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les Troyens, malgré le roi Latinus. Le bouillant Turnus assemble les troupes latines et celles de ses alliés.

VIIIe. Livre. Le héros troyen, suivant le conseil du Dieu du Tibre, va - demander du secours au roi Evandre, qui avoit établi une colonie d'Arcadiens dans le lieu même où Rome fut depuis bâtie. Ce prince donne à Enée quatre cents chevaux, commandés par Pallas, son fils unique, et lui conseille en même temps d'aller se joindre à l'armée des Tyrrhéniens, qui se sont soulevés contre le tyran Mezence. C'est ce que fait Enée, qui reçoit alors de Vénus, sa mère, les armes divines que Vulcain avoit forgées pour lui.

IXe. Livre. Turnus, averti par Junon, profite de l'absence d'Enée pour attaquer le camp des Troyens : il veut même mettre le feu à leurs vaisseaux, qui se changent en nymphes.LesTroyens délibèrent sur les moyens d'instruire Enée de leur situation. Nisus et Euryale offrent de traverser le camp des Rutules, et d'aller le trouver. Mais ils périssent dans cette entreprise. Turnus attaque le camp. Les portes en sont tout-à-coup ouvertes par deux Troyens, et refermées aussi-tôt que Turnus y est entré. Accablé par le nombre, il se bat en retraite, se précipite du haut du rempart dans le Tibre, et va rejoindre l'armée.

Xe. Livre. Tous les Dieux de l'Olympe s'assemblent par l'ordre de Jupiter, qui, ne pouvant réconcilier Junon et Vénus, déclare que désormais il ne favorisera ni les Troyens ni les Rutules, et qu'il abandonne tout au destin. Cependant Enée, à la tête des troupes auxiliaires, s'embarque: mais étant arrivé à sa nouvelle ville, les ennemis s'opposent à sa descente. Il se livre un sanglant combat, dans lequel Pallas, fils du roi Evandre, est tué par Turnus. Enée, qui veut le venger, poursuit son meurtrier. Turnus auroit péri dans cette journée, si Junon, pour le sauver, n'eût offert à ses yeux un fantôme armé semblable à Enée, et fuyant devant lui. Turnus court après ce faux Enée, qui se réfugie dans un navire. Il y entre avec ce fantôme, qui disparoît aussi-tôt de ses yeux.Alors Junon coupe le cable, et fait aborder Turnus près d'Ardée, capitale de son royaume. Mézence, qui prend la place de ce prince dans le combat, est tué, avec son fils Lausus, par le héros troyen.

XI. Livre. Les deux partis conviennent d'une suspension d'armes, pour enterrer leurs morts. Le roi Lalinus ayant assemblé son conseil, veut demander la paix. Turnus est de l'avis contraire, et offre de combattre seul à seul contre Enée, comme celui-ci l'a demandé. Cependant le chef des Troyens vient atta

quer les Latins par deux endroits. Turnus, à la tête de son infanterie, se met en embuscade dans les montagnes où est Enée. D'un autre côté, il se livre un combat de cavalerie, dans lequel les Latins défaits sont poursuivis jusques sous les murs de Laurente. Turnus marche aussitôt pour aller secourir la ville. Enée le suit et l'atteint. Mais la nuit les sépare. XII.Livre.Un combat singulier entre Enée et Turnus doit terminer cette guerre. On élève des autels au milieu des deux armées: on fait un traité par lequel Lavinie doit être le prix du vainqueur. Mais les Latins le violent, en tirant sur les Troyens, et les deux armées en viennent aux mains. Enée blessé d'une flèche lancée par une main inconnue, se retire du combat. Vénus le guérit aussitôt ; et il reparoît sur le champ de bataille, appelant à haute voix Turnus qui l'évite. Le héros troyen marche alors à la ville, et met le feu aux palissades. La reine Amate croyant que tout est perdu, se donne la mort. Turnus informé de ce funeste accident, se résout à chercher Enée pour le combattre. Ces deux guerriers se joignent; et Turnus meurt de la main de son rival.

Un simple coup-d'oeil jeté sur cette analyse, peut faire juger du talent qui est essentiel au poète épique. C'est le peintre de l'univers: il faut qu'il peigne

Du Poème

et du Poè

à

dans son ouvrage les hommes et les Dieux; par conséquent qu'il y fasse entrer ce qu'il y a de choses et de rapports dans la religion et la société; qu'il y présente, selon la nature du sujet, des objets qui appartiennent à la politique, à la morale, l'histoire, à la géographie, à la physique, à la théologie même, qui, en géné ral, est la science d'une religion quelconque, en un mot, à chaque science et à chaque art en particulier. Indépendamment d'un génie hardi, mais sage, qui est nécessaire pour créer un planvaste et régulier; indépendamment d'une ima gination de feu, qui est nécessaire pour bien peindre; indépendamment d'un goût exquis, qui est nécessaire pour distribuer à propos les ornemens, le poème épique exige la fleur de toutes les connoissances: c'est le chef-d'oeuvre de l'esprit humain.

Il y a quelques espèces de poèmes qui, héroïque, sans être proprement épiques, tiennent me héroi- à ce genre, en ce qu'ils consistent essencomique. tiellement dans le récit. Les uns ont des

acteurs semblables à ceux de l'épopée, et une action d'une aussi grande importance; mais ils n'en ont ni les fictions ni le merveilleux. On les nomme héroïques, ou simplement historiques. Le poète ne s'asservissant point à l'unité d'action, y raconte un ou plusieurs événemens tels qu'ils sont arrivés, sans en

exposer les causes surnaturelles, par conséquent sans faire intervenir les Dieux. Mais il faut qu'en racontant, ou en faisant parler ses personnages, il se livre lui-même à toute la chaleur de son ame, pour exciter les passions : il faut que son récit soit une vraie peinture qui frappe et qui attache, un feu vif qui embrâse, un mouvement impétueux qui remue et qui entraîne: autrement ce seroit le récit d'un simple historien. En un mot, lestyle de ces sortes de poèmes doit être le même que celui de l'épopée; le ton du poète, celui d'un homme inspiré. Voyez dans ce court exemple comme Lucain fait parler Caton. Je me sers de la traduction en vers de Brébeuf.

Nous trouvons Dieu par-tout; par-tout il parle à nous.
Nous savons ce qui fait ou détruit son courroux;
Et chacun porte en soi ce conseil salutaire,
Si le charme des sens ne le force à se taire.
Pensez-vous qu'à ce temple un Dieu soit limité;
Qu'il ait dans ces déserts caché la vérité?

Faut-il d'autre séjour à ce monarque auguste,
Que les cieux, que la terre et que le cœur du juste?
C'est lui qui nous soutient, c'est lui qui nous conduit.
C'est sa main qui nous guide, et son feu qui nous luit.

Les autres poèmes ont le merveilleux de l'épopée, mais à un degré bien inférieur; et il s'en faut bien qu'ils en aient l'importance de l'action. On les nomme héroï-comiques. Le poète y raconte, du style le plus élevé, sur le ton même de l'épopée, une action très-simple, très

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