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chez, d'une seule non-imputation. Quand vous aurez ainsi proposé le Symbole à vostre jugement, il sera quant et quant bien proportionné au reste de vostre doctrine; mais qui ne void l'absurdité où vous vous precipitez? Le Symbole, qui est l'instruction des plus simples, seroit la plus obscure doctrine du monde, et devant estre une regle de la foy, il auroit besoin d'estre reglé par une autre regle; ainsi In circuitu impii ambulant. Voicy une regle infaillible de nostre foy: Dieu est tout-puissant. Qui dit tout n'exclud rien; et vous voulez borner ceste regle, et la limiter en sorte qu'elle ne s'estende pas à la puissance absolue, comme est la puissance de placer un corps en deux lieux, ou de le placer en un lieu sans qu'il y occupe l'espace exterieur. Dites-moi donc, s'il arrive que la règle ait besoin de reglement, qui la reglera? le Symbole dit, que Nostre Seigneur est descendu aux enfers, et Calvin le veut regler, et veut qu'il s'entende d'une descente imaginaire; l'autre le rapporte au sepulchre n'est-ce pas traitter ceste regle à la Lesbienne, et plier le niveau sur la pierre, au lieu de tailler la pierre au niveau? Pour vray, comme sainct Clement et saint Augustin l'appellent regle, aussi sainct Ambroise l'appellent clef; mais s'il faut une autre clef pour ouvrir ceste clef, où la treuverons-nous? monstrez-la-nous au moins sera-ce le cerveau des ministres? ou quoy? sera-ce le Sainct-Esprit? mais chascun se vantera d'en avoir sa part. Bon Dieu! en quels labyrinthes tombent ceux qui s'esgarent de la trace des anciens.

Je ne voudrois pas que vous pensassiez que je fusse d'opinion, que le seul Symbole fust la totale regle et mesure de la foy; car le grand sainct Augustin et le grand Lirinensis appellent encore regle de nostre foy, le sentiment ecclesiastique : le Symbole seul ne dit rien à descouvert de la consubstantialité du sacrement, ni de plusieurs autres articles de la foy; il comprend toute la foy radicalement, et principalement quand il nous enseigne de croire en l'Eglise, saincte et catholique; car par là, il nous renvoye à ce qu'elle propose. Mais comme vous mesprisez toute la doctrine ecclesiastique, aussi mesprisez-vous ceste noble partie et si signalée, qui est lé Symbole, luy refusant creance, sinon apres que vous l'avez reduict au petit pied de vos conceptions. Ainsi vous violez ceste saincte mesure et proportion, que sainct Paul propose pour estre suivie, voire par les prophetes mesmes.

DISCOURS LXVII.

Conclusion de ceste Partie, par un recueil de plusieurs excellences qui sont en la doctrine catholique, et qui ne sont point dans l'opinion des heretiques de nostre aage.

Ε NFIN, nous vous voyons, Messieurs, voguer ainsi sans esguille, Esans boussole et sans timon, sur l'ocean des opinions humaines, où vous ne pouvez attendre autre chose qu'un miserable naufrage. De grace, pendant que ce jourd'huy dure, pendant que Dieu vous presente l'occasion, jettez-vous en l'esquif d'une serieuse penitence, et venez vous rendre en l'heureuse barque, laquelle à pleine voile

va surgir au port de la gloire par le chemin battu de nos devanciers. Quand il n'y auroit autre chose, recognoissez quels avantages, et combien d'excellences possede la doctrine catholique sur vos opinions nouvelles et esloignées du sens commun.

