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quas, sed assignasse omnes? Nihil excipitur, ubi distinguitur nihil. Et forte præsentes cæteri condiscipuli erant, cum committens uni, unitatem omnibus commendaret in uno grege, et uno pastore, secundum illud: Una est columba mea, formosa mea, perfecta mea (Can. 6). Ubi unitas, ibi perfectio.

Quand Nostre Seigneur disoit : Cognosco oves meas, il entendoit de toutes; quand il dit: Pasce oves, il entend encore de toutes. Et qu'est-ce autre chose dire: Pasce oves meas, que: Aye soing de mon bercail, de ma bergerie, ou de mon parc et troupeau? II est doncques totalement sous la charge de sainct Pierre. Mais s'il luy a dit: Repais mes brebis, ou il les recommandoit toutes, ou quelquesunes seulement; s'il n'en recommandoit que quelques-unes, et quelles, je vous prie? N'eut-ce pas esté ne luy en recommander point, de luy en recommander seulement quelques-unes, sans luy dire lesquelles, et luy donner en charge des brebis incogneues? si toutes, comme la parolle le porte, doncques il a esté le general pasteur de toute l'Eglise. Et la chose va bien ainsi sans doubte : c'est l'interpretation ordinaire des anciens, c'est l'execution de ses promesses. Mais il y a du mystere en ceste institution, que nostre sainct Bernard ne permet pas que j'oublye, jà que je l'ay prins pour guide en ce poinct. C'est que par trois fois Nostre Seigneur luy recharge de faire office de pasteur, luy disant : 1. Pasce agnos meos, 2. Oviculas, 3. Oves, non-seulement afin de rendre ceste institution plus solemnelle, mais pour monstrer qu'il luy donnoit en charge non-seulement les peuples, mais les pasteurs et Apostres mesmes qui, comme brebis, nourrissent les agneaux et les brebiettes, et leur sont meres.

Et ne fait rien contre ceste verité que sainct Paul et les autres Apostres ayent repeu beaucoup de peuples de la doctrine evangelique; car, estant tous sous la charge de sainct Pierre, ce qu'ils ont fait luy revient encore, comme la victoire au general, quoy que les · capitaines ayent combattu. Ny ce que sainct Paul receut la main d'association de sainct Pierre (Gal. 2); car ils estoient compaignons en la predication; mais sainct Pierre estoit plus grand en l'office pastoral. Et le chef appelle les soldats et capitaines compaignons. Ny ce que sainct Paul estoit l'Apostre des Gentils, et sainct Pierre des Juifs, parce que ce n'estoit pas pour diviser le gouvernement de l'Eglise, ny pour empescher l'un ou l'autre de convertir les Gentils et les Juifs indifferemment; mais pour leur assigner les quartiers où ils devoient principalement travailler à la predication, afin que, chascun attaquant de son costé l'impieté, le monde fust plustost remply du son de l'Evangile.

Ny ce que les Apostres ont fait des Diacres sans le commandement de sainct Pierre, és Actes des Apostres (Act. 6); car sainct Pierre y estant, authorizoit assez cest acte, oultre ce que nous ne nyons pas que les Apostres n'eussent pleyne administration en l'Eglise, sous l'authorité pastorale de sainct Pierre.

Ny ce que les Apostres envoyerent Pierre et Jean en Samarie (Act. 8), car le peuple envoya bien Phinees, grand-prestre et superieur, aux enfans de Ruben et Gad; et le centurion envoya les senieurs et principaux des Juifs qu'il estimoit plus que luy-mesme,

et sainct Pierre se treuvant au conseil luy-mesme y consentit et authoriza sa mission propre (Luc. 7).

Ny ce qu'il semble qu'il ne cogneut pas que les Gentils deussent appartenir à la bergerie de Nostre Seigneur qui luy estoit commise. Car ce qu'il dit au bon Cornelius (Act. 10): In veritate comperi quia non est personarum acceptor Deus; sed in omni gente qui timet eum, et operatur justitiam, acceptus est illi, n'est pas autre chose que ce qu'il avoit dit auparavant (Act. 2): Omnis quicumque invocaverit nomen Domini salvus erit; et la prediction qu'il avoit expliquée: in semine tuo benedicentur omnes familia terræ. Mais il n'estoit pas asseuré du tems auquel il falloit commencer la reduction des Gentils, suivant la saincte parolle du Maistre (Act. 1): Eritis mihi testes in Hierusalem, et in omni Judæa et Samaria, et usque ad ultimum terræ; et celle de sainct Paul (Act. 13) Vobis quidem oportebat loqui verbum Dei, sed quoniam repellitis, ecce convertimur ad Gentes, mesme que Nostre Seigneur avoit desjà ouvert le sens des Apostres à l'intelligence de l'Escriture, quand il leur dit (Luc. 24), Quia oportebat prædicari in nomine ejus pænitentiam et remissionem peccatorum in omnes Gentes, incipientibus ab Hierosolyma.

