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DEMANDE XXVI. Quelle intention on doit avoir en la saincte communion? Tenez-vous dans le train de la communion que nous vous dymes, et dressez vostre intention à l'unyon de vostre cœur tout ensemble; puis ne vous amusez pas à penser quelles sont les pensées de vostre esprit pour cela, puisque de toutes les pensées il n'y en a point qui soit vostre pensée, que celle que deliberement et volontairement vous avez acceptée, qui est de fayre la communion pour l'unyon, et comme une unyon de vostre coeur à celuy de l'espoux.

DEMANDE XXVII. Si l'on doit porter quelque emulation à celles qui communient plus souvent? Que celles qui communient plus souvent n'estiment pas moins les autres qu'elles, puisqu'on s'approche maintesfois plus de Nostre Seigneur en se retirant avec humilité, qu'en s'en approchant selon nostre goust propre; et que celles qui ne communient pas si souvent ne se laissent pas emporter à la vayne emulation.

DEMANDE XXVIII. Ce que l'on doit croire de la tres-saincte communion, et les sentimens de respect qu'on y doit avoir? - Qui reçoit la tres-saincte communion, il reçoit Jesus-Christ vivant. C'est pourquoy son corps, son ame sa divinité sont en ce divin sacrement; et d'autant que sa divinité est celle-là mesme du Pere et du Sainct-Esprit, qui ne sont qu'un seul Dieu avec luy, qui reçoit la tres-saincte Eucharistie reçoit le corps du Fils de Dieu, et par consequent la saincte Trinité.

Mais neantmoins ce divin sacrement est principalement institüé, afin que nous recevions le corps et sang de nostre Sauveur avec sa vie vivifiante, comme les habillemens couvrent principalement le corps de l'homme; mais parce que l'ame est unie au corps, ils couvrent par consequent l'ame, l'entendement, la memoire, et la volonté. Allez bien simplement en ceste creance, et salüez souvent le cœur de ce divin Sauveur, qui, pour vous tesmoigner son amour, s'est voulu couvrir des apparences du pain, afin de demeurer tresfamilierement et tres-intimement en nous et pres de nostre cœur. Voyez en esprit les saincts anges qui environnent ce tres-sainct sacrement pour l'adorer, et en ceste saincte octave respandent plus abondamment des inspirations sacrées sur ceux qui, avec humilité, reverence et amour, s'en approchent.

Ces divins esprits vous apprendront comme vous ferez pour bien celebrer ces jours solemnels, et surtout l'amour interieur qui vous fera cognoistre combien est grand l'amour de nostre Dieu, qui, pour se rendre plus nostre, a voulu se donner en viande, pour santé spirituelle de nos cœurs, afin que, les nourrissant, ils fussent plus parfaicts.

DEMANDE XXIX. Quelles sont les preparations requises à la saincte communion? - Puisque le seul deffaut de preparation est la cause pour laquelle, recevant si souvent les sacremens de Penitence et de l'Eucharistie, nous ne recevons pas tousjours les graces qu'ils ont accoustumé de produire dans les ames qui sont bien pre

parées, il importe de sçavoir comment il se faut preparer pour bien recevoir ces deux sacremens.

DEMANDE XXX. Quelle doit estre la pureté d'intention, et ses marques? La premiere preparation est la pureté d'intention; la seconde, l'attention; et la troisiesme, l'humilité.

La pureté d'intention est totalement necessaire, non-seulement à la réception des sacremens, mais encore en tout ce que nous faysons. Or, l'intention est pure lorsque nous recevons les sacremens, ou faysons quelque autre chose, quelle qu'elle soit, pour nous unyr à Dieu, et pour luy estre aggreables, sans aucun meslange de propre interest.

La marque de cecy est, si, desirant communier, l'on ne le permet pas, ou si apres la communion, ne sentant pas de consolation, vous ne laissez pas de demeurer en paix; car l'inquiettude de n'avoir pas communié, ou de n'avoir pas eu de consolation en la communion, est une marque que vostre intention estoit impure, et que vous ne recherchiez pas de vous unyr à Dieu, mais aux consolations, puisque vostre unyon avec Dieu se doit fayre sous la vertu de l'obeyssance.

DEMANDE XXXI. Quelle doit estre l'attention? La deuxiesme preparation, c'est l'attention, qui est requise, tant pour la grandeur de l'œuvre, comme pour ce que chaque sacrement demande de nous : ainsi, allant à la confession, nous y devons porter un cœur amoureusement douloureux, et à la saincte communion, il faut y porter un cœur ardemment amoureux.

DEMANDE XXXII. Quelle doit estre l'humilité? La troisiesme preparation, c'est l'humilité, vertu tout à fait necessaire pour recevoir abondamment les graces qui descoulent par les canaux des sacremens, parce que les eaux coulent bien plus fortement et promptement, quand les canaux sont posez en des lieux penchant et tendant en bas.

