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Et ranger sous nos lois tout ce vaste hémisphère;
Mais, de retour enfin, que prétendez-vous faire ?---
Alors, cher Cinéas, victorieux, contens,

Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps. -
Eh! seigneur, dès ce jour, sans sortir de l'Épire,
Du matin jusqu'au soir qui vous défend de rire?
Le conseil étoit sage et facile à goûter.
Pyrrhus vivoit heureux s'il eût pu l'écouter;
Mais à l'ambition d'opposer la prudence,
C'est aux prélats de cour prêcher la résidence1.

Ce n'est pas que mon cœur, du travail ennemi,
Approuve un fainéant sur le trône endormi,
Mais, quelques vains lauriers que promette la guerre,
On peut être héros sans ravager la terre.

Il est plus d'une gloire. En vain aux conquérans
L'erreur, parmi les rois, donne les premiers rangs :
Entre les grands héros ce sont les plus vulgaires.
Chaque siècle est fécond en heureux téméraires;
Chaque climat produit des favoris de Mars;
La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars :
On a vu mille fois des fanges Méotides
Sortir des conquérans goths, vandales, gépides.
Mais un roi vraiment roi, qui, sage en ses projets,
Sache en un calme heureux maintenir ses sujets;
Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire,
Il faut pour le trouver courir toute l'histoire.
La terre compte peu de ces rois bienfaisans;
Le ciel à les former se prépare longtemps.
Tel fut cet empereur2 sous qui Rome adorée
Vit renaître les jours de Saturne et de Rhée;
Qui rendit de son joug l'univers amoureux;
Qu'on n'alla jamais voir sans revenir heureux;
Qui soupiroit le soir, si sa main fortunée
N'avoit par ses bienfaits signalé la journée.
Le cours ne fut pas long d'un empire si doux 3.

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Le roi venoit de conquérir la Franche-Comté en plein hiver (février 1668). BOILEAU, 1713.

Le carrousel de 1662, et les Plaisirs de tile enchantée, à Versailles, en mai 1664.

7 La chambre de justice de 1661, contre les traitants.

8 Ce fut en 1663. BOILEAU, 1713. C'est en 1662 que l'on fit venir des blés de Russie et de Pologne. Le roi avait fait établir des fours dans le Louvre et en y fabriquait du pain vendu à un prix modique.

Plusieurs édits donnés pour réformer le luxe. BOILEAU, 1715. - Le vers suivant désignerait-il les Grands Jours d'Auvergne en 1665?

10 La chambre de justice (décembre 1661). BOILEAU, 1713. 11 Les tailles furent diminuées de quatre millions. BOILEAU, 1713.

Mais où cherché-je ailleurs ce qu'on trouve chez nous?
Grand roi, sans recourir aux histoires antiques,
Ne t'avons-nous pas vu dans les plaines belgiques,
Quand l'ennemi vaincu, désertant ses remparts,
Au-devant de ton joug couroit de toutes parts,
Toi-même te borner, au fort de ta victoire,
Et chercher dans la paix une plus juste gloire 4?
Ce sont là les exploits que tu dois avouer;

Et c'est par là, grand roi, que je te veux louer.
Assez d'autres, sans moi, d'un style moins timide,
Suivront aux champs de Mars ton courage rapide;
Iront de ta valeur effrayer l'univers,

Et camper devant Dôle au milieu des hivers ".
Pour moi, loin des combats, sur un ton moins terrible
Je dirai les exploits de ton règne paisible:
Je peindrai les plaisirs en foule renaissans";
Les oppresseurs du peuple à leur four gémissans".
On verra par quels soins ta sage prévoyance
Au fort de la famine entretint l'abondances;
On verra les abus par ta main réformés o,
La licence et l'orgueil en tous lieux réprimés,
Du débris des traitans ton épargne grossie 10,
Des subsides affreux la rigueur adoucie 11;
Le soldat, dans la paix, sage et laborieux 12;
Nos artisans grossiers rendus industrieux 15;
Et nos voisins frustrés de ces tribus serviles
Que payoit à leur art le luxe de nos villes 14.
Tantôt je tracerai tes pompeux bâtimens 15,
Du loisir d'un héros nobles amusemens.
J'entends déjà frémir les deux mers étonnées
De voir leurs flots unis au pied des Pyrénées 16.
Déjà de tous côtés la chicane aux abois
S'enfuit au seul aspect de tes nouvelles lois 1.
Oh! que ta main par là va sauver de pupilles!
Que de savans plaideurs désormais inutiles 18
18!

