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CONSIDERATION VIII.

JE CROY AU SAINCT-ESPRIT. Comme tout ce que Dieu a fait, il l'a fait par l'œuvre du Sainct-Esprit, ainsi maintenant il fait par l'œuvre du Sainct-Esprit ces choses surnaturelles, qu'autre que la foy ne peut concevoir. Comme me sera fait cecy, dit la Saincte Vierge; car je ne cognois point d'homme? L'archange Gabriel respond: Le Sainct-Esprit surviendra en toy, et la vertu du Souverain t'obombrera (Luc. 1). Et maintenant tu demandes comme le pain sera fait corps de Jesus-Christ, et je te respons aussi, moy: Le Sainct-Esprit en-ombre et opere ces choses par dessus toute parolle et intelligence. Le Sainct-Esprit, qui a dicté les sainctes Escritures, eust-il bien mis en icelles des parolles si expresses et vives, comme sont celles-cy Cecy est mon corps, si ce n'estoit le vray corps de Nostre Seigneur? n'y eust-il pas fait mettre quelque desclaration de son intention, s'il l'eust eu autre que ces parolles ne portent en leur sens propre et premier? et luy qui est docteur de l'Eglise, l'eust-il laissé aller, en un article si important, à l'erreur et mensonge, et l'eust-il abandonnée si longuement?

CONSIDERATION IX.

LA SAINCTE EGLISE UNIVERSELLE, LA COMMUNION DES SAINCTS. -Et pour vray, comment pourroit-on appeller l'Eglise saincte, qui n'est qu'une, scule, universelle, si elle n'eust maintenu la verité, tant en ce fait comme és autres, en tous tems, en tous lieux, et parmy toutes nations? ce qu'elle n'auroit pas fait, si le vray corps de Nostre Seigneur n'estoit en ce sacrement.

Mais y a-t-il plus parfaicte communion des Saincts que celle-cy, en laquelle nous sommes tous un pain et un corps? d'autant que nous sommes tous participans d'un mesme pain, qui est descendu du ciel, vivant et vivifiant; et comme mangerions-nous tous d'un mesme pain, si ce pain n'estoit le corps de Jesus-Christ? autant de lieux, autant de pains divers y auroit-il. Et si nous ne mangions qu'une mesme viande spirituelle par la foy, quelle plus grande communion auroit le chrestien avec les autres chrestiens, qu'avec les Juifs qui mangeoient aussi Jesus-Christ par foy, et par consequent une mesme viande spirituelle?

CONSIDERATION X.

LA REMISSION DES PECHEZ. - Seigneur, vous avez dit que vostre corps et vostre sang, en ce sacrement, estoit donné, rompu, respandu pour plusieurs en remission des pechez: ha! jà n'advienne que je croye qu'autre sang a esté respandu et autre corps donné pour la remission de mes pechez, que le vostre propre et naturel. Et quoy, une simple figure et commemoration auroit-elle bien ce pouvoir? Le sang de la genisse respandu, quoyque figure du sang respandu sur la croix, ne sanctifioit que quant à la pureté de la chair non, c'est le propre sang de vostre Majesté qui nettoye nos consciences des œuvres mortes, pour servir au Dieu vivant.

CONSIDERATION XI.

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LA RESURRECTION DE LA CHAIR. Hé! benin Jesu, quand sera-ce qu'en un moment, en un clin d'œil, à la derniere trompette

les morts ressusciteront (1. Cor. 15), et la mesme chair d'un chascun, jà dissipée en cent mille façons, sera reproduicte l'autre fois en forme incorruptible et immortelle? Mon Dieu, quelle merveille! Mais cependant j'admireray chose presque pareille: en un moment, en un clin d'œil, à la trompette de vostre parolle, vostre mesme corps, qui est assis à la dextre du Pere au ciel, est en certaine façon reproduict en ce sacrement par tout où le mystere en est celebré.

Mais, o Seigneur admirable, si un peu de levain fait bien lever toute une grande masse de paste; si une bleuette de feu suffit pour embraser une mayson; si un grain mis en terre rend fertile la terre, et en reproduict tant d'autres; combien doy-je esperer que vostré benit corps, entrant au mien, la sayson estant venue, il le relevera de sa corruption, l'enflammera de sa gloire, et le reproduira immortel, impassible, subtil, agile, resplendissant, et assorty de toutes les qualitez glorieuses qui se peuvent esperer? Ceste vigueur ne se peut treuver és figures, il faut qu'elle parte de la verité de vostre tres-precieux corps.

CONSIDERATION XII.