DEMANDE XXXIII. Quel doit estre l'abandonnement à la volonté de Dieu ? Une quatriesme preparation, c'est l'abandonnement total à la volonté de Dieu, sousmettant sans reserve nostre volonté et toutes nos affections à sa domination: je dy sans reserve, parce l'amour-propre se reserve tousjours quelque chose. Les personnes spirituelles, par exemple, allant à la communion, se reservent la volonté d'avoir des vertus: les unes la prudence, pour sçavoir vivre honnorablement; les autres un grand courage, pour fayre des œuvres excellentes pour son service; d'autres, l'humilité, si necessaire pour donner le bon exemple; les autres, des consolations à l'orayson; mais de simplicité, de douceur de cœur, de vraye humilité de cœur, qui font aymer la propre abjection, ou de vraye mortification, point de nouvelles.

Le vray moyen doncques de fayre ceste telle unyon est que, Nostre Seigneur se donnant tout à nous, nous nous donnions aussi reciproquement tout à luy, afin de pouvoir dire veritablement : Je ne vy plus moy, mais c'est Jesus-Christ qui vit en moy.

DEMANDE XXXIV. Quel doit estre le denuëment du cœur à cest effect? La cinquiesme preparation est de vuider son cœur de toutes choses, afin que Nostre Seigneur le remplisse de tout luy-mesme, une seule communion bien faite estant capable de nous rendre saincts et parfaicts. La cause pourquoy nous ne recevons point ceste grace de sanctification, n'est autre chose, sinon que nous ne laissons pas regner Nostre Seigneur en nous, comme sa bonté le desire. Il vient en nous, ce bien-aymé de nos ames, et il treuve nos cœurs tout pleyns de desirs, d'affaires et de petites volontez, qui l'empeschent de s'en rendre le maistre et le gouverneur.

Le cœur est vuide, à la verité, absolument parlant, parce que l'on a rejetté et detesté le peché mortel et toutes sortes d'affections mauvaises; mais tous les coings et recoings de nos cœurs sont pleyns de mille choses indignes de paroistre en la presence de ce Roy souverain, qui luy lient les mains, et l'empeschent de nous departir les biens et les graces que sa bonté avoit desir de nous fayre, s'il nous eust treuvez preparez.

DEMANDE XXXV. Quelles fins et intentions peut-on avoir principalement en la communion? - L'on peut communier pour diverses fins.

1. Pour demander à Dieu la deslivrance de quelque tentation ou affliction, soit pour nous, soit pour nos amys.

2. Pour demander quelque vertu, sous ceste condition de nous unyr par ce moyen plus parfaictement à Dieu, quoyque d'ordinaire l'affliction le fasse plus efficacement, parce que l'on se ressouvient plus souvent de Dieu, et qu'il est meilleur pour nous de produire les actes des vertus que de les avoir en habitude, la respugnance qu'on ressent à les prattiquer servant davantage à nous humilier, et que l'humilité vaut mieux que tout cela.

DEMANDE XXXVI. Quelles sont les marques qu'on profitte de la communion?-La marque qu'on profitte de la reception des sacremens, est si l'on advance par les vertus qui leur sont propres : comme si, de la confession on tire l'amour de sa propre abjection et l'humilité, parce que la mesure de l'humilité est la bonne marque de nostre advancement, car quiconque s'humilie, sera exalté: estre exalté, c'est estre advancé; si, par la saincte communion, l'on devient plus doulce, puisque la vertu de ce divin sacrement, qui est tout doulx, tout suave, et tout miel, est la douceur. Mais si, au contraire, vous ne devenez pas plus humble ni plus doulce, vous meritez qu'on vous leve le pain, puisque vous ne voulez pas travailler. (Entret. 18).

ENCOURAGEMENT A LA SAINCTE COMMUNION.

(Voyez Introduction, 2e part., ch. 20 et 21.)

EXERCICE

DE LA PREPARATION A LA SAINCTE COMMUNION

Par le bon estat des trois puissances de l'âme, qui consiste en la purgation de certaines choses, et en l'ornement de quelques

autres.

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1. PURGER l'entendement de toute curiosité, comme le vray corps

de nostre Sauveur avec son sang, son ame et sa divinité sont tout entiers en la saincte hostie, et tout en ses parties; qu'il soit un vray corps, et en mesme tems au ciel et en la terre, en tant de lieux et d'hosties, sur tant d'autels, et en tant de bouches.

Qui sçayt comment Dieu crea le monde, nostre ame, et la mit dans nostre corps? De mesme de ce mystere adorable: il suffit qu'il l'a peu, et qu'il l'a fait; c'est à nous de le croire.

La manne tomboit de nuict, non de jour; personne ne sçavoit comme elle se faysoit; le matin on la voyoit toute faite et descenduë. Voyons ainsi la manne eucharistique sur nos autels et dans nos poictrines.