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12 Les soldats employés aux travaux publics. BOILeau, 1715. 13 Établissement en France de manufactures. BOILEAU, 1713. Les manufactures de tapisseries des Gobelins, et de points de France, en 1663; celle des glaces en 1666.

1 Voir à la correspondance une lettre à Maucroix du 29 d'avri 1695.

15 La colonnade du Louvre, Versailles, etc.

10 Le canal du Languedoc. BOILEAU, 1715. - Proposé par Paul

Riquet en 1664, commencé en 1665.

17 L'ordonnance de 1667. BOILEAU, 1713. — L'Ordonnance civile fut publiée en avril 1667; l'Ordonnance crim nelle ne parut qu'en août 1670.

18 Dans la 1 édition, venaient ensuite ces deux vers:

Muse, abaisse ta voix, je veux les consoler;

Et d'un conte en passant il faut les régaler.

Puis la fable de l'huitre qui est dans l'épître 1, et les vers suivants terminaient l'épitre 1:

Mais quoi! j'entends déjà quelque austère critique,
Qui trouve en cet endroit la fable un peu comique.
Que veut-il? C'est ainsi qu'llorace dans ses vers,
Souvent délasse Auguste en cent styles divers.
Et, selon qu'au hasard son caprice l'entraîne,

Qui ne sent point l'effet de tes soins généreux?
L'univers sous ton règne a-t-il des malheureux?
Est-il quelque vertu, dans les glaces de l'Ourse,
Ni dans ces lieux brûlés où le jour prend sa source,
Dont la triste indigence ose encore approcher,
Et qu'en foule tes dons d'abord n'aillent chercher?
C'est par toi qu'on va voir les muses enrichies
De leur longue disette à jamais affranchies1.
Grand roi, poursuis toujours, assure leur repos.
Sans elles un héros n'est pas longtemps héros :
Bientôt, quoi qu'il ait fait, la mort d'une ombre noire,
Enveloppe avec lui son nom et son histoire 2.
En vain, pour s'exempter de l'oubli du cercueil,
Achille mit vingt fois tout Ilion en deuil;

En vain, malgré les vents, aux bords de l'Hespéri,
Énée enfin porta ses dieux et sa patrie:

Sans le secours des vers, leurs noms tant publiés
Seroient depuis mille ans avec eux oubliés.
Non, à quelques hauts faits que ton destin t'appelle,
Sans le secours soigneux d'une muse fidèle,

Pour t'immortaliser tu fais de vains efforts.
Apollon te la doit ouvre-lui tes trésors.
En poëtes fameux rends nos climats fertiles:
Un Auguste aisément peut faire des Virgiles3.
Que d'illustres témoins de ta vaste bonté
Vont pour toi déposer à la postérité!

Pour moi qui, sur ton nom déjà brûlant d'écrire,
Sens au bout de ma plume expirer la satire,
Je n'ose de mes vers vanter ici le prix.
Toutefois si quelqu'un de mes foibles écrits
Des ans injurieux peut éviter l'outrage,
Peut-être pour ta gloire aura-t-il son usage;
Et comme tes exploits, étonnant les lecteurs,
Seront à peine crus sur la foi des auteurs,
Si quelque esprit malin les veut traiter de fables,
On dira quelque jour, pour les rendre croyables:
Boileau, qui, dans ses vers pleins de sincérité,
Jadis à tout son siècle a dit la vérité,
Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire,
A pourtant de ce roi parlé comme l'histoire.

ÉPITRE II*

A MONSIEUR L'ABBÉ DES ROCHES

A quoi bon réveiller mes muses endormies,
Pour tracer aux auteurs des règles ennemies?
Penses-tu qu'aucun d'eux veuille subir mes lois,
Ni suivre une raison qui parle par ma voix?
O le plaisant docteur, qui, sur les pas d'Ilorace,
Vient prêcher, diront-ils, la réforme au Parnasse!
Nos écrits sont mauvais; les siens valent-ils mieux?
J'entends déjà d'ici Linière furieux

[terme.

Qui m'appelle au combat sans prendre un plus long

Tantôt perce les cieux, tantôt rase la plaine.
Revenons toutefois. Mais par où revenir?
Grand roi, je m aperçois qu'il est temps de finir:
C'est assez, il suffit que ma plume fidele

T'ait fait voir en ces vers quelque essai de mon zèle;
En vain je prétendrois contenter un lecteur
Qui redoute surtout le nom d'admirateur;
Et souvent, pour raison, oppose à la science
L'invincib e dégoût d'une injuste ignorance:
Prête à juger de tout comm un jeune marquis,
Qui, plein d'un gran i savoir chez les dames acquis,
Dédaignant le public que lui seul il attaque,
Va pleurer au Tartufe et rire à l'Andromaque.

