Oldalképek
PDF
ePub

miration, a poussé des accens plus on moins mélodieux, selon la nature de ses organes, et conformes au sentiment qu'il éprouvoit voilà le chant sans paroles. On a ensuite cherché à y adapter des paroles; et l'on a senti que ces paroles, pour pouvoir se bien allier aux accens de la voix, devoient avoir un son, une cadence, une mesure que n'a pas le langage ordinaire: voilà le discours mesuré; et voilà les premières ébauches de la musique et de la poésie.

,

Mais, sans nous arrêter ici à des conjectures vagues, qui d'ailleurs ne pourroient être que superflues dans cet ouvrage, il nous suffira de sentir qu'on peut imaginer, comme le dit Grimm dans son traité du Poème lyrique, un peuple d'inspirés et d'enthousiastes dont la tête seroit toujours exaltée, dont l'ame seroit toujours dans l'ivresse et dans l'extase; qui avec nos passions et nos principes, nous seroient cependant supérieurs par la subtilité, la pureté et la délicatesse des organes : un tel peuple chanteroit au lieu de parler; sa langue naturelle seroit la musique. Or, ce sont des êtres d'une telle organisation, que nous devons nous imaginer voir et entendre sur la scène. lyrique; et d'après cette idée, nous ne serons plus surpris de les voir mourir en chantant.

l'action

[ocr errors]

Merveil- La tragédie lyrique est donc une leax de tragédie faite pour être chantée. L'acdans l'opétion qu'elle représente est héroïque et malheureuse: ajoutons qu'elle est quelquefois merveilleuse; et c'est ce qui la distingue alors essentiellement de la tragédie proprement dite. Le merveilleux de cette action consiste dans l'intervention de quelque divinité, ou de quelque être surnaturel qui se mêle parmi les personnages; dans des événemens extraordinaires, dans les décorations les plus superbes, dans la pompe la plus éblouissante. On y voit au nombre des acteurs les dieux du ciel, de la terre, des enfers; des ombres, des démons, les furies, les habitans du Ténare, ainsi que tous ces êtres fantastiques, dont une imagination ingénieusement bizarre et extravagante a peuplé la terre et les airs.

La mythologie et la féerie sont donc les sources où la muse lyrique va puiser ce merveilleux qu'elle étale, pour plonger nos sens dans une espèce d'enchantement. Voyez, pour le genre mythologique, l'opéra de Thétis et Pélée par Fontenelle. Neptune suivi de toutes les divinités de la mer, Jupiter environné de tout son éclat et de toute sa grandeur, y viennent rendre leurs hommages à la belle Thétis. Mais le Destin, dont les arrêts sont immuables,

:

se déclare en faveur d'un mortel; et les dieux rivaux, forcés d'obéir, consentent que l'heureux Pélée obtienne la main de cette charmante Néréide. Voyez, pour le genre de la féerie, l'Amadis de Grèce de la Motte. Un éperon enflammé défend la gloire de Niquée Amadis s'y précipite. Alors un nuage s'avance, s'ouvre au bruit du tonnerre, et laisse voir Melice sur un dragon aussitôt paroît la foutaine de vérité d'amour, ornée de statues et de colonnes. Mais bientôt la fureur de la magicienne les fait briser par des démons volans. Les arbres sont déracinés, les rochers renversés, l'Amour effrayé s'envole ; et ce desordre sera encore suivi de nouveaux prodiges.

:

On juge bien qu'en traitant de pareils sujets, il ne seroit pas possible d'observer la règle des trois unités. Aussi le poète lyrique en est dispensé. Dans la tragédie proprement dite, chaque acte ne contient qu'une partie de l'action ici chaque acte contient souvent une action entière qui amène une fète et un divertissement; car la danse est une partie essentielle de ce poème. La scène y change aussi à chaque acte, parce qu'il faut plaire aux yeux par la variété des tableaux. Ainsi à l'éclat d'un palais enchanté, succédera la sombrehorreur d'un affreux désert. Le mont

[ocr errors]

Conduite

de l'action dans l'opé

ra.

Etna vomira des tourbillons de fumée, des torrens de flamme, des roches calcinées; et bientôt apres s'offriront les campagnes riantes et les bosquets fleuris de l'Elysée. Il faut convenir que cette multiplicité d'actions ou d'incidens, ces changemens subits qui tiennent du prodige, ne choquent point notre raison, parce qu'ils sont opérés par la puissance de la divinité ou de la fée qui en est le premier agent. Veut-on voir la manière dont est construite la fable d'une tragédie-lyrique où il y a du merveilleux, et comment les fêtes et les danses y sont amenées? Voici une courte analyse d'Alceste, ou le triomphe d'Alcide par Quinaut. La scène est à Iolchos, ville de Thessalie, près du golfe, appelé aujourd'hui Salonique.

Analyse Acte I. La scène s'ouvre par les nod'un opé- ces d'Alceste et d'Admète, roi de Thesra de qui- salie. Alcide ami d'Admèle, et amou

naut.

reux d'Alceste, fait un effort sur luimême pour voir la fète qui est préparée dans le port. C'est Lycomède, roi de l'île de Scyros, qui, désespéré de ce qu'Admèle son rival lui a été préféré, feint de donner cette fèle aux nouveaux époux. Tandis que les nyraphes de la mer et les tritons viennent contribuer à ce divertissement, Lycomède attire Alceste sur son vaisseau et l'enlève. Ad

mète et Alcide s'embarquent avec les Thessaliens, et poursuivent le ravisseur. La déesse Thétis, soeur de celui-ci, excite une tempète : mais Eole, dieu des vents, vient calmer les flots.

Acte II. Lycomède est assiégé dans Scyros, capitale de son île. On monte à l'assaut, on abbat les remparts de la ville, on en brise les portes; et Alceste délivrée par Alcide, ramène la joie dans les coeurs. Mais cette joie disparoît presqu'aussitôt, pour faire place à l'inquiétude. Admète mortellement blessé, est expirant dans les bras d'Alceste, lorsqu'Apollon environné des arts, descend des cieux, et lui annonce qu'il vivra, si quelqu'un veut se dévouer pour lui, ajoutant que les arts vont élever un pompeux monument qui éternise la gloire de celui qui s'offrira à la mort. Ainsi l'espérance vient de nouveau suspendre la douleur.

Acte 111. Cependant Admète va rendre le dernier soupir, parce qu'il ne se présente personne pour mourir à sa place. Mais il paroît tout-à-coup au milieu de son peuple qui célèbre son retour à la vie. En même temps l'autel que les arts ont élevé, s'ouvre, et offre au roi l'image de son épouse qui se perce le sein: alors tout le palais retentit de ce cri de douleur; Alceste est morte. Admète ne peut souffrir la vie, que

« ElőzőTovább »