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du congrès celtique international, Saint-Brieuc, 1868), on lit, p. 89-91 :

<< Tenez donc bon, ô mes compatriotes... Résistez à toutes les mauvaises choses Qui nous viennent du pays de France.

»Ne fermez pas les yeux A ce qu'ils ont aussi de bon; Mais, pour le mal, dites: « Point! point! n'entends ket, n'en

tends ket! »

Cette dernière phrase, soulignée par l'auteur, traduit le vers breton :

<< Tra! tra!

Nentend ket, nentend ket! »

4. KLUPEN, KRIBELL

En petit Tréguier, on dit klupen gar le devant de la jambe. Ce mot est identique à klupen f. crête (de coq), mèche (de bonnet), d'où boned klupennek bonnet de coton (casque à mèche).

L'u vient ici d'un i, et l'l d'un r: cf. cribenn an garr, clypenn ar c'harr le devant de la jambe Gr., cribell ar c'har Roussel ms, cripeen er garre Châl., clipen, criben er gar Châl. ms, cripeenn er garre l'A.; moy.-bret. cribenn, cribell crête, cribennet, cribellet crêté; mod. cribell, cribenn, van. cripeën, clipen crête Gr., cribeenn, cripeenn, clipeenn f. l'A., cribeen Châl.; cribellecq, cribellocq, cribennecq, van. cribeennecq, clipeenecq crêté Gr., cribeennec, cripeennéc, clipeennêc l'A., cribennec Châl.

Ces mots se retrouvent dans le gall. cribyn m. crête, arête, sommet, cribell f. crête de coq, cripell f. éminence rocheuse, arête, crête. J'ai eu tort de les comparer au grec xopupń, etc. (Dict. étymologique du bret. moy.); ils dérivent de crib peigne, qui en gallois et en cornique a aussi les deux sens de crête (comme l'allemand kamm); l'idée commune paraît être celle de «< (ligne, etc.), qui sépare », cf. vieil irl. crích limite. (A suivre).

Date de l'exode des corps saints hors de Bretagne

On sait qu'à la suite d'une invasion des Normands en Bretagne il se produisit une émigration quasi complète des moines et des clercs de ce pays qui transportèrent en divers points de la France les reliques de leurs églises.

Quand le calme fut rétabli, certains retournèrent en Bretagne, mais le plus grand nombre resta fixé aux lieux de leurs retraites. Plusieurs abbayes du territoire français qui avaient recueilli ces corps saints en prirent alors le nom sous lequel elles furent désignées pendant le reste de leur existence.

Cela n'offre qu'un faible intérêt de curiosité. Mais l'exode de ces reliques se relie à des faits d'histoire générale beaucoup plus intéressants. I importe de préciser cette époque. Et c'est là précisément que git la difficulté. Cette fuite a-t-elle été occasionnée par la grande invasion de Scandinaves en Armorique de 919 et des années suivantes, ou bien par les ravages des auxiliaires païens du duc Richard ler, qui désolèrent la Neustrie de 962 à 966 environ?

Cette dernière opinion a été adoptée par nous-mêmes, après beaucoup d'autres, et appuyée par R. Merlet d'un mémoire très pénétrant, Les origines du monastère de Saint-Magloire de Paris. Son argumentation est fondée sur la Translatio sancti Maglorii, dont le texte original est perdu, mais que l'auteur a restitué avec beaucoup de critique et de sagacité.

(1) Dans Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. LV1, 1895.

Il y est dit que, par crainte des Normands, Salvator, évêque d'Aleth (Saint-Malo), enleva le corps de saint Malo et s'enfuit au monastère de Lehon (près de Dinan), où était le corps de saint Magloire. Beaucoup d'autres clercs s'y étaient déjà réfugiés pour le même motif. Ne s'y trouvant pas suffisamment en sûreté, les religieux, sur l'invitation de Salvator, décident de s'enfuir en France. Ils se mettent en route sous sa direction et celle de l'abbé de Lehon, Junan. Au sortir de la Bretagne, ils rencontrent une autre troupe de fugitifs qui se joint à eux : c'étaient les clercs des églises de Dol et de Bayeux qui emportaient les corps de saint Samson (de Dol) et des saints Senier, Pair et Scubilion d'Avranches.

Il convient d'appeler l'attention sur ce passage que nous discuterons bientôt :

Jam metas excesserant patrie, cum Dolensis necnon et Baiocensis ecclesie ministri se illorum junxerunt comitatui, ferentes secum sancti patriarche Samsonis, insuper et gloriosi episcopi Senatoris sanctorumque pontificum Paterni et Scubilionis venerabiles artus, una diu multumque per extera et incognita loca peregrinaturi.