Le roi, en 1665, donna des pensions à beaucoup de gens de lettres de toute l'Europe. BOILEAU, 1713.

Vixere forte ante Agamemnoua Multi; sed omnes illacrymabiles Urgentur, ignotique longa

De l'encre, du papier! dit-il; qu'on nous enfermes!
Voyons qui de nous deux, plus aisé dans ses vers,
Aura plutôt rempli la page et le revers.
Moi donc, qui suis peu fait à ce genre d'escrime,
Je le laisse tout seul verser rime sur rime,
Et, souvent de dépit contre moi s'exerçant,
Punir de mes défauts le papier innocent.
Mais toi, qui ne crains point qu'un rimeur te noircisse,
Que fais-tu cependant seul en ton bénéfice?

3

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Sint Mecanates, non deerunt, Flaccæ, Marones. MARTIAL, . Vill, épigr. tv. Composée en 1669, pour y intercaler l'apolo-ue de l'huître publiée en 1672. Cf. Avertissement de l'épitre 1, p. 58.

Jean-François-Armand Fumée Des Roches, à qui Gabriel Guéret a dédié son Parna se réformé. Il descendait d' rmand Fumée, premier médecin de Charles Vil, et mourut en 1711, agé d'environ soixante-quinze ans.

Boileau travaillait-il déjà à son Art poétique, où fait-il sculement allusion aux Satire?

7 Voir satire I, p. 56, note 3; depuis la composition de cette satire, Linière avait fait des chan-ons contre Boileau.

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Attends-tu qu'un fermier, payant, quoiqu'un peu tard,
De ton bien pour le moins daigne te faire part?
Vas tu, grand défenseur des droits de ton église,
De tes moines mutins réprimer l'entreprise 1?
Crois-moi, dût Auzanet t'assurer du succès2,
Abbé, n'entreprends point même un juste procès.
N'imite point ces fous dont la sotte avarice
Va de ses revenus engraisser la justice;
Qui, toujours assignans, et toujours assignés,
Souvent demeurent gueux.de vingt procès gagnés.
Soutenons bien nos droits: sot est celui qui donne.
C'est ainsi devers Caen que tout Normand raisonne.
Ce sont là les leçons dont un père manceau
Instruit son fils novice au sortir du berceau.
Mais pour toi, qui, nourri bien en deçà de l'Oise,
As sucé la vertu picarde et champenoise,
Non, non, tu n'iras point, ardent bénéficier,

Faire enrouer pour toi Corbin ni Le Mazier3. Toutefois si jamais quelque ardeur bilieuse Allumoit dans ton coeur l'humeur litigieuse, Consulte-moi d'abord, et, pour la réprimer, Retiens bien la leçon que je te vais rimer..

Un jour, dit un auteur, n'importe en quel chapitre Deux voyageurs à jeun rencontrèrent une hui re. Tous deux la contestoient, lorsque dans leur chemin La justice passa, la balance à la main. Devant elle à grand bruit ils expliquent la chose. Tous deux avec dépens veulent gagner leur cause. La justice, pesant ce droit litigieux, Demande l'huitre, l'ouvre, et l'avale à leurs yeux, Et par ce bel arrêt terminant la bataille: Tenez, voilà, dit-elle, à chacun une écaille. Des sottises d'autrui nous vivons au palais : Messieurs, I huitre étoit bonne. Adieu. Vivez en paix 4.

ÉPITRE III'

A MONSIEUR ARNAULD DOCTEUR DE SORBONNE 6.

Oui, sans peine, au travers des sophismes de Claude,
Arnauld, des novateurs tu découvres la fraude,
Et romps de leurs erreurs les filets captieux,
Mais que sert que ta main leur dessille les yeux,
Si toujours dans leur àme une pudeur rebelle,
Près d'embrasser l'Église, au prêche les rappelle?
Non, ne crois pas que Claude, habile à se tromper,
Soit insensible aux traits dont tu le sais frapper;

1 Des Roches avait dans le Midi deux ou trois abbayes commendataires assez considérables (d'environ 30,000 fr. de rentes). Cela sert à nous expliquer: 1° le sens de ces vers et de quelquesuns des suivants; car les droits assez obscurs de ces abbés amphibies donnaient ouvent lieu à des diff rends avec leurs moines; 2 pourquoi Boileau lui dédia cette épitre contre la chicane. B. S. P.