Ny enfin ce qu'on fait sonner si haut que sainct Paul a reprins en face sainct Pierre (Gal. 2). Car chascun scayt qu'il est permis au moindre de reprendre le plus grand, et de l'admonester, quand la charité le requiert, tesmoin nostre sainct Bernard en ses livres de la Consideration, et sur ce propos le grand sainct Gregoire (In Ezech. Hom. 8), dit ces parolles toutes dorées: Factus est sequens minoris sui, ut in habitu præiret, quatenus qui primus erat in Apostolatus culmine, esset primus in humilitate '

DISCOURS XXXIV.

De la troisiesme promesse faite à sainct Pierre.

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AUQUEL UQUEL des autres fut-il jamais dit: Ego rogavi pro te, Petre, ut non deficiat fides tua, et tu aliquando conversus confirma fratres tuos? Certes, ce sont deux privileges de grande consequence que ceux icy. Nostre Seigneur, qui devoit maintenir la foy en son Eglise, n'a point prié pour la foy d'aucun des autres en particulier, mais seulement de sainct Pierre comme chef. Car quelle rayson penserions-nous en ceste prerogative? Expetivit vos, tous tant que vous estes; Ego autem rogavi pro te, Petre: n'est-ce pas le mettre luy tout seul en compte pour tous, comme chef et conducteur de toute la troupe? Mais qui ne void combien ce lieu est preignant à ceste intention? Regardons ce qui precede, et nous y treuverons que Nostre Seigneur avoit desclaré à ses Apostres qu'il y en avoit un entre eux plus grand que les autres: Qui major est inter vos, et qui

Ajoutez qu'il n'est pas sûr que saint Pierre ait été repris par saint Paul : celui qui fut repris est Cephas, mais il y avait un Cephas parmi les disciples, et plusieurs Pères admettent que c'est de ce disciple que saint Paul entend parler. - Voy. Analect. Juris. Pontif., livrais. 64. (N. E.)

Præcessor (Luc. 22); et tout d'un train Nostre Seigneur luy va dire que l'adversaire cherchoit de les cribler tous tant qu'ils estoient, et neantmoins qu'il avoit prié pour luy en particulier, afin que sa foy ne manquast. Je vous prie, ceste grace si particuliere, et qui ne fut pas commune aux autres, tesmoin sainct Thomas, ne monstret-elle pas que sainct Pierre estoit celuy-là qui major erat inter eos? Tous sont tentez, et l'on ne prie que pour l'un. Mais les parolles suivantes rendent tout cecy tres-evident. Car quelque protestant pourroit dire qu'il a prié pour sainct Pierre en particulier pour quelque autre respect que l'on peut imaginer (car l'imagination fournit tousjours assez d'appuy à l'opiniastreté), non parce qu'il fut chef des autres, et que la foy des autres fut maintenue en leur Pasteur. Au contraire, Messieurs, c'est afin que aliquando conversus confirmet fratres suos. Il prie pour sainct Pierre comme pour le confirmateur et l'appuy des autres. Et cecy, qu'est-ce, que le desclarer chef des autres? On ne sçauroit donner à la verité commandement à sainct Pierre de confirmer les Apostres, qu'on ne le chargeast d'avoir soing d'eux. Car, comme pourroit-il mettre ce commandement en fait, sans prendre garde à la foiblesse ou fermeté des autres, pour les affermir et rasseurer? N'est-ce pas le redire encore une fois fondement de l'Eglise? S'il appuye, rasseure, affermit, on confirme les pierres mesme fondamentales, comme n'affermira-t-il tout le reste? S'il a charge de soustenir les colomnes de l'Eglise, comme ne soustiendra-t-il tout le reste du bastiment? S'il a charge de repaistre les pasteurs, ne sera-t-il pas souverain Pasteur luy-mesme? Le jardinier qui void les ardeurs du soleil continuelles sur une jeune plante, pour la preserver de l'asseichemeut qui la menace, ne porte de l'eau sur chaque branche, mais, ayant bien trempé la racine, croit que tout le reste est en asseurance, parce que la racine va dispersant l'humeur à tout le reste de la plante. Aussi Nostre Seigneur, ayant planté ceste saincte assemblée des Disciples, pria pour le chef et la racine, afin que l'eau de la foy ne manquast point à celuy qui devoit en assaysonner tout le reste, et que, par l'entremise du chef, la foy fust tousjours conservée en l'Eglise. Il prie doncques pour sainct Pierre en particulier, mais au profict et utilité generale de toute l'Eglise.

