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thage, au canon 4 par Innocent I, en l'epistre ad Exuperum; et par sainct Augustin, liv. 10 de la Cité de Dieu, chap. 36, duquel voicy les expresses parolles: Libros Machabæorum non Judæi sed Ecclesia pro Canonicis habet; et le mesme sainct Augustin, au liv. 2 de Doctrina Christiana, chap. 8; et le pape Damase, au decret des livres canoniques, qui fut fait et leu en un Concile de septante evesques, avec plusieurs autres anciens Peres, qu'il seroit ennuyeux de nommer, l'ont appreuvé; ainsi ceux qui nyent temerairement l'authorité du livre, nyent quant et quant l'authorité de l'antiquité chrestienne. On sçayt bien tout ce qu'on apporte pour soustenir ceste negative, mais la pluspart ne fait que monstrer la difficulté qu'il y a dans les livres, plutost que de la fausseté; nous voulons bien respondre aux deux ou trois plus fortes objections que font nos adversaires en la premiere, ils disent, que la prière auroit esté faite pour monstrer simplement la bonne intention que Judas Machabée avoit à l'endroict des deffuncts, non pas qu'il creust reellement que les deffuncts en eussent aucun besoin; mais l'Escriture dit exprez ces claires parolles : ut a peccatis solvantur ; en la seconde que c'est une manifeste erreur de prier pour la resurrection des morts, avant le jugement: car c'est presupposer, ou que les ames ressuscitent, et par consequent meurent, ou que les corps ne ressuscitent pas, si ce n'est par l'entremise des prieres et des bonnes actions des vivans, ce qui seroit contre l'article credo resurrectionem mortuorum. Česte pretendue erreur n'est rien qu'un pretexte pour ecarter ce lieu des Machabées; il est visible par le sens des parolles : Nisi enim eos, qui ceciderant, resurrecturos speraret, superfluum videretur et vanum, pro defunctis orare. On respond aysement, qu'en cest endroict, Judas ne pretend pas qu'on prie pour la resurrection de l'ame ny du corps, mais seulement pour la deslivrance des ames; en quoy ces prians ont presupposé l'immortalité de l'ame, car s'ils eussent creu que l'ame fust morte avec le corps ils n'eussent point prins le soing de leur deslivrance, et parce que parmy les Juifs la croyance de l'immortalité de l'ame et de la resurrection des corps, estoient tellement joinctes par ensemble, que qui nyoit l'une nyoit l'autre; pour faire voir, que Judas Machabée croyoit en l'immortalité de l'ame, il dit qu'il croyoit encore en la resurrection des corps: ainsi il met en preuve la resurrection des corps par l'immortalité de l'ame, car il ne se peut faire que l'ame fust immortelle sans la resurrection des corps, comme on lit en la premiere aux Corinth. 15: Quid mihi, si mortui non rusurgent? comedamus et bibamus, cràs enim moriemur. Or, il ne s'ensuivoit aucunement qu'il fallust ainsi s'abandonner, encore qu'il n'y eust point de resurrection, car l'ame qui demeureroit en son estre, souffriroit la peyne deuë à ses pechez, et pourroit recevoir la rescompense de ses vertus; mais sainct Paul, en cest endroict, met en compte la resurrection des morts pour l'immortalité de l'ame, parce que, de son tems, qui croyoit l'un, croyoit l'autre; il n'y a donc aucune rayson de refuser le tesmoignage des Machabées en preuve d'une si juste creance; que, si à tout rompre, nous ne le voulons prendre que comme un tesmoignage d'un simple, mais grave historiographe, ce qu'on ne nous peut refuser, au moins fau

droit-il confesser, que la Synagogue ancienne croyoit un purgatoire; puis que toute ceste année-là fut si dediée et si employée à prier pour les deffuncts.

