Oldalképek
PDF
ePub

confiance, ce qu'on ne fait pas quand on est dans le tems de la joye, et hors de la tristesse, où l'on peut croire que l'on a plus besoin d'exciter en son cœur les sentimens de crainte; par exemple, ceux-cy 0 Seigneur tres-juste et terrible, ó que vostre souveraine Majesté me fait trembler ! et semblables. Mais dans les tems de tristesse, il faut employer des parolles de douceur, par exemple : O Dieu de misericorde, tres-bon et tres-benin, vous estes mon cœur, ma joye, mon esperance, le cher espoux de mon ame, et semblables; et les faut employer bon gré malgré la tristesse, à laquelle il ne faut point donner d'audience, ny de credit, pour vous empescher de proferer et enoncer ces parolles de confiance et d'amour. Et bien qu'il semble que ce soit sans fruict, il ne faut pas laisser de continuer, et attendre le fruict, qui ne laissera pas de paroistre apres un peu de contention.

VIII. La saincte communion. Huictiesmement, la frequentation de la communion; et ceste intention est excellente, car elle nous donne le maistre des consolations.

IX. La decouverte de son interieur à un sage directeur. Neuviesmement, l'un des plus asseurez remedes est de desployer et ouvrir son cœur, sans y rien cacher, à quelque personne spirituelle et prudente, et luy desclarer tous les ressentimens, affections, et suggestions qui arrivent de nostre tristesse, et les raysons avec lesquelles nous les nourrissons; et cela il le faut fayre humblement et fidellement.

Et notez que la premiere condition que le malin met en l'ame qu'il veut affliger et seduire, c'est le silence, comme font les seditieux dans les conspirations et fascheux evenemens; car ils demandent surtout que leurs entreprinses et resolutions soyent secrettes. Dieu, au contraire, demande pour la premiere condition, la discretion; ne voulant pas à la verité que l'on descouvre indiscrettement ses graces et faveurs, mais bien que l'on les descouvre avec prudence, et selon les régles d'une humble discretion, aux personnes de qualitez requises.

CONCLUSION. Ces regles sont grossieres, et seulement bonnes à combattre la tristesse et inquiettude demesurée. Ceux qui ont plus de discernement aux choses spirituelles, se pourront guider par d'autres voies, que Nostre Seigneur leur suggerera: cependant, si celles-cy peuvent servir, employez-les soigneusement, et priez pour celuy qui vous les a marquées.

L

APPENDICE.

Vray charactere de la tristesse salutaire de la penitence.

A tristesse de la penitence ne doit pas tant estre nommée tristesse que deplaysir ou sentiment et detestation du mal : tristesse qui n'est jamais ny ennuyeuse ny chagrine; tristesse qui n'engourdit point l'esprit, mais qui le rend actif, prompt, et diligent; tristesse qui n'abat point le coeur, mais qui le releve par la priere et l'esperance, et qui luy fait fayre les eslans de la fervente devotion; tris

tesse laquelle, au fort de ses amertumes, produict tousjours la douceur d'une incomparable consolation, suivant le precepte du grand sainct Augustin: Que le penitent s'attriste tousjours, mais qu'il se rejouysse tousjours de sa tristesse.

La tristesse, dit Cassien, qui opere la solide penitence, de laquelle on ne se repent jamais, est obeyssante, affable, humble, debonnaire, souëfve, patiente, comme estant issue et descendue dé la charité; de sorte que, s'estendant à toute douleur de corps et d'esprit, elle est en certaine façon joyeuse, animée, et revigorée de l'esperance de son profict: elle retient toute la suavité de l'affabilité et longanimité, ayant en elle-mesme les fruicts du SainctEsprit, qui sont la charitě, la joye, la paix, la longanimité, la bonté, la benignité, la foy, la mansuetude, et la continence.