La guerre durait depuis trois ans quand l'évêque Salvator avec ses quelques fidèles (paucis fidelibus suo comitatui junctis) résolut de se réfugier à Paris. Le duc des Francs, Hugues, leur fit un excellent accueil et leur donna l'église de Saint-Barthélemy. Le 16 des kalendes de novembre on y déposa les reliques des saints dont les noms suivent: Samson (Dol), Magloire (Lehon), Malo (Aleth). Senier (Avranches), Lunaire (Aleth), Guénaud (Landevennec), Brieuc (Saint-Brieuc), Corentin (Quimper), Leuterne, Lexiau, Ciferian, Meloir, Trémeur (Carhaix), Guéganton (Saint-Méen ?), Pair et Scubilion (Avranches), Budoc (Dol).

Quand la paix fut rétablie en France et en Normandie, un certain nombre de Bretons voulurent retourner en leur pays ou gagner d'autres parties de la France, à savoir ceux qui portaient

les corps des saints Samson, Lunaire et Guénaud. Ils se rendirent à Orléans, Beaumont-sur-Oise et Corbeil. Les premiers, sous le règne de Robert, manifestèrent l'intention de regagner la Bretagne, mais, ayant appris que leur pays était de nouveau désolé par les barbares, que Dol était en cendres, ils renoncèrent à ce projet et se fixèrent à Orléans où le roi leur donna l'abbaye de Saint-Symphorien. Quant à saint Magloire, le duc dédia en son honneur l'abbaye de Saint-Barthélemy et lui fit de grands dons confirmés par les rois Lothaire et Louis V. Sous le roi Robert, les moines de Saint-Magloire de Paris profitèrent de la présence en cette ville du comte de Bretagne, Bérenger, pour en obtenir le don de l'église de Lehon, qui devint un prieuré de Saint-Magloire de Paris.

Tel est ce texte dont M. R. Merlet croit la première partie contemporaine (ou à peu près) des faits racontés.

M. R. Merlet prétend, avons-nous dit, que cette émigration du clergé breton et normand fut occasionnée par les Scandinaves appelés par Richard Io, de 962 à 966, et il rattache ingénieusement tous ces événements aux difficultés qui s'étaient élevées entre Thibaud de Chartres, et Richard, au sujet de la Bretagne (958) et à la prise de Nantes par les Normands à une date qu'il fixe à 960. Nous reviendrons plus loin sur ce dernier point.

Sa thèse s'est heurtée à diverses objections du P. de Smedt (1). Celui-ci prétend que le fondateur de Saint-Magloire de Paris est Hugues le Grand (mort en 956) et non Hugues Capet. En outre, si la translation des reliques de saint Magloire de Lehon à Paris est contemporaine de celles de saint Guénaud, comme semble bien l'indiquer la Translatio S. Maglorii, toutes deux sont, non pas de 962-966, mais des environs de 925. Il résulte, en effet, d'une manière certaine de la Translation de saint Guenaud (Translatio sancti Guenaili) que les fugitifs qui portaient le

(1) Bollandistes, Acta Sanct., novembre, I, 669-673.

corps de ce saint furent accueillis vers cette date par Teudon, vicomte de Paris, dans la villa de Courcouronne. Quelque temps après, lors d'une invasion de Saxons, le comte Aimoin mit les reliques en sûreté dans une petite église de son château de Corbeil, qu'il constitua ensuite en collégiale. Or Aimoin est mort au plus tard en 960. L'invasion des Saxons est celle de 959 ou plutôt de 946, selon une remarque de M. Merlet (1).

M. Merlet établit que le fondateur de Saint-Magloire est bien Hugues Capet et non son père (2. Mais sa réplique au sujet de saint Guénaud est faible. Il suppose que les chanoines établis à Corbeil se seront joints aux prêtres bretons de Salvator, trouvant Paris un asile plus sûr que Corbeil. Cela n'est pas probant, car lui-même admet, après nous, que les états du duc des Francs furent préservés des ravages des Danois. Et il est inadmissible que Hugues Capet eût laissé ceux-ci s'avancer aux portes de Paris. Il vaut mieux avouer que, en ce qui concerne les reliques de saint Guénaud, l'assertion de la Translation de saint Magloire est erronée.

Il y a pire elle est radicalement fausse en ce qui concerne saint Samson, saint Senier, saint Pair et saint Scubilion :

M. de la Borderie l'a démontré d'une manière irréfutable (3). On possède une lettre de Rohbod, prévòt de Saint-Samson, au roi anglo-saxon Ethelstan, dans laquelle il lui rapporte vivre en exil avec ses douze chanoines sur la terre de France. Il lui offre les corps des saints Senier, Pair et Scubilion, dont la fête se célèbre le neuf des kalendes d'octobre. Il commence par lui rappeler que son père, Edward, au temps où la Bretagne était en paix, avait écrit à l'archevêque Louenan, cousin de Rohbod, pour être reçu dans la fraternité de l'église du grand saint Samson. Lui-même et ses chanoines prient nuit et jour pour le roi Æthelstan dont ils connaissent la miséricorde.

(1) Op. cit., p. 20, note 3 du tirage à part.

(2) Ibid., 16-18.

(3) Histoire de Bretagne, II, 364-370 et 512-518.

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