La religion catholique rend plus glorieuse et plus magnifique la misericorde de Dieu; vos opinions la ravalent. Par exemple, n'y at-il pas plus de misericorde d'expliquer la realité de son corps pour nostre viande, que de n'en donner rien que la figure, commemoration et manducation fiduciaire? N'est-ce pas plus, de justifier l'homme, embellissant son ame par la grace, que sans l'embellir, le justifier par une simple indulgence ou non-imputation? N'est-ce pas une plus grande faveur de rendre en l'homme ses œuvres aggreables et bonnes par la justice interieure, que de tenir seulement l'homme pour bon, sans qu'il le soit en realité? N'est-ce pas plus de bien, d'avoir laissé sept sacremens pour la justification et sanctification du pecheur, que de n'en avoir laissé que deux, dont l'un ne servede rien, et l'autre de peu ? N'est-ce pas plus d'avoir laissé la puissance d'absoudre en l'Eglise, que de n'en avoir point laissé? N'est-ce pas plus d'avoir laissé une Eglise visible, universelle, signalée, remarquable et perpetuelle, que de l'avoir laissée petite, secrette, dissipée, et subjette à corruption? N'est-ce pas plus priser les travaux de Nostre Seigneur, de dire qu'une seule goutte de son sang suffisoit à rachepter le monde, que de dire que s'il n'eust enduré les peynes des damnez, n'y auroit eu rien de parfaict? La misericorde de Dieu n'est-elle pas plus magnifique, de donner à ses saincts la cognoissance de ce qui se fait icy-bas, que de leur nyer le credit de prier pour nous, et se rendre exorable à leurs intercessions; de les avoir rendus glorieux dés leur mort bien-heureuse, que de les faire attendre et tenir en suspens, comme parle Calvin, jusques au jugement? que de les rendre sourds à nos prieres? que de se rendre inexorable aux leurs. Cecy se verra plus clair et plus estendu en nos essays. Ainsi, certes, nostre doctrine rend bien plus admirable le pouvoir de Dieu au sacrement de l'Eucharistie, en la justification et justice inherente, dans les miracles, en la conservation infaillible de l'Eglise, et en la gloire des Saincts, etc.

La doctrine catholique ne peut partir d'aucune passion, puis que personne ne s'y range, sinon avec ceste condition, de captiver son intelligence sous l'authorité des vrais pasteurs.

Elle n'est point superbe, puisqu'elle apprend à ne se croire pas soy-mesme; mais à l'Eglise. Que diray-je de plus? Cognoissez, s'il vous playst, la voix de la colombe et la distinguez de celle du corbeau; ne voyez-vous pas ceste Espouse, qui n'a autre chose en bouche que le miel, et le laict sur sa langue, qui ne respire que la plus grande gloire de son Espoux, qui ne demande que son honneur et son obeyssance? Sus donc, Messieurs, voulez-vous estre mis comme pierres vivantes aux murailles de la celeste Hierusalem? Tirez-vous des mains de ces bastisseurs de fausses regles qui n'adjustent pas leurs conceptions à la foy, mais la foy à leurs conceptions; venez et vous presentez à l'Eglise, qui vous posera de bon cœur en ce celeste bastiment, où est la vraye regle et proportion

de la foy car jamais personne n'aura place là-haut, s'il n'a esté poly et mis en œuvre, sous la regle et l'equaire de l'Eglise d'icybas.

I. Accurate perpendenda est sententia quæ est Job. 8, unde manifeste colligitur, peccatores esse in Ecclesia.

II. Ex inimicis nos optima quæque cognoscere, et utilitatem capere persuadet. Psal. 118: Super inimicos nostros prudentem me fecisti. Deinde: Super omnes docentes me intellexi, ait Genebr., ita intelligi potest: Super inimicos, id est occasione inimicorum. vel ab, vel ex inimicis; itaque, cum prius sit prudentem fieri super inimicos, quam super senes, et docentes, recte sequitur, ab inimicorum schola nos uberiores scientiæ latices habere, quam ab docentibus.

III. Omnia sacrificia antiqua, erant veluti condimenta sacrificiorum cruentorum; sic Eucharistiæ sacramentum est veluti condimentum sacræ Crucis, eiquæ optima ratione adjunctum, Ecclesia mons est, hæresis vallis; descendunt enim hæretici ab Ecclesia non errante, ad errantem, a veritate ab umbram..... Ismael, significans Judaicam Synagogam (Gal. 4), tunc ejectus est, quando ludere voluit cum Isaac: ab Ecclesia Catholica quanto magis hæretici!

IV. Pulchrè congruit Ecclesiæ, adversus hæreticos, quod dixit Isaias, 5 Omne vas quod fictum est, in te non dirigetur, et omnem iniquitatem resistentem tibi in judicio judicabis; hæc est hæreditas servorum Domini, et justitia eorum apud me, dicit Dominus.