Telle est la vraye penitence, et telle est la bonne tristesse, qui certes n'est pas proprement triste ny melancholique, mais seulement attentive et affectionnée à detester, à rejetter et empescher le mal du peché pour le passé et pour l'advenir, par le seul amour de Dieu, auquel il deplayst; c'est-à-dire sans meslange d'aucun amour imparfaict, sans aucune vue d'interest de la peyne ou de la rescompense eternelle. Voicy l'usage de ceste repentance amoureuse, qui se prattique d'ordinaire par des eslans où par des eslevemens du cœur en Dieu, comme le prattiquoient les anciens penitens. Je suis vostre, ô mon Dieu! sauvez-moy, ayez misericorde de moy, car mon ame se confie en vous; sauvez-moy, Seigneur, car les eaux submergent mon cœur; faites-moy comme un de vos mercenaires, Seigneur; soyez-moy propice, à moy pauvre pecheur.

C'est en ce sens qu'on dit que l'orayson justifie; car l'orayson repentante, ou la repentance suppliante, esleve l'ame en Dieu; et, la reünyssant à sa bonté, obtient sans doubte pardon en vertu du sainct amour qui luy donne le mouvement sacré.

PROTESTATION

AU SUBJET DU MYSTERE DE LA REPROBATION DES MESCHANS.

PROST

AD pedes sancti Augustini ROSTERNÉ aux pieds de sainct Auet Thomæ provolutus, paratus omnia ignorare ut illum sciam qui est scientia Patris, Christum crucifixum, quanquam quæ scripsi non dubito vera, quia nihil video quod de eorum veritate solidam possit facere dubitationem; cum tamen non omnia video, et tam reconditum mysterium est clarius quam

gustin et de sainct Thomas, le cœur disposé à ignorer tout le reste, pourveu que je cognoisse JesusChrist crucifié, qui est la science du Pere; bien que je tienne pour veritables les maximes que j'ay escrites à cest esgard, puisque je ne voy rien qui puisse me donner subjet d'en revoquer en doubte la verité; cependant, comme beaucoup de choses eschappent à ma vuë, et

qu'un mystere si haut est trop esblouissant pour pouvoir estre fixé et veu à fond par mes foibles regards, si plus tard le contraire de ce qui me paroist vray se monstroit à moy, ce qui, je l'espere, n'arrivera jamais, si je sçavois (ô Seigneur Jesus! esloignez de moy ce malheur), si je sçavois estre condamné à l'enfer par ceste volonté que sainct Thomas suppose en Dieu pour fayre ressortir sa justice envers le pecheur, je courberois ma teste sous la sentence du Tres-Haut, et je dirois du fond de mon cœur, avec le Prophete: Mon ame ne sera-t-elle pas sousmise à Dieu? Oui, Pere céleste, puisqu'il vous a pleu qu'il en fust ainsi, que vostre volonté s'accomplisse. Et, dans l'amertume de mon ame, je repeterois si constamment les mesmes parolles, que Dieu, changeant l'estat de mon ame et sa sentence tout à la fois, finiroit par me respondre: Aye confiance, mon fils, je ne veux pas la mort du pecheur, mais plutost sa vie; les morts, ni tous ceux qui descendent dans l'enfer, ne me loueront pas; je t'ay fait pour ma gloire, mon fils, comme tout le reste des creatures; je ne veux que ta sanctification, et je ne hay rien de tout ce que j'ay fait. Pourquoy ton ame est-elle triste, et pourquoy te troubles-tu? Espere en Dieu, et prometstoy que tu chanteras encore ses louanges; il est ton Sauveur et ton Dieu. Tu ne descendras point en enfer, mais tu monteras sur la montaigne de Dieu, tu entreras dans la tente du Dieu de Jacob. Ton estat n'est point un estat de mort: ce n'est qu'un sommeil, c'est une espreuve qui tournera à la gloire de Dieu. Courage donc, chetif serviteur, bien indigne, il est vray, mais pourtant fidelle, puisque tu as espéré en moy, en te confiant, comme tu l'as fait, en ma misericorde, et puisque tu m'as esté fidelle en peu de chose, savoir, dans la disposition de mé

