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coloris du style; celles du second par la douceur de la poésie, et l'expression fidèle du sentiment.

Gessner, poète allemand, a fait des idylles, que Huber a traduites en français. Elles offrent les plus rians tableaux de la vie champêtre : le ton en est simple et naïf: c'est par-tout le langage de la nature. Le sentiment y est peint avee tout le charme, et toutes les graces imaginables.

ARTICLE III.

De l'Épitre.

Le seul nom d'Épitre dit assez que ce petit poème n'est autre chose qu'une lettre écrite en vers. Il n'est point de genre de poésie plus libre dans le choix des sujets, et dans celui des tons de style. Matière On peut y traiter de la morale, de la litde l'Epi- térature, des grandes passions, s'y livrer à des sentimens doux et affectueux, peindre les mœurs et les ridicules, plaisanter, disserter, louer, blâmer, raconter, en prenant le ton qui convient à chaque sujet, et en employant la mesure de vers la plus propre et la plus agréable. Boileau a décrit en vers héroïques le passage du Rhin: il a fait les peintures les plus gracieuses des douceurs de la paix et des agrémens de la campagne à

l'imitation d'Horace, il a développé, dans un style noble et plein de dignité, les lois de la morale et du goût. J. B. Rousseau a manié habilement les armes de la dialectique, dans son Épître contre les impies et les libertins. Mille autres poètes ont embelli du coloris de l'imagination, ou des graces du sentiment, les choses les plus simples, et les événemens les plus communs. Il n'est presque point d'objets qui ne puissent servir de matière à l'épître. Elle peut s'élever jusqu'au style sublime, et descendre jusqu'au familier.

phique.

Les épîtres qu'on nomme Philoso- Epitre phiques, parce que la morale, la litté- philos rature ou quelque grande passion en sont le sujet, doivent se faire distinguer par la justesse et la profondeur du raisonnement. Il faut que les pensées toujours vraies, solides et lumineuses, y soient bien enchaînées, et s'y succèdent avec rapidité. Ce seroit une erreur de croire qu'il suffit au poète d'effleurer les choses: il doit les creuser et les approfondir. Il s'appliquera sur tout à corriger par un sens droit la trop grande vivacité de son imagination: jamais l'enthousiasme et le feu de la poésie ne doivent nuire à la progression méthodique des idées, et à la marche régulière de la raison. Boileau a excellé dans ce genre d'épîtres tout y est plein, exact, sagement

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pensé et exprimé de même. Je n'en citerai d'autre exemple que ce morceau de son épître, dans laquelle il prouve que nous devons chercher en nous-mêmes notre propre bonheur.

C'est au repos d'esprit que nous aspirons tous :
Mais ce repos heureux doit se chercher en nous.
Un fou rempli d'erreurs que le trouble accompagne,
Et malade à la ville ainsi qu'à la campagne,
En vain monte à cheval pour tromper son ennui ;
Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.
Que crois-tu qu'Alexandre, en ravageant la terre,
Cherche, parmi l'horreur, le tumulte et la guerre ?
Pessédé d'un ennui qu'il ne sauroit dompter,
Il craint d'être à soi-meme, et songe à s'éviter.
C'est là ce qui l'emporte aux lieux où nait Faurore,
Où le Perse est brûle de l'astre qu'il adore.
De nos propres malheurs, auteurs infortunés,
Nous sommes loin de nous à toute heure entrainés.
A quoi bon ravir l'or au sein du Nouveau-Monde ?
Le bonheur tant cherché sur la terre et sur l'onde,
Est ici comme aux lieux cù mûrit le coco,
Et se trouve à Paris de même qu'à Cusco:
On ne le tire point des veines du Potose.
Qui vit content de rien, possède toute chose.
Mais sans cesse ignorans de nos propres besoins,
Nous demandons au ciel ce qu'il nous faut le moins.

Les peintures vives des grandes passions, les descriptions brillantes et plei nes de feu, jointes aux raisonnemens, font un très-bel effet dans l'épître philosophique, quand elles sont analogues au sujet. C'est ce qu'on pourra voir dans celle de l'abbé Delille sur l'Utilité de la retraite pour les gens de lettres.

Cette même espèce d'épître admet non-seulement le récit des faits historiques, mais encore les fictions qui ont

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rapport à la mythologie, lorsque le poète peut en tirer quelque avantage pour développer un point de morale, ou pour rendre plus sensibles les leçons de vertu qu'il donne. Voici comment Gresset, dans l'épître à sa muse, feignant que le Parnasse étoit autrefois l'Olympe et le temple des sages, montre toute la honte attachée aux poésies licencieuses et à leurs auteurs.

Connoissant peu la basse jalousie,
De la licence ennemis généreux,
Ils ne mêloient aucun fiel dangereux,
Aucun poison, à la pure ambroisie;
Et les zéphirs de ces brillans coteaux,
Accoutumés au doux son des guitares,
Par des accords infámes ou barbares,
N'avoient jamais réveillé les échos;
Quand évoqués par le crime et l'envie,
Du fond du Styx deux monstres abhorrés,
L'Obscénité, la noire Calomnie;

Osant entrer dans ces lieux révérés,
Vinrent tenter des accens ignorés.

Au même instant les lauriers se flétrirent,
Et les Amours et les Nymphes s'enfuirent.
Bientôt Phoebus outré de ces revers,
Au bas du mont de la docte Aonie,
Précipitant ces filles des enfers,
Les replongea dans leur ignominie,
Et pour toujours instruisit l'univers
Que la vertu, reine de l'harmonie,
A la décence, aux graces réunie,
Scule a le droit d'enfanter de beaux vers.

Lorsque le poète veut peindre les moeurs et les ridicules, il doit en saisir les traits les plus frappans, et les présenter sous des images peu communes. Il répandra en même temps sur sa cri

tique tout le sel et tout l'enjoûment, toute la délicatesse et toutes les graces qui pourront la rendre non moins agréable qu'instructive. Le C. de B**, dans son Epitre sur les mœurs, après avoir fait un parallèle ingenieux du siècle des Bayard et du nôtre, peint ainsi l'inconstance des Français asservis aux caprices de la mode.

Une divinité volage

Nous anime et nous conduit tous:
C'est elle qui, dans le même âge,
Renouvelle cent fois nos goûts.
Ainsi pour peindre l'origine
De nos caprices renaissans,
Regarde une troupe enfantine,
Qui par des tuyaux différens,
Dans l'onde où le savon domine,
Forme des globes transparens.
Un souffle à ces boules légères
Porte l'éclat brillant des fleurs :
De leurs nuances passagères
Un souffle nourrit les couleurs:
L'air qui les enfle et les colore,
En voltigeant sous nos lambris,
Leur donne ou la fraîcheur de Flore,
Ou le teint ambré de l'Aurore,
Ou le ver inconstant d'Iris.
Mais ce vain chef-d'œuvre d'Eole,
Qu'un souffle léger a produit,
Dans l'instant qu'il brille et qu'il vole,
Par un souffle s'évanouit.

Français, connoissez votre image;
Des modes vous êtes l'ouvrage ;
Leur scuffle incertain vous conduit.
Vous séduisez: on rend hommage
A l'illusion qui vous suit:
Mais ce triomphe de passage,
Effet rapide de l'usage,

Par un autre usage est détruit.

Le poète peut aussi, appréciant les

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