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choses en vrai philosophe, prendre un ion grave et sérieux, lancer des traits vifs et piquans contre les défauts, les vices des hommes, et les tracer avec des couleurs mâles et vigoureuses.

milière.

L'épître qu'on nomme familière doit Epitre faavoir un air de négligence et de liberté: c'est ce qui la caractérise. Elle ne souffre point d'ornemens recherchés. Une élégante simplicité, une plaisanterie aimable, un badinage léger, de la vivacité des saillies, des traits d'esprit, mais qui paroissent n'avoir rien coûté, voilà ce qui doit en faire le plus bel agrément. Elle admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grace.

Quand on loue dans ces sortes d'épîtres, il ne faut jamais s'élever au-dessus du ton qui leur est propre. La louange, sans avoir rien d'étudié, rien de pompeux, doit y être employée avec finesse et comme sans prétention. Voyez avec quelle noble aisance, avec quelle familiarité décente et respectueuse Voltaire loue le roi de Prusse. Il feint que les Parques ayant entendu parler de ses exploits, l'avoient cru le plus vieux des monarques, et continue ainsi :

Alors des rives du Cocyte,
A Berlin vous rendant visite,

Atropos vint avec le Temps,
Croyant trouver des cheveux blanes,
Front ridé, face décrépite,

Et discours de quatre-vingts ans.
Que l'inhumaine fut trompée!
Elle apperçut de blonds cheveux,
Un teint fleuri, de grands yeux bleus,
Et votre flute et votre épée.
Elle songea, pour mon bonheur,
Qu'Orphée autrefois par sa lyre,
Et qu'Alcide par sa valeur,
La bravèrent dans son empire.
Elle trembla, quand elle vit
Le monarque qui réunit

Les dons d'Orphée et ceux d'Alcide:
Doublement elle vous craignit,
Et jetant son ciseau perfide,
Chez ses sœurs elle s'en alla;
Et pour vous le trio fila
Une trame toute nouvelle,
Brillante, dorée, immortelle,
Et la même que pour Louis;
Car vous êtes tous deux amis :
Tous deux vous forcez des murailles,
Tous deux vous gagnez des batailles
Contre les mêmes ennemis ;

Vous régnez sur des cœurs soumis,

L'un à Berlin, l'autre à Versailles, etc.

Voyez encore si dans une épître familière, le militaire français peut être mieux peint et mieux loué qu'il ne l'a été dans celle-ci du même auteur: elle est intitulée: Au camp devant Philipsbourg, le 3 juillet 1734.

C'est ici que l'on dort sans lit,
Et qu'on prend ses repas par terre :
Je vois et j'entends l'atmosphère
Qui s'embrase et qui retentit
De cent décharges de tonnerre ;
Et dans ces horreurs de la guerre,
Le Français chante, boit, et rit,

Bellone

Bellone va réduire en cendres
Les courtines de Philisbourg,
Par cinquante mille Alexandres
Payés à quatre sous par jour.
Je les vois, prodiguant leur vie,
Chercher ces combats meurtriers,
Couverts de fange et de lauriers,
Et pleins d'honneur et de folie.
Je vois briller au milieu d'eux
Ce fantôme nommé la Gloire,
A l'oeil superbe, au front poudreux,
Portant au cou cravate noire,
Ayant sa trompette en sa main,
Sonnant la charge et la victoire,
Et chantant quelques airs à boire,
Dont ils répètent le refrain.
O nation brillante et vaine!
Illustres fous, peuple charmant,
Que la gloire à son char entraîne
Il est beau d'affronter gaîment
Le trépas et le prince Eugène f

Je n'ai cité tous ces différens exemples, que pour faire voir d'une manière plus sensible les différens genres que l'épître embrasse, et les divers tons de style qu'elle peut prendre. Elle est quelquefois mêlée de prose; et alors elle doit avoir entièrement le caractère d'une lettre ordinaire. On peut cependant y mettre plus de finesse et de délicatesse; mais point de fictions sérieuses, point de peintures magnifiques, point d'idées et de sentimens trop relevés.

? res.

Horace, né à Venuse dans le royaume Poètes de Naples, l'an 63 avant Jésus-Christ, épistolaiest parmi les poètes latins, celui qui nous a laissé les meilleurs modèles pour l'épître philosophique. Il a eu plusieurs

De l'Hé

roide.

traducteurs, dont le plus estimé est le P. Sanadon, jésuite.

Parmi nous, ce sont Boileau, Rousseau, et Voltaire dans la plupart de ses discours philosophiques. Pour le genre gracieux et le familier, nous en avons une foule en notre langue. Les principaux sont Chapelle, Pavillon, Voltaire, Desmahis, Gresset, le C. de B***, etc. Je ne parle point de Chaulieu, dont la morale toute en sentiment est celle d'Epi

Cure.

L'héroïde est une épître en grands vers, dans laquelle on fait parler des héros, des héroïnes, ou quelque personnage célèbre, àité d'une passion, qui le plus souvent est l'amour. Le poète doit, dans les premiers vers, exposer en peu de mots la situation du personnage, et les motifs qui le font parler. Les récits sont déplacés dans ces sortes d'épîtres, à moins qu'ils ne fassent la plus grande partie de l'intérêt, et qu'ils n'offrent des tableaux touchans et pathétiques. Tout doit y être animé de la chaleur du sentiment.

Ovide est le premier qui ait fait des héroïdes, qu'on ne peut guère prendre pour modèles. Ce poète ingénieux, mais peu sensible, cherche trop à briller par les graces du bel-esprit et le faste des ornemens. Je n'en connois pas d'autre traduction que celle de Martignac, qui a traduit tous les ouvrages de ce poète.

On a cultivé depuis peu parmi nous ce genre de poésie. Colardeau est celui qui a le mieux réussi dans son épître d'Héloïse à Abailard.

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L'odieux que peut avoir la satyre, et qu'elle n'a que trop souvent, n'est point dans la nature de ce genre de poésie. Il n'est précisément que dans l'abus qu'on en fait, dans l'excès de licence qu'on s'y donne. Renfermée dans ses justes bornes, la satyre ne peut qu'ètre infiniment utile à la société civile et à la république des lettres.

Elle senle bravant l'orgueil et l'injustice,
Va jusques sous le dais faire pâlir le vice,
Et souvent, sans rien craindre, à l'aide d'un bon mot,
Va venger la raison des attentats d'un sot (1).

Voilà son but, son véritable objet, les
grands avantages dont elle peut à bon
droit se glorifier.

la Satyre.

La satyre est donc un discours en Définition vers, dans lequel on attaque directe- et style de ment les vices des hommes, et où l'on critique de même les mauvais ouvrages. Le poète peut le faire sur un ton sé

(1) Boileau. Satyre IX.

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