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et, après avoir épanché nos cruelles inquiétudes dans le sein de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte Eglise romaine, nous avons ordonné des prières publiques et particulières; nous avons ensuite exhorté très-instamment notre très-cher fils en Jésus-Christ, Louis, roi très-chrétien, par notre lettre du 9 juillet 1790, à ne point accorder, à la constitution civile du clergé, une sanction qui induirait en erreur la nation et introduirait un schisme dans le royaume; car il était absolument impossible qu'une assemblée purement politique eût le droit de changer la discipline universelle de l'Eglise, d'annuler les décisions des saints pères et les décrets des conciles, de renverser l'ordre de la hiérarchie, de régler à son gré les élections des évêques, de supprimer des sièges épiscopaux et de substituer dans l'Eglise, à des formes anciennes et respectables, des formes nouvelles et vicieuses... »

Ici, le Souverain-Pontife justifie l'infortuné Louis XVI de la sanction qui lui fut arrachée par l'assemblée révolutionnaire. Il signale l'impossibilité où s'est vu le Saint-Siège d'approuver et de tolérer des articles contraires aux règles canoniques; il loue le courage et la fidélité de l'épiscopat; il flétrit l'intrusion des apostats, ainsi que l'odieux serment exigé par l'assemblée nationale, qu'il considère comme une source empoisonnée de toutes sortes d'erreurs et la principale cause des

maux qui ont affligé la France. Il annule toutes les nominations des intrus et les frappe, eux, de suspense et de nullité pour toutes les fonctions du ministère épiscopal et sacerdotal. Puis, s'adressant aux cent vingt-sept évêques et aux soixante mille prêtres fidèles, Pie VI continue en ces.

termes :

« C'est à vous maintenant que nous adressons la parole, vénérables frères, qui tous, à l'exception d'un très-petit nombre, avez si bien connu vos devoirs envers votre troupeau; qui, foulant aux pieds tous les intérêts humains, avez fait une profession publique de la saine doctrine et qui avez jugé que vos soins et vos travaux devaient être proportionnés à la grandeur du péril! Nous vous appliquons l'éloge que donna autrefois le grand saint Léon aux évêques catholiques d'Egypte réfugiés à Constantinople: Quoique nous compatissions de tout notre cœur aux maux que vous avez soufferts pour la défense de la religion catholique, quoique les outrages que vous avez essuyés de la part des hérétiques nous soient aussi sensibles que si nous en avions été nousmême l'objet, nous sentons cependant qu'il faut plutôt vous féliciter que vous plaindre, puisque, avec le secours de notre Seigneur Jésus-Christ, vous êtes restés fermes et inébranlables dans la doctrine de l'évangile et que, chassés de vos églises par les ennemis de la foi, vous avez pré

y

féré les fatigues d'un long voyage au danger d'être souillés par la contagion de l'impiété. Le spectacle de votre vertu est pour nous une consolation bien douce, et nous vous exhortons instamment à persister dans vos généreuses résolutions. Retracez-vous sans cesse les liens sacrés du mariage spirituel qui vous unit à vos églises et qui ne peuvent être rompus que par la mort ou par notre autorité apostolique suivant les formes que prescrivent les saints canons. Restezdonc inviolablement attachés; ne les abandonnez jamais à la merci des loups dévorants, puisque, enflammés d'une sainte ardeur, vous avez déjà élevé la voix contre leurs brigandages, puisque vous avez eu le courage d'employer contre eux les droits d'une autorité légitime.... Vous tous enfin, catholiques répandus sur la surface du royaume de France, nous vous exhortons, dans l'effusion de notre cœur, à vous rappeler le culte et la foi de vos pères, à lui rester fidèles, puisque la religion qui procure une éternelle félicité dans le ciel, est encore, sur la terre, le seul moyen d'assurer le salut des empires et le bonheur de la société civile. Gardez-vous de prêter l'oreille aux discours trompeurs des philosophes du siècle. Attachez-vous au Saint-Siège; car, pour être dans l'Église, il faut être uni à son chef visible et tenir fortement à la chaire de Pierre ..... >>

Bulle de Pie VI.

Quand on se reporte à l'époque où le SouverainPontife élevait si dignement sa voix suprême pour flétrir la lâcheté coupable et la basse apostasie, faire connaître les projets iniques de l'impiété révolutionnaire, raffermir, dans les voies de la catholicité, ceux qui auraient pu y chanceler, encourager et féliciter les nombreux héros de la foi, qui se tenaient debout et invincibles à l'ombre de la chaire apostolique, on ne peut s'empêcher de convenir qu'il fallait toute l'énergie des martyrs pour ne pas frissonner aux conséquences qui devaient suivre la manifestation du Saint-Siège et l'obéissance à ses ordres!.. La puissance ennemie était souveraine et le glaive du bourreau étincelait dans ses mains, pour frapper impitoyablement quiconque aurait méprisé ses lois despotiques!... Mais on sait quelle fut l'attitude des athlètes de la foi!.. Le dernier successeur de saint Eutrope ne se montra point indigne de son modèle et de l'épiscopat français.

Après avoir entendu les paroles du chef de l'Église, mort lui-même confesseur de la foi avec autant de calme qu'il avait montré d'intrépidité à la défendre, il nous sera doux, prêtres et fidèles de ce beau diocèse, de prêter une attention filiale et respectueuse aux derniers accents de Louis de Larochefoucaud. Déjà comme placé au milieu du nouvel amphithéâtre où son sang coulera sous le glaive des assassins, l'évêque de Saintes adresse

à son Église les conseils d'une admirable sagesse et les exhortations d'un zèle pur; c'est, en effet, en présence des chefs mêmes de la révolution furieuse qu'il invite son diocèse à n'écouter que la voix de Rome, à repousser tout autre langage comme scandaleux, hérétique et impie!.. Après avoir parlé comme un Athanase, ne devait-il pas mourir comme un Irénée ?..

O Église de Saintes! tes pontifes martyrs ont ceint ton front de leurs palmes victorieuses; si ton trône est brisé, ta gloire est intègre!.. Antioche recueillait avec amour et vénération les dernières paroles d'Ignace, son évêque mourant pour la foi; recueille avec vénération et avec amour les derniers accents de Larochefoucaud mourant pour son Dieu. Ah! si des jours mauvais se levaient encore, si le lion assoupi devait, à son réveil, s'élancer sur nous pour nous immoler à sa rage, si l'enfer osait de nouveau, par l'organe de ses agents, prétendre porter atteinte à notre foi et à notre union avec l'Église romaine, rappelons-nous que la route à suivre n'est pas dou teuse: elle nous est tracée par le sang des martyrs! Voilà nos phares pendant l'orage. Nous dirigeant d'après leurs feux, nous ne pourrons qu'éviter l'écueil et sûrement parvenir au port. Mais ici nous laisserons parler l'évêque de Saintes, exposant à un de ses prêtres ce qui se passe dans l'assemblée nationale. Ce récit nous intéresse d'autant plus,

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