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pour une sage modération certaines concessions dont on méconnaît les désastreuses conséquences. Si quelque congrès futur est appelé tôt ou tard à prononcer sur le sort de l'Italie, il sera probablement composé, comme celui de 1856, d'une majorité d'adversaires de la papauté. Les catholiques ont besoin de compter sur la sagesse et la loyauté de l'Empereur, sur la piété de l'Impératrice, pour prendre confiance. Ils espèrent surtout en Leurs Majestés, mais ils savent aussi que, si cela est nécessaire, la France se montrera sincèrement catholique. Jamais le clergé français n'a été plus dévoué au Saint-Père. Les éloquentes voix des cardinaux Gousset et de Villecourt, de l'archevêque d'Auch, des évêques d'Arras, de Poitiers, de Tulle, de Perpignan et d'autres éminents prélats, ont exprimé les sentiments universels de l'Eglise française envers le souverain pontife. Prêtres et laïques, tous ceux qui craignent Dieu plus que les hommes, et qui vénèrent le vicaire de Jésus-Christ, doivent être prêts à défendre, au péril de leur fortune et de leur vie, cette royauté du serviteur des fidèles qui est l'indispensable complément de l'indépendance spirituelle du pape et de la liberté catholique. Quelle confusion dans le monde, quelles persécutions de la foi par la force, quelle exaltation des hommes de désordre, le jour où le pape ne serait plus qu'un pauvre prêtre, espagnol, français ou allemand, à la merci du gouvernement de son pays! « Croit-on, a dit Napoléon, que si le pape était à Paris, les Viennois, les Espagnols consentiraient à recevoir ses décisions? On est trop heureux qu'il habite cette vieille Rome..... Ce sont les siècles qui ont fait cela, et ils ont bien fait. Pour le gouvernement des âmes, c'est la meilleure, la plus bienfaisante institution qu'on puisse imaginer. Je ne soutiens pas ces choses par entêtement de dévot, mais par

raison. >>

Dieu veuille que la France agisse toujours selon cette pensée de l'Empereur, alors bien inspiré! S'il avait lui-même toujours obéi à cette conviction, il aurait eu à Waterloo au moins 40 à 50,000 hommes de plus, provenant des soldats et des recrues de l'Ouest et du Midi : ce secours entre ses mains eût pu, sinon le sauver, du moins retarder et adoucir sa chute. L'Ouest et le Midi n'étaient attachés aux Bourbons que par les sentiments religieux et monarchiques; cela est prouvé, entre autres, par l'éclatante adhésion qu'ils ont donnée à Napoléon III. Aussi longtemps que le gouvernement impérial respectera la religion, dans ses intérêts les plus sacrés, il n'aura pas à craindre dans ces pays la renaissance des partis.

Nous espérons qu'en France tout pouvoir honnête aura e bon sens, le courage et le mérite de défendre la société en faisant respecter une des bases sociales, l'autorité temporelle de la papauté. C'est un devoir pour tout pays catholique d'en maintenir l'intégrité. Mais l'état

de l'Italie nous alarme. On peut l'entraîner bien loin avec deux mots: liberté et unité. Beaucoup d'Italiens sont disposés à considérer comme le plus grand libéral le républicain le plus violent, et comme le meilleur patriote celui qui rêve pour Rome le titre de capitale d'une république universelle. Il y a là de grands périls à écarter.

Quelles que puissent être leurs futures épreuves, les catholiques sont assurés de la victoire définitive de la papauté. « Le saint-siége est cette pierre immuable qui brise tout ce qui luit par le mensonge et la vanité, » disait, en 1723, l'évêque de Lectoure. « L'Eglise fondée sur Pierre et ses successeurs ' ne peut périr. »

Devons-nous résumer les conclusions de ce travail? Elles ressortent des chiffres et des faits que nous avons cités.

Le pape est évidemment la force, l'union, la gloire et la liberté de l'Italie; la sécularisation de son administration est effectuée; son gouvernement convient à l'époque, au pays, aux interêts catholiques. Malgré les crises qu'il a traversées, il a su ménager les impôts, diminuer les dépenses, les dettes, augmenter les travaux publics.

