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que présente l'énigme. Quoique chacun de ces traits puisse s'appliquer à différens objets, il faut néanmoins que tous ces traits réunis conviennent uniquement à la chose, dont le nom est le mot cherché c'est la première et la plus essentielle règle de l'énigme. On y personnifie souvent le sujet, en le faisant parler au lecteur, comme on le voit dans celle-ci :

:

Je suis difficile à trouver,

Et plus encore à conserver.

Les curieux, pour me connoître,
Avec grand soin me font leur cour.
Mais mon destin me défend de paroitre :
Car l'instant où je vois le jour,

Est l'instant où je cesse d'être.

Le mot de cette énigme est le secret. Le logogryphe, qui, dans sa signifiEryphe. cation, veut dire énigme sur un mot, et mème sur les parties de ce mot, est en effet l'assemblage de plusieurs énigmes, dont une porte sur le mot total, et les autres sur les parties de ce mot, c'est-àdire, sur les syllabes ou les lettres indifféremment arrangées. Le mot total du logogryphe est appelé le corps; et les parties que l'on sépare pour former d'autres mots, sont appelées les membres. Je prends pour exemple un logogryphe qui passe pour être le plus ancien en notre langue. Il est de Dufresny, poète comique estimé.

Sans user de pouvoir magique,

Mon corps entier en France, a deux tiers en Afrique.
Ma tête n'a jamais rien entrepris en vain.
Sans elle en moi tout est divin.

Je suis assez propre au rustique,
Quand on me veut ôter le cœur,

Qu'a vu plus d'une fois renaître le lecteur.
Mon nom bouleversé, dangereux voisinage,
Au Gascon imprudent peut causer le naufrage.

Le mot de ce logogryphe est Orange, villede France. Les deux tiers sont Oran, ville d'Afrique. La tête est or, métal, et dont la suppression donne le mot ange. Le cœur est an, par la suppression duquel on a le mot Orge. Le changement des lettres de ce mot Orange, fait trouver celui de Garone, fleuve qui coule dans la Gascogne.

Les mots les plus favorables au logogryphe, sont ceux qui fournissent un plus grand nombre de mots, par la dissection du mot principal. Mais avertir le lecteur de rassembler, par exemple, la 2o, la 3o, la 5°, la 7o lettre qu'on désigne par des chiffres, c'est avilir la poésie, et justifier en quelque sorte ce que l'on dit de ces petites pièces de vers; que ce ne sont que des puérilités que l'homme de goût dédaigne et réprouve.

La Charade vient, dit-on, de l'idiôme De la languedocien, et signifie dans son ori- Charade. gine, discours propre à tuer le temps. On y donne à deviner un mot, dont on divise les syllabes, lorsque chacune de ces syllabes forme un autre mot: on dit ce

que chaque syllabe signifie, et l'on indique ensuite à-peu-pres ce qu'est le mot dans son entier. On pourroit, par exemple, faire une charade du mot, polissoir, dont la première syllabe est Pó, nom d'un fleuve ; la seconde, lis, nom d'une fleur; la troisième, soir, nom d'une partie du jour, et le tout, un instrument.

Dans les mots terminés par une muet, les deux dernières syllabes sont censées n'en faire qu'une. Ainsi dans courage et verdure, se trouvent les mots cou et rage, ver et dure. Mais on ne pourroit pas faire du premier, les mots cour et age, parce que la première syllabe est cou et non pas cour. Il en est de même, par exemple, du mot butor, qui ne pourroit pas donner les mot but et or.

Au reste, ces trois genres de poésie ne sont que des jeux littéraires, qui exercent l'esprit ; et l'on doit convenir que tout ce qui exerce l'esprit, ne peut pas lui être inutile. Mais l'homme de lettres un peu célèbre, et celui qui est né avec quelque talent poétique, les regardent comme des bagatelles, dont ils ne doivent que très rarement, et peut-être jamais s'occuper.

ARTICLE II.

De l'Épigramme, du Madrigal, et du

Sonnet.

L'épigramme n'est autre chose qu'une De l'Epipensée fine et saillante, présentée heu- gramme. reusement et en peu de mots. La brièveté et le sel sont les deux principaux caractères de ce genre de poésie, qui ne doit jamais avoir plus de douze ou de quinze vers, qu'on peut faire de tout pied. L'exposition du sujet, c'est-à-dire, de la chose qui a produit ou occasionné la pensée, doit se faire remarquer par celle précision de style, qui rejette tout ce qui est languissant et superflu. Le sel de l'épigramme consiste dans un trait plaisant, ingénieux et inattendu; dans une pensée qui pique, qui intéresse, qui est rendue d'une manière vive et agréable, et qu'on appelle la pointe ou le bon mot. L'épigramme suivante peut être mise au nombre des meilleures.

Un certain sot de qualité,
Lisoit à Saumaise un ouvrage,
Et répétoit à chaque page,
Ami, dis-moi la vérité.
Ennuyé de cette fadaise,

Ah! monsieur, répondit Saumaise,
J'ai de bons auteurs pour garans,
Qu'il ne faut jamais dire aux grands
De vérité qui leur déplaise.

On voit que cette épigramme tire toute

sa beauté de la finesse de la pensée, qui laisse quelque chose à deviner. Dans celle-ci, c'est un retour inattendu qui frappe et qui en fait tout le sel : elle est de la Martinière.

Un gros serpent mordit Aurèle.
Que croyez-vous qu'il arriva ?
Qu'Aurèle en mourut. Bagatelle!
Ce fut le serpent qui creva.

Le genre de l'épigramme, dans l'acception qu'on donne communément à ce mot, est trop dangereux et apporte d'ailleurs trop peu de gloire, pour qu'on ne doive pas se l'interdire sévèrement. Il n'appartient qu'à un esprit méchant et à un cœur corrompu d'attaquer les personnes et de rimer des obscénités. Les honnêtes gens ne peuvent pas même soutenir la lecture de pareils ouvrages. Si l'on se sent un talent décidé pour ce genre de poésie, on doit s'armer contre les ridicules, les vices généraux de la société, et faire des épigrammes morales, telles que celle-ci de J. B. Rousseau. C'est le modèle du genre qui doit plaire à tous les bons esprits, même aux plus rigides.

Ce monde-ci n'est qu'un œuvre comique,
Où chacun fait des rôles différens.
Là sur la scène, en habit dramatique,
Brillent prélats, ministres, conquérans.
Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs,
Troupe futile et des grands rebutée,
Par nous d'en bas la pièce est écoutée.
Mais nous payons, utiles spectateurs;

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