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ces organes qui nous sont donnés pour veiller à la conservation de notre être. Il désigne également ce rayon de lumière qui doit diriger notre conduite. Voilà certainement des significations bien différentes; elles ne forment pourtant pas des homonymes. La raison en est, qu'elles n'expriment essentiellement que la même chose : des guides; ce sont toujours des sens, les uns extérieurs, l'autre interne.

Mais sens aura pour homonymes cens, cent, sang, sans.

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Que cœur se prenne pour le viscère qui est le principal ressort de l'économie animale ou qu'il se prenne pour le courage, il n'y a pas là d'homonymie, parce que le courage est censé

venir du cœur.

Mais elle se rencontre dans le mot cheur, partie de nos temples, et dans le même mot, partie de nos opéra.

La garde que monte un soldat, et la garde de son sabre ou de son épée, se prononcent de même, et diffèrent de valeur : il ne faut cependant pas y voir des homonymes. Pourquoi? parce que ces deux mots tiennent au même générateur et dérivent d'une seule source: garder, préserver.

Ainsi une levée de soldats, une levée de cartes, ne sont point homonymes avec le lever

du roi, le lever du soleil, quoique ces mots different de genre; mais ils ont un même principe: le verbe lever.

Les variétés qu'éprouve la signification d'un mot quelconque, ne doivent être regardées que comme les variations d'une phrase musicale ; et l'objet des dictionnaires de langues est d'énoncer ces variations, ces acceptions diverses, et d'assigner à chacune la définition convenable.

Pour l'homonymie, il faut absolument des mots de familles différentes, qui, en présentant à l'esprit une grande dissemblance de sens, offrent cependant à l'oreille une similitude de

sons.

Cette similitude seule ne suffirait pourtant pas. C'est pour cela que je ne range point parmi les homonymes les verbes et leurs substantifs, quelque dissemblable que soit leur orthographe tels que choc et je choque; heurt et je heurte; jouets et je jouais; différer retarder, et différer n'avoir pas la même opinion, etc.

:

La racine de ces mots et de beaucoup d'autres pareils est essentiellement la même. Ainsi, quelque différence qu'ils offrent à l'oreille, ils ne présentent point à l'esprit d'homonymie.

Elle ne se constitue qu'avec des mots qui n'ont pas le même générateur; des mots qui, réunissant d'ailleurs les qualités requises pour

la versification, peuvent rimer ensemble: et l'on sait que la sévérité de notre poésie rejette de la rime les mêmes expressions, quand elles ne donnent qu'une simple dégradation de couleur.

Prenons pour exemple cette jolie naïveté.
Notre curé crie et s'emporte;

Il me défend d'aimer Lubin:
Mais il dit d'aimer son prochain,
Et Lubin demeure à ma porte.

Tout le sel de cette réponse est dans le mot prochain, que la jeune fille entend d'une façon,

et le curé d'une autre.

Cependant, placé à la fin du vers, ce mot ne rimerait pas avec lui-même, quoiqu'il y fût employé, d'abord dans l'une, ensuite dans l'autre acception. La raison en est que l'une et l'autre acception ne sont que ne sont que deux variations de la même valeur : proximité dans l'ordre des demeures, et proximité dans l'ordre des principes religieux.

Mais quand Racine fait dire à l'Intimé :

Tel que vous me voyez, monsieur, ici présent,
M'a, d'un fort grand soufflet, fait un petit présent.
Quand Boileau dit :

Laisse-là tous tes livres ;

Cent francs, au denier cinq, combien font-ils ?- Vingt

livres.

Quand on lit dans Piron:

Lors il s'endort et ne fait plus qu'un somme, Au bel esprit, ce fauteuil est en somme, etc. Racine alors, Boileau et Piron emploient de vrais homonymes. Les sons ont beau se ressembler, les idées n'ont aucune relation.

Toutes les langues ont leurs homonymes; il n'en est point d'assez féconde pour attacher à chaque chose un terme spécial. Plus elle est stérile, plus l'homonymie y abonde. Le grec, si riche par lui-même, a moins d'expressions homonymes que le latin; et le latin, quoiqu'il en ait beaucoup (1), en offre bien moins encore que le français.

De là, sans doute, résulte quelque monotonie dans le langage; c'est un inconvénient. Mais, d'un autre côté, j'en vois jaillir quelques-uns de ces jeux de mots heureux que le Français saisit avec tant de promptitude et répète avec tant de plaisir.

Notre langue doit aux homonymes ses ca

(1) Aura, vent léger; hora, heure; ora, bord; ora, impératif du verbe orare; ora, pluriel du mot os bouche :

Intentique ora tenebant:

Cœcus, aveugle; secus, autrement : Scena, scène ; cœna, souper: Populus, peuple, populus, peuplier, etc.

lembourgs, que je regarde moins comme un jeu de mots, que comme un jeu sur le mot : car le secret du calembourg consiste presque uniquement à décomposer l'expression, ou à la recomposer dans un autre sens.

Encore une pointe, disait une femme à M. de Bièvre, si connu par cette sorte d'esprit ; mais qu'elle soit courte. Je ne suis point tapissier, répondit-il, et ne fais pas de courtepointe.

Une jeune personne demande de la bière. Nous n'en avons pas, répond un merveilleux du jour; mais si vous voulez je vous embrasserai (en brasserai). Voilà le calembourg, petit genre auquel bien des gens appliquent ce mot d'un poète :

C'est là l'esprit de ceux qui n'en ont pas.

J'imiterai plutôt la tolérance de Boileau et je répéterai après lui:

Ce n'est pas quelquefois qu'une Muse un peu fine,
Sur un mot, en passant, ne joue et ne badine,
Et d'un sens détourné n'abuse avec succès;
Mais fuyez, sur ce point, un ridicule excès.

Lorsqu'on se permet les calembourgs sans y attacher aucune prétention; lorsqu'ils se montrent rarement; lorsqu'ils ne viennent point tourmenter un entretien sérieux et suivi; lors

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