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une forme sociale, un gouvernement, et de viser à l'extirpation immédiate de tous les abus, à l'établissement définitif de la justice. Il y a des médecins qui dédaignent les émollients et les dérivatifs, et qui croiraient déshonorer la science s'ils transigeaient avec le mal, et s'ils ne l'attaquaient hardiment par des remèdes héroïques. Qu'arrive-t-il? Les empiriques en profitent pour discréditer la science, et pour répandre dans le public le dégoût de toutes les cures rationnelles. De même nos philosophes, dans leurs légitimes aspirations vers le bien, restent trop dans le domaine des principes, et se contentent trop facilement de connaissances vagues et sans précision. Le seul moyen d'opérer sur la société avec une main sûre, serait une notion nette et distincte de ses divers éléments.

Sous ce rapport, une série de travaux analytiques tels que l'ouvrage de M. Riehl, marquerait un progrès considérable, pourrait avancer bien des questions, et enrichir le fond encore assez pauvre de notre statistique sociale. Quant au livre lui-même, sans entrer dans l'examen de son mérite littéraire, la lecture en est certainement fort intéressante, malgré quelques longueurs et de nombreuses répétitions, qu'il ne faut pas voir avec trop de sévérité chez un Allemand. La vogue et le retentissement en ont été immenses par toute l'Allemagne, et déjà plusieurs éditions se sont succédé, sans que le succès paraisse devoir s'épuiser. Nous souhaitons de grand cœur que cette réputation franchisse la frontière, cette muraille de Chine qui nous sépare de nos voisins d'outre-Rhin. Il y a dans cet ouvrage une ample moisson à faire d'idées nouvelles et de documents précieux. Nulle lecture n'est mieux faite pour populariser chez nous un genre d'études où nous nous laissons un peu trop devancer par les autres peuples, et dont le développement importe cependant aux progrès de la science sociale.

ALBERT LEFAIVBE.

DES

NOUVELLES ARMES DE JET

ET DE

LEUR ROLE DANS LA DERNIÈRE GUERRE

Les événements militaires qui viennent de s'accomplir en Italie ont appelé l'attention sur tout ce qui concerne la guerre, et notamment sur les effets que doivent produire dans les combats les nouvelles armes de jet. Nous croyons le moment venu d'entretenir nos lecteurs du rôle que ces armes ont joué jusqu'ici et nous paraissent appelées à jouer dans l'avenir; non pas cependant que la guerre d'Italie nous ait apporté à ce sujet un enseignement complet, les deux armées belligérantes ayant été munies trop récemment d'armes nouvelles et la lutte n'ayant pas duré assez longtemps; mais les faits accomplis, les discussions produites antérieurement par les gens du métier, les conclusions que nous avons cru pouvoir tirer de la comparaison des unes avec les autres, nous ont semblé des éléments suffisants pour un travail sérieux.

Nous sommes de ceux qui pensent que la guerre doit un jour être laissée aux peuples barbares de l'Afrique et de l'Asie, et tous nos vœux sont pour l'établissement en Europe d'un équilibre véritable où l'arbitrage maintiendrait une paix perpétuelle. C'est même vers ce noble but que nous ont fait marcher à grands pas presque toutes les guerres formidables qui ont, depuis le commencement du siècle, ébranlé, pour la mieux asseoir, la civilisation européenne. Mais nous n'en sommes pas encore à cet âge d'or, et, en attendant qu'il vienne,

on fait toujours la guerre ; il importe donc de s'occuper des questions qui s'y rattachent, surtout lorsqu'elles semblent, comme celle-ci, devoir en conjurer un jour les calamités.