Fameux avocat au parl ment de Paris. BOILEAU, 1713. — Barthélemy Auzanet. conseiller d'Etat, mort à Paris le 17 d'avril 1673, agé de quatre-vingt-deux ans. On a de lui: Mémoires, riflerions et arrét sur les q estions les plus importante de droit et de cotume. Varis, N. Gosselin, 1708, in folio. Voy. le Journal des Sivants de 1708, p. 86. Peux autres avocats. BOILEAU, 1715. Jacques Corbin était fils d'un auteur dont Boileau parle dans l'Art poétique. Le Mazier a déjà été nommé dans la satire 1, p. 45.

Cf. La Fontaine, 1. IX, fableix l'uitre et les Plaideurs. 5 Composée en 1675.

Voir la note 7, p. 15 Le titre de docteur de Sorbonne ne put être ajoute au nom d'Antoine Arnauld qu'après la mort de celui-ci.

Il étoit alors occupé à écrire contre le sieur Claude, ministre de Charenton. BOILEAU, 1713. — Jean Claude, le plus célèbre des

Mais un démon l'arrête, et, quand ta voix l'attire,
Lui dit: Si tu te rends, sais-tu ce qu'on va dire?
Dans son heureux retour lui montre un faux malheur,
Lui peint de Charenton 8 l'hérétique douleur;
Et, balançant Dieu même en son àme flottante,
Fait mourir dans son cœur la vérité naissante.

Des superbes mortels le plus affreux lien,
N'en doutons point, Arnauld, c'est la honte du bien.

controversistes protestants et qui discuta contre Bossuet, Arnauld et Nicole, naquit à la Sauvetat (Lot-et-Garonne en 1619 et mourut à la faye, où il s'était réfugié après la révocation de l'édit de Nantes, le 13 de janvier 1687. Ses œuvres, toutes de controverses, n'ont pas été réunies.

Le livre d'Antoine Arnauld auquel Boileau fait allusion dans sa note est sans doute : la Perpette de la fy de l'Eglise cutholique to chant l'E chans ie, défendre con re le livre du sieur Claude. l'aris, 1669. 1672 et 1674, 3 vol in-4°.

8 Lieu près de Paris, où ceux de la R. P. R. (religion prétendue réformée) avoient un temple. Ioileau, 1715. L'édification d'un temple à Charenton fut autorisée par lettres patentes d'lleri ¡V du 1o d'août 1606. Ce premier temple, qui n'était qu un bâtiment insignifiant, fut détruit en 1621 dans une émeute contre le protestanti me Jacques de Brosse fut alors chargé de construire un véritable temple, qui disparut lors de l'édit de Louis XIV du 18 d'octobre 1685. qui évoquait l'édit de Nantes et ordonnait la destruction de tous les temples protestants. f. h. Varty Iaveaux Charenton au dix-sept eme siecle. Faris, Dumoulin, 1855, in-8°.

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Des plus nobles vertus cette adroite ennemie
Peint l'honneur à nos yeux des traits de l'infamie,
Asservit nos esprits sous un joug rigoureux,
Et nous rend l'un de l'autre esclaves malheureux.
Par elle la vertu devient lâche et timide.
Vois-tu ce libertin en public intrépide,

Qui prêche contre un Dieu que dans son ame il croit 1?
Il iroit embrasser la vérité qu'il voit;
Mais de ses faux amis il craint la raillerie,
Et ne brave ainsi Dieu que par poltronnerie.
C'est là de tous nos maux le fatal fondement.
Des jugemens d'autrui nous tremblons follement;
Et, chacun l'un de l'autre adorant les caprices,
Nous cherchons hors de nous nos vertus et nos vices 5.
Misérables jouets de notre vanité,

Faisons au moins l'aveu de notre infirmité.

A quoi bon, quand la fièvre en nos artères brûle*,
Faire de notre mal un secret ridicule?
Le feu sort de vos yeux petillans et troublés,
Votre pouls inégal marche à pas redoublés 5:
Quelle fausse pudeur à feindre vous oblige?
Qu'avez-vous? Je n'ai rien. - Mais... Je n'ai rien,
Répondra ce malade à se taire obstiné. [vous dis-je 6,
Mais cependant voilà tout son corps gangrenė;
Et la fièvre, demain se rendant la plus forte,
Un bénitier aux pieds va l'étendre à la porte 7.
Prévenons sagement un si juste malheur.

Le jour fatal est proche, et vient comme un voleur §.
Avant qu'à nos erreurs le ciel nous abandonne,

3

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....

