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DE

SAINT FRANÇOIS

DE SALES,

ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE.

NOUVELLE ÉDITION COLLATIONNÉE

ET AUGMENTÉE DES LETTRES DE SAINTE CHANTAL, DES LETTRES INÉDITES DE SAINT FRANÇOIS DE SALES,
DU PORTRAIT DU SAINT, DE CINQ GRAVURES SUR ACIER ET D'AUTOGRAPHES.

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DES ÉDITEURS.

La nouvelle édition que nous publions des OEuvres de saint François de Sales, reproduira en cinq volumes les dix-huit volumes des éditions précédentes, plus les deux volumes de sainte Chantal. On possédera ainsi, dans le plus beau et dans le plus commode des formats, une excellente bibliothèque du chrétien.

Nous avons joint à notre édition un travail important qui, sans doute, lui donnera un grand prix; c'est la table générale analytique et raisonnée des matières. Il a été adopté aussi, pour cette nouvelle édition, un mode de classement des ouvrages qui nous a paru plus convenable, en ce que chacun de ces genres de matières forme une division unique dans l'ouvrage. Ainsi le premier volume comprend la Vie et l'Esprit de saint François, l'Introduction à la vie dévote et les Entretiens spirituels; le second volume contient les Sermons et les Opuscules; le troisième comprend les Lettres; le quatrième les Controverses, le Traité de l'amour de Dieu et la table des matières, et le cinquième les Lettres de sainte Chantal, les Lettres inédites de saint François de Sales, et les cinq gravures et autographes.

GUYOT FRÈRES.

LETTRE DU P. DE TOURNEMINE,

SUR LES OUVRAGES ET LE STYLE DE S. FRANÇOIS DE SALES, Insérée dans les Mémoires de Trévoux pour l'Histoire des sciences et des beaux-arts,

juillet 1736, 2o partie, p. 282, art. LXXIX.

Ce seroit done servir l'Église que de les faire reparoître, et ne rien épargner pour les rendre plus communs. Jusqu'icl nous sommes d'accord, le vertueux ecclésiastique et moi; mais je u'aj garde d'approuver le moyen qu'il propose : il voudroit qu'on changeât le langage de S. François de Sales, qu'on le rajeunft; son zèle n'est pas éclairé, et sûrement il n'aura pas pour lui les suffrages des connoisseurs.

S. François de Sales a un style particulier, excellent en son genre, inimitable. Ce qui est vrai de chaque auteur, que son style est la peinture de ses mœurs autant que de son es

écrits de notre saint. On y sent sa douceur, ia tendresse de son cœur; on sent qu'il aime et qu'il doit être aimé, mais qu'il veut qu'on n'aime

On ne peut trop louer le vertueux ecclésias~ | distillé dans des prières affectueuses, insinué tique dont vous m'avez montré la lettre. Je dans des règles sages en apparence. Les ouvragémis avec lui sur la dévotion presque éteinte ges du şaint auroient aujourd'hui le même effet parmi nous. Je crois, comme lui, que la lec-dans un besoin aussi pressant. ture pas commune des ouvrages de S. François de Sales seroit un remède efficace au mal. Dieu a choisi le saint évêque de Genève pour être et l'apôtre des calvinistes et le docteur de la dévotion. Ses écrits respirent la charité dont son cœur brûloit; on ne peut les lire sans sentir couler dans son âme une onction céleste, qui vient sans doute de l'auteur de toute grâce, L'Église, instruite des desseins de Dieu, exhorte tous ses enfants à se conduire par les conseils du saint: Ejus dirigentibus monitis, dit-elle dans son office. Elle assure que les ouvrages de S. François de Sales ont répandu une lumière plus sensible parmi les fidèles, et qu'ilsprit, est encore plus vrai, et sensible dans les montrent une route aussi sûre que facile pour arriver à la perfection chrétienne. Scriptis... cœlesti doctrinâ refertis Ecclesiam illustravit, quibus iter ad christianam perfectio-que Dieu. nem tutum et planum demonstrat. Il n'y Un écrivain seroit téméraire s'il se flattoit de mène point les âmes par des chemins écartés, conserver dans le changement de son style trop élevés, au travers des précipices. La cha- cette suavit insinuante, ces expressions effirité, l'humilité inséparablement unies sont les caces parce qu'elles sont affectueuses, cetle guides qu'il donne; la douceur aplanit le che- éloquence familière et de conversation, plus min; la conformité à la volonté de Dieu, la persuasive que les discours étudiés et sublimes. ferme espérance dans sa bonté, y font marcher Non, on ne fera jamais que des copies inavec tranquillité, avec joie. On a dans ses écrits formes de ce merveilleux original. Les termes le suc, l'essence de la morale des livres sacrés que son cœur, plus que son esprit, lui a fait et des saints Pères, réduites aux vrais principes choisir, ne peuvent être changés, dérangés, et à la pratique. Dès qu'ils parurent, ils firent sans qu'en défigure l'ouvrage, sans qu'on tomber des mains non-seulement ces livres dan-énerve la céleste éloquence dont dépend son gereusement amusants, les Amadis, Astrée, ces poésies dictées par les passions, et si propres à les remuer, à les enflammer, mais ces livres plus dangereux, funestes fruits de l'hérésie artificieuse, ces traductions infidèles de l'Écriture et des Pères, ce poison adroitement déguisé,

