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Certainement, ce Dieu d'infinie majesté estant récogneu de nous digne de tout honneur et service, ne peut estre mesprisé qu'à faute de courage. A quel propos contrevenir à ses equitables loyx pour esviter les dommaiges du corps, des biens et de l'honneur? que nous peuvent fayre les creatures? Or sus, consolons-nous et fortifions-nous tous ensemble sur ce beau verset du Psalmiste: Dominus regnavit, irascantur populi : qui sedet super Cherubin, moveatur terra (Ps. 26). Que les meschans fassent du pis qu'ils pourront contre moy; le Seigneur est puissant pour les tous royalement subjuguer. Que le monde gronde tant qu'il voudra contre moy seulement, il ne m'importe, puisque celuy qui domine sur tous les esprits angeliques est mon protecteur.

V. La cinquiesme partie est la recommandation. Voylà pourquoy je me remettray, et tout ce qui despend de moy, entre les mains de l'eternelle Bonté, et la supplieray m'avoir tousjours pour recommandé. Je luy laisseray absolument le soing de ce que je suis et de ce qu'il veut que je sois; je diray de tout mon cœur : Unam petii à te, Domine Jesu, hanc requiram, ut faciam voluntatem tuam omnibus diebus vitæ meæ (Ps. 30); Je vous ay demandé une chose, Jesus mon Seigneur, et derechef je vous la demanderay, à sçavoir, que j'accomplisse fidellement vostre amoureuse volonté tous les jours de ma pauvre et chetive vie. In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum; Je vous recommande, ô benin Seigneur, mon ame, mon esprit, mon cœur, má memoire, mon entendement et ma volonté : hé! faites qu'avec et en tout cela je vous serve, je vous ayme, je vous playse et honnore à jamais.

servitute dignus, nisi animi defectu sperni et offendi. Cur ad evitanda corporis bonorum aut honornm damna, justas ejus leges transgre diemur? Quid nobis tandem creaturæ nocere possunt? Agesis nunc, virili sumus animo, et in hoc Psalmistæ versu confortetur cor nostrum Dominus regnavit, irascantur populi : qui sedet super Cherubim, moveatur terra.

V. Quinta pars est commendatio. Proptereà me totum, et quidquid ex me pendet, æternæ bonitati committam, ac ut commissum habere dignetur exorabo. Omnem ei concedam met curam, et dicam ex toto corde Unam petii à te, Domine Jesu, hanc requiram, ut faciam voluntatem tuam omnibus diebus vitæ meæ. In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum, cor, memoriam, intellectum, voluntatem. Fac, quæso, ut cum his et in his omnibus tibi serviam, te diligam, tibi placeam, te adorem in æternum.

TRAITTÉ V.

Addresse pour l'orayson, sous le nom de repos ou sommeil spirituel, pour retirer l'ame en soy-mesme, et la recueillir en Dieu.

1. E ti opportuno tempore,

LECTO huic sacræ quie

in memoriam revocare contendam pios motus, desideria, affectus, statuta, cœpta, sensus, dulcedines omnes. et quæcumque divina mihi majestas olim inspiravit, ac in sanctorum mysteriorum, virtutis pulchritudinis, ejus nobilitatis, et infinitorum in me beneficiorum consideratione dedit experiri. Illius prætereà obligationis quam magnam erga ipsam habeo recordabor, eò quòd suâ gratiâ sensus aliquando meos debilitavit non nullis morbis et infirmitatibus quæ mihi non parum profuerunt. Post hæc, voluntatem meam in bono, et in statuto creatorem meum nunquam offendendi, confirmabo.

II. Quiescam paulatim in consideratione vanitatis honorum, divitiarum, dignitatum, et voluptatum immundi hujus mundi; perpendam modicam rerum illarum durationem, incertitudinem, finem, et quàm à veris bonis distent discrepentque. Quâ ratione eas cor meum rejiciet, spernet, abominabitur, et dicet: Ite, o! ite, diabolicæ illecebræ abite à me procul, nihil mihi vobiscum est, quandoquidem delicia quas promittitis insipientibus æquè ac sapientibus conveniunt.

III. Quiescam leniter in consideratione turpitudinis, abjectionis et miseriæ quæ invenitur in peccato, mise

I.

Α

YANT prins le tems commode pour ce sacré repos, avant toute autre chose, je tascheray à rafraischir ma memoire de tous les bons mouvemens, desirs, affections, resolutions, projects, sentimens et douceurs qu'autresfois la divine Majesté m'a inspirez et fait experimenter, en la consideration de ses saincts mysteres, de la beauté de la vertu, de la noblesse de son service, et d'une infinité de benefices qu'elle m'a tresliberalement despartis. Je mettray ordre aussi à me ramentevoir de l'obligation que je luy ay, de ce que, par sa saincte grace, elle a quelquesfois debilité mes sens en m'envoyant certaines maladies et infirmitez, lesquelles m'ont grandement profitté. Apres cela, je conforteray et confirmeray, le plus qu'il me sera possible, ma volonté au bien et repos de jamais offenser mon Createur.

