Oldalképek
PDF
ePub

gens de bien, sainct Ignace, disciple des Apostres, Epist. ad Mariam proselyt. Cum esses, dit-il, Romæ, apud papam Linum'. Jà de ce tems-là il y avoit des Papistes, et de quelle sorte!

Nous l'appellons Sa Saincteté, et nous treuvons que sainct Hierosme (ad. Damas.) l'appelloit desjà en ceste façon : Obtestor Beatitudinem tuam per Crucifixum; et: Ego nullum nisi Christum sequens, Beatitudini tuæ, id est, Cathedræ Petri, communione consocior. Nous l'appellons Sainct Pere, mais vous avez veu que sainct Hierosme appelle ainsi Augustin.

Au reste, ceux qui, expliquant le 2e chap. de la 2e aux Thessales, pour vous faire croire que le pape est Antechrist, vous auroient dit qu'il se fait appeller Dieu en terre, ou Fils de Dieu, sont les plus grands menteurs du monde; car tant s'en faut que les papes prennent aucun tiltre ambitieux, que dés le tems de sainct Gregoire (Joan. Diac. Vita. S. Greg. l. 2, c. 1), ils se sont pour le plus appellez serviteurs des Serviteurs de Dieu. Certes, ils ne se sont oncques appellez de la façon, sinon au prix ordinaire, comme chascun le peut estre s'il garde les commandemens de Dieu, selon le pouvoir concedé iis qui credunt in nomine ejus. Bien s'appeller autant vaut-il enfans du diable, ceux qui mentent si puamment, comme font vos ministres.

:

DISCOURS XL.

Combien d'estat on doit faire de l'authorité du Pape.

E n'est pour vray pas sans mystere que souvent, en l'Evangile, Coù il est question que le general des Apostres parle, S. Pierre seul parle pour tous. En S. Jean, ce fut luy qui dit pour tous : Domine, ad quem ibimus? verba vitæ, æternæ habes, et nos credimus et cognovimus quia tu es Christus Filius Dei (Joan. 6). Ce fut luy en S. Matthieu qui, au nom de tous, fit comme chef ceste noble confession: Tu es Christus Filii Dei vivi (Matth. 16), et demanda pour tous: Ecce nos reliquimus omnia (Matth. 19). En S. Luc Domine, ad nos dicis hanc parabolam, an et ad omnes (Luc. 12)? C'est l'ordinaire que le chef parle pour tout le corps, et ce que le chef dit, on le tient dit pour tout le reste. Ne voyezvous pas qu'en l'eslection de S. Mathias, c'est lui seul qui presente et determine?.. Les Juifs demanderent à tous les Apostres : Quid faciemus, viri fratres (Act. 2). Pierre seul respond pour tous: Pœnitentiam agite. Et c'est à ceste rayson que S. Chrysostome (Homil, 55 in Matth.) et Origene (Homil. 1 in Divers.), l'ont appellé os et vertice Apostolorum, comme nous avons veu cy-dessus, parce qu'il souloit parler pour tous les apostres, et le mesme S. Chrysostome l'appelle os Christi, par ce que ce qu'il dit pour toute l'Eglise et à toute l'Eglise, comme chef et pasteur, ce n'est pas tant parolle humaine, que de Nostre Seigneur : Amen dico vobis, qui accipit si quem misero, me accipit (Joan. 13). Donc, ce qu'il disoit et determinoit ne pouvoit estre faux. Et de vray, si le confirmateur fust

[blocks in formation]

tombé, tout le reste fust-il pas tombé? Si le confirmateur tombe ou chancelle, qui le confirmera? Si le confirmateur n'est pas ferme et stable, quand les autres s'affoibliront, qui les affirmera? Car il est escrit Si l'aveugle conduit l'aveugle, ils tomberont tous deux en la fosse. Si l'instable, et le foible veut soustenir et rasseurer le foible, ils donneront tous deux en terre; si que, Nostre Seigneur donnant l'authorité et commandement à S. Pierre de confirmer les autres, il luy a quand et quand donné le pouvoir et les moyens de ce faire, autrement pour neant, luy eust-il commandé choses impossibles. Ór, les moyens necessaires pour confirmer les autres, et rasseurer les foibles, c'est de n'estre point subjet à la foiblesse soymesme, mais d'estre solide et ferme comme une vraye pierre, et un rocher. Tel estoit S. Pierre, en tant que pasteur general et gouverneur de l'Eglise.

