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De la

traduit, en laissant tout ce qui auroit pu allarmer la pudeur.

Nos bons poètes offrent aussi dans leurs recueils de jolis épithalames, ou des pièces de vers qui en portent le nom, sans en avoir précisément la forme. Ce sont des épîtres sur un mariage, sans vers intercalaires.

La chanson est un poème fort court, Chanson. auquel on joint un air, pour être chanté. Elle traite des sujets familiers, amusans, tendres, ou badins ; et c'est en quoi elle diffère de l'ode, qui s'élève jusqu'au sublime.

Ce genre de poésie doit présenter une suite d'idées naturelles et piquantes, d'images douces et gracieuses, qui tendent toutes au même sujet. On veut que le style de la chanson soit léger, les expressions choisies et toujours exactes, la marche libre, les vers faciles et coulans; que les tours n'aient rien de forcé; que tout y soit fini, sans que le travail s'y fasse sentir.

Chaque couplet d'une chanson doit être terminé par une pensée fine, ou un sentiment délicat. Il y en a qui ont un refrain, c'est-à-dire que chaque couplet y finit par les mêmes vers. Ce refrain doit contenir l'idée principale de la chanson; et cette idée doit être saillante, toujours liée avec celles qui la précè dent, et toujours amenée avec art.

On réduit toutes les espèces de chansons à trois, qui sont les érotiques, les bachiques, et les satyriques ou vaudevilles.

sons éro

tiques.

Les chansons érotiques sont celles Des Chandont l'amour et la galanterie fournissent le sujet. Pour bien réussir en ce genre de poésie, il faut une grande finesse dans l'esprit, et beaucoup de délicatesse dans le sentiment. Les Français y ont excellé, et l'ont emporté sur les anciens et les modernes. Je suis toujours étonné, dit Voltaire, de cette variété prodigieuse avec laquelle les sujets galans ont été traités par notre nation. On diroit qu'ils sont épuisés ; et cependant on voit encore des tours nouveaux. Quelquefois même il y a de la nouveauté jusques dans le fond des choses, comme dans cette chanson peu connue.

Oiseaux, si tous les ans vous changez de climats,
Dès que le triste hiver dépouille nos bocages,
Ce n'est pas seulement pour changer de feuillages,
Ni pour éviter nos frimats.

Mais votre destinée

Ne vous permet d'aimer qu'à la saison des fleurs ;
Et quand elle a passé, vous la cherchez ailleurs
Afin d'aimer toute l'année.

Lorsqu'une chanson érotique contient une historiette d'amour, on l'appelle romance. Elle doit principalement tirer son mérite de la naïveté et de la simplicité.

Les chansons bachiques sont consa

sons

chiques.

Des Chan- crées à la louange du vin et des buveurs. ba- L'enjoûment et la liberté en font le principal caractère. On y souffre cependant les traits brillans d'une imagination hardie, un style noble et animé, et un certain enthousiasme. Cette élévation, ces transports, ce délire même, font le plaisant de ces sortes de chansons, parce qu'il semble que c'est la liqueur que le poète célèbre, qui les a fait naître, comme on peut le voir dans celle-ci :

Quel effroyable bruit! quels feux étincelans!
Jupiter aux mortels déclare-t-il la guerre ?
Veut-il encor par son tonnerre
Foudroyer de nouveaux Titans ?

Gronde, tonnerre affreux, et ravage le monde
Par tes redoutables fureurs ;

Fais tout trembler d'effroi sur la terre et sur l'onde.
Mais respecte du moins la vigne et les buveurs.

Adam Billaut, que j'ai déjà fait connoître, offre les plus beaux modèles de chansons bachiques dans le genre élevé. Voyez sur-tout cette chanson si con

nue :

Aussitôt que la lumière

A redoré nos coteaux,
Je commence ma carrière

Par visiter mes tonneaux, etc.

Il est bon de faire usage de la mythologie dans les chansons bachiques et dans les érotiques. Les images et les traits de la fable, que le poète a soin d'y ré

pandre avec goût et avec justesse, en font un des plus beaux agrémens.

Il y a des chansons qui sont érotiques et bachiques en même temps. On peut rapporter à ce genre mixte ce couplet si ingénieux, qui fut fait et chanté par M. le C. de B**, dans une fète que donnoit une dame de la cour.

La maitresse du cabaret

Se devine sans qu'on la peigne :
Le dieu d'amour est son portrait;
La jeune Hébé lui sert d'enseigne.
Bacchus assis sur son tonneau,
La prend pour la fille de l'Onde:
Même en ne versant que de l'eau,
Elle a l'art d'enivrer son monde.

Ce qui fournit ordinairement la ma- Des Chantière des chansons satyriques ou vaude- sons satyriques. villes, ce sont les actions repréhensibles, les mœurs irrégulières, et les événemens remarquables par leur singularité, ou par leur importance. La pensée qui termine chaque couplet, doit sur-tout être vive, piquante, avoir même quelque chose de caustique et de mordant. Mais qu'on ne passe point les bornes d'une critique fine, et d'une raillerie délicate. Il faut se contenter d'attaquer les vices et les ridicules généraux, sans jamais donner dans l'odieux des personnalités. C'est uniquement par-là que ces sortes de chansons peuvent être de quelque avantage à la société. Voici deux

couplets d'un vaudeville de Panard, qui peuvent servir de modèle.

Qu'à s'ajuster du haut jusques en bas,
Iris, pour paroître jolie,
Passe les trois quarts de sa vie ;
Cela ne me surprend pas.

Mais qu'un abbé tous les jours s'amidonne,
Et qu'à pas comptés ce poupin,
Sur la pointe de l'escarpin,

Marche toujours droit comme un pin;
C'est-là ce qui m'étonne.

Que dans Alger on trouve des ingrats,
Et que chez le peuple tartare
La reconnoissance soit rare;
Cela ne me surprend pas.

Mais qu'à Paris mainte et mainte personne
Qui vient vous demander lundi

Un plaisir qu'on lui fait mardi,
N'y pense plus le mercredi;

C'est-là ce qui m'étonne.

On donne encore le nom de vaudeville à un divertissement qui termine les petites pièces de théâtre. Il doit contenir le sens moral de la pièce.

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