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litique et malgré sa haine contre l'hérésie, consentait à y prêter la main.

La négociation, suivie par un nommé Clauzel que le duc de Rohan avait envoyé à Madrid en novembre 1628', se termina par un traité signé le 3 mai 1629. Sa Majesté catholique s'engageait à payer annuellement six cent mille ducats d'or à condition que le duc de Rohan entretiendrait sur pied une armée de douze mille hommes, qui ferait telle diversion qui plairait au roi d'Espagne, en Languedoc, en Dauphiné et en Provence. Le duc de Rohan favoriserait tous les desseins de Sa Majesté catholique et ne ferait aucun accommodement avec le roi de France sans sa volonté, et les romprait quand il plairait à Sa Majesté. « Et le cas avenant que ledit sieur de Rohan et ceux de son parti puissent se rendre si forts qu'ils puissent se cantonner et faire un État à part (dont la Loire eût été la frontière), audit cas les huguenots promettent la liberté de conscience et le libre exercice aux catholiques'. >>

1 En revenant d'Espagne en 1629, il alla à Turin entamer une négociation du même genre avec le duc de Savoie. Il finit par être condamné à mort et exécuté en novembre 1635, ayant été surpris de nouveau dans les mêmes manœuvres.

2 Art. 7 du traité signé par Jean Bitella, conseiller d'État et premier secrétaire pour Sa Majesté catholique, et Clauzel pour M. le duc de Rohan.

Mais le temps de ces entreprises était passé; quatre corps de l'armée royale marchant en même temps, forcèrent les diverses provinces insurgées à capituler une dernière fois. Alors fut rendu l'édit de grâce du 28 juin 1629, qui mit fin aux guerres de religion en France. Toutes les places de sûreté durent être rendues, toute fortification quelconque fut de nouveau interdite, toute assemblée défendue, le culte catholique rétabli partout où il avait été empêché, mais l'édit maintint les dispositions de celui de Nantes sur la liberté de conscience et le libre exercice du culte, « exhortant nos fidèles sujets de la religion prétendue réformée, de se dépouiller de toute passion pour être plus capables de recevoir la lumière du ciel et revenir au giron de l'Église dans laquelle, depuis plus de onze cents ans, nos prédécesseurs ont vécu, ne pouvant davantage leur témoigner notre affection que de les désirer au même chemin de salut que nous tenons pour nous-mêmes. »

Ici finit l'existence politique du parti protestant en France; tels furent jusque-là son histoire et le cours agité de ses destinées. Nous devions nécessairement en retracer le tableau, parce que ce passé eut une grande influence sur la conduite qu'on tint depuis à son égard.

Il était vaincu et sa puissance était détruite; il continua bien à s'agiter dans l'ombre et dans les

illusions dont les partis ont tant de peine à se désabuser; on le voit encore négociant un traité avec le grand Condé pendant la Fronde, et un autre avec Cromwell, en Angleterre ', et nourrissant toujours son rêve de république au sein du royaume; mais il ne forma plus, à proprement parler, au lieu d'un parti politique, qu'une secte religieuse qu'on pouvait laisser vivre sous cette forme, car ce que l'intérêt de l'État exigeait se trouvait accompli.

Cependant l'œuvre ne paraissait pas achevée. On a vu que les édits de tolérance avaient été comme une proie que les partis s'arrachaient mutuellement, toujours concédés à regret et avec restriction, à titre d'exception et non de principe. Les malheurs que le parti protestant avait attirés sur la France, les maux dont il était l'auteur, ceux même qu'on lui avait faits, le caractère politique qu'il avait revêtu, les principes républicains qu'il professait, avaient laissé contre lui dans les esprits un ressentiment qui le faisait envisager comme un ennemi public. La politique et la foi se flattaient de l'espoir opiniâtre que cette fausse religion disparaîtrait un jour, et l'on travailla à l'éteindre, mais par des moyens pacifiques, car

1 Voy. Mémoires de Lénet. Nantes.

Benoît, Histoire de l'edit de

on était las de guerres civiles et de persécutions. Ce fut ce sentiment qui, dans un temps où le grand principe de la liberté religieuse était inconnu, conduisit peu à peu, ainsi que nous le verrons, à la révocation de l'édit de Nantes. Le bien et le mal ont en soi leur valeur morale, et tout ne doit pas s'excuser par la différence des temps; cependant il faut tenir compte des idées qui dominent chez les hommes pour expliquer les événements qui se passent parmi eux, et si l'on veut être impartial envers les faits, il ne faut pas sortir de leur siècle pour les juger '.

ART. 2.

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ÉTAT DES PROtestants sous LOUIS XIV, RÉVOCATION
DE L'ÉDIT DE NANTES.

On se forme, en général, de la conduite de Louis XIV envers les protestants l'idée suivante. Dans la première partie de son règne, adonné aux plaisirs et aux conquêtes, il ne songea nullement aux réformés, qui, de leur côté, vivaient laborieux et paisibles; dans la seconde partie, devenu vieux et dévot, et subissant le joug de madame de Main

1

Voyez les pièces conservées à la Bibliothèque royale, manuscrits du fonds de Brienne, no 220 à 228, et relatives aux négociations du parti protestant avec les puissances étrangères, à ses discussions avec Henri IV au sujet de l'édit de Nantes, et à l'attitude de ses assemblées vis-à-vis de la cour sous le règne de Louis XIII.

tenon et du clergé, il se laissa tout à coup imposer cette pensée fanatique : la persécution et l'anéantissement de l'hérésie, la proscription ou la conversion des hérétiques.

Ce n'est pas se rendre un compte exact des faits. Louis XIV n'était pas vieux, mais dans la force de l'âge, lorsqu'il révoqua l'édit de Nantes '. Il n'était point dévot, mais livré publiquement à sa passion pour mademoiselle de Fontanges, quand il entra dans la voie des rigueurs législatives qui firent présager cette révocation. On ne peut même pas dire qu'il fût dans la dévotion, quoique déjà ramené par madame de Maintenon à une vie régulière et à des sentiments de piété, à l'époque où la révocation se décida. Cette mesure enfin ne fut pas de sa part un acte spontané et imprévu, mais le résultat d'un système qui datait de son avénement à la couronne, et dont l'intérêt politique fut le principal fondement. Il ne faut pas d'ailleurs confondre la révocation de l'édit de Nantes avec ses suites. Celles-ci eurent en effet, beaucoup plus que l'acte lui-même, un caractère de persécution qui provint de la résistance inattendue qu'on trouva dans une entreprise trop légèrement regardée comme accomplie.

1 Louis XIV avait quarante-sept ans en 1685, date de la

révocation.

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