utilité.

Les Grecs ni les Romains n'ont point pensé à rajeunir leurs vieux écrivains; ils ont lu, ils ont admiré Eschyle, Plaute, Ennius, Lucilius, sans y rien innover, non pas même an mot.

Depuis le rétablissement des lettres, les plus

leurs écrivains, joignit S. François de Sales à Malherbe. Son histoire nous l'apprend.

serapaleux Imitateurs de Cicéron, passionnés | pourquoi altérer? l'Académie françoise, dans pour l'élégance du bon siècle de la latinité le dessein de prendre pour modèles nos meilÉrasme, Manuce, ont Imprimé fidèlement Tertullien, S. Cyprien, S. Jérôme, et n'ont point tenté de les masquer en auteurs du siècle d'Auguste.

Nous avons eu le goût aussi sage. Personne n'a pensé à corriger le style de Commines, de Montluc, du cardinal du Perron, de Marót, de Desportes, de Bertaut, de Malherbe, de Racan, auteurs plus anciens ou contemporains de Sain François de Sales.

Il est vrai qu'un éditéur imprudént a corrigé Joinville, et nous en à fait perdre l'original (1): cependant ce falsificateur timide à laissé beau coup de l'ancien Joinville, et ce qu'il a laissé augmente nos regrets sur la perte du réste. Les ouvrages du saint évêque de Genève auroient le même sort, les copies altérées se multiplieroient à l'infini, et nous perdrions l'original qu'on n'imprimeroit plus, et dont les exemplaires sont déjà assez rares. Les dames de la Visitation doivent être aussi soigneuses de conserver son style qu'elles l'ont été jusqu'ici de conserver son esprit et ses reliques (2). Et

Si je ne persuadois pas, si les filles de notre saint n'entendoient pas leur véritable intérêt, l'exemple d'Amyot les condamneroit et me con soleroit. Le fade traducteur de son françois, l'abbé Tallemand, ni M. Dacier, ne l'ont point fait oublier, ils en ont fait renchérir les vieilles éditions. Les mots surannés, si fréquents dans son Plutarque, ne dégoûtent point: on admire leur force, leur énergie, leur arrangement nombreux et coulant; car personne n'a mieux

qu'!] leur a Inspirée pour ce cher premier monastère, leur commune et sainte origine, les portera tonjours à conformer en tout leurs façons de penser à la sienne.