Certes, par abondance de droict, nous avons encore des marques visibles de ceste devotion envers les deffuncts en d'autres endroicts de l'Escriture, qui nous doivent faciliter la reception de ce livre, que nous venons d'alleguer; en Tobie, 4 chap.: Panem tuum ei vinum tuum super sepulturam justi constitue, et noli ex eo manducare et bibere cum peccatoribus. Il faut confesser que ce pain et ce vin ne se mettoient pour autre subjet sur la sepulture des morts, sinon pour les fidelles, afin que l'ame du deffunct en fust aydée par ces aumosnes destinées pour les pauvres, comme disent communement les interpretes sur ce passage; peut-estre que ces Messieurs diront encore, que ce livre est apocryphe, mais toute l'antiquité l'a tousjours tenu en bon compte, et, pour vray, la coustume de mettre la viande, pour les pauvres, sur les sepultures, est tresancienne, mesme en l'Eglise catholique, car sainct Chrysostome, qui vivoit il y a plus de douze cens ans, en l'homil. 32 sur le 5o de sainct Matthieu, en parle de ceste façon: Cur post mortem tuorum, pauperes convocas? cur Presbyteros, ut pro eis orare velint, obsecras? Mais que penserons-nous des jeusnes et des austeritez que faysoient les anciens, apres la mort de leurs amys? ceux de Galées Galaades, jeusnerent sept jours apres la mort de Saül, pour ce pauvre prince; autant en fit David, et les siens pour le mesme Saul, et pour Jonathas et ceux de sa suitte, au premier livre des Roys, ch. 2, et au 3o livre, ch. 1. Et certes, on ne peut penser autre chose de cest usage, sinon que ce fut pour secourir les ames des deffuncts: car, à quel autre propos rapporter le jeusne de sept jours? Aussi David, qui, au second livre des Roys, ch. 12, jeusna et pria pour son fils malade, apres sa mort cessa de jeusner, et de se mortifier, monstrant que, quand il le faysoit, c'estoit pour obtenir de Dieu le secours au malade, lequel estant mort, parce qu'il mouroit enfant et innocent, et n'avoit plus besoin de secours apres sa mort, il cessa de jeusner. Il y a plus de 700 ans que Bede interpreta ainsi la fin du premier livre des Roys; de maniere qu'en l'ancienne Eglise, la coustume estoit desjà entre les sainctes et devotes personnes, d'ayder de leurs prieres, et du suffrage de leurs sainctes actions les ames des trespassez, ce qui suppose clairement la foy du purgatoire.

C'est de ceste coustume que parle ouvertement sainct Paul, en la premiere aux Corinth., 15e chap., alleguant, comme loüable et bon, l'usage de ceux qui baptizantes se pro mortuis, si enim mortui non resurgunt, ut quid baptizantur pro illis? Ce lieu, bien entendu, monstre clairement la prattique de la primitive Eglise, de jeusner, prier et veiller pour les ames des trespassez; car premierement, dans les Escritures, estre baptizé, se prend fori souvent pour les afflictions et penitences comme en sainct Luc, 12e chap., Nostre Seigneur parlant de sa Passion, dit, Baptismo, habeo baptizari, et quomodo coarctor, donec perficiatur? Luymesme, en sainct Marc, chap. 10 Potestis bibere calicem, quem ego bibiturus sum? et baptismo, quo ego baptizor, baptizari? où

Nostre Seigneur appelle baptesme les peynes et afflictions. Voicy donc le sens de ceste Escriture: Si les morts ne ressuscitent pas, dit sainct Paul, ce qui s'accorde à la sentence des Machabées cottéé cy-dessus, superfluum est et vanum orare pro mortuis, si mortui non resurgunt; qu'on me tourne et transfigure ce texte en tant d'interpretations qu'on voudra, il n'y en aura pas une qui joigne si bien à la saincte lettre, que celle-cy; qui voudroit dire que le baptesme, dont parle sainct Paul, est seulement un baptesme de tristesse et de larmes, non de jeusnes, ou de prieres et autres actions macerantes, avec ceste intelligence sa conclusion seroit tres-mauvaise; car il s'ensuivroit, que si les morts ne ressuscitent point et si l'ame est immortelle, qu'en vain on s'afflige pour les morts; mais je vous prie, n'auroit-on pas encore plus d'occasion de s'affliger par justice, pour la mort des amys, s'ils ne ressuscitent point, perdant ceste esperance de jamais les revoir, que s'ils ressuscitent? Il entend donc ces baptesmes des actions volontaires, que l'on faysoit tres-religieusement, pour impetrer repos aux ames des deffuncts, lesquelles, sans doubte, on auroit prattiquée en vain, si les ames estoient mortelles, ou si les morts ne ressuscitoient pas. En quoy il se faut souvenir dé ce qui a esté dit cy-dessus, que l'article de la ressurrection des morts, et celuy de l'immortalité de l'ame estoient conjoincts tellement ensemble, en la creance des Juifs, que qui croyoit l'un, croyoit l'autre, et qui nyoit l'un, nyoit l'autre; il est donc evident, par ces parolles de sainct Paul, que la priere, le jeusne et autres peynes et afflictions, se faysoient tresfoüablement pour les deffuncts. Or, ce n'estoit pas pour ceux qui sont dans le paradis, qui n'en avoient aucun besoin, ny pour ceux qui sont dans les lieux de damnation, et qui n'en peuvent aucunement recevoir le fruict, c'est donc pour ceux qui sont dans le lieu de purgatoire ainsi l'á exposé, il y a mille deux cens ans, sainct Ephrem, en son testament, qui demandoit des prieres apres sa mort; autant en fit le bon larron, en sainct Luc 23, lorsqu'il s'addressa à Nostre Seigneur, et luy dit: Memento met, dum veneris in regnum tuum; car pourquoy se fust-il recommandé au Fils de Dieu, luy qui s'en alloit mourir avec luy, s'il n'eust pas creu que les ames, apres la mort, pouvoient estre secourues et aydées? sainct Augustin, liv. 6 contre Julien, c. 5, preuve de ce passage, que le pardon de quelques pechez est reservé en l'autre monde, comme nous l'allons voir au discours suivant.