VOLTAIRE, Henriade, III, 140.

Nec te quæsiveris extra.
PERSE, Sat. 1, vers 7.

Neu, si te populus sanum, recteque valentem
Dictitet, occultam febrem sub tempus edendi
Dissimules, donec manibus tremor incidat unctis.
HORACE, 1. 1, épitre vi, vers 21-23.

Si dans cet instant même un feu séditieux
Fait bouillonner mon sang et petiller mes yeux.
Épitre 1x, vers 41-42.

C Heus! bone, tu palles. - Nihil est. - Videas tamen istud,
Quidquid id est...

PERSE, Sat. III, vers 94-95.

7 In portam rigidos calces extendit...

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Ibidem, vers 105.
Scitis quia dies Domini, sicut fur in nocte, ita veniet.
S. PAULUS, epist. ad Thess., 1, v. 2.
Perse, sat. v. BOILEAU, 1713. - Vers 153:

Vive memor lethi, fugit hora: hoc quod loquor inde est.

10 Le passage suivant est imité en partie de plusieurs autres de Virgile, d'Horace et d'Ovide:

Molli paulatim flavescet campus arista,
Incultisque rubens pendebit sentibus uva,
Et duræ quercus sudabunt roscida mella...
Non rastros patietur humus, non vinea faleem;
Robustus quoque jam tauris juga solvet arator.

VIRGILE, églogue IV, vers 28-55.

Profitons de l'instant que de grace il nous donne Hatons-nous; le temps fuit, et nous traîne avec soi: Le moment où je parle est déjà loin de moi 9.

Mais quoi toujours la honte en esclaves nous lie,
Oui, c'est toi qui nous perds, ridicule folie :
C'est toi qui fis tomber le premier malheureux,
Le jour que, d'un faux bien sottement amoureux,
Et n'osant soupçonner sa femme d'imposture,
Au démon, par pudeur, il vendit la nature.
Hélas! avant ce jour qui perdit ses neveux,
Tous les plaisirs couroient au-devant de ses vœux.
La faim aux animaux ne faisoit point la guerre 10;
Le blé, pour se donner, sans peine ouvrant la terre,
N'attendoit point qu'un bœuf, pressé de l'aiguillon,
Traçât à pas tardifs un pénible sillon;

La vigne offroit partout des grappes toujours pleines,
Et des ruisseaux de lait serpentoient dans les plaines.
Mais dès ce jour Adam, déchu de son état,
D'un tribut de douleurs paya son attentat.
Il fallut qu'au travail son corps rendu docile
Forçat la terre avare à devenir fertile.
Le chardon importun hérissa les guérets,
Le serpent venimeux rampa dans les forêts,
La canicule en feu désola les campagnes,
L'aquilon en fureur gronda sur les montagnes 14.
Alors, pour se couvrir durant l'apre saison,

Il fallut aux brebis dérober leur toison.

La peste en même temps, la guerre et la famine 12,
Des malheureux humains jurèrent la ruine:

Depresso incipiat jam tum mihi taurus aratro
Ingemere...

VIRGILE, Géorgiques, I, vers 45.
Ipsaque tellus

Omnia liberius, nullo poscente, ferebat.
Ille malum virus serpentibus addidit atris,
Prædarique lupos jussit, pontumque moveri,
Mellaque decussit foliis, ignemque removit,
Et passim rivis currentia vina repressit.

VIRGILE, Géorgiques, I, vers 128-151.
Mox et frumentis labor additus; ut mala culmos
Esset rubigo, segnisque horreret in arvis
Carduus;...

VIRGILE, Géorgiques, I, vers 150-152. Reddit ubi cererem tellus inarata quotannis, Et imputata floret usque vinea...

HORACE, épode xvi, vers 45-44.

Mollia securæ peragebant otia gentes.
Ipsa quoque immunis, rastroque intacta, nec ullis
Saucia vomeribus, per se dabat omnia tellus...
Mox etiam fruges tellus inarata ferehat :
Nec renovatus ager gravidis canebat aristis,
Flumina jam lactis, jam flumina nectaris ibant,
Flavaque de viridi stillabant ilice mella.

OVIDE, Metamorphoses, 1, vers 100-112.
Tum primum siccis aer fervoribus ustus
Canduit, et ventis glacies adstricta pependit:
Tum primum sabiere domos...

OVIDE, Melam., 1, vers 119-121. Macies et nova febrium

12

Terris incubuit colors...

HORACE, 1. 1, ode ш, vers 39-51.

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