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blement ne sera jamais égalé. On a dit de lui :

Il peignit la nature, et garda les pinceaux.

Il paroît en effet qu'il a élevé l'apologue à sa plus haute perfection, et l'on ne conçoit pas que ceux qui voudront le suivre dans cette carrière, puissent jamais l'atteindre. Plus on est éclairé, et plus on a de goût; plus on est capable de sentir les beautés qui nous enchantent et nous intéressent dans ses fables. Ce n'est pas seulement par les charmes de la poésie qu'elles sont précieuses; elles le sont encore infiniment par la saine morale qui en résulte. Elles sont regardées avec juste raison comme le livre de tous les âges et de toutes les conditions. Quel homme n'y trouvera pas les sources de l'instruction la plus utile, et de l'amusement le plus agréable? Les jeunes gens sur-tout doivent, pour se former le coeur et le goût, les lire et les relire sans cesse. La moindre de ces fables offre une tournure et des graces qui n'appartenoient qu'à La Fontaine. Mais le chêne et le roseau, les vieillards et les trois jeunes hommes sont en tout deux morceaux achevés. Celle des animaux malades de la peste ne leur est pas inférieure. Avec quel art l'auteur a répandu sur un sujet triste et lugubre tout ce que la gaîté a de plus riant

De la

phose.

et de plus gracieux! Elle est, à mon avis, la plus propre à nous faire connoître le vrai génie de ce charmant fabuliste.

La Motte a produit cent fables, parmi lesquelles il y en a plusieurs qui sont fort estimées. Richer en a fait aussi quelques-unes de bonnes. Celles de Rome d'Ardène offrent en général des images riantes et des tableaux qui sont dans la nature. On trouve des graces dans quelques-unes de Dorat. Mais que ces fabulistes sont loin de La Fontaine! L'abbé Aubert est celui qui en est le moins éloigné.

Le P. Desbillons, dans ses fables latines qu'il a lui-même traduites en français, s'est proposé Phèdre pour modèle, et l'a bien souvent égalé.

C'est ici le lieu de faire connoître la Métamor- métamorphose, mot qui signifie changement. C'est toujours un homme qui est transformé en bête, en arbre, en fontaine, en pierre, etc. Les hommes seuls par conséquent y sont admis; et le sujet ne peut en être tiré que de la mythologie, qui est l'histoire fabuleuse des dieux, des demi-dieux et des héros de l'antiquité. On peut allier dans ce poème les figures hardies, les descriptions brillantes, le style même sublime, avec la simplicité de l'apologue. Mais comme dans tous les genres de poésie on doit

avoir en vue l'utilité, il faut dans celuici ne choisir que des sujets dans lesquels le changement de nature soit la punition du crime ou la récompense de la vertu, tels que Philémon et Baucis et les filles de Minée, que La Fontaine a si bien traités. Voyez dans le premier sujet ces beaux vers du début :

Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux,
Ces deux divinités n'accordent à nos vœux,
Que des biens peu certains, qu'un plaisir peu tranquille.
Des soncis dévorans c'est l'éternel asile:

Véritable vautour, que le fils de Japet
Représente enchaîné sur son triste sommet.
L'humble toit est exempt d'un tribut si funeste.
Le sa e y vit en paix, et néprise le reste.
Content de ses douceurs, erraat parmi les bois,
Il regarde à ses pieds les favoris des rois;
Il lit, au front de ceux que le luxe environne,
Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne.
Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour ?
Rien ne trouble sa fin; c'est le soir d'un beau jour.
Philémon et Baucis nous en offrent l'exemple:
Tous deux virent changer leur cabane en un temple.

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Les Métamorphoses d'Ovide, né à Sulmone, dans le royaume de Naples, l'an 43 avant Jésus-Christ, sont le meilleur de tous les ouvrages que nous a laissés ce poète, un des plus féconds et des plus heureux génies de l'antiquité. Nous en avons deux bonnes traductions. La première de l'abbé Bannier est écrite avec élégance, et enrichie de notes savantes qui annoncent un homme plein de connoissances mythologiques. La nouvelle n'a pas ce dernier mérite; mais, d'un

autre côté, elle est en bien des endroits plus exacte et plus fidèle.

ARTICLE II.

De l'Eglogue et de l'Idylle.

Les anciens comprenoient, sous le titre général de poésie pastorale, l'églogue et l'idylle, et n'en faisoient pas deux espèces particulières. Nos auteurs les confondent aussi, quoiqu'ils aient remarqué une différence entre ces deux poèmes; tant celle différence est légère. Le poète traite dans l'un et dans l'autre des sujets de même nature, et, à peu de chose près, de la même manière. Définition L'imitation de la vie et des moeurs chamde la poé- pêtres est la définition qu'on a donnée sie pasto- de la poésie pastorale, et celle qui conrale. vient à l'églogue et à l'idylle. Voici comment se fait cette imitation.

et matière

Une vie agréable et tranquille, des moeurs simples et innocentes, des plaisirs purs, des passions douces, doivent être l'objet ou la matière de la poésie pastorale. Mais il n'est guère possible qu'on la trouve, cette matière, dans les événemens qui se passent entre les habitans de nos campagnes. Ces bergers, mercenaires malheureux, sont, comme les autres hommes, sujets aux passions véhémentes et tumultueuses: ils peu

vent, comme eux, faire des actions atroces et brutales; ils sont bien souvent en proie aux soucis dévorans, à l'affreuse misère. Considérée sous ce point de vue, leur condition réelle ne peut fournir que le sujet de tableaux tristes, désagréables et affligeans. Ce n'est donc pas l'état présent de la vie champêtre que le poète doit peindre. C'est la vie champêtre avec tous les agrémens qu'elle peut avoir, et qu'elle a eus dans ces beaux siècles du monde, auxquels l'histoire ou la fiction a donné le nom d'áge d'or c'est cette vie délicieuse que le poète doit nous représenter pour nous en faire jouir, autant qu'il est possible, par le charme de l'illusion. Il faut donc qu'il remonte à ces temps heureux où les bergers, dociles aux sages lois de la simple nature, ignorant le crime et l'artifice, occupés du soin de leurs troupeaux, de la culture de leurs fruits, de leurs innocentes amours, couloient des jours dignes d'envie dans l'abondance et dans la liberté, dans le sein du repos et de la joie, au milieu des fètes et des jeux.

Qu'on ne s'imagine cependant pas que leur bonheur fût inaltérable, et sans aucun mélange de soucis et de peines. Le ciel, sous lequel ils vivoient, n'étoit pas toujours serein: leurs champs n'étoient pas à l'abri des vents pernicieux, de la

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