ut fixè ab oculis meis nycticoracis inspici possit, si postea contrarium appareret (quod numquam futurum existimo), imo si me damnatum (quod absit, Domine Jesu) scirem voluntate quam in Deo ponit Thomas (Summæ, p. 1, q. 23, art. 5, ad 3um) ut ostenderet justitiam suam; libenter obstupescens et suscipiens altissimum Judicem, post Prophetam dicerem: Nonne Deo subjecta erit anima mea? (Psal. LXI, 29)? Amen, Pater, qui sic placitum est ante te, fiat voluntas tua (Matth. xi, 26, et vi, 10); et hoc in amaritudine animæ meæ toties dicerem, donec Deus mutans vitam meam et sententiam suam responderet mihi: Confide, fili, nolo mortem peccatoris, sed magis ut vivat (Ezech., XXIII, 11, non mortui laudabunt me, neque omnes qui descendunt in infernum (Psal. cxIII, 17): te, fili, ut cætera omnia, propter memetipsum feri (Prov. xv, 4): non est voluntas mea nisi sanctificatio tua (1. Thess. IV, 3): Nihil odit anima mea eorum quæ feci (Sap. xi, 15). Quare tristis est anima tua, et quare conturbat te? Spera in Deo, quia adhuc ei confiteberis; salutare vultûs tui et Deus tuus est (Psal. XLII, 6 et 7). Non descendes in infernum, sed ascendes ad montem Dei, ad tabernaculum Dei Jacob (Isa. II, 3). Non est mortuus, sed dormis (Matth. ix, 21) : infirmitas hæc non est ad mortem, sed ut conversus glorifices Deum (Joan. XI, 4). Euge, serve parve, indigne

quidem, sed fidelis, quia sperasti, in me, confidens de misericordia mea; et quia in pauca, scilicet in glorificando me per damnationem, si ita mihi placeret, fuisti fidelis, super multa te constituam; et quia voluisti manifestare nomen meum etiam patiendo, si opus esset, quandoquidem in eo parva est magnificatio et glorificatio nominis mei, qui non sum damnator, sed Jesus, super multa te constituam, ut beatitudine tua laudes me, in quâ multa est gloria nominis mei (Matth. xxv, 21). Per memetipsum juravi, quia fecisti hanc rem, id est, præparasti cor tuum in obsequium justitiæ meæ, et non pepercisti tibi, benedictione perpetua benedicam te (Gen. xv, 22), ut intres in gaudium Domini tui (Matth. xxv, 21). Nec tunc aliter respondere deberem quam prius: Amen, Pater, quia sic placitum est ante te; paratum cor meum ad pœnam propter te, paratum cor meum ad gloriam propter nomen tuum. Jesu, quasi jumentum factus sum coram te; et ipse, Domine, sis semper mecum (Psal. LXXII, 23): Fiat mihi secundum verbum tuum (Luc. 1, 28): Nolo mortem peccatoris, sed magis ut convertatur et vivat. In nomine ergo tuo, levabo manus meas in sancta, (Ps. cxxIII, 3). Amen, Jesu! Maria!

