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le nom de bienheureux. Chacun voulut, après son dernier soupir, avoir quelque objet qui lui eût appartenu; les habits sacerdotaux dont il était revêtu sur son lit de mort, furent en partie usurpés par la multitude, désireuse d'en conserver les fragments comme autant de reliques. Chaque année, depuis qu'il était au sein de sa famille, les habitants du Chay lui envoyaient une députation chargée de renouveler au bon pasteur l'hommage de leurs respects et de leur amour. C'est bien là une honorable preuve de la vertu du prêtre, de la foi et de la gratitude filiale de la paroisse qui avait eu le bonheur de le posséder si long-temps comme modèle et pour chef!.... Mais remontons vers notre époque.

En voyant à la tête du troupeau les légitimes pasteurs, riches de leurs mérites et de leur courage exemplaire, nous ne remarquons plus cette double garde qui veilla, pendant tant de siècles, auprès du tombeau de saint Eutrope! Le prieur Daubourg a été le dernier des abbés de l'antique monastère.

Quoi qu'il en soit, si les disciples de saint Benoit ne doivent plus reparaître auprès des restes du martyr, la Providence suscitera des pasteurs

Nous devons à l'obligeance d'un estimable Ecclésiastique de notre Diocèse plusieurs des renseignements qu'on vient de lire.

pleins de zèle qui remplaceront désormais les sentinelles du moyen-âge. Au reste, si le monastère, pendant et après la tourmente révolutionnaire, demeure à demi-ruiné, c'est que le ciel a des desseins inconnus à la terre! Ce lieu a été sanctifié! Saint Eutrope en a comme pris possession! Ce domaine de l'apôtre de l'Église Santone retournera à sa destination primitive; il sera encore un lieu de prière, d'adoration et d'actions de grâces. Dieu suscitera un prêtre modeste qui, de concert avec une âme vertueuse, saura instituer un nouvel ordre religieux, une société de vierges consacrées à honorer le Verbe incarné, et destinées à former, par une éducation éminemment chrétienne, les jeunes personnes à l'amour de toutes les vertus. Bientôt ce digne prêtre, notre guide à notre entrée dans la cléricature, Louis-Marie Baudouin, donna' une forme régulière à sa congrégation naissante; elle s'accrut rapidement et elle porta des fruits de grâces et d'édification : c'est aujourd'hui une colonie de cette congrégation religieuse qui se trouve en possession de cet emplacement bénit par saint Pallais. Elle y fait aimer à la jeunesse la doctrine que prêcha l'apôtre martyr; elle y continue en quelque sorte la mission de saint Eutrope à l'égard de la jeune Eustelle.

Mais si le monastère ne compte plus d'abbés, la cathédrale de Saintes n'a plus d'évêques !!!... Le ciel va-t-il donc abandonner à l'arbitraire, aux

caprices, à l'oubli, le trésor transmis miraculeusement depuis onze siècles?... Rassurons-nous. Si la chaîne traditionnelle semble ici brisée, une main divine saura bientôt rattacher ses auneaux indissolubles. Quand Moïse mourut sur la montagne, l'arche d'alliance ne fut pas pour cela sans guide. Josué parut, et l'arche eut en lui, comme en Moïse, un gardien courageux et fidèle. La Rochelle, à la vérité, fut préférée à Saintes, qui perdit son siège épiscopal par suite du mécanisme administratif des ennemis de la religion. L'Église Santone, dépouillée de sa juridiction et de ses privilèges, eut à se résigner dans les jours de ses humiliations et de son veuvage, lorsqu'elle vit renaître, sur le siège de la Rochelle, le zèle et la foi de ses illustres et nombreux pontifes qui, pendant près de dix-huit siècles, se succédèrent pour instruire et pour édifier par la parole et par l'exemple. Héritiers de la charité apostolique des Eutrope et des Larochefoucaud, les nouveaux prélats la considérèrent comme la plus belle portion de leur héritage. La douceur, la piété et toutes les qualités chrétiennes des enfants de l'Église de Saintes ont inspiré, aux évêques qui la gouvernent depuis la révolution, un amour de préférence dont elle est vraiment digne; ils ont entouré de leurs hommages et des preuves juridiques de leur sanction épiscopale l'auguste chef de notre premier pontife. Nous nous en convain

crons par la lecture des procès-verbaux dressés depuis 1797.

Mais, puisque l'Église Aunisienne, née d'hier, ne fait plus qu'une avec l'Église Santone, sa mère, il entre naturellement dans notre objet de dire quelque chose de son origine : c'est pourquoi nous allons esquisser rapidement le tableau de l'ancienne abbaye de Maillezais, dont l'histoire se lie à l'érection d'un siège épiscopal à la Rochelle.

Maillezais, selon tous les historiens, était, à une époque très-reculée, un lieu solitaire où les comtes de Poitou avaient un château, rendez-vous de chasse, situé dans une île formée par la Sèvre et l'Autize. On croit qu'il y avait là anciennement une église bâtie sous le vocable de Saint-Hilaire. La chronique de Maillezais nous apprend que, sur les débris de ce temple antique, Guillaume et son épouse, la princesse Emme, fondèrent un monastère; il ne fut pas bâti de suite; nous n'en donnerons point les motifs, puisque nous ne prétendons qu'indiquer ici sa fondation et dire qu'en 1010 cette abbaye fut enfin terminée en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul. La fondatrice, ajoutent Messieurs de Sainte-Marthes et l'abbé Du

Nous adoptons l'opinion qui attribue à Guillaume Fier-àBras l'établissement de Maillezais.

(Dutemps, Cl. de Fr. tom. II. pag. 516.)

temps, appela Gondebaud, archevêque de Bordeaux, qui consacra la nouvelle église conventuelle. Après avoir donné aux religieux, au nombre de treize, que Gausbert, leur premier abbé et parent de la duchesse Emme, avait amenés de l'abbaye de Saint-Julien-de-Tours, la terre de Puy-Létard, domaine que le duc Guillaume lui avait assigné pour douaire, toute l'île fut cédée aux moines. Le château fut détruit de fond en comble. Il avait été construit pour défendre le pays contre les attaques fréquentes des Normands. C'est sur son emplacement que fut élevée l'église dont nous parlons.

Maillezais demeura sous le régime monastique jusqu'au commencement du XIVe siècle, où le pape Jean XXII, par ses lettres apostoliques du mois d'août 1317, datées d'Avignon, l'érigea en évèché 1. Geoffroy II de Pouverelle, son dix-huitième et dernier abbé, devint le premier évêque de ce nouveau siège; élection qui fut confirmée par le Souverain-Pontife. Jean XXII, ayant jugé à-propos de diviser le trop vaste territoire du diocèse de Poitiers, plaça un second siège épiscopal à Luçon, ville qui doit son origine à un monastère fort ancien et que dom Beaunier ferait remonter au VIIe siècle. Ce qu'il y a de certain, c'est que

1 Cette Bulle est à la fin de cet ouvrage.
Voy. le Clerg. de Fr., Dutemps, tom. II.

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