LA VIE ETERNELLE. Et de fait, quelle autre viande, ô Sauveur, si ce n'est vostre corps, peut donner la vie eternelle? Il faut un pain vivant pour donner la vie, un pain descendu du ciel pour donner une vie celeste, un pain qui soit vous-mesme, mon Seigneur et mon Dieu, pour donner la vie immortelle, et eternelle et perdurable. La manne, quoyque vraye figure de vostre corps, ne pouvoit pas tant; il faut une viande plus solide et moüelleuse pour une telle vie; quelle autre peut estre employée que vous, qui estes vivant és siecles des siecles. Amen. DIEU SOIT BENY.

L

TRAITTÉ XI.

Preparation à la saincte communion, dressée pour quelques religieuses.

(Voyez tome II, pages 631 à 639).

TRAITTÉ XII.

EXERCICE DU SOIR. Examen de conscience.

'EXAMEN de conscience, qui se fait tousjours avant d'aller se coucher, se prattique ainsi :

1. On remercie Dieu de sa conservation de la journée passée. 2. On s'examine comme on s'est comporté en toutes les heures du jour, considerant où, avec qui, et en quelle occupation on a

esté.

3. Si on treuve que l'on ayt fait quelque bien, on en rend graces à Dieu; si quelque mal en pensées, parolles ou œuvres, on en demande pardon à sa divine Majesté, avec resolution de s'en confesser à la premiere occasion, et de s'en amender soigneuse

ment.

4. On recommande à la divine Providence son corps, son ame, l'Eglise, ses parens, ses amys. On prie Nostre-Dame, le bon ange et les saincts de veiller sur nous et pour nous; et avec la benediction de Dieu, on va prendre le repos necessaire.

5. C'est un advis et une prattique salutaire de se mettre en l'estat où on voudroit estre treuvé à l'heure de la mort.

6. Cest exercice icy ne doit estre jamais oublyé, non plus que celuy du matin car, par celuy du matin, vous ouvrez les fenestres de vostre ame au soleil de justice, et par celuy du soir, vous les fermez aux tenebres de l'enfer.

COMMANDEMENT I. Un seul Dieu tu adoreras.

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I. TOUSCHANT LA FOY. - C'est pecher contre ce commandement, de doubter volontairement, ou ne pas croire quelque article ou verité de la foy.

Soustenir ou deffendre quelque opinion heretique, de parolles, ou par quelque autre signe exterieur.

Vouloir rechercher ou penetrer trop curieusement les choses de la foy.

Appreuver les conduittes ou façons de fayre des heretiques, et s'exposer avec quelque scandale et danger å leur conversation et frequentation.

Assister à leur presche, lire leurs livres, ou en garder de prohibez par l'Eglise.

Ignorer, ou ne se pas mettre en peyne de sçavoir les choses necessaires á salut, comme les commandemens de Dieu, de l'Eglise, le Pater, le Credo, et autres choses d'obligation à son estat et à sa condition, par une nesgligence coulpable.

User de superstition, soit de parolles ou par billets, pour la santé ou autres choses.

Avoir recours aux devins, fayre dire sa bonne adventure, user de charmes, ligatures ou autres malefices, pour soi ou pour d'autres. Donner creance aux songes ou autres observations vaines et superstitieuses.

II. TOUSCHANT L'ESPERANCE. Presumer de la misericorde de Dieu, et sous ce pretexte pecher plus librement, se flattant d'un bon peccavi à la mort, où d'estre sauvé sans fayre de bonnes

œuvres.

Avoir plus d'esperance au secours des creatures que de Dieu. Desesperer de la misericorde de Dieu; et par là lascher la bride à ses desreglemens, et pecher plus impunement.

Tenter Dieu, et vouloir l'obliger à fayre des miracles, sans travailler ni cooperer aux ordres de sa providence.

III. TOUSCHANT LA CHARITÉ. Murmeurer contre Dieu, plaindre de luy dans les afflictions et traverses.

et se

Preferer son interest, son playsir, ou quelque creature, à Dieu et à son amour; et estre disposé plutost de l'offenser que de renoncer à semblables interests, ou que de subir quelque deshonneur ou infamie.

Se laisser aller interieurement ou exterieurement à quelque malediction ou blasphesme contre Dieu, contre les saincts, ou contre d'autres creatures.

Avoir de la hayne ou du mespris pour Dieu, pour les choses qui regardent son honneur et sa gloire, ou qui regardent le salut. S'exposer au danger d'offenser Dieu mortellement et n'avoir recours à luy dans les tentations.

Se playre ou se vanter des pechez que l'on a commis, et avec scandale.

Tourner en raillerie les parolles de l'Escriture saincte ou les ceremonies de l'Eglise, et les personnes ou les choses consacrées à Dieu.

