A MADAME DE MAINTENON. MADAME, Quelque sujet que j'aie de me défier de ce que j'ai pu contribuer à la vie de S. François de Sales, j'ose dire que j'ai l'honneur de vous la présenter avec quelque sorte de confiance. Quand on n'a à Vous parler que de Dieu, qu'on n'a à vous entretenir que de ses opérations toutes puissantes sur les âmes, lorsqu'il rencontre ce cœur docile que le plus sage des rois lui demandoit comme une grâce qui comprend toutes les autres, on est sûr d'être favorablement écouté. C'est, Madame, cette docilité à la grâce qui a fait tous les saints; c'est elle qui a formé cette vertu si pure, si éclairée et si constante que l'on admire dans S. François de Sales mais c'est à elle aussi que nous sommes redevables de ces grands exemples de piété que vous ne vous lassez point de donner, et qui font tant d'honneur à notre siècle. C'est d'elle que viennent cette grandeur d'âme qui ne croit aucune des pratiques les plus humiliantes du christianisme au-dessous de soi; ces lumières si vives, si pures et si étendues, toujours soumises à cette raison supċrieure qu'on ne peut méconnaître sans s'égarer; cet esprit si sublime, toujours d'accord avec la simplicité de la foi; cette tranquillité que rien n'altère; cette bonté que rien ne lasse; cette compassion que rien ne rebute; cette charité intelligente que rien n'épuise, qui prévient les maux les plus extrêmes, ou qui ne manque jamais d'y remédier, qui comprend le présent et l'avenir, qui s'étend dans tous les siècles; cette modération si rare, que tous les avantages de la nature et de la fortune n'ont jamais pu corrompre; en un mot, cette piété généreuse et sincère qui réprime le vice et qui fait triompher la vertu. Ce sont ces qualités, Madame, qui vous ont acquis l'estime et la confiance du plus grand roi du monde. et qui vous font regarder aujourd'hui comme la protectrice de tout ce qu'on entreprend pour la gloire de Dieu et pour l'utilité de l'Église. J'ose espérer que la Vie de S. François de Sales, que j'ai l'honneur de vous offrir, pourra être de quelque utilité ; qu'on goûtera des sentiments aussi raisonnables que les siens, des maximes aussi pures qui donnent une aussi grande idée de la perfection, qui sont si capables de former l'honnête homme et le véritable chrétien; et qu'on fera d'autant moins de difficulté de suivre ses exemples, qu'on |
