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OEUVRES

DE

BOILEAU,

AVEC UN CHOIX DE NOTES

DES MEILLEURS COMMENTATEURS

ET PRÉCÉDÉES D'UNE NOTICE

PAR M. AMAR.

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT,

RUE JACOB, 50.

1835.

HARVARD UNIVERSITY UBRARY FED 15 1957.

52X51

SUR

BOILEAU DESPRÉAUX,

PAR M. AMAR.

Gilles Boileau, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris, et père du poëte qui a rendu à jamais ce nom si célèbre, descendait d'Estienne Boyleaux, Boileaue, ou Boylesve, prévôt de la ville de Paris au treizième siècle.

Telle était la réputation de sagesse et de probité dont jouissait ce magistrat, que quand Louis IX, qui donnait alors à la terre le spectacle, trop rarement renouvelé pour le bonheur des peuples, d'un grand saint dans un monarque accompli, songea, en 1258, à régulariser les fonctions du prévôt de Paris, il s'occupa, dit Joinville, de faire chercher par tout le pays un bon justicier, et bien renommé de prud'homie; et il le trouva dans la personne d'Estienne Boyleaux, qui fut ainsi le premier prévôt de Paris nommé par le roi.

Boileau eut raison, dans la suite, de se montrer fier d'une pareille descendance, et de la faire constater légalement par un arrêt en bonne forme. (Voyez la Lettre à Brossette du 9 mai 1699.) C'est à l'auteur de la satire sur la noblesse qu'il appartenait surtout de sentir le prix de la véritable, de celle qui est la récompense de la vertu et des services rendus à l'État.

Le père de Boileau n'était pas moins distingué au Palais par sa probité que par sa grande expérience dans les affaires; quoique d'une fortune médiocre, et chargé d'une nombreuse famille, il soigna si heureusement l'éducation de ses fils', que le barreau, l'Église, et surtout les lettres, s'honoreront à jamais du nom de Boileau.

Celui qui était destiné à porter si loin la gloire du Parnasse français, et, suivant l'expression de Vauvenargues, à éclairer tout son siècle, Nicolas Boileau naquit le 1er novembre 1636, à Crosne (petit village près de Villeneuve-Saint-Georges), selon L. Racine; à Paris, suivant

1 BOILEAU DE PUIMORIN, né d'un premier lit, en 1625, mort en 1685.- Gilles BOILEAU, né à Paris, en 1631; reçu à l'Académie française, en 1659; mort en 1669.- Jacques BOILEAU (l'abbé), également né à l'aris, le 16 mars 1653; mort le 1er août 1716.

BOILEAU.

I

d'autres biographes, et dans la chambre même qu'avait habitée Jacques Gillot, l'un des auteurs de la Satire Ménippée. Ce point de biographie n'est point encore suffisamment éclairci: une circonstance cependant qui semblerait donner quelque poids à l'opinion de L. Racine, c'est le surnom de Despréaux donné à Boileau, et emprunté d'un petit pré situé au bout du jardin de cette maison de campagne, où le père de notre poëte venait passer le temps des vacances. Mais laissons Paris et Crosne se disputer l'honneur d'avoir vu naître Boileau : un homme tel que lui appartient à la France tout entière, qui se glorifiera éternellement de l'avoir donné à l'Europe.

L'erreur ou l'incertitude des biographes a pu résulter de ce que les titres qui constataient la naissance de Boileau à Crosne ayant disparu dans l'incendie qui consuma la presque totalité de ce village, il ne resta plus d'autre preuve légale que les registres de famille où le père de notre poëte consignait la naissance de chacun de ses enfants. Il y a eu également confusion dans les époques, mais par la faute de Despréaux, qui, peut-être incertain lui-même de l'année et du jour où il était né, et se croyant lié par la réponse qu'il avait faite au roi 1, persista toute sa vie à se dire ou à se croire plus jeune d'un an qu'il n'était en effet.

Ses premières années n'eurent rien de remarquable; et d'Alembert le félicite d'avoir été le contraire de ces petits prodiges de l'enfance, qui souvent sont à peine des hommes ordinaires dans l'âge mûr ; esprits avortés que la nature abandonne, comme si elle ne se sentait pas la force de les achever. Pesant et taciturne, il était si loin d'annoncer ce qu'il serait un jour, que son père en tirait, par comparaison avec ses autres frères, cet horoscope peu flatteur pour l'amour-propre paternel, mais bien démenti par l'événement, que Colin (Nicolas) serait un bon garçon qui ne dirait jamais de mal de personne. Dongois, son beau-frère, n'en augurait pas mieux quelques années plus tard, et condamnait à n'être jamais qu'un sot l'un des hommes qui eut le plus d'esprit, puisqu'il connut le mieux en quoi consiste le bon esprit.

Despréaux fit ses premières études au collège d'Harcourt (aujourd'hui collége royal de Saint Louis), et il y achevait à peine sa quatrième, lorsqu'il fut attaqué de la pierre. Il fallut le tailler; et l'opération, très-mal faite, suivant L. Racine, lui laissa, pour le reste de sa vie, de douloureux souvenirs de cette époque. Cette circonstance

Le roi lui ayant demandé la date de sa naissance : « Sire, répondit Boileau, je suis venu au monde une année avant Votre Majesté, pour annoncer les merveilles de son règne. »>

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