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qu'il en aura la faculté, deux messes, l'une dans l'octave de l'Épiphanie, l'autre dans l'octave de la Nativité de la très-sainte Vierge, et en appliqueront l'intention 1o pour remercier Dieu de toutes les grâces dont il n'a cessé de les combler, et pour lui demander la continuité de cette miséricordieuse protection, tant pour eux-mêmes que pour les bienfaiteurs et autres fidèles, leurs concitoyens, et pour le soutien de la religion catholique dans leur pays; 2° Pour demander aussi à Dieu, réciproquement les uns pour les autres, une sainte mort, point décisif d'où doivent dépendre leur union et leur félicité éternelle; 3° Pour demander à Dieu, en faveur de ceux qui seront morts à cette époque, la prompte délivrance des peines du purgatoire qui pourraient leur rester à expier.

« 2o Ceux d'entre eux qui ne sont pas prêtres, ou même les prêtres qui n'auraient pas la faculté de célébrer, réciteront, à l'époque ci-dessus fixée, et à la même intention, savoir à la place de la première messe, les sept Psaumes de la Pénitence, ou le Chapelet; et à la place de la seconde, l'Office des Morts, ou le Chapelet, avec la communion s'il y a moyen, ou une courte adoration du Saint Sacrement.

« 3o Les associés, pénétrés du désir d'étendre la gloire de Dieu, se feront un plaisir d'admettre tous les fidèles, de l'un et l'autre sexe, à cette

association spirituelle; ceux qui désireront s'y faire agréger, se conformeront aux prières cidessus énoncées. Il suffira, pour s'y faire agréger, de manifester sa volonté à un des prêtres associés.» « A bord du Jeanty, le 3 avril 1795.

Jean-Baptiste Gillet, prêtre associé; Baysset, prêtre de Toulouse; Jean-Étienne Falguières, prêtre, vicaire du diocèse de Rodez; Pierre Guy, prêtre du diocèse de Vabres; Bélézy, curé du diocèse de Limoges; Bonche, prêtre de Pamiers; Bernède, prêtre du diocèse d'Agen; Duluc, curé de Bordeaux; Guillaume Chantal, archidiacre d'Auch, du diocèse de Saint-Flour; Cambon, prêtre chartreux, associé; Fr.-Calixte Cherrier, P. Récollet, prêtre de Toulouse; Dupuy Deschapelles, chanoine de l'église de Tours, vicaire-général de Verdun; Moussours, prêtre du diocèse de Tulle; Lalanne, curé d'Eyres, diocèse d'Aire; Recordeau, prêtre associé, du diocèse de Sens; Ratery, prêtre d'Aurillac; Jérôme Olivier; Ménochet, prêtre du diocèse du Mans; L. Roger, prêtre du diocèse de Tours; Pierre de Campniac, archidiacre du diocèse de Tarbes; Roulié, curé du département du Lot; Torley, prêtre du diocèse de Saint-Claude; Michel Mustière, prêtre du diocèse du Mans; Joseph - Louis Girod, prêtre Feuillant, diocèse de Saint-Claude; Souternön, prêtre du diocèse de Vienne; Étienne - Bernard Viot, du diocèse de Dijon, prêtre associé; Du

magnot, chanoine de Périgueux, même diocèse; Calemard, du diocèse de Clermont, prêtre as socié. »

Jean-Baptiste Gillet, dont le nom se trouve à la tête de ces signatures, mourut aumônier du grand hôpital de Rochefort. Au moment du dernier soupir, ce digne prêtre, qui avait confessé la foi avec tant de courage, prononça avec une paix céleste ces paroles d'espérance, recueillies de la bouche d'un prophète : « J'ai espéré en vous, Seigneur, je ne serai pas confondu .»

Mais, pour comprendre toute la vertu de ces prêtres jetés dans les fers, parce que, disaient leurs bourreaux, ils étaient des suspects, des ennemis de la nation, des perturbateurs du repos public, qu'on lise les lignes suivantes; on verra leurs pensées intimes, on appréciera leurs sentiments généreux, on saura enfin jusqu'où ils portaient l'amour de la religion, l'esprit de l'évangile, l'héroïsme de la charité et le dévoûment au bonheur de leur patrie. Ils étaient prêtres toujours, ils restaient français partout, ils restaient français quand meme!... Honneur aux captifs du Washington! Voici leur résolution, prise à l'heure même que leurs mains sont encore chargées du poids de leurs glorieuses chaînes :

« 1° Les prêtres détenus ne se livreront point

In te, Domine, speravi, non confundar in æternum. Ps.

à des inquiétudes inutiles sur leur délivrance; mais ils s'efforceront de mettre à profit le temps de leur détention, en méditant sur leurs années passées, et ils formeront de saintes résolutions pour l'avenir, afin de trouver, dans la captivité de leur corps, la liberté de leurs âmes. Ils regarderont comme un défaut de résignation à la volonté de Dieu les moindres murmures, les plus légères impatiences et surtout l'ardeur excessive à rechercher des nouvelles qui ne peuvent qu'introduire dans leurs coeurs cet esprit de dissipation, si contraire au recueillement continuel dans lequel ils doivent vivre, et à cette résignation sans bornes à la volonté de Dieu, qui doit leur ôter toute inquiétude sur l'avenir.

« 2o Si Dieu permet qu'ils viennent à recouvrer en tout ou en partie leur liberté, après laquelle soupire la nature, ils éviteront de se livrer à une joie immodérée lorsqu'ils en apprendront la nouvelle; en conservant une âme tranquille, ils montreront qu'ils ont supporté sans murmure la croix qui leur avait été imposée, et qu'ils se disposaient à la porter long-temps encore avec ce courage vraiment chrétien qui ne se laisse point abattre dans l'adversité.

« 3° S'il était question de leur rendre leurs effets, ils n'auront aucune avidité à les réclamer. Ils feront avec modestie et dans l'exacte vérité la déclaration qui pourrait être demandée; recevront,

sans se plaindre, ce qui leur sera donné, accoutumés comme ils doivent l'être à mépriser les biens du monde et à se contenter de peu de chose, à l'exemple des apôtres.

4° Ils ne satisferont point les curieux qu'ils pourraient rencontrer sur leur route et ne répondront point aux vaines questions qu'ils leur feraient sur leur état passé. Ils laisseront entrevoir qu'ils ont supporté leurs peines avec patience, sans les raconter en détail et surtout sans montrer aucun ressentiment contre ceux qui en auraient été les auteurs ou les instruments.

« 5° Ils se comporteront avec la plus grande modération et la plus exacte sobriété dans les auberges. Ils se garderont bien de faire la comparaison, surtout devant les étrangers, des mets qu'on leur servira, avec leur ancienne nourriture et de paraître y mettre trop de jouissance. L'empressement pour la bonne chère deviendrait un grand sujet de scandale pour les fidèles qui s'attendent avec raison de retrouver dans les ministres de Jésus-Christ les disciples de la croix et les imitateurs de la pénitence.

« 6o Arrivés dans leur famille, ils ne mettront point d'empressement à raconter leurs peines, n'en feront part qu'à leurs parents et amis, et encore avec beaucoup de retenue et de modération. Ils n'en parleront jamais en public et ne céderont point aux instances qu'on pourrait

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