Mais, quelque solides que soient les conjectures avantageuses que l'on forme ici sur leur compte, on a la satisdes sentiments des trois maisons de Paris, parce que l'on faction de pouvoir parler avec encore plus de confiance a été longtemps à portée de les connoître et de s'en assurer. On rend donc, avec autant de joie que de justice, à toutes les vierges ferventes qui les composent, le témoignage certain et glorieux d'un attachement également inviolable à la personne, à l'esprit, à la doctrine' au style du saint patriarche. Là ne se lisent point ces copies faibles et manquées d'un auteur unique et inimitable en son genre. On veut, en étudiant, dans les écrits immortels de S. François de Sales, les plus pures, les plus sublimes maximes de la perfection, y voir en même

mage naturelle de la belle âme de ce père chéri, qu'il y a empreinte sans le vouloir, et qui disparoît misérable ment sous les traits languissants, fades et défigurés d'une traduction. Brebis fidèle, on veut entendre la voix douce et touchante du vrai pasteur; on la méconnottroit aux accents contrefaits et mal imités d'un interprète étranger.

(1) L'original de Joinville a été retrouvé depuis l'époque à laquelle écrivoit le père de Tournemine: il a été imprimé a l'Imprimerie royale en 1761, 1 vol. in-folio. Il est vrai aussi qu'un confrère du père de Tourne-temps, y contempler avec transport et avec délices l'lmine, faute peut-être d'avoir lu ce mémoire, ou d'en avoir senti toute la force, a entrepris de corriger le Traité de l'amour de Dieu. Il rend justice, dans la préface des trois volumes qu'il en a extraits, à la noble umplicité, à la naïveté, à l'onction, aux grâces du style du saint prélat, qu'il appelle un auteur inimitable. Il convient que les expressions même qu'il forge sont vives, naturelles, et expriment bien ce qu'il veut Le monastère de la rue Saint-Antoine, sixième de l'indire : mais il ajoute, par une contradiction manifeste,stitut et premier de Paris; ce monastère, fondé et gouque son langage suranné rebute, et qu'on ne peut plus supporter ses expressions; que son style est quelquefois bas, ses métaphores outrées; et c'est, dit-il, ce qui l'a déterminé à regarder le traité du saint évéque de Génére comme un ancien bâtiment qu'il falloit dé truire, en réservant toutefois les matériaux pour en construire un nouvel édifice: comparaison singulière, qui n'aura pas édifié les filles bien-aimées de ce grand saint. Mais qu'en auroit pensé le savant auteur de cette lettre? et qu'en auront pensé, qu'en pensent encore, qu'en penseront à l'avenir tous les gens de goût?

(2) Pleinement instruit de la ferme et invariable résolution ou sont les religieuses de la première maison de La Visitation d..nnecy de ne jamais consentir que l'on touche au style ou au langage du saint prélat, on croiroit faire injure à tous les autres monastères de l'ordre, en les soupçonnant capables de penser autrement sur ce point. Indépendamment du respect, de l'estime et de Famour filial dont ils sont pénétrés pour leur saint fondateur, respect, estime, amour, qui doivent les rendre jaloux de conserver dans toute leur intrégrité, et sans la moindre altération, les trésors de doctrine céleste dont 1 les a enrichis, la déférence parfaite et tout affectueuse

verné durant ses trois premières années par la bienheureuse de Chantal elle-même; ce monastère, où fleurit constamment, dans sa vigueur primitive, l'esprit de la Visitation; ce monastère, si justement et si tendrement révéré de tous ceux du même ordre; ce monastère (le lecteur permettra bien ce léger épanchement du cœur), ce monastère qui, pour tant de raisons, est, et sera éternellement en la considération et vénération que Dieu sait, a eu des occasions particulières de signaler son respect pour les vrais écrits des saints fondateurs. C'est au goût pur et éclairé de la mère Marguerite-Emmanuelle LE FERON, ci-devant supérieure de cette maison, autant qu'à ce sentiment de respect religieux, que l'on doit l'é dition fidele et littérale des Épitres de la bienheureuse mère de Chantal, et ce fut elle encore qui, par la fermeté judicieuse avec laquelle elle arrêta les suites du dessein, déjà exécuté, de traduire en françois à la mode celles du saint évêque, sauva du même coup, et au public connoisseur, le chagrin de perdre irréparablement les originaux précieux de ces Lettres, et au pieux et laborieux éditeur qui les avoit traduites, les infaillibles reproches que lui auroient attirés, de la part de tous les siècles, sa funeste entreprise.

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