Ainsi, quand S. Pierre fut mis au fondement de l'Eglise et que l'Eglise fut asseurée que les portes de l'enfer ne prevaudroient point contre elle, ne fust-ce pas assez dire que S. Pierre, comme pierre fondamentale du gouvernement et administration ecclesiastique, ne pouvoit se froisser et rompre par l'infidellité, ou erreur, ce qui est la principale porte d'enfer? car qui ne sçayt que, si le fondement renverse, si l'on y peut porter la sappe, que tout l'edifice renversera? De mesme, si le pasteur supresme ministerial peut conduire les brebis és paturages veneneux, on voit clairement que le parc est pour bien-tost estre perdu. Car, si le supresme pasteur ministerial conduict à mal, qui le redressera? s'il s'esgare, qui le rameinera?

A la verité, il faut que nous ayons à le suivre simplement, non à le guider; autrement les brebis seroient pasteurs. Et de fait, l'Eglise ne peut pas tousjours estre ramassée en un Concile general, et les trois premieres centaines d'années il ne s'en fit point. És difficultez doncques qui survienneut journellement, à qui se pourroiton mieux addresser, de qui pourroit-on prendre loy plus asseurée, regle plus certaine, que du chef general et du vicaire de Nostre Seigneur? Or, tout cecy n'a pas eu seulement lieu en sainct Pierre, mais en ses successeurs; car, la cause demeurant, l'effect demeuré encore. L'Eglise a tousjours besoin d'un confirmateur infaillible auquel on puisse s'addresser, d'un fondement que les portes d'enfer, et principalement l'erreur ne puisse renverser, et que son pasteur ne puisse conduire à l'erreur ses enfans. Les successeurs doncques de S. Pierre, ont tous ces mesmes privileges, qui ne suivent pas la personne, mais la dignité et la charge publique. S. Bernard (De Const., 1. 1, c. 8), appelle le pape un autre Moyse en authorité. Or, combien grande fut l'authorité de Moyse, il n'y a personne qui l'ignore; car il s'assit et jugea de tous les differends qui estoient parmy le peuple, et de toutes les difficultez qui survenoient au service de Dieu (Exod. 18). Il constitua des juges pour les affaires de peu d'importance; mais les grands doubtes estoient reservez à sa cognoissance. Si Dieu veut parler au peuple, c'est par sa bouche et par son entremise. Ainsi donc, le supresme pasteur de l'Eglise nous est juge competent et suffisant en toutes nos plus grandes difficultez; autrement nous serions de pire condition que cest ancien

peuple, qui avoit un tribunal auquel il pouvoit s'addresser pour la resolution de ses doubtes, specialement en matiere de religion. Que si quelqu'un veut respondre que Moyse n'estoit pas prestre ny pasteur ecclesiastique, je le renvoyeray à ce que j'en ay dit cydessus. Car ce seroit estre ennuyeux de faire ces repetitions.

Au Deuterorome, 17: Facies quodcumque dixerint qui præsunt loco quem elegerit Dominus, et docuerint te juxta legem ejus, sequerisque sententiam eorum, nec declinabis ad dexteram, nec ad sinistram. Qui autem superbierit, nolens obedire Sacerdotis imperio, Judicis sententia moriatur. Que dira-t-on icy? Qu'il falloit subir le jugement du Souverain Pontife? qu'on estoit obligé de suivre le jugement qui estoit jouxte la loy, non l'autre ? Ouy; mais en cela il falloit suivre la sentence du prestre, autrement, si on ne l'eust pas suivie, ains examinée, eust esté pour neant qu'on fust allé à luy, et la difficulté et ambiguité n'eust jamais esté resoluě parmy les opiniastres. Donc, il est simplement dit : Qui autem superbierit, nolens obedire Sacerdotis imperio, Judicis sententia moriamtur. Et en Malachie, 2 : Labia Sacerdotis custodient scientiam, et legem requirent ex ore ejus; dont il s'ensuit que chascun ne pouvoit pas se resoudre és poinct de la religion, ny produire la loy à sa phantaysie, mais selon la proposition du Pontife. Que si Dieu a eu une si grande prevoyance à la religion et tranquillité de conscience des Juifs, que de leur establir un juge souverain à la sentence duquel ils devoient acquiescer, il ne faut pas doubter qu'il ne nous ayt pourveu au Christianisme d'un pasteur qui ayt ceste mesme authorité, pour nous lever les doubtes et scrupules qui pourroient survenir sur les desclarations des Escritures.