Les armes de jet ne sont pas d'invention moderne; l'usage de la fronde a dû suivre de près celui de la massue, et l'arc n'est guère moins vieux que l'arme blanche; les peuples les plus anciens dont on fasse mention les avaient perfectionnées et développées. Sans remonter si haut, nous avons des dessins exacts des machines de jet employées par les Romains. Ces engins n'étaient guère qu'une imitation amplifiée de la fronde et de l'arc. On peut ranger, dans la première espèce le frondibale et la baliste. Le frondibale était une bascule à bras inégaux, dont la plus longue branche était chargée d'un panier rempli de pierres. La plus petite branche recevait l'impulsion qui déterminait le jet. Le frondibale servait la défense des places et portait à environ 250 pas. La baliste avait pour moteur un écheveau de corde à boyau, dont la force de torsion imprimait à une tige ou bras un mouvement de rotation verticale, par suite duquel les projectiles étaient lancés suivant une courbe à peu près parabolique. Parfois, le haut de la machine était muni d'un canal dans lequel on plaçait un trait que venait frapper le bras indiqué lorsqu'il était abandonné à la force impulsive. Les plus fortes balistes, chez les Romains, lançaient des poids de 400 livres jusqu'à 1,200 pas. Archimède, dit-on, en fit construire qui pouvaient lancer jusqu'à 1,200 livres pesant. Les machines imitées de l'arc étaient la catapulte et tous ses dérivés. Elle se composait habituellement d'un châssis qui portait deux bras se mouvant horizontalement et ayant pour moteurs deux écheveaux en corde à boyau disposés verticalement. Les deux bras étaient réunis par un câble, qui, ainsi que dans l'arc, venait vibrer contre le projectile contenu dans un canal placé au-dessous. La catapulte était moins puissante que la baliste, mais d'un tir beaucoup plus juste.

Ces machines, qui constituaient l'artillerie de ces temps-là, avaient été modifiées et variées à l'infini. Il est à remarquer, toutefois, que le très grand développement des machines de guerre correspond, chez les Romains, au commencement de la décadence de l'art militaire, et à l'abaissement des conquérants du monde. De là l'opinion de penseurs moroses, qui, forts des antécédents historiques, prédisent également pour nous, au moment où se perfectionnent nos machines de guerre, une décadence pareille et probablement aussi une invasion de Barbares. Les engins de guerre des Romains, nos devanciers, si on les multipliait à l'excès, devaient amener les résultats qu'ils ont produits, parce qu'ils étaient d'un transport difficile, qu'ils étaient peu maniables sur le terrain même de l'action, qu'ils

exigeaient beaucoup d'hommes pour leur service: on n'obtenait un faible accroissement de leur puissance qu'en augmentant outre mesure les difficultés de construction, de transport, de manoeuvre. Une fois engagés dans cette voie pernicieuse, les Romains ne surent ni revenir sur leurs pas, ni même s'arrêter; ils augmentèrent à tel point le nombre des machines, qu'une armée ne fut plus que la réunion d'une quantité plus ou moins considérable de ces lourds et incommodes instruments de guerre, et c'est à ce moment que les Barbares, légers et munis d'armes blanches, commencèrent à avoir beau jeu des descendants des soldats de César. Nous verrons que, chez nous, au contraire, le fantassin porte allégrement sa petite machine de guerre, le fusil, qui est en même temps une arme blanche, et que les gros engins, les canons, sont bien une invention de progrès dans toute l'acception du mot, puisqu'au fur et à mesure de leur perfectionnement ils diminuent de poids et de volume, et que déjà ils peuvent être portés à bras par quelques hommes réunis.

Au moyen âge, les armes de jet n'eurent pas grande importance, jusqu'au jour où, grâce à la poudre, les projectiles furent lancés au loin avec une force inconnue auparavant. Plusieurs journées mémorables, dans lesquelles les plus brillants chevaliers furent mis à mal par des manants, hommes de pied, embusqués et armés d'arquebuses, devinrent le signal d'une révolution complète dans l'art militaire. Les vieilles armures, reconnues inutiles, disparurent, et de nouvelles conditions furent faites aux combattants. Tout le monde sait ce que devint alors la guerre, et comment elle fut conduite jusqu'à l'époque impériale. Pendant les longues guerres de Napoléon Ier, les armées de l'Europe avaient toutes à peu près le même armement. C'était, comme armes de jet, le fusil de munition ordinaire, à pierre, ayant un but en blanc de 100 mètres environ, et muni de la baïonnette à son extrémité, et les canons de bataille, des divers calibres, avec but en blanc de 400 à 800 mètres environ.