Se mocquer des personnes qui font profession de pieté, et en destourner les autres par railleries ou par menaces.

Fayre les mesmes railleries sur les sacremens, les imaiges, les pelerinages, et semblables actions sainctes et pieuses.

Avoir honte de fayre le bien et les actions de la religion, comme prier Dieu soir et matin, devant et apres le repas, et prattiquer les autres exercices de pieté, par respect humain, ou par une trop lasche connivence.

User de parolles de malediction, ou execration, par maniere d'imprecation, sur soy ou sur d'autres, comme, le diable me guarisse, le diable m'emporte, Dieu me damne, et semblables.

COMMANDEMENT II. Dieu en vain ne jureras.

Jurer sans necessité ou jugement, quoyque avec verité et non en chose mauvaise.

Jurer faux ou doubteux, quoyque en chose legere.

Jurer et promettre de fayre quelque mal; c'est un double peché de l'accomplir.

Jurer de fayre ce que l'on n'a pas l'intention d'accomplir, ou le nesgliger si l'on en a eu le dessein.

Provocquer d'autres à jurer, ou à ne pas garder leur serment, estant juste.

Jurer avec execration ou imprecation, par exemple, le diable m'emporte, Dieu me damne, et semblables.

Fayre un faux serment en justice, ct denier la verité, estant interrogé juridiquement.

Solliciter d'autres à fayre le semblable, par promesses ou par menaces: l'on est obligé à restitution, s'il s'est ensuivy du dommaige.

Jurer à tout propos, soit faux, soit vray, sans aucune necessité ny rayson.

Se donner au demon, sa femme, ses enfans ou autres, par emportement et scandale.

Fayre des vœux sans se mettre en peyne de les accomplir, ou differer longtems à le fayre.

Fayre vœu des choses qu'on n'a pas dessein d'accomplir.

Fayre vœu de ne pas fayre quelque bien, ou de fayre quelque mal, ou quelque bien à mauvaise fin.

Proferer par mespris ou execration le nom de Dieu, ou les membres sacrez de Nostre Seigneur, comme sa mort, sa teste, son sang, et semblables reniemens et blasphesmes: dire si c'est par habitude ou surprinse, par cholere, emportement et scandale.

COMMANDEMENT III. Les dimanches tu garderas.

Manquer à entendre la messe les jours de festes ou de dimanches, ou une notable partie, sans cause legitime.

S'exposer au danger de ne la pas entendre, ou les autres. Y manquer d'attention interieure, soit par distraction volontaire, soit en causant, ou regardant çà et là avec scandale.

Manquer à y fayre assister ceux que l'on a en sa charge.

N'avoir aucun soing d'assister aux prosnes, sermons, catechismes, vespres, et autres offices divins.

Travailler ou fayre travailler ces jours-là sans cause legitime. Dire si ç'a esté un tems notable et avec scandale.

Employer la pluspart de ces mesmes jours aux jeux, à la comedie, bals, danses, promenades, à l'yvrognerie, ou autres desbauches plus honteuses.

Troubler le service, ou scandalizer le prochain par des parolles et entretiens de choses prophanes, dans l'eglise, durant le service divin, ou autres indecences et irreverences prophanes et scandaleuses.

S'y entretenir en des regards lascifs, curieux, ou desirs de choses vaynes, sales et prophanes.

Y aller pour voir et pour estre veu, à mauvais dessein ou par vanité, avec des habicts ou en des postures immodestes.

Manquer à se confesser tous les ans, et recevoir la saincte communion à Pasques.

Manquer à s'examiner comme il faut, en danger de fayre une confession sacrilege, ou faute de quitter l'occasion du peché, ou de restituer le bien ou resputation du prochain, et de communier indignement.

Prophaner l'eglise, ou les lieux saincts, par effusion de sang, ou par quelque impureté volontaire.

Participer aux divins offices ou sacremens en estat d'excommunication, ou lyé de quelque censeure ecclesiastique.

Manquer à reciter le breviaire, ou aux prieres d'obligation, total ou à une partie notable, ou sans l'attention requise.

Le fayre avec lascheté ou degoust des choses sainctes et sans la reverence et le respect deus à Dieu et à sa saincte presence.

Frequenter les tavernes et cabarets durant le service divin, ou induire les autres au mesme desordre avec scandale. Les cabaretiers qui les reçoivent sont esgalement coulpables.

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Pere et mere honoreras.

Manquer à porter honneur et respect aux

peres, meres, tuteurs et proches parens.

Leur tesmoigner du mespris par parolles ou signes exterieurs.

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