Que si le grand-prestre portoit le rational du jugement en la poictrine où estoit le Urim, et Thumimim (Exod. 28), doctrine et verité, comme interpretent les uns, ou les illuminations et perfections, comme disent les autres, qui n'est presque qu'une chose, puisque la perfection consiste en verité, et la doctrine n'est qu'illu mination, penserons-nous que le grand-prestre de la loy nouvelle n'en ayt pas encore les effects? A la verité, tout ce qui fut concedé de bon à l'ancienne Eglise, et à la chambriere Agar, aura esté donné en beaucoup meilleure façon à Sara, et à l'Espouse. Nostre grand-prestre doncques a encore le Urim et Thumimim en sa poictrine.

DISCOURS XLI.

Preuve de l'excellence de la dignité de sainct Pierre, par l'ordre avec lequel les Evangelistes nomment les Apostres.

'EST chose bien digne de consideration en ce fait que jamais les Evangélistes ne nomment ou tous les Apostres, ou une partie d'iceux ensemble, qu'ils ne mettent tousjours sainct Pierre en haut bout, toujours en teste de la troupe. Ce qu'on ne sçauroit penser estre fait à cas fortuit; car c'est une observation perpetuelle entre les Evangelistes, et ce ne sont pas quatre ou cinq fois qu'ils sont nommez ainsi ensemble, mais tres-souvent. Et d'ailleurs és autres Apostres, ils n'observent point d'ordre.

Duodecim Apostolorum nomina hæc sunt, dit saint Matthieu, 10. Primus Simon qui dicitur Petrus, et Andreas frater ejus, Philip. et Barth., Thom. et Matthæus Publicanus, Jacobus Alphæi, et Thaddeus, Simon Chananæus et Judas Iscariotes. Il nomme sainct André le 2e, sainct Marc (3) le nomme le 4e; et pour mieux monstrer qu'il n'importe, sainct Luc (6), qui l'a mis en un lieu le 2e, le met en l'autre le 4o; sainct Matthieu met sainct Jean le 4e; sainct Marc le met le 3; sainct Luc en un lieu 4o, en un autre le 2e; sainct Matthieu met sainct Jacques 3e, sainct Marc le met 2°; bref, il n'y a que sainct Philippe, sainct Jacques Alphæi, et Judas qui ne soyent tantost plus haut, tantost plus bas..... Quand les Evangelistes nomment tous les Ápostres ensemble ailleurs, il n'y a du tout point d'observation si non en sainct Pierre, qui va devant partout. Or sus, imaginons-nous que nous voyons és champs, és rues et assemblées ce que nous lisons és Evangiles, et de vray il est encore plus certain que si nous l'avions veu, quand nous verrions par tout sainct Pierre le premier et tout le reste pesle mesle, ne jugerions-nous pas que les autres sont esgaux, et compaignons, et sainct Pierre le chef, et capitaine?

Mais oultre cela, bien souvent, quand les Evangelistes parlent de la Compaignie apostolique, ils ne nomment que Pierre, et mettent les autres en compte par accessoire et suitte: Prosecutus est eum Simon, et qui cum illo erant. Petrus vero et qui cum illo erant gravati erant somno (Marc 1; Luc. 9); Vous sçaurez bien que nommer une personne et mettre les autres en un bloc avec luy, c'est le rendre le plus apparent et les autres ses inferieurs.

Bien souvent encore on le nomme à part des autres, comme l'ange : Dicite discipulis ejus et Petro (Marc. 16); Stans autem Petrus cum undecim... dixerunt ad Petrum et ad reliquos Apostolos (Act. 2); Respondens autem Petrus et Apostoli dixerunt (Act. 5); Numquid non habemus potestatem sororem mulierem circumducendi, Apostoli, et fratres Domini sicut et cæteri et Cephas.

