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dépenses relatives aux bâtiments depuis l'année 1661 jusqu'à l'année 1715. Le relevé de toutes ces dépenses a donné un total de deux cent quinze millions, monnaie du temps'.

'L'examen de ces registres atteste que sous aucun règne et dans aucun temps, la comptabilité ne fut tenue avec plus d'ordre et avec une exactitude plus minutieuse. Il existe aussi aux Archives du royaume un superbe volume contenant en résumé, par chapitres, toutes les recettes et toutes les dépenses faites depuis l'année 1664 jusqu'à l'année 1700, sous les ministères de Colbert, de Pelletier et de Pontchartrain. On y voit le tableau financier complet, sans aucune omission, de toute cette partie du règne.

M., Ossude, ancien secrétaire des Archives de la couronne, a donné le tableau par année des dépenses faites en bâtiments par Louis XIV pendant toute la durée de son règne, dans l'ouvrage intitulé le Siècle des beaux-arts et de la gloire, un volume in-8, 1838. Ces dépenses ont été exactement relevées sur les registres eux-mêmes. Déjà en 1801, M. Guillaumot avait publié un Mémoire conservé à la Bibliothèque du roi, fonds Saint-Martin, 92, in-4° de cinquante-quatre feuillets, intitulé Comptes des bastimens du roy, Mémoire fait vers l'année 1701, par un nommé Marinier, commis de Mansart, et fils d'un premier commis des bâtiments sous Colbert, lequel présente le tableau détaillé par nature de travaux des dépenses en bâtiments faites depuis l'année 1664 jusqu'à l'année 1690. M. Eckard l'a de nouveau reproduit dans son ouvrage intitulé : États au vrai de toutes les sommes employées par Louis XIV à Versailles, Marly, etc. Ces différents états, contrôlés d'ailleurs par les registres de la cour des comptes, par le registre conservé aux Archives du royaume et par les comptes-rendus

Mais il faut savoir que dans cette somme se trouvent compris non-seulement les travaux de luxe, c'est-à-dire ceux du château de Versailles, de Marly, de Trianon, et leurs dépendances, mais aussi les travaux de l'Observatoire, de l'église et du dôme des Invalides', de la place Vendôme, de l'église Notre-Dame à Versailles, du Val-deGrâce, d'une partie du canal de Languedoc, et enfin des manufactures, tous monuments publics qui n'avaient aucun rapport avec les habitations royales.

Quant à l'évaluation de la somme dépensée, comparée à la valeur actuelle de l'argent, le calcul exact en est difficile. Le marc d'argent valut, sous le règne de Louis XIV, vingt-six livres dix sous, de 1641 à 1679; vingt-neuf livres six sous, de 1679 à 1690; et trente livres, de 1690 à 1715. Le marc d'argent (huit onces) vaut aujourd'hui

de l'administration des finances sous Louis XIII et Louis XIV, par Mallet, premier commis des finances, travail réimprimé en 1789, concordent tous entre eux et ne laissent aucun doute sur cette question longtemps débattue.

1 Les dépenses faites pour l'acquisition des terrains et pour les constructions des Invalides autres que l'église et le dôme, ne se trouvent pas portées sur les registres des bâtiments de la couronne. Elles ont été probablement soldées sur les fonds de la guerre, comme celles concernant les forteresses et autres bâtiments militaires.

cinquante-quatre francs, c'est-à-dire que sous Louis XIV on tailla en moyenne vingt-huit livres tournois, avec la quantité d'argent qui produirait aujourd'hui cinquante-quatre francs. D'après la comparaison du prix du marc d'argent aux deux époques, la somme dépensée représenterait donc aujourd'hui quatre cent trente millions. C'est la manière ordinaire de compter. Cependant il est certain qu'outre leur valeur intrinsèque au poids, les métaux monnayés ont une valeur d'échange qui varie suivant leur abondance dans la circulation, et que, pour avoir une évaluation exacte, il ne suffit pas de doubler la somme. De combien doit-elle être augmentée? c'est une question dans la solution de laquelle il entre trop d'éléments divers, et qui est encore trop controversée parmi les savants pour que j'ose la résoudre.