Depuis lors, des améliorations successives n'ont cessé d'être apportées à notre armement, et, il y a une vingtaine d'années, on a adopté définitivement, pour quelques corps d'élite au moins, l'usage des armes carabinées. L'opération du carabinage consiste à tracer dans l'intérieur du canon, contre les parois, des rayures creuses en hélice, qui ont pour but de donner au tir une précision plus grande, en imprimant au projectile un mouvement de rotation sur lui-même, qui le maintient dans l'axe de la direction. Ce procédé est très ancien; les premières carabines nous viennent d'Orient, ainsi que l'indique le mot lui-même, qui est d'origine arabe. Seulement, les anciennes armes de ce genre nécessitaient un mode de chargement, au maillet, très compliqué, et qui avait fait renoncer généralement à leur emploi

2e S. TOME X.

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comme arme de guerre. Un officier d'infanterie, M. Delvigne, trouva pour charger un moyen excessivement simple et qui mit sur la voie de tous les perfectionnements constatés depuis vingt ans dans nos armes de précision. Il se servait des balles sphériques employées dans toute l'infanterie, et le procédé consistait à frapper le projectile dans l'arme carabinée au moyen d'une baguette de fusil munie à l'extrémité inférieure d'un appendice légèrement fraisé. La balle reposait sur les rebords de la chambre destinée à recevoir la poudre, et faite à dessein plus étroite que le canon. Au troisième coup de baguette, la balle pénètre dans les rayures; elle est forcée, et le problème est résolu. Le mode de chargement trouvé, on perfectionna et on multiplia les modèles; et en 1842, la carabine adoptée pour les chasseurs à pied était construite d'après les indications sommaires suivantes : canon de 0,81 de longueur et 0,17,5 de diamètre, carabiné à 4 raies rondes. faisant une révolution sur 6,22; à la culasse, il y a une chambre d'un diamètre plus étroit que le canon, destinée à recevoir la poudre; la balle, qui est celle en usage alors dans toute l'infanterie, s'appuie sur les bords de cette chambre, et se force dans les rayures au moyen de la pression de la baguette. Le canon a deux hausses, l'une fixe, l'autre à charnière et à ressort. Cette carabine est surmontée du sabre-baïonnette-yatagan de 0,57 de longueur. Le poids de l'arme est de 4,60 sans la baïonnette, de 5*,40 avec celle-ci. Le tireur peut ajuster utilement, avec cette carabine, jusqu'à 600 mètres. C'est la carabine Delvigne-Poncharra.

L'expérience avait signalé un inconvénient dans ce système. La balle pressée sur la chambre y pénétrait toujours un peu, et se déformait en acquérant à sa partie inférieure une saillie préjudiciable à la justesse du tir. On y avait en partie remédié en plaçant la balle dans un sabot de bois, qui prenait la forme de la balle et reposait lui-même sur la chambre. Mais d'autres inconvénients se manifestèrent encore, on essaya divers palliatifs qui ne furent pas approuvés, et on se décida en 1846 à remplacer la chambre par une tige. On ajusta au centre du bouton de culasse, à l'intérieur du canon, une tige en acier de 38 millim. de longueur et de 9 millim. de diamètre; la poudre se répandait ainsi autour de la tige, mais sans recouvrir son extrémité; la balle, pressée par la baguette, s'appuie sur cette tige et se force dans les rayures. On adopta à la même époque une balle de 47,5 à base cylindrique de 17,2 de diamètre et de 10 millim. de hauteur, surmontée d'une partie ogivale de 16 millim. de hauteur, terminée par une calotte sphérique de 2 millim. de rayon. La partie cylindrique porte 3 cannelures circulaires en crémaillère dont les ressauts ont pour objet de donner prise à la résistance de l'air, qui, agissant alors au pourtour et à l'arrière de la

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