Oldalképek
PDF
ePub

sie réunit incontestablement les graces et les avantages de ces deux arts.

La Poétique nous enseigne l'art de bien écrire et de bien composer en prose. On doit se rappeler ici que, dans la Rhétorique française, destinée à la première année du cours des belles-lettres, en faisant connoître les ornemens du discours, le principe des beaux-arts, et les règles fondamentales des productions littéraires, j'ai exposé les préceptes généraux qu'il faut suivre exactement, pour bien écrire, et pour bien composer.

Mais comme il y a des règles particulières, propres à chaque espèce d'ouvrages en prose, il y en a aussi qui sont propres à chaque espèce d'ouvrages poétiques. Avant d'exposer les règles de ceux-ci, il est nécessaire que je donne quelques notions du discours mesuré, et de la poésie en général.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

I.

Du Discours mesuré.

LE discours mesuré, que je considère ici dans sa forme seulement, par opposition à la prose, consiste dans un certain arrangement des paroles, suivant des règles déterminées. Les paroles ainsi

structure des vers.

arrangées, forment les vers, qui sont composés d'un certain nombre de syllabes ou pieds. Il y en a qui en ont douze, De la et qu'on appelle alexandrins, héroïques, ou grands vers. Ils ont à la sixième syllabe une césure: c'est un repos que le sens doit autoriser, et qui coupe le vers en deux parties, dont chacune s'appelle hémistiche. D'autres vers ont dix pieds: on les appelle communs ; et ils ont la césure après le quatrième. Il y en a qui ont huit pieds: ces vers n'ont point de césure, non plus que ceux dont le nombre des pieds est au-dessous de huit.

Les vers sont masculins ou féminins. Ils sont masculins, lorsque la dernière syllabe du mot qui les termine, a une toute autre voyelle que l'e muet. Ainsi les mots, captivité, charmer, succès, travail, repos, sommeil, obtenir, puissant, rendu, etc. pourroient être mis à la fin d'un vers masculin.

Les vers féminins sont ceux dont le dernier mot est terminé par un e muet, soit seul, soit accompagné d'une ou de plusieurs consonnes. Ainsi, les mots envie, confondue, agitée, terre, féconde, bocages, agréables, fleurissent, demandent, instruisent, etc. pourroient terminer un vers féminin. Ces sortes de vers ont toujours à la fin une syllabe de plus que les masculins; en sorte que l'on pourroit dire que les grands vers fémi

nins ont treize pieds; les vers féminins communs, onze; ainsi des autres. Mais cette dernière syllabe des vers féminins ne rendant qu'un son très-peu sensible, à cause de l'e muet, n'est comptée pour rien. Voici des exemples de ces différentes espèces de vers.

Vers masculin alexandrin:

La-ver-tu-doit-ré-gner | ou-con-scil-ler-les-rois.

Vers féminin alexandrin:

Quel-ques-cri-mes-tou-jours | pré-cè-dent-les-grands

cri-mes.

Vers masculin commun, ou de dix pieds:

On-vit-heu-reux | quand-on-est-sans-dé-sirs.

Vers féminin commun, ou de dix

pieds:

Le-na-tu-rel | est-le-sceau-du-gé-ni-e,

Vers masculin de huit pieds:

Rien-ne-du-re-que-ce-qui-plaît.

Vers féminin de huit pieds:

:

Les-gra-ces-sui-vent-tous-les-â-ges.

Vers masculin de sept pieds;

La-ver-tu-nous-rend-é-gaux.

Vers féminin de sept pieds:

Le-temps dé-truit-tou-tes-cho-ses.

Vers masculin de six pieds:

So-yez-bon-vous-plai-rez.

Vers féminin de six pieds:

Le-sot-de-tout-s'ir-ri-te.

On fait encore des vers qui ont moins de six pieds. Mais ce n'est guère que dans des pièces libres et badines, ou destinées à être mises en musique. Ce couplet de Panard nous en fait voir de cinq, de quatre, et d'un seul pied :

On voit des commis

Mis

Comme des princes,

Et qui sont venus
Nus

De leurs provinces.

Si dans le corps du vers la dernière syllabe d'un mot est terminée par un e muet seul, et que le mot qui suit, commence par une voyelle ou par une h non aspirée, cette syllabe se mange et se confond dans la prononciation, avec la première du mot suivant, comme on le voit dans ces vers:

Nous-som-mes-loin-de-nous [à-tou-te-heu-re-en-trai-nés.

El-le-flot-te-el-Ze-hé-si-te | en-un-mot-el-le-est-fem-me.

L'e muet seul, accompagné d'une ou de plusieurs consonnes, n'ayant qu'un son sourd et imparfait, ne peut jamais

terminer le repos; soit que cet e muet forme la sixième syllabe du vers, soit qu'il forme une syllabe surabondante. Ainsi ces vers ne vaudroient rien:

U-ne-peur-sou-dai-ne | gla-ça-tous-les-es prits.

Des-ser-pens-de-l'en-vie | son-cœur-est-dé-vo-ré.

Il faut que cet e muet s'élide avec un mot qui commence par une voyelle, comme dans ces vers:

Le-cri-me-fait-la-hon | te-et-non-pas-l'é-cha-faud.

Qui-veut-pé-rir-on-vain | cre-est-vain-cu-ra-re-ment.

La-yer-tu-sons-le-chau | me-at-ti-re-nos-hom-ma-ges.

Les mots qui ont une voyelle avant l'e muet final, tels que manie, punie, vue', perdue, rosée, brisée, boue, roue, plaie, vraie, etc. ne peuvent s'employer dans le corps d'un vers, que quand ils sont suivis d'un mot qui commence par une voyelle, avec laquelle l'e muet s'élide. Ainsi ces vers ne sont pas bons:

Mais-el-le-bat-ses-gens | et-ne-les-pa-ie-pas.

La-vu-e-s'é-ten-doit | sur-un-cô-teau-fer-ti-le.

Aux-dis-cours-des-flat-teurs | qu'on-ne-se-fi-e-pas.

La-vi-c-des-hé-ros | doit-nous-ser-vir-d'ex-em-ple.

« ElőzőTovább »