIXe siècle, en apprécier les motifs ni en avouer les incontestables avantages. Trop de préventions nous aveuglent; nous n'avons ni bonne foi, ni impartialité. L'histoire ne se montre plus à nos regards avec sa candeur et sa vérité incorruptible: nous lui avons défendu de dire ce qu'elle sait; nous l'avons obligée à un langage qui ne fut jamais le sien. Le Protestantisme et l'impiété ont jeté sur ses épaules le manteau des sophistes et placé sur ses lèvres les paroles du mensonge et de la haine. L'histoire ne doit pas être l'esclave d'un parti : elle doit être l'écho des siècles et planer au-dessus de toutes les opinions humaines, dire la vérité sans exagération, poursuivre le vice sans aigreur et venger, exalter la vertu partout où elle se montre, partout où elle règne, sans s'occuper des jugements de la peur, des faux fuyants de la courtoisie, ou des récriminations d'une tolérance hypocrite.

On a beaucoup parlé de la féodalité et souvent elle a eu pour adversaires des hommes qui la nommaient sans la connaître, et sans savoir apprécier ce qu'elle produisit de grand, de bon et d'utile; en succédant à la barbarie, elle donna essor à l'imagination européenne. C'est aux temps féodaux,

ajoute un auteur, que se rattachent les premiers souvenirs littéraires, les premières jouissances intellectuelles de l'Europe. L'orgueil et le despotisme en usèrent parfois pour servir l'ambition et la révolte, mais enfin, la féodalité prouva sa nécessité dès le Xe siècle : ne lui doit-on pas la chevalerie, foyer de tout ce qu'on aime et de tout ce qu'on admire en fait de sentiments nobles et généreux !

On a également déclamé contre le régime monastique. Sans doute trop de richesses et de somptuosité ont dû nécessairement nuire à l'esprit primitif des monastères : l'homme est de nature à abuser de tout; mais en condamnant l'abus, nous ne réprouverons jamais la chose, comme a fait un siècle irréligieux et brouillon qui, voulant introniser l'erreur et l'athéisme pratique, s'attacha lâchement à noircir de sa calomnie tous les traits de la vérité et de la vertu. Quoi qu'il en soit, il est positif que non seulement un principe de foi, mais même encore des vues grandes d'utilité publique et de civilisation sociale ont multiplié les monastères à la Rochelle, comme dans tout notre pays de France. Le lecteur sensé, dit Fleury, ne peut être trop sur ses gardes contre les préventions des Protestants et des Catholiques libertins, au sujet de la profession monastique. Il semble, chez ces sortes de gens, que le nom de moine soit un titre pour mépriser ceux qui le portent, et un reproche suffisant contre leurs bonnes qualités.

Ainsi, chez les anciens païens, le nom de chrétien décriait toutes les vertus C'est un honnête homme, disait-on, c'est dommage qu'il soit chrétien. On se fait une idée générale d'un moine comme d'un homme ignorant, crédule, superstitieux, intéressé, hypocrite, et, sur cette fausse idée, on juge hardiment des plus grands hommes, on dédaigne de lire leurs vies et leurs écrits, on interprète malignement leurs plus belles actions. Saint-Grégoire était un grand pape, mais c'était un moine. Les premiers qu'il envoya prècher la foi aux Anglais étaient des hommes apostoliques: c'est dommage qu'ils fussent moines... Souvenez-vous que saint Basile et saint Jean-Chrisostome ont loué et pratiqué la vie monastique, et voyez si c'étaient des esprits faibles1.

Les Carmes, à la fin du XIIIe siècle (1293), s'établirent à la Rochelle. Des religieux du même ordre eurent à Aunay, à peu près cent ans plus tard, Pons de Mortagne, vicomte d'Aunay, pour fondateur de leur monastère, en 1352, au 24 décembre. Un autre vicomte, Jean de Clermont, en 1402, au 8 avril, François de Montbron, seigneur de Monlévrier, de Matha et vicomte d'Aunay, en 1438, au 11 juin, confirmèrent les donations faites aux Carmes de cette vicomté par leurs prédécesseurs. Eustache de Montbron autorisa, en

Voy. Disc. de Fleury sur l'Hist. Eccl., tom. XIII, p. 50.

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