Mais il faut, avant que fermer ce propos, que je vous die que S. Pierre ne perdit pas la foy, quand il nya Nostre Seigneur, mais la crainte luy fit desadvoüer ce qu'il croyoit. C'est-à-dire, il ne s'oublya pas en la foy, mais en la confession de la foy, et ne confessoit pas če qu'il croyoit.

I

DISCOURS XXXV.

Sainct Pierre est le pere des chrestiens, et neantmoins il est serviteur en l'Eglise de Dieu.

faut enfin supposer ce que nous avons dit, qu'il faut un serviteur, un dispensateur general, un gouverneur et un major-dome en la mayson de Nostre Seigneur. C'est pour cela mesme que sainct Pierre se peut glorifier de ces parolles: O Domine! ego servus tuus; non-seulement servus, mais il est serviteur doublement, quia qui

benè præsunt, duplici honore digni sunt; non simplement serviteur, mais encore le fils de l'Eglise, qui est la servante de JesusChrist: Et filius ancillæ tuæ. Quand un seigneur a quelque serviteur de grand merite, c'est à celuy-là que le maistre se confie davantage; il luy remet volontiers les clefs de sa mayson : ainsi c'est avec rayson qu'on introduict sainct Pierre, disant ces parolles : O Domine, quia ego servus tuus; car il est le bon et fidelle, à qui, comme à un serviteur d'elite, le Maistre souverain a remis les clefs de son Eglise Et tibi dabo claves, etc.

Sainct Luc nous monstre bien que sainct Pierre est ce serviteur; car, apres avoir raconté que Nostre Seigneur avoit dit par advertissement à ses disciples: Beati servi quos, cum venerit Dominus, invenerit vigilantes: amen dico vobis, quod præcinget se, et faciet illos discumbere, et transiens ministrabit illis (Luc. 12); sainct Pierre seul interrogea icy Nostre Seigneur : Ad nos dicis hanc parabolam, an et ad omnes? Nostre Seigneur respondant à sainct Pierre ne dit pas Quinam putas erunt fideles, comme il avoit dit: Beati servi; mais: Quis putas est fidelis et prudens dispensator, quem constituit Dominus supra familiam suam, ut det illis in tempore tritici mensuram? Et de fait, Theophilacte nous apprend icy que sainct Pierre fit ceste demande, comme ayant la supresme charge de l'Eglise ; et sainct Ambroise (livre VII, sur sainct Luc) dit que les premieres parolles, Beati, s'entendent de tous; mais les secondes, Quis putas? s'entendent des evesques, et beaucoup plus proprement du souverain pontife, qui est Nostre Seigneur, selon sainct Paul, qui respond à sainct Pierre, comme voulant dire Ce que j'ay dit en general appartient à tous, mais à toy particulierement, car qui penses-tu estre, sinon le serviteur prudent et fidelle? Et de vray, si nous voulons un peu esplucher ceste parabolle, qui peut estre le serviteur qui doit donner le pain, sinon sainct Pierre, auquel charge de nourrir les autres a esté donnée? Pasce oves meas.

