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sident de Fieubet, et les autres au P. Bou-
hours. Le fameux Largillière avoit peint
cette dame célèbre, assise dans un char
roulant sur des nuages. Voici le sens lit-
téral de ces vers, dignes du siècle d'Au-
guste. Quelle déesse est portée sur un
char élevé au milieu des airs? est-ce
Junon? est-ce l'allas ? est-ce Vénus qui
vient elle-méme? Si vous considérez sa
naissance, c'est Junon; ses écrits, c'est
Minerve; sa beauté, c'est la mère de
l'Amour. On a essayé de lcs rendre par
ces vers français:

Quelle divinité vers nous descend des cieux ?
Est-ce Vénus, Pallas, ou la reine des dieux,
Dont nous ressentons la présence?

Toutes trois en vérité;

C'est Junon par sa naissance,

Minerve par sa science,

Et Vénus par sa beauté.

ARTICLE V.

De l'Épithalame, et de la Chanson.

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L'ÉPITHALÁME, mot qui vient du De Epigrec, et qui signifie chant nuptial, est thalame un petit poème fait à l'occasion d'un mariage. Il a deux parties essentielles: l'une comprend les louanges qu'on donne aux nouveaux époux, et l'autre, les Voeux qu'on fait pour leur bonheur. Ces louanges doivent être ingénieuses, mais naturelles, exprimées avec beaucoup

de délicatesse, et accommodées au sexe, à la naissance, au rang et au mérite des personnes. Ces voeux doivent se rapporter principalement à la douceur de l'union que forment les nouveaux époux, et aux fruits heureux qu'ils peuvent en attendre. Mais il faut qu'ils ne soient jamais hors de la vraisemblance.

La meilleure façon de traiter le sujet d'un épithalame, est de le renfermer dans une fiction ou dans une allégorie. Les idées n'en sont alors qué plus saillantes et plus poétiques. La mythologie sert à répandre une infinité d'agrémens dans ces sortes de petits ouvrages. Le style doit en être riche, brillant, gracieux, et sur-tout varié. On peut prendre un ton noble et élevé, ou badin et enjoué. Cela dépend de la manière dont on envisage son sujet, ainsi que ainsi que du rang et de la naissance des personnes dont on chante l'union.

Ce petit poème n'a point de règles particulières pour le nombre, la mesure, et la disposition des vers. Tout ce que l'on peut dire relativement à la forme de l'épithalame, c'est qu'il doit y avoir un ou deux vers intercalaires, répétés par intervalles, et qui font une espèce de refrain. C'est ce qu'on va voir dans celui-ci, que fit, en 1745, le C. de B**, sur le mariage de Louis, dauphin de France, fils de Louis xv, avec Ma

rie-Thérèse, infante d'Espagne. Il ne seroit guère possible d'en citer un plus agréable et plus beau dans le genre noble et sérieux.

Descends, Hymen, descends des cieux,
Viens remplir les vœux des deux mondes.
Les Bourbons, ces enfans des dieux,
Unissent leurs tiges fécondes:

Descends, Hymen, descends des cieux;
Viens remplir les vœux des deux mondes.

Tandis qu'au sein de ses roseaux,
La nymphe du Tage éplorée,
Répand sur son urne azurée

Des pleurs qui grossissent ses eaux,
Les dieux enfans de Cythérée,
A la lueur de leurs flambeaux,
Conduisent l'Infante adorée.

Descends, Hymen, descends des cieux,
Viens remplir les vœux des deux mondes.
Les Bourbons, ces enfans des dieux,
Unissent leurs tiges fécondes:

Descends, Hymen, descends des cieux,
Viens remplir les vœux des deux mondes,

Pour célébrer un si beau jour,
Dioné dans les airs portée
Répand, par les mains de l'Amour,
Les riches trésors d'Amalthée.

Ses cygnes volent alentour,
Et couvrent d'une aile argentée
Les plaisirs qui forment sa cour.
Cypris du ciel est descendue :
La terre est son heureux séjour ;
Les oiseaux chantent son retour;
Toute la nature est émue.
Il semble qu'au gré de nos vœux
Le feu des plaisirs se rallume:
A l'ombre d'un myrte amoureux,
Hébé couronne ses cheveux,
La jeune Flore les parfume."

Il semble enfin que l'Univers
Sorte du chaos et renaisse :
Vertumne étend ses tapis verts;
Et les couleurs de la jeunesse
Brillent sur le front des hivers.
O toi qui choisis la décence,
Pour servir de guide aux plaisirs,
Toi qui couronnes les desirs,
Sans faire rougir l'innocence,
Descends, Hymen, descends des cieux,
Viens remplir les vœux des deux mondes.
Les Bourbons, ces enfans des dieux,
Unissent leurs tiges fécondes:

Descends, Hymen, descends des cieux,
Viens remplir les voeux des deux mondes.

Junon dans les airs embellis,
De Borée enchaîne la rage:
L'Hymen porté sur un nuage
Descend dans l'empire des Lys.
Bientôt nos voeux seront remplis :
L'Hymen approche de son temple;
L'Hymen au bruit de mille voix,
Perce la foule qui contemple
Le fils du meilleur de nos rois.
Conduite par la main des Graces,
L'Infante est au pied des autels :
L'époux, semblable aux immortels,
S'empresse et vole sur ses traces.
Des dieux, par l'Hymen avertis,
La troupe auguste est assemblée :
Ce sont les noces de Thétis;
Tous les yeux y cherchent Pelée ;
Tous les yeux y trouvent son fils.
Les plaisirs en foule descendent.....
Que tous les Français vous entendent,
Jeunes époux, tendres amans!
Prononcez vos derniers sermens ;
L'Hymen et l'Amour les attendent.
Le nœud que vous allez former,
Ne sauroit être trop durable :
L'Hymen fait un devoir d'aimer;
L'Amour rend ce devoir aimable.
Tous deux épuisent leurs bienfaits,
Tendres amans, ils vous unissent;

Ils vous enivrent à longs trails
Du plaisir pur dont ils jouissent.
Que tous les peuples applaudissent
Au prèsage heureux de la paix !
Que la Discorde désarmée,

Se taise au bruit de nos concerts!
Que l'Europe moins alarmée
Répète nos chants et nos vers!
Les cent voix de la Renommée
Les apprendront à l'Univers.
C'en est fait, l'Amour et la Gloire
Couronnent nos tendres amans:
Les dieux ont gravé leurs sermens
Au temple immortel de Mémoire.

Remonte, Hymen, remonte aux cieux;
Tu remplis les voeux des deux mondes.
Les Bourbons, ces enfans des dieux,}
Ont uni leurs tiges fécondes:

Remonte, Hymen, remonte anx cieux;
Tu remplis les voeux des deux mondes.

Stésichore, né à Himères, vile de Sicile, vers l'an 612 avant J. C., et des ouvrages duquel il ne nous est parvenu que quelques petits fraginens, passe pour avoir été chez les Grecs l'inventeur de l'épithalame. On trouve dans les Idylles de Théocrite, l'épithalame d'Hélène, qui est un chef-d'oeuvre.

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Catulle est le premier poète latin, qui ait exercé son talent en ce genre. Son épithalame de Manlius et de Junie est charmant. Je n'en connois point, dont le coloris soit plus frais et plus agréable. C'est dommage qu'en quelques endroits il n'ait pas assez respecté la décence. Moutonnet de Clairfons l'a

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