Le gouvernement pontifical est le plus clément et le plus charitable de tous les gouvernements. Aucun peuple ne possède plus de ressources intellectuelles et de bien-être que les Romains. Ils perdraient leurs glorieux et rares avantages, si le pape cessait de les gouverner. Et l'Europe commettrait un acte lâche et insensé si elle laissait amoindrir ou détruire le pouvoir temporel de la papauté.

L'évidence de ces faits peut-elle nous inspirer pleine sécurité sur le prochain avenir? Hélas! non. On a vu plus d'un peuple, aveugle et ingrat, se livrer à des hommes qui détruisaient son bonheur et sa liberté. Mais l'Eglise est éternelle, et son royaume temporel lui restera, parce qu'il est nécessaire à son existence comme à la paix de la société.

1

G. DE LA TOUR.

Expressions de Mgr de Belzunce, évêque de Marseille.

L'ATTITUDE

DE L'ALLEMAGNE

DANS LE CONFLIT AUSTRO-ITALIEN

Pendant les six mois qui ont vu s'ouvrir et se terminer la lutte engagée en Italie, l'Allemagne a été le théâtre d'un mouvement des esprits comparable en quelques points à celui de 1848. Mais la cause italienne, loin de retrouver les sympathies qu'elle obtenait il y a dix ans et que semblait réclamer son évidente analogie avec la cause de l'unité allemande, a provoqué contre la France une irritation qui a donné lieu aux inquiétudes les plus sérieuses. Pendant quelque temps on a pu craindre que la guerre, au lieu de rester circonscrite dans l'Italie, selon le désir de la France, ne s'étendît à l'Allemagne, et de là n'embrasât toute l'Europe.

Ces appréhensions, heureusement, se sont trouvées vaines. Au moment le plus critique de la lutte, la modération du vainqueur a fait suspendre les hostilités; les deux empereurs se sont rencontrés sur le champ de bataille, et la paix a été signée. Ce dénoûment a frappé d'étonnement l'Allemagne, qui, par un singulier revirement de l'opinion, paraît revenir subitement de ses chaudes sympathies en faveur de l'Autriche.

Nous chercherons à expliquer ce revirement en examinant l'attitude de l'Allemagne pendant la crise. C'est ainsi qu'on pourrra se rendre compte des intérêts si variés et si compliqués qui agitent les dynasties et les populations au delà du Rhin. On verra alors ce qu'il y a eu de factice et de vrai au fond d'un mouvement qui n'est pas

resté sans influence sur la marche de la guerre italienne et qui, si nous ne nous trompons, est appelé à exercer, dans un avenir peu éloigné, les plus graves conséquences sur la situation intérieure de la Confédération germanique.

I

La Confédération germanique est un assemblage d'Etats fort différents par leur étendue, leur population et leur situation dans le droit public de l'Europe. Deux souverains étrangers, les rois de Hollande et de Danemark, en font partie, le premier comme grand-duc de Luxembourg, le second comme duc de Holstein et de Lauenbourg. Deux autres Etats, la Prusse et l'Autriche, gouvernés par des souverains allemands, n'appartiennent qu'en partie à l'Allemagne. Le quart du territoire prussien est situé en dehors des limites fédérales, tandis qu'un tiers seulement de l'empire autrichien est compris dans le territoire de la Confédération. La Prusse et l'Autriche comptent d'ailleurs parmi les grandes puissances européennes. Enfin, tous les Etats petits ou grands de la Confédération, en signant le traité de 1815, se sont réservé leurs prérogatives d'Etats souverains et indépendants. Les auteurs du pacte fédéral et des règlements organiques complémentaires ont voulu concilier les divers intérêts qui résultaient de cet état de choses; il leur a fallu tenir compte de la rivalité entre l'Autriche et la Prusse, de la jalousie de la Bavière envers la Prusse et envers les royaumes de second ordre, de la méfiance de tous les petits Etats à l'égard des grands, voire même des questions de préséance et d'étiquette de souverain à souverain. Aussi le pacte de 1845 n'est-il qu'une espèce de compromis entre des intérêts très opposés et presque inconciliables. Sur un seul point tous les gouvernements tombaient d'accord; tous s'entendaient pour soutenir avec constance la lutte commune contre les idées libérales. Ce principe purement négatif a fait vivre la Diète germanique pendant trente-trois la révolution de 1848 força l'assemblée fédérale à abdiquer. La Diète est ressuscitée depuis, mais elle est restée la même, faible et impuissante à l'intérieur, indécise dans les questions extérieures; il en sera toujours ainsi tant que les statuts fédéraux actuels subsisteront.