S'il nous vient quelque doubte ou tentation là-dessus, n'y respondons que par le mespris et l'abomination, sans aucune subtilité, ny raysonnement, mais en nous humilyant sous la puissance dé Dieu, disant de cœur et de bouche:

Eslevation. O saincte et immense toute-puissance de mon Dieu, mon entendement vous adore, trop honnoré de vous recognoistre et de vous fayre l'hommaige de son obeyssance et sousmission! O que vous estes incomprehensible, et que je suis joyeuse de ce que vous l'estes! Non, je ne voudrois pas vous pouvoir comprendre, car vous seriez petit, si une chetive capacité vous comprenoit. Hé quoy! petit mouscheron, nourry parmy la pourriture de ma chair, voulez-vous brusler vos aisles à cest immense feu de la puissance divine, laquelle consumeroit et devoreroit les seraphins, s'ils se fourroient à telle curiosité? Non, petit papillon, il vous appartient d'adorer et abysmer, et non pas de sonder la profondeur de ce mystere. Arriere, Satan! souviens-toy, mal-heureux, que ton oultre-cuidance de vouloir voler trop haut t'a precipité en enfer. Je m'empescheray de fayre un tel saut, moyennant la grace de mon Dieu. Tu trompas ainsi la pauvre Eve, luy voulant apprendre àsçavoir autant que Dieu; mais tu ne m'attraperas pas, car je veux croire et ne rien sçavoir.

Parer l'entendement de considerations sainctes, non de la maniere que Nostre Seigneur y est. Les Israëlites ne demanderent pas comment la manne se faysoit, mais ce que c'estoit Man-hu, qu'est cecy? Considerez donc que c'est le vray corps de Nostre Seigneur, son sang, son ame, sa divinité; qu'il s'unit à nous par la communion la plus intime qui se puisse concevoir merveilleuse et pleyne d'amour.

Eslevation. Peu m'inporte, ô mon Dieu, que je scache comment vous venez à moy en ce divin sacrement: il suffit que je croye tres-certainement que c'est vous-mesme, vostre vray corps vostre vray sang, vostre ame, et vostre divinité; que c'est le mystere de la plus intime unyon et communication que vostre amour a peu inventer pour vous unyr à nous, et nous communiquer les plus precieux dons de vostre divin amour. Je le croy ainsi, ô mon tres-cher Sauveur. En ceste disposition, venez, unissez-vous à moy, et prenez possession de mon cœur.

? II. Preparation de la memoire. La purger de la souvenance des choses perissables de la terre et des affections mondaines. Figure de cecy dans la manne, qui ne tomboit que dans le desert, loing des villes et des bourgades. On retroussoit les habicts, mangeant l'agneau paschal, afin que rien ne flottast sur la terre. Abraham laissa l'asne et les serviteurs au bas de la montaigne; c'està-dire, qu'il faut mettre bas toutes les pensées des choses temporelles jusques apres la saincte communion, pour ne penser qu'aux bienfaicts de Dieu, comme la creation, la conservation, et la passion, selon l'institution de ce divin sacrement.

Eslevation. Arriere donc toutes les pensées de la terre! ma plus grande application, divin Sauveur de mon ame, est de vous recevoir, et de me ressouvenir de vos bienfaicts, surtout de celuy de ma redemption, en memoire duquel vous m'avez laissé le mesme corps en ce sacrement, qui souffrit pour nous sur la croix, afin qu'en le recevant, je me ressouvinsse de la sanglante journée en laquelle, par son amere passion, il nous deslivra de la damnation. C'est en ceste disposition, ô mon tres-cher Sauveur, que je desire vous recevoir maintenant, et vous tesmoigner recognoissance de cest inestimable bienfaict.

2 III. Preparation de la volonté. La purger des affections desreglées, mesme des choses bonnes. Les affections sont les pieds de l'ame, qui la portent par tout où elle va : c'est s'en purger que de n'en avoir plus pour les choses de la terre.

En figure de cecy, les Israëlites mangeoient l'agneau paschal avec des souliers aux pieds. Et Nostre Seigneur les lave aux Apostres avant l'institution de ce divin sacrement, pour marquer que les affections doivent estre tres-pures en s'en approchant.

L'on ne cueilloit la manne qu'à la fraischeur et avant le lever du soleil, pour dire que les ardeurs des affections naturelles empeschent qu'on ne recueille les fruicts de ceste manne celeste, et qu'on n'y doit venir qu'avec une volonté fraische, et non eschauffée d'autre desir que d'en profitter. J'ay desiré, dit Nostre Seigneur, d'un ardent desir, de manger ceste pasque avec vous. Voylà nostre regle, et le modelle que nous devons imiter.

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Eslevation. O divine manne! qui renfermez les delices du corps et du sang de mon Sauveur Jesus-Christ, c'est vous seule que je desire et que je souhaicte ardemment de recevoir aujourd'huy. Rendez-moy ameres toutes les delices des sens et les autres

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