:

Quand le maistre de la mayson va dehors, il a coustume de donner les clefs au major-dome et œconome; et je vous prie, n'est-ce pas à sainct Pierre auquel Nostre Seigneur a dit: Tibi dabo claves regni cælorum? En l'absence du maistre principal, tout se rapporte au gouverneur, et le reste des officiers s'appuye sur luy, quant à l'autorité, comme tout l'edifice sur le fondement: ainsi sainct Pierre est appellé la pierre sur laquelle l'Eglise est fondée. Voylà le pere de famille et le pere des peres; voylà la pierre de l'authorité. Tu es Cephas, et super hanc petram. Or est-il que Cephas veut dire en syriaque une pierre, aussi bien qu'en hebrieu; mais l'interprete latin a dit Petrus pour ce qu'en grec il y a IIérpos qui veut aussi bien dire Pierre, comme Petra. Nostre Seigneur (Matth. 7), nous enseigne que l'homme sage fait sa mayson et la fonde sur le rocher, supra petram. En quoy le diable, pere du mensonge, et singe dé Nostre Seigneur, a voulu faire une certaine imitation en fondant sa mal-heureuse heresie, principalement dans un diocese de sainct Pierre', et dans une Rochelle.

La cathedrale de Geneve estoit dediée à sainct Pierre.

De plus, Nostre Seigneur demande en son Eglise, que le serviteur soit prudent et fidelle. Sainct Pierre a possedé par privilege ces deux conditions; car la prudence ne luy a peu manquer, puisque ny la chair, ny le sang ne le gouvernoient point, mais la revelation du Pere celeste. La fidellité non plus ne luy pouvoit faillir, puisque Nostre Seigneur asseure: Petre, rogavi pro te, ut non deficiat fides tua. Et il faut croire qu'en cecy Jesus-Christ exauditus est pro sua reverentiâ, dequoy il donne un bon tesmoignage, quand il adjouste: Et tu aliquandò conversus, confirma fratres tuos, comme s'il vouloit dire J'ay prié pour toy, afin que tu sois le confirmateur des autres; mais pour les autres, je n'ay prié sinon en intention qu'ils eussent un refuge asseuré en toy. De tout cecy, nous devons inferer que, puisqu'il falloit que Nostre Seigneur abandonnast un jour son Eglise de sa presence corporelle et visible, il devoit au moins luy commettre un lieutenant et un vicaire general visible; celuy-cy est sainct Pierre, qui a le privilege de dire : 0 Domine! quia ego servus tuus. Vous me direz peut-estre que Nostre Seigneur n'est pas mort, qu'il est tousjours avec son Eglise, et l'ayde en tout et partout de sa faveur; pourquoy donc inutilement luy donner un vicaire? Je vous respons que n'estant pas mort effectivement, mais vivant dans le ciel, il n'a pas besoin de successeur, mais seulement d'un vicaire; et, bien loin de nyer qu'il assiste vrayement son Eglise en tout et par tout de ses faveurs invisibles, j'adjouste, qu'afin de ne faire pas un corps visible sans un chef visible, il a voulu encore l'assister doublement en la personne d'un lieutenant visible, par le moyen duquel, oultre les faveurs invisibles, il conduict continuellement son Église d'une maniere convenable à la suavité de sa disposition. Vous me direz encore qu'il n'y a point d'autre fondement que Nostre Seigneur, en l'Eglise: Fundamentum aliud nemo potest ponere, præter id quod positum est, quod est Christus Jesus. Je vous accorde que tant l'Eglise militante, que la triomphante, sont appuyées et fondées sur Nostre Seigneur, comme sur le fondement principal; mais Isaye nous a predit qu'en l'Eglise d'icy-bas on devoit avoir deux fondemens; c'est au chapitre 28: Ecce ego mittam in fundamentis Sion lapidem probatum, angularem, pretiosum, in fundamento fundatum. Je sçay bien qu'un grand personnage l'explique autrement; mais il me semble que ce passage d'Isaye se doit directement interpreter, sans sortir du chapitre 16 de sainct Matthieu en l'Evangile d'aujourd'huy. Là Isaye, se plaignant des Juifs et de leurs prestres, et parlant en la personne de Nostre Seigneur, de ce qu'ils ne voudroient pas croire: Manda, remanda, expecta, reexpecta, et le reste qui s'ensuit; puis il adjouste: Idcircò, hæc dixit Dominus; Et partant le Seigneur a dit: Ecce ego mittam in fundamentis Sion lapidem. Il dit: In fundamentis, pour signifier que, quoyque les autres apostres fussent fondemens de l'Eglise : Et murus civitatis, dit l'Apocalypse, habens fundamenta duodecim, et in eis duodecim nomina, duodecim apostolorum agni; et autre part: Fundati super fundamenta prophetarum et apostolorum, ipso summo angulari lapide Christo Jesu; et le Psalmiste: Fundamenta ejus in montibus sanctis: mais entre tous, s'il y en a un,

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