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le sait; aussi nous le plaçons dans une toute autre catégorie que celle de l'abbé Dénezai. Au reste, le père Greléty a cessé d'appartenir au schisme immédiatement après la mort de son supérieur. Nous lui devons ici un hommage vraiment mérité. Il aimait les pauvres jusqu'à l'héroïsme. Il les soulageait souvent même au détriment de ses propres besoins. Cette vertu, si chère au cœur compatissant de Jésus-Christ, pratiquée, dans l'esprit de la foi divine, a dû faire trouver à ce chariritable prêtre grâce auprès de celui qui veut être appelé notre Père et le Dieu des miséricordes. Un auteur a dit, en parlant d'hommes qui ont erré : - « Ne troublons pas la paix de leurs cendres; s'ils ont mérité la vengeance du ciel, ils subissent leur peine. Ce n'est point à nous de les juger, encore moins de les condamner. L'heure viendra où les mystères de la mort nous seront révélés; l'espérance et la terreur reposent ensemble dans la poussière de la tombe; et lorsque, selon notre croyance, la vie viendra nous y ranimer, la clémence divine pardonnera, ou la justice viendra réclamer les coupables'.>>

Le schisme du père Dénezai n'a pas pris racine chez les Rochelais. L'esprit de parti a disparu avec celui qui en était la cause et l'occasion; ce qui prouve que les Catholiques de la Rochelle

1 Lord Byron, 3° ch. du poème d'Harold.

savent où trouver leur point d'appui. Ils ne sont pas victimes de l'individualisme et de l'arbitraire; l'autorité épiscopale les a ralliés, parce qu'ils sont persuadés que l'autorité de l'évêque uni au pape, c'est l'autorité de l'Homme-Dieu lui-même : rocher inébranlable que tous les flots des hérésies n'ont pu renverser depuis bientôt deux mille ans!..

Les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem avaient, au quartier dit du Pérot, une chapelle qui devint plus tard une église paroissiale bâtie sur l'ancien lit de la mer. Elle tomba, au XVIe siècle, sous la massue des Protestants qui la ruinèrent. Elle fut reconstruite. Cette cure était à la nomination du commandeur de l'ordre de Malte. Au commencement du XVIIe siècle, elle fut unie à l'Oratoire, ainsi que Saint-Nicolas qui, à cause du duché de Châteauroux, était à la nomination du roi'. Le curé de Saint-Jean était cependant, en 1792, un chevalier commandeur de l'ordre de Malte. Que cette église nous rappelle de précieux souvenirs! Là, comme Samuel encore enfant, nous entendimes la voix de Dieu !...

Les Templiers donnèrent origine à la commanderie dite du Temple, dont on voit encore à la Rochelle quelques vestiges. Ces religieux guerriers la possédèrent jusqu'à leur abolition, au commen

1 Clerg. de Fr. tom. II.

cement du XIVe siècle. Il est vraisemblable qu'au temps de Guillaume, duc d'Aquitaine, père de la reine Éléonore, les seigneurs de la Rochelle en furent les fondateurs. Cette commanderie fut ensuite donnée aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qu'Éléonore avait déjà établis dans cette ville. Puisque l'occasion nous favorise, nous parlerons en passant de ces ordres religieux militaires.

L'ordre des Templiers est le premier de tous les ordres militaires et religieux; il commença vers l'an 1118 à Jérusalem. Cet ordre se multiplia beaucoup en peu de temps. Il servit la religion et la terre sainte par des prodiges de valeur. En moins de deux cents ans, les Templiers avaient en Europe neuf mille couvents et seigneuries. Les grandes richesses ne manquèrent pas de les corrompre. Leurs prétentions hautaines et leur esprit de sédition les rendirent odieux à Philippele-Bel. Ils furent en effet accusés d'exciter le peuple à l'insubordination et à la révolte, et, comme nous l'avons dit ailleurs, le roi, de concert avec Clément V, prononça leur entière abolition en 1312. Si tous les rois savaient retrancher du corps social les membres contagieux qui lui communiquent le principe de mort dont il est atteint, ils ne seraient pas condamnés à subir tôt ou tard le châtiment d'une connivence criminelle, ou d'une coupable faiblesse.

Les sophistes et les hérétiques se sont faits les apologistes des Templiers: Voltaire, dans son

Essai sur l'histoire, et Mosheim, histoire Ecclésiastique, XIVe siècle, 2o partie 2. Mais pourquoi?... Ne serait-ce pas l'effet d'une sympathie de famille, d'une analogie de principes, d'une conformité de moeurs, de vues, de projets et de caractère ?... Nous le pensons. Nous aimons cependant ces éloquentes paroles de Bossuet : « Les Templiers avouèrent dans les tortures; ils nièrent dans les supplices.»

L'ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, appelés depuis les chevaliers de Rhodes et plus tard les chevaliers de Malte, doit sa naissance à l'ordre des Bénédictins. Vers le milieu du XIe siècle, des négociants d'Amalfi, qui commerçaient en Syrie, demandèrent au calife d'Egypte l'autorisation d'établir à Jérusalem un monastère du rit latin; ce que le calife accorda. En conséquence, des disciples de saint Benoît y vinrent d'Italie. Le monastère fut bâti sous le vocable de Sainte-Marie de la Latine. Auprès, on construisit un hôpital pour les pauvres pélerins et les malades. La chapelle fut consacrée d'abord sous le patronage de Saint-Jean l'Aumônier, et, plus tard, sous le titre de Saint-Jean-Baptiste. C'est de ce second titre que vient le nom d'hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Telle est

1 Chap. 62.

2 Chap. 5, parag. 10.

également l'origine du nom de la paroisse de Saint-Jean de la Rochelle.

Ces chevaliers n'étaient, dans le principe, que de très-humbles oblats, ou frères laïques; les religieux avaient coutume de les employer dans le service de l'hôpital. C'est ainsi que les représente Guillaume de Tyr. Ils portaient pour costume un manteau noir, appelé dans la suite manteau à bec, et, sur ce vêtement, une croix blanche. Les voleurs arabes attaquant sans cesse les pélerins sur la route, l'abbé Bénédictin crut devoir armer ces frères laïques. Ainsi établis sur un pied militaire, ils eurent un capitaine choisi dans leurs rangs pour les commander, une fois en campagne. L'hôpital s'enrichit insensiblement; les frères laïques perdirent l'esprit de simplicité et de soumission qu'ils avaient montré à l'abbé du monastère; finalement, ils ne voulurent plus reconnaître d'autre chef au dehors ni au dedans, et s'affranchirent entièrement de l'autorité des moines. Ils préférèrent la règle monastique de saint Augustin à celle de saint Benoît, qu'ils abandonnèrent. Les historiens qui ont été suivis par Mabillon n'ont pas indiqué une autre origine à cet ordre célèbre.

L'époque, avec son esprit aventureux et chevaleresque, fournit à cette congrégation religieuse et guerrière un nombre infini de prosélytes. Les Musulmans ayant enlevé Jérusalem aux Croisés, en 1187, les chevaliers hospitaliers se concen

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