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tendant qu'il partit; à qui lui procurerait la facilité de célébrer le saint sacrifice; à qui ferait à ses pieds l'humble aveu de ses fautes; à qui recevrait de ses mains l'adorable eucharistie. Car je dois publier hautement, à la gloire de la ville de Saintes, qu'elle est aussi religieuse que bienfaisante, et que sa bienfaisance elle-même n'est que le fruit de sa religion mise en pratique.

« Jouis du prix de tes dons, religieuse et charitable cité, jouis de la gloire solide que procurent les sentiments chrétiens!... Il ne tiendra pas à moi que ton nom révéré ne devienne célèbre parmi les noms des plus illustres villes de ma patrie. Mais qu'est-il besoin que je publie tes louanges, quand elles sont déjà dans la bouche de tous les vrais catholiques de France! En est-il un seul qui ne sache de quelle manière tes habitants nous accueillirent et à qui tes vertus ne servent à la fois de modèle et d'encouragement? Recevez en particulier l'hommage public de ma reconnaissance, vertueux et bienfaisant Fraigniaud, sensible et compatissante La Garigue, qui m'avez encore plus charmé par l'heureux assemblage des vertus chrétiennes et sociales, que soulagé par les dons de votre gé

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Facti estis forma omnibus credentibus.... et in omni loco fides vestra profecta est; ità ut non sit nobis necesse quidquam loqui ipsi enim annuntiant qualem introïtum habuerimus ad vos. (V. ad Thessal. cap. 1,8, 9.).

nérosité. Tu es aussi présente à ma mémoire, vertueuse et obligeante Fraigniaud; je me rappellerai toujours avec sensibilité ton active intelligence, tes services multipliés et gratuits, et surtout la douce piété que j'ai retrouvée sous ton humble toit. Étant allé, le soir du Vendredi-Saint, (le premier décret concernant la liberté des cultes était à peine publié) chez cette pieuse fille, qui logeait au faubourg Saint-Eutrope, pour prendre congé d'elle et de toute sa respectable famille, je fus on ne peut plus agréablement surpris d'y trouver la plus nombreuse assemblée de fidèles que j'eusse vue depuis près de trois ans. Elle était composée d'un grand nombre d'honnêtes artisans du faubourg, tant hommes que femmes, qui s'étaient réunis, à l'issue de leurs travaux, pour honorer la mémoire du Rédempteur mourant, et assister à l'office de ténèbres qui devait être célébré par un de mes confrères de déportation, lequel venait, ainsi que moi, d'obtenir sa liberté. C'était une très-vaste chambre haute qui servait d'oratoire. Ces bonnes gens, qui ne devaient pas être fort riches, n'étant que de simples tisserands, n'avaient rien épargné pour la décorer. « On y voyait jusqu'à un grand candelabre, ou chandelier triangulaire, orné de quinze cierges, tel qu'on eût pu l'avoir dans une église bien pourvue de tous les objets nécessaires au culte. La presse était grande et ce

pendant le recueillement profond. Jamais je ne fus si édifié.

« Et vous qui eûtes aussi le bonheur de souffrir pour la foi, saintes épouses de Jésus-Christ, qui vous donnez à double titre le doux nom de sœurs, et en qui trois cœurs différents ne semblent faire qu'un seul et même coeur, pourrai - je oublier la tendre piété dont vous me rendites témoin, vos nombreux bienfaits et les soins empressés que vous me prodiguâtes, quand, prêt à quitter votre patrie, j'allai pour la dernière fois immoler la victime sainte dans votre modeste asile ?...

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Quelque heureux changement qu'il se fût fait dans notre état, il ne laissa pas de périr plusieurs de nos confrères à Saintes, soit des maladies dont ils étaient attaqués avant de sortir de nos galères, soit de celles qu'ils contractèrent dans le trajet de Charente à Saintes. Quoi qu'il en soit, à cette époque, il avait péri au-delà des trois-quarts d'entre nous, dans l'espace d'environ onze mois ...>>

I

La révolution avait pensé, dans son délire, que le sacerdoce de Jésus devait mourir comme les hommes qu'il consacre. Pensée illusoire! Le sacerdoce chrétien donne aux prètres catholiques la force de tout souffrir en humiliations, en injures,

Relation déjà citée.

en sacrifices, en agonie prolongée, il leur inspire la charité sublime qui pardonne aux bourreaux, la résignation et la grâce qui font mourir en paix; mais quant au sacerdoce, il ne meurt pas. Si on lui enlève une génération, il en saisit une autre; et tant qu'il y aura des erreurs et des vices, il se lévera pour les combattre; tant qu'il y aura des hommes sous le ciel, il y aura, au nom du Dieu sauveur, un prêtre catholique pour les bénir!... Après mille révolutions sanglantes, le sacerdoce est toujours le besoin et l'espoir du monde, il en est le salut et la vie. Au temps des Athanase et des Chrysostôme, il triompha de l'arianisme; au temps des Larochefoucaud, il survécut aux poignards des septembriseurs!... Ainsi l'Eglise des derniers siècles a été sainte et invincible, comme aux jours de sa gloire primitive.

On reprocha au clergé de France l'immensité de ses richesses. Une main rapace l'a dépouillé de son or qu'il méprise; on ne l'a pas dépouillé de sa foi qu'il ne cède jamais. On a décimé ses phalanges; on n'a pas anéanti ses vertus, et si les hommes injustes se taisent, l'Océan parlera ; il fera entendre, sur les rives de l'ile d'Aix, si dignement appelée l'ile des Saints, la voix solennelle de ses vagues mugissantes, qui redira d'âge en âge la foi incorruptible, le courage héroïque, la résignation céleste, la fidélité intrépide, la

mort glorieuse des prêtres martyrs des DeuxAssociés et du Washington !!!...

On pourra juger de la foi, du courage, de la résignation, de la fidélité de ces prêtres, si cruellement traités par les hommes qui s'arrogeaient alors le titre pompeux de Patriotes, nom qui ne leur convenait pas plus que celui de Français !... Les prêtres captifs savaient trouver dans le ciel les moyens de consolation que leur refusait la terre. Ils s'étaient unis par un lien d'association qui révèle leur piété touchante. Nous transcrivons la pièce qui l'atteste et qui est revêtue de la signature autographe de plusieurs d'entre eux. L'abbé Gillet, prêtre chartreux, mort aumônier du grand hôpital de la marine à Rochefort, captif lui-même pour la foi, rédigea la pièce qu'on va

lire :

« Les prêtres et autres ecclésiastiques déportés à bord des vaisseaux le Jeanty, le Dunkerque et le Républicain, en rade au port des Barques, près Rochefort, désirant resserrer de plus en plus les doux liens d'amitié et de charité chrétienne qu'une même foi et la même captivité ont formés entre eux, désirant les rendre aussi durables qu'utiles et les étendre, autant qu'il est en eux, sont convenus, pour le présent et l'avenir, soit qu'ils demeurent ensemble, soit qu'ils se séparent, de ce qui suit :

« 1o Chacun d'eux célébrera, tous les ans, tant

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