II. Cela fait, je me reposeray tout bellement en la consideration de la vanité des grandeurs, des richesses, des honneurs, des commoditez et des voluptez de ce monde immonde; je m'arresteray à voir le peu de durée qui est en ces choses-là, leur fin, et l'incompossibilité qu'elles ont avec les vrays et solides contentemens, en suitte de quoy mon cœur les desdaignera, les mesprisera, les aura en horreur, et dira: Allez, allez, 6 diaboliques appas! retirez-vous loin de moy, cherchez fortune ailleurs; je ne veux point de vous, puisqué les playsirs que vous promettez appartiennent aussi bien aux fols et abominables, qu'aux hommes sages et vertueux.

III. Je me reposeray tout doucement en la consideration de la laydeur, de l'abjection, et de la deplorablé misere qui se treuve au vice et

au peché, et aux miserables ames qui en sont obsedées; puis je diray, sans me troubler et inquietter aucunement: Le vice, le peché, est chose indigne d'une personne bien naye, et qui fait profession de merite; jamais il n'apporte contentement qui soit veritablement solide, ains seulement en imagination: mais quelles espines, quels scrupules, quels regrets, quelles amertumes, quelles inquiettudes, et quels supplices ne traisnet-il quant et soy? voire, et quand tout cela ne seroit pas, ne vous doitil pas suffire qu'il est desaggreable à Dieu? ô! cela doit estre plus que suffisant pour le nous fayre detester à toute oultrance.

IV. Je sommeilleray souëfvement en la cognoissance de l'excellence de la vertu, qui est si belle, si gracieuse, si noble, si genereuse, si attrayante et si puissante : c'est elle qui rend l'homme interieurement et encore exterieurement beau; elle le rend incomparablement aggreable à son Createur; elle luy sied extresmement bien, comme propre qu'elle luy est. Mais quelles consolations, quelles delices, quels honnestes playsirs ne luy donne-t-elle pas en tout tems? ah! c'est la chrestienne vertu qui le sanctifie, qui le change en ange, qui en fait un petit Dieu, qui luy donne dés icy-bas le paradis.

V. Je m'arresteray en l'admiration de la beauté de la rayson que Dieu a donnée à l'homme, afin qu'esclairé et enseigné par sa meilleure splendeur, il haysse le vice et ayme la vertu. Hé! que ne suivons-nous la lumiere brillante de ce divin flambeau, que l'usage nous en est donné pour voir où nous devons mettre le pied? Ah! si nous nous laissions conduire au dictamen d'icelle, rarement chopperions-nous, difficilement ferions-nous jamais mal.

risque animabus ab eo obsessis et possessis; tùm absque perturbationé dicam : Peccatum indigna res est homine benè nato, et meritum profitente; nullum unquam affert absolutum gaudium, sed duntaxat imaginarium : quas verò spinas, quos moerores, quas amaritudines, quas anxietates, quæ supplicia non secum ducit? Verumtamen, quamvis nihil horum esset, numquid id satis est quod Deo displicet? Hoc autem satis superque est ut omnibus omninò modis rejiciatur.

IV. Dormitabo suaviter in cognitione excellentiæ virtutis; virtutis, inquam, quæ adeò pulchra est, grata, nobilis, generosa, alliciens, potens. Illa est enim quæ hominem interiùs exteriùsque pulchrum reddit; illa quæ Creatori gratum facit, homini illa optimè convenit, cum ei propria sit. Quas verò consolationes, quas delicias, quas non ei liberales delectationes omni dat tempore? Hæcest christiana virtus quæ eum sanctificat, quæ mutat in angelum, quæ deulum efficit, quæ in his terris ei confert paradisum.

V. Demirabor quàm pulchra sit homini à Deo data ratio, ut ejus miro splendore illustratus et edoctus, odio vitium prosequatur, et virtutem amet. Heu! cur divinæ hujus facis rutilans lumen non sequimur, cùm datus sit nobis ejus usus, ut videamus ubi oporteat pedem figere? Ah! si nos ejus dictamine duci sineremus, rarò cespitaremus, difficilè unquam malè ageremus.

VI. Attente ponderabo rigorem divinæ justitiæ, quæ iis procul dubio non parcet, qui naturæ et gratiæ donis abusi fuerint. Debent tales ad divinorum judiciorum, mortis, purgatorii et inferni considerationem pavere maximè. Excitabor ergo à me ipso, et à segnitie his sæpè repetitis verbis expergefiam: En morior; quid mihi proderunt primogenita, sive omnia ista? Quid, inquam, proderunt mihi præsentia hæc omnia, et quidquid in hoc modo lucet et splendet, cùm quotidiè moriar? Præstat sanè ea spernere, et sub mandatorum Dei custodià, cum filiali timore et animi tranquillitate, futuræ vitæ expectare bona.

VII. In hanc rem infinitam Dei sapientiam, omnipotentiam, et incomprehensibilem bonitatem contemplabor; peculiariter verò videre intendam quomodo eximia hæc attributa in sacris elucent mysteriis vitæ, mortis, et passionis Domini nostri Jesu Christi, in eminentissimà Dominæ nostræ beatæ Mariæ Virginis sanctitate, et imitabilibus fidelium Dei servorum perfectionibus. Transeundo hinc ad coelum empireum, paradisi gloriam demirabor, indeficientem angelicorum spirituum et beatarum animarum felicitatem, quàmque augustissima se Trinitas, in æternis præmiis quibus benedictam hanc turbam remunerat, potentem, sapientem et bonam ostendat.