ans;

Le vice fondamental de ces statuts, c'est la supériorité d'influence qu'ils accordent aux petits Etats au préjudice des grands. On sait que les affaires fédérales sont traitées par la Diète, tantôt en conseil restreint, tantôt en assemblée plénière. Le conseil restreint se com

pose de dix-sept voix, dont dix voix viriles et sept voix collectives. L'assemblée plénière compte soixante-sept voix : les six royaumes en ont chacun quatre; Bade, les deux Hesses, Holstein et Luxembourg en ont chacun trois; Brunswick, Mecklembourg-Schwerin et Nassau chacun deux; enfin les autres Etats ont chacun une voix. La Confédération germanique compte en tout quarante-trois millions d'habitants, dont vingt-six millions, c'est-à-dire près des deux tiers, appartiennent à l'Autriche et à la Prusse. Cependant ces deux grandes puissances n'ont ensemble que deux voix au conseil restreint et huit dans l'assemblée plénière : en droit, elles forment la minorité. En fait, le danger qui résulte de cette situation est écarté tant que l'Autriche et la Prusse sont d'accord; mais si cet accord fait défaut, l'une ou l'autre des deux puissances risque de succomber sous le vote d'une majorité de petits Etats. Cette disproportion dans la répartition des voix devient encore plus choquante si l'on admet la possibilité d'un vote où l'Autriche, la Prusse, la Ba ière, la Saxe, le Hanovre, le Wurtemberg et le grand-duché de Bade formeraient la minorité. Ces Etats, qui représentent trente-sept millions d'habitants, qui n'ont que sept voix dans l'assemblée fédérale, seraient obligés de s'incliner devant la majorité de dix voix, représentant six millions d'habitants!

Le but de la Confédération germanique est déterminé par l'art. 2 du pacte fédéral de 1815. Cet article est ainsi conçu : « Le but de la Confédération est de maintenir la sécurité extérieure et intérieure de l'Allemagne, ainsi que l'indépendance et l'inviolabilité des divers Etats allemands. » L'art. 11 développe et complète l'art. 2. Tous les membres de la Confédération promettent de protéger l'Allemagne tout entière, comme chaque Etat fédéré isolément, contre toute attaque; ils se garantissent mutuellement toutes leurs possessions comprises dans la Confédération. Lorsqu'une guerre fédérale est déclarée, aucun membre ne pourra entamer, pour son compte, des négociations avec l'ennemi, ni conclure des armistices ou des traités de paix. Les membres de la Confédération, tout en gardant le droit de faire des alliances de toute nature, s'engagent cependant à n'entrer dans aucune ligue dirigée contre la sécurité de la Confédération ou des Etats fédérés. De même, les membres de la Confédération s'engagent à ne faire, sous aucun prétexte, la guerre entre eux, et à ne point vider leurs querelles par les armes, mais à les porter devant la Diète. Celle-ci essaye d'interposer sa médiation par l'organe d'une commission choisie à cet effet, et, si la tentative a échoué et qu'une décision judiciaire devienne nécessaire, elle provoque cette décision par voie arbitrale: les parties en litige auront à se soumettre immédiatement au jugement qui sera prononcé.

Les dispositions du pacte fédéral de 1815 furent complétées par

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