V. Concilia decreta de fide vocant Canones, quæ sunt regulæ.

VI. Pour l'unité d'un chef, il ne faut pas oublyer ce que dit sainct Cyprien, ep. 56, ad Cornel.: Nec ignoramus unum Deum esse, unum Christum esse Dominum, quem confessi sumus, unum Spiritum sanctum, unum Episcopum in Catholica Ecclesia esse debere. Dans l'epistre 45, il appelle l'Eglise de Rome, radicem et matricem Ecclesiæ Catholicæ.

VII. Optat. Milevit. 1. 2 contre les Donatistes: Negare non potes scire te, in urbe Roma, Petro primo Cathedram principalem esse collatam, in qua sederit, omnium Apostolorum caput Petrus, ut et Cephas dictus sit; in qua una Cathedra unitas ab omnibus servaretur, ne cæteri Apostoli singulas quisque sibi defenderent, ut jam schismaticus et peccator esset, qui contra singularem Cathedram alteram collocaret; ergo in Cathedra unica, quæ est prima de dotibus, sedit prior Petrus.

VIII. Il faudra commencer le chapitre des Conciles par les parolles de sainct Hierosme, epist. 63: Quamvis enim certa et irrefragabilis sit sedis Apostolica de fide definitio, attamen cum Apostolicæ sedis ministerio decreta vestræ fraternitatis irretractabili firmantur assensu, et totius Christiani orbis judicio recipiuntur, meritò prodiisse creduntur, ipsaque veritas et clarius renitescit, et fortius retinetur, dum quæ fides prius docuit, hæc postea examinatio confirmat, ut vere impius et sacrilegus sit, qui post tot sacerdotum sententiam, opinioni suæ aliquid tractandum reliquit. IX. Pour la benediction apostolique, qui se faysoit avec le signe de la croix, je treuve en la vie de sainct Hylarion, fol. 24: Resa

S. François. - 3

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lutatis omnibus, manuque eis benedicens. Pour l'intercession des saincts, il ne faut pas obmettre le mot de Luther, escrit au duc George de Saxe, anno 1526, apud Calzum: Initio rogabo propterea, et certissime impetrabo remissionem apud Dominum meum Jesum Christum, super omnibus, quæcumque illustrissima clementia vestra contra verbum ejus facit ac fecit. Je vous prie, si ce moyne, etc.

Mais encore, touschant la veneration des saincts, et du Pape, il ne faut pas oublyer ce qu'il dit au roy d'Angleterre, en une epistre, l'an 1525, qui est rapportée chez Cochlée, aux Actes de la 26° question His litteris prosterno me pedibus majestatis tuæ, quantum possum humillime. Pour ce qui regarde la corruption du sens de l'Escriture, il faut y mettre ceste observation de Pierre Martyr, In sua deffens. de Euch., part. 3, où, citant le 1re aux Cor., 10, il dit: Omnes eamdem_(nobiscum) escam spiritualem manducaverunt. Il adjouste ce nobiscum pour faire valoir son argument.

QUATRIESME PARTIE.

DE LA VERITÉ ET REALITÉ DES SACREMENS.

DISCOURS LXVIII.

PREFACE.

A Messieurs de la ville de Thonon.

Si les deux fautes fondamentales dans lesquelles, Messieurs, vos ministres vous ont conduicts, d'avoir abandonné l'Eglise et d'avoir violé toutes les vrayes regles de la religion chrestienne, vous rendent tout à fait inexcusables, c'est justement; car elles sont si grossieres, que vous ne pouvez pas les mescognoistre, et sont si importantes, que l'une des deux suffit pour vous faire perdre le vray Christianisme, puis que la foy hors de l'Eglise, et l'Église hors de la foy ne vous sçauroit sauver, non plus que l'œil hors de la teste, et la teste sans ceil, ne sçauroit voir la lumiere du jour. Celuy donc ou ceux qui ont entreprins de vous separer de l'unyon de l'Eglise, vous doivent estre suspects, et celuy qui mesprise si fort les sainctes regles de la foy, doit estre fuy et mesprisé de vous, quelle contenance qu'il tienne et quoy qu'il allegue. Mais, me direz-vous, ils protestent de ne rien prononcer, ny advancer, qui ne soit en la pure, simple et naïfve parolle de Dieu. Je respons que vous ne deviez pas croire si legerement; si vous eussiez esté bien advisez en vos affaires, vous eussiez recogneu que ce n'estoit pas la parolle de Dieu qu'ils vous produisoient, mais leurs propres conceptions voilées des mots de l'Escriture, et vous eussiez bien-tost remarqué que jamais un si riche habict ne fut fait pour couvrir un si vilain