DISCOURS LXXVII.

De quelques autres lieux de l'Escriture, où il est preuve, que le pardon de quelques pechez est reservé en l'autre monde.

R sus, Messieurs, il y a des pechez qui peuvent estre pardonnez O en l'autre monde; ce n'est ny dans l'enfer, ny dans le paradis c'est donc en purgatoire; qu'il y ayt des pechez qui se pardonnent en l'autre monde, nous le preuvons premierement par le passage de sainct Matthieu, chap. 12 et 15, où Nostre Seigneur dit qu'il y a un peché qui ne peut estre pardonné ny en ce siecle ny en l'autre ;

de là s'ensuit qu'il y a des pechez qui peuvent estre remis en l'autre siecle; car s'il n'y avoit point de pechez qui pussent estre remis en l'autre siecle, il n'estoit pas à propos d'attribuer ceste proprieté à une sorte de peché, de ne point estre remis en l'autre siecle; il suffisoit de dire qu'ils ne pouvoient estre remis absolument. Certes, quand Nostre Seigneur eut dit à Pilate: Regnum meum non est de hoc mundo, en sainct Jean 14, Pilate luy fit ceste demande en forme de conclusion: Ergo Rex es tu? Ceste response fut treuvée fort bonne par Nostre Seigneur, et luy donna son approbation. Ainsi quand il dit qu'il y a un peché qui ne peut estre pardonné en l'autre siecle, il s'ensuit tres-bien, qu'il y en a d'autres qui peuvent estre remis. Nos Messieurs nous diront, peut-estre, que ces parolles, neque in hoc sæculo, neque in alio, ne veulent dire autre chose, sinon, in æternum, ou numquam, comme le dit sainct Marc, au chap. 3, Non habebis mecum partem in æternum; cela va bien, mais nostre rayson ne perd rien de sa fermeté, pour cela; car, ou sainct Matthieu a bien exprimé l'intention de Nostre Seigneur, ou non? L'on n'oseroit dire que non, de fait il l'a bien exprimée; ainsi il s'ensuit tousjours qu'il y a des pechez qui peuvent estre remis en l'autre siecle, puisque Nostre Seigneur a dit, qu'il y en a un, en exception, qui ne peut estre remis en l'autre; mais de grace ! dites-moy pourquoy sainct Pierre n'a pas dit à Nostre Seigneur en sainct Jean, 13, Non lavabis mihi pedes in hoc sæculo, neque in alio? Il n'a pas deu parler ainsi parce qu'en l'autre monde, les pieds de sainct Pierre ne pouvoient estre lavez; aussi dit-il in æternum, qui signifie jamais en ce monde; il ne faut donc pas croire que sainct Matthieu eust exprimé l'intention de Nostre Seigneur par ces parolles: neque in hoc sæculo, neque in alio, si la remission de quelque peché n'eust peu avoir lieu en l'autre monde; on se mocqueroit de celuy qui diroit Je ne me maryeray ny en ce monde ny en l'autre; comme s'il entendoit qu'en l'autre monde l'on peut se maryer. Qui dit donc que quelque peché ne peut estre remis ny en ce siecle, ny en l'autre, presuppose necessairement que l'on puisse avoir remission de quelque peché, en ce monde ou en l'autre; je sçay bien que nos adversaires taschent icy, par diverses interpretations, de parer à ce coup, mais il est si bien porté, qu'ils ne s'en peuvent eschapper; et de vray, il vaut bien mieux, avec les Peres anciens, entendre proprement, et avec toute la reverence que l'on peut, les parolles de Nostre Seigneur, que (pour fonder une nouvelle doctrine) les rendre grossieres et mal ordonnées : sainct Augustin, liv. 21 de la Cité de Dieu, chap. 24; sainct Gregoire, liv. 7 de l'Eglise, chap. 34; Bede sur le 3e liv. de sainct Marc; sainct Bernard en l'home]. 66 sur les Cantiques, et tous ceux qui ont escrit contre les Petrobusiens, se sont servis de ce passage, pour nostre intention, avec tant d'asseurance, que saint Bernard, pour desclarer la verité du purgatoire (tant il fait estat de sa certitude) n'en apporte point d'autre. En S. Matth. 5 et en S. Luc, 12: Esto consentiens adversario tuæ vitæ, dum es in via, ne forte tradat te adversarius judici, judex tortori, et mittaris in carcerem; amen dico tibi, non exies indè, donec reddas novissimum quadrantem. Origene, sainct Cyprien