VIII. Denique in amore solius et unicæ bonitatis Dei

VI. Je peseray attentivement la rigueur de la divine justice, laquelle, sans doubte, ne pardonnera pas à ceux qui se treuveront avoir abusé des dons de nature et de grace: telles gens doivent concevoir une tres-grande apprehension des divins jugemens, de la mort, du purgatoire et de l'enfer. Je feray en sorte de m'exciter et de resveiller ma paresse en repetant souvent ces parolles : En morior; quid mihi proderunt primogenita, sive omnia ista? Voylà que tous les jours je m'en vay mourant; de quoy est-ce que me serviront les choses presentes, et tout ce qui est d'esclatant et de spectacle en ce monde? Il vaut beaucoup mieux que je les mesprise courageusement, et que, vivant en la crainte filiale, sous l'observance des commandemens de mon Dieu, j'attende avec accoisement d'esprit les biens de la vie future.

VII. Je contempleray en ce repos la sapience infinie, la toute-puissance, et l'incomprehensible bonté de mon Dieu, et particulierement je m'occuperay à voir comme quoy ces beaux attributs reluisent aux sacrez mysteres de la vie, mort et passion de Nostre Seigneur Jesus-Christ, en la tres-eminente saincteté de NostreDame, la bien-heureuse Vierge Marie, et aux imitables perfections des fidelles serviteurs de Dieu. De là passant jusques dans le ciel empyrée, j'admireray la gloire du paradis, la felicité perdurable des angeliques esprits et des ames glorieuses, et combien la tres-auguste Trinité se monstre puissante, sage et bonne aux loyers eternels dont elle rescompense ceste beniste troupe.

VIII. Je m'endormiray en l'amour de la seule et unique bonté de mon

Dieu; je gousteray, si je puis, ceste immense bonté, non en ses effects, mais en elle-mesme; je boiray ceste eau de vie, non dans les vases ou phyoles des creatures, mais en sa propre fontaine; je savoureray combien ceste adorable Majesté est bonne en elle-mesme, bonne à elle-mesme, bonne pour elle-mesme, voire comme elle est la bonté mesme, et comme elle est la toute bonté, et bonté qui est eternelle, intarissable et incomprehensible. O Seigneur, diray-je, il n'y a que vous de bon par essence et par nature; vous seul estes necessairement bon: toutes les creatures qui sont bonnes, tant par la bonté naturelle que par la surnaturelle, ne le sont que par participation de vostre aymable bonté.

mei dormiam et requiescam: gustabo, si possum, immensam hanc bonitatem, non in suis effectibus, sed in se ipså; bibam hanc vitæ aquam, non in vasis aut phialis creaturarum, sed in ipso fonte; sapiam quâm adorabilis hæc majestas bona sit in se ipsâ, bona sibi ipsi, bona pro se ipsâ, imò quomodo sit ipsa bonitas et tota, omnisque bonitas et bonitas quæ æterna est, quæque nec arefieri nec comprehendi potest. O Domine, inquam, nemo est præter te bonus per essentiam et naturam: tu solus necessariò bonus es; creaturæ verò omnes quæ tam naturali quam supernaturali bonitate bonæ sunt, nonnisi amabiles tuæ boni. tatis participatione sunt.

TRAITTÉ VI.

Trois occupations de la retraitte spirituelle sur la nayssance, passion et vie de Nostre Sauveur Jesus-Christ.

REMIER exercice. Pour vostre retraitte spirituelle, vous pourrez vous servir des poincts icy marquez, lesquels regardent la divine enfance de Nostre Sauveur. Le dimanche, considerez-le aux entrailles tres-pures de sa tres-chaste Mere, et admirez comme ceste grandeur immense s'est ainsi ravalée pour vostre amour. Le lundy, admirez-le dans la cresche en une extresme pauvreté. Le mardy, voyez-le adoré des anges et des pasteurs; faites-luy avec eux mille reverences interieures. Le mercredy, regardez que desjà il respand son sang en la circoncision; suppliez-le qu'il retranche toutes les superfluitez de vostre ame. Le jeudy, occupez-vous à méditer les mysteres des offrandes que luy presentent les roys; offrezvous à luy, et adorez-le avec eux. Le vendredy, contemplez-le au temple entre les bras de sa saincte Mere; donnez-luy vostre cœur pour estre sa demeure et son temple sacré. Le samedy, mesditez sa fuyte en Egypte; demandez-luy là grace de bien fuyr et esviter tout ce qui luy peut deplayre.

Second exercice. Une autre sepmaine, vous pourrez vous entretenir sur les douloureux mysteres de la passion de Nostre Redempteur. Le dimanche, voyez comme il lave les pieds à ses bien-aymez disciples; priez-le qu'il vous lave et purifie de toute ordure de peché. Le lundy, regardez-le au jardin des Olives, priant

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