corps, comme est celuy de l'heresie: car par supposition, persuadez-vous que jamais il n'y ayt eu d'Eglise, ny de Conciles, ny de pasteurs, ny de docteurs, ny des Apostres, et que l'Escriture ne contient autre chose que les livres qu'il playst à Calvin, à Beze et à Pierre Martyr de recevoir; supposons mesme qu'il ny ayt point de regle infaillible pour la bien entendre, et qu'elle soit à la mercy de celuy qui voudra maintenir qu'il peut luy seul interpreter l'Escriture par l'Escriture, et par analogie de la foy (comme qui voudroit entendre Aristote par Aristote et par l'analogie de la philosophie) advoüons tous seulement que ceste Escriture est divine. Ce poinct posé, je soustiens devant tout juge equitable, que sinon tous, au moins ceux d'entre vous qui avoient quelque cognoissance et suffisance en la doctrine, sont inexcusables, et ne sçauroient garantir leur religion de legereté et temerité. Et voicy où je vous reduy. Les ministres ne veulent nous combattre qu'avec l'Escriture, j'y consens; ils ne veulent de l'Escriture que la partie qui leur playst, je m'y accorde au bout de tout cela, je dy, que la creance de l'Eglise catholique l'emporte de tout poinct, parce qu'elle a plus de passages pour sa doctrine que l'opinion contraire, et ceux qu'elle produict sont plus clairs, plus purs, plus simples, plus raysonnables, et mieux interpretez; car ils concluent d'une maniere plus sortable à ce qu'elle establit : ce que je crois estre si certain, que chascun le peut sçavoir et cognoistre; mais de monstrer cecy par le menu, ce ne seroit jamais fait il suffira, ce me semble, de le monstrer en quelques principaux articles, et avec le secours de Dieu. C'est ce que je pretens faire en ceste partie, où j'attaqueray vos ministres sur les sacremens en general, et en particulier sur celuy de l'Eucharistie, de la Confession et du Maryage, sur l'honneur et invocation des Saincts; sur la convenance des ceremonies de la religion en general, et en particulier sur la puissance de l'Eglise; sur le merite des bonnes œuvres et la justification; et enfin sur le Purgatoire et les Indulgences. En tout cecy, je n'employeray que la simple et pure parolle de Dieu, avec laquelle je vous feray voir, comme par essay, vostre fausse doctrine, mais si à descouvert, qué vous aurez occasion de vous en repentir. Apres cela, je vous supplie que quand vous m'aurez veu combattre, et enfin surmonter l'ennemy, avec la seule Escriture, vous vous representiez par abondance de droict ceste grande et honnorable suitte de martyrs, prestres et docteurs, qui ont tesmoigné par leur doctrine, et au prix de leur propre sang, que la foy pour laquelle nous combattons sous leurs drapeaux, estoit la saincte, la pure et l'apostolique; et cecy sera comme une surcharge de victoires. Certes, quand nous nous treuverions dans le champ de bataille avec nos ennemys, par la seule Escriture, l'ancienneté, le consentement, et la saincteté de nos autheurs nous feroient tousjours triompher. Pour ayder mon dessein, j'adjusteray tousjours le sens et la consequence naïve des Escritures, je l'appliqueray aux regles de la foy que j'ay produittes en la precedente partie, quoy que mon but principal ne soit autre que de vous faire essayer et cognoistre la vanité de vos ministres, qui ne cessant de crier: La saincte Escriture, la saincte Escriture, ne font rien plus que de violer les plus solides et asseurées sen

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