sainct Hilaire, sainct Ambroise, sainct Hierosme, et sainct Augustin, disent tous que le chemin duquel il est dit, dum es in via, n'est autre que le passage de la vie presente; l'adversaire est nostre propre conscience, qui combat tousjours contre nous et pour nous, c'est-à-dire, qui resiste tousjours à nos mauvaises inclinations, et à nostre vieil Adam, pour nostre salut, comme l'exposent sainct Ambroise, Bede, saínct Augustin, sainct Gregoire et sainct Bernard en divers lieux. Le juge, sans doubte, est Nostre Seigneur, en sainct Jean 5: Pater omne judicium dedit filio. La prison pareillement est l'enfer, ou le lieu des peynes de l'autre monde, auquel, comme en une grande geole, il y a plusieurs appartemens, l'un pour ceux qui sont damnez, qui est comme pour les criminels; l'autre qui est pour ceux qui sont en purgatoire, qui est pour debte. Il est dit de celuy-cy: Non exies indè donec reddas novissimum quadrantem; et s'entend des petits pechez d'infirmité, comparez au denier, qui est la moindre monnoye qu'on peut devoir. Apres ceste claire exposition, considerons un peu où se doit faire ceste reddition de compte de laquelle parle Nostre Seigneur : Donec reddas novissimum quadrantem. Nous treuvons de tres-anciens Peres qui ont dit que c'estoit en purgatoire, ceux-cy sont Tertullien, liv. de Anima, chap. 18; sainct Cyprien, liv. 4, ep. 2; Origene, homel. 55 sur ce lieu; Eusebe Emissene en l'homel. 3 de l'Epiphanie; sainct Ambroise sur le ch. 12 de sainct Luc; sainct Hierosme sur le 5 de sainct Matthieu; sainct Bernard, serm. de Obitu uberti, quand il est dit, et solves ultimum quadrantem, n'est-il pas à presupposer qu'on les puisse payer, et qu'on puisse tellement diminuer la debte, qu'il n'en reste plus rien du tout à satisfaire? Le roy David dit dans les psalmes: Sede à dextris meis, donec ponam inimicos tuos; il s'ensuit tres-bien de ceste sentence: Ergo, aliquando pones inimicos scabellum pedum tuorum; ainsi disant : Non exies indè, donec reddas, il monstre, quod aliquando reddet, vel reddere potest. Qui ne void qu'en sainct Luc, ch. 12, la comparayson est tirée, non pas d'un homicide, ou de quelque criminel qui ne peut avoir aucune esperance de son salut, mais d'un debiteur qui est constitué en prison jusques au payement, lequel estant fait incontinent est mis dehors? Voicy doncques l'intention de Nostre Seigneur que pendant que nous sommes en ce monde, nous taschions, par la penitence et par ses fruicts, de payer (selon la puissance que nous en avons par le sang et le merite du Redempteur) la peyne à laquelle nos pechez nous ont obligez, puisque, si nous attendons à la mort, nous n'en aurons pas un si bon compte dans le purgatoire, où nous serons traittez à la rigueur. Tout cecy semble avoir esté entendu directement par Nostre Seigneur, mesme en sainct Matthieu 5, quand il dit : Qui irascitur fratri suo, reus erit judicio; qui dixerit fratri suo, raca, reus erit concilio; qui dixerit suo, fatue, reus erit gehennæ ignis. Icy, il s'agit de la peyne qu'on doit recevoir devant le jugement de Dieu, comme il appert par ces parolles, reus erit gehennæ ignis; et neantmoins il n'y a que la troisiesme sorte d'offense qui soit punie de l'enfer; d'où s'ensuit qu'au payement de Dieu, apres ceste vie, il y a quelques autres peynes qui ne sont pas eternelles, ny infernales, et ce sont

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