Mais quelle que soit l'évaluation exacte de cette somme, quand on considère qu'elle a été dépensée pendant un règne qui a duré plus de soixante ans, et que les créations de tous genres qu'elle a produites ont favorisé les arts et attiré les étrangers, auxquels nous sommes encore aujourd'hui fiers de les montrer, on ne peut trouver un si grand sujet de blâme dans un genre de dépenses auxquelles il faut des bornes sans doute, mais qui, en encourageant l'industrie, enrichissent l'État.

Cette grande entreprise de l'aqueduc amena sou

vent le roi à Maintenon'. On sait que madame de Maintenon Ꭹ résidait peu, et n'y pouvait faire que des séjours momentanés; elle s'en occupait cependant avec intérêt, et elle y fit beaucoup de bien : « Mes principales obligations, écrivait-elle, sont à présent à Maintenon. » Elle obtint pour cette petite ville le rétablissement et l'augmentation des foires et marchés'; elle fonda des écoles et un hôpital. Elle fit reconstruire sur son terrain, et entièrement à ses frais, l'église et le presbytère qui étaient en ruine', de même que l'église et les pres

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<< Nous partons le 30. Je vais coucher à Maintenon avec M. le duc du Maine et M. et madame de Montchevreuil. Le roi couche à Gallardon et viendra le lendemain à Maintenon. Il ira coucher à Chartres et moi aussi. On y séjournera le lendemain pour les dévotions et pour que le roi voie encore quelques travaux. On ira ensuite coucher à Châteaudun, et le lendemain à Chambord.» (Lettre de madame de Maintenon à M. d'Aubigné, du 17 août 1685.)

2 Lettres patentes de 1686. (Archives de Maintenon.)

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« Le père Chavrand, écrit-elle, est à Maintenon pour y établir un hôpital général. Je me suis lassée d'y donner beaucoup et d'entendre toujours crier qu'on y meurt de faim. Je verrai au moins clair à leur dépense.» (Lettre à M. d'Aubigné, du 9 juin 1685.) Cet hôpital fut remplacé en 1731 par un autre plus considérable, dans un autre endroit de la ville, que le maréchal de Noailles fonda et construisit.

Le 24 juin 1694, décret de la dédicace procédant à la consécration de l'église Saint-Pierre de Maintenon, bâtie, construite et ornée depuis peu par les soins de très-haute, très-puissante et

bytères de deux villages voisins'. Elle fit venir en outre des Normands et des Flamands, pour y établir des métiers, et apprendre aux habitants à travailler en toiles, sans parler de tous les autres secours qu'elle distribuait abondamment aux pauvres, aux vieillards et aux enfants.

Le roi s'y était arrêté plusieurs fois en allant à Chambord. « Le roi, écrit madame de Maintenon à son frère, le 6 octobre 1682, a été reçu à Maintenon par Nanon et Lacouture, qui s'en acquittèrent fort bien. J'en partis deux heures avant qu'il y arrivât. Il le trouve fort joli, et le vit en effet en meilleur état que vous ne l'avez vu. Le jardin commence à s'accommoder, les arbres et les palissades sont assez grands, et sans les inondations de l'hiver, le potager serait beau. Mais j'y fais une manufacture qui me divertit fort; et, outre quantité de Normands que j'y ai fait venir pour faire de la toile, il vient d'arriver vingt-cinq Flamands pour le linge ouvré comme celui de Courtray, d'où

très-pieuse dame Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, avec indulgence d'une année à tous les fidèles qui la visiteront ce même jour, et de quarante jours à ceux qui la visiteront le jour de la dédicace. (Arch. de Maintenon.)

'Reconstruction à neuf de l'église de Chartainvilliers en 1691. Acte de reconnaissance des habitants, des vases et ornements donnés par madame de Maintenon. Idem pour le village de Pierres. (Ibid.)

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