glorifier dans ta reprobation mesme, supposé que ce fust mon bon playsir, je t'establiray dans une grande abondance de biens. Puisque tu as bien voulu servir à fayre esclater mes perfections en endurant, s'il le falloit, la rude expiation de tes fautes; comme il n'en resulteroit qu'une foible gloire pour moy qui n'ayme pas à condamner, mais plutost à sauyer selon toute la force de mon nom, je te constitüeray dans une eternelle felicité, pour que tu m'y glorifies bien mieux en chantant mes louanges. Je l'ai juré par moy-mesme: puisque tu as mis ton cœur dans la disposition d'estre immolé à ma justice, et que tu ne t'es point espargné toymesme, je te beniray à jamais, et je te feray entrer dans la joye de ton Seigneur. A ces bonnes parolles de mon Dieu, je devrois encore ne respondre que par la mesme conformité, telle que je la tesmoignois tout à l'heure, à la volonté divine: Oui, dirois-je de nouveau Pere celeste, puisque cela vous playst qu'il en soit ainsi; mon cœur est esgalement disposé, et à souffrir pour vous, et à se resjoüyr pour la gloire de vostre nom. O Jesus! Je suis devant vous comme la brute qui ne comprend rien: Seigneur, soyez tousjours avec moy. Qu'il me soit fait selon ceste parolle divine: Je ne veux pas la mort du pecheur, mais sa conversion et sa vie. En vostre nom donc, j'esleveray mes mains vers vostre sanctuaire. Ainsi soit-il, ô Jesus! 0 Marie !

S. François. - 3

38

DOCTRINE

FRAGMENTUM

SANCTI

FRANCISCI SALESII.

Circa reprobationem prævisis demeritis, et prædestinationem prævisis meritis; depromptum ex autographo scripto manu sancti Francisci de Sales, quod asservatur Neapoli in archivio congregationis Oratorii.

UÆ paginis 15, 62 et 70, ex multis observatum est de prædestinatione, prævisis meritis, confirmari possunt aucthoritate Petri Emotte, doctoris theologi Parisiensis in sua egregia confessione fidei, tit. Hac de re, ubi diserte id quod nos, asserit, non solum reprobationem fieri prævisis demeritis, sed et predestinationem prævisis meritis, idque constanter probat. Deinde in eam sententiam Henricum citat Tartaret in reportatis, et citat etiam Achanum, Et ipse eam prebabilem esse asserit, nec cum Scoto pugnare.

Cæterum supposita tanquam verissima ea sententia, quæ ait reprobationem fieri prævisis demeritis, superior sententía facile confirmabitur.

Suppositum autem illud evidenter probatur:

1o Cujus est ordinare finem, ejus est ordinare media, ad finem. Ordinat Deus hominem propter damnationem; ergo media ad finem sunt peccata; consequens absurdum, ergo antecedens. Explicatur. Nam in contraria opinione damnatío non est finis, nec absolute per se volita, sed est medium castigandorum malorum, suppositis malis, volitum Exemplum sit.

Volo absolute medicinam. Si autem statutum exstaret ne quispiam medicinam acciperet nisi ægrotus, deberem velle ægritudinem tanquam medium, aut sane medicinam non volo efficaciter. Si vero quispiam absolute nollet medicinam, sed tamen eam vellet ad recuperandam sanitatem, nihil foret opus ut ægritudinem vellet. et medicinam, cum potius vellet medicinam ob morbum.

2o Probatur. Deo non placet damnatio, aut reprobatio, uti reprobatio est, maxime quatenus dicit pravitatem, sed tantum quatenus justa est; at justa esse non potest sine ordine ad culpam, ut per se patet; ergo nominem reprobat sine ordine ad culpam, non ad culpam non prævisam, quia ad non prævisam nihil ordinare possumus; ergo ad culpam prævisam. Major patet, quia Deus, cum sua natura sit communicabilis, non postest ei per se et suapte natura grata esse privatio sui; et quia modus loquendi Scripturarum repugnat quæ Deum glorificationis nostræ avidum prædicant ubique et nostri interitus miserantem, atque paratum id avertere aversis peccatis. Tum vero; ait Psalter: Non mortui laudabunt te, Domine, neque omnes qui descendunt infernum (Psal. 113).

30 Perditio tua ex te, Israel (Os., 13). Plantavi vineam, exspectabam ut faceret uvas, fecit labruscas (Is., 5). Cunctos fecit vocare ad convivium (Luc., 14). Omnes vult salvos fieri (1. Tim., 2). Venite ad me, omnes (Matth., 11).

« ElőzőTovább »