Qu'est cecy à dire. Dicite discipulis ejus et Petro? Pierre estoitil pas apostre? ou il estoit moins ou plus que les autres, ou il estoit esgal. Jamais homme, s'il n'est du tout desesperé, ne dira qu'il fust moins. S'il est esgal et va à pair des autres, pourquoy le met-on à part? S'il n'y a rien en luy de particulier, pourquoy ne dit-on aussi bien: Dicite discipulis ejus et Andreæ ou Joannis? certes, il faut que ce soit quelque particuliere qualité qui soit en luy plus qu'és autres, et qu'il ne fut pas simple apostre. De maniere qu'ayant dit Dicite discipulis, ou : Sicut cæteri discipuli, on peut encore demeurer en doubte de sainct Pierre, comme plus qu'apostre et disciple. Seulement une fois en l'Escriture, sainct Pierre est nommé apres sainct Jacques: Jacobus, Cephas, et Joannes dextras dederunt societatis (Gal. 2); mais à la verité il y a trop d'occasion de doubter si en l'original et anciennement sainct Pierre estoit nommé le 1er ou le 2o, pour vouloir tirer aucune conclusion valable de ce seul lieu. Car sainct Augustin, sainct Ambroise, sainct Hierosme, tant au commentaire qu'au texte, ont escrit Pierre, Jacques, Jean; ce qu'ils n'eussent jamais fait, s'ils n'eussent treuvé en leurs exemplaires ce mesme ordre. Autant en a fait

sainct Chrysostome au Commentaire, ce qui monstre la diversité des exemplaires, qui rend la conclusion de part et d'autre doubteuse.

Mais, quand bien ceux que nous avons maintenant seroient originaires, on ne sçauroit que deduire de ce seul passage contre l'ordre de tant d'autres; car il se peut faire que sainct Paul tient l'ordre du tems auquel il a [receu la main d'association, ou que, sans s'amuser à l'ordre, il ayt escrit le premier qui luy revint.

Mais sainct Matthieu nous monstre clairement quel ordre il y avoit entre les Apostres, c'est à sçavoir, qu'il y en avoit un premier, tout le reste esgal sans 2e ny 3e. Primus, dit-il, Simon qui dicitur Petrus: il ne dit point 2us Andreas, 3us Jacobus; mais les va nommant simplement, pour vous faire cognoistre que pourveu que sainct Pierre fust premier, tout le reste estoit à mesme, et que entre eux il n'y avoit point de preseance. Primus, dit-il, Petrus et Andreas. D'icy est tiré le nom de primauté. Car s'il estoit primus, sa place estoit premiere, son rang premier, et ceste sienne qualité primauté.

On respond à cecy que si les Evangelistes ont nommé sainct Pierre le premier, ça esté parce qu'il estoit le plus advancé en aage entre les Apostres, ou pour quelques privileges, qui estoient entre eux. Mais qu'est cecy, je vous prie? dire que sainct Pierre fut le plus vieil de la troupe, c'est chercher à credit une excuse à l'opiniastreté. On void les raysons toutes claires en l'Escriture; mais parce qu'on est resolu de maintenir le contraire, on en va chercher avec l'imagination çà et là. Pourquoy dit-on que sainct Pierre fut le plus vieil, puisque c'est une pure phantaysie qui n'a point de fondement en l'Escriture (Epiphan.; Hæres. 51), et est contraire aux anciens? Que ne dit-on plutôt qu'il estoit celuy sur lequel Nostre Seigneur fondoit son Eglise auquel il avoit baillé les clefs du royaume des cieux, qui estoit, le confirmateur des freres? car tout cecy est de l'Escriture. Ce qu'on veut soustenir est soustenu : s'il a fondement en l'Escriture ou non, il n'importe; et quant aux autres privileges, qu'on me les cotte par ordre, on n'en treuvera point de particulier de sainct Pierre, que ceux qui le rendent chef de l'Eglise

DISCOURS XLII.

De quelques autres marques qui sont semées és Escritures
de la primauté de sainct Pierre.

I je voulois apporter icy tout ce qui s'en treuve, je ferois aussi grande ceste preuve que je veux faire toute ceste partie, et ne me cousteroit gueres. Car cest excellent theologien, Rob. Bellarmin, me mettroit beaucoup de choses en main. Mais surtout le docteur Nicolas Sander a traitté ce subjet si solidement et amplement, qu'il est mal-aysé d'en dire rien qu'il n'ayt dit et escrit, en ses livres de la Visible Monarchie. J'en presenteray quelques pieces. Si l'Eglise est comparée à un bastiment (Matth. 16; 1. Tim. 3), comme elle l'est, son rocher et son fondement ministerial en est sainct Pierre; si vous la dites semblable à une famille (Matth. 17), il

« ElőzőTovább »