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vers et quelques morceaux bien faits: mais en général le style de ce tragique est négligé et incorrect, obscur et ampoulé. Celles de ses pièces qui paroissent le plus souvent sont Zelmire, Gaston et Bayard, et Gabrielle de Vergy, quoique le dénouement de celle-ci paroisse à bien des censeurs éclairés, horrible et dégoû

tant.

Tels sont les écrivains de notre nation qui ont le plus constamment cultivé l'art de la tragédie. Il y en a plusieurs autres à qui nous devons quelques pièces qui se soutiennent encore avec distinction sur notre théâtre. Voici les principaux : je ne parlerai que de ceux qui ne sont pas vivans.

La Fosse a fait une pièce dans le genre de Corneille : c'est Manlius Capitolinus. Il y a des morceaux dignes de ce père de la tragédie française. Le principal rôle est admirable.

Nous avons de Longepierre deux tragédies, Médée, et Electre. La première est la seule qui reparoisse quelquefois sur notre scène : quoique remplie de déclamations, elle offre de grandes beautés, sur-tout dans le 4o acte.

Inès de Castro, par la Motte, est une pièce foible de poésie. Mais il y a de Î'intérêt, et des situations vraiment attendrissantes.

Chateaubrun s'est fait avantageuse

ment connoître par son Philoctete, et ses Troyennes; pièces très-bien imitées des tragiques grecs. Dans la première sur-tout il y a de belles scènes, et le dénouement en est fort beau.

L'Iphigénie en Tauride de Guimont de la Touche, n'est pas bien versifiée: mais elle est très-bien conduite, pleine d'action et d'intérêt. Ce qui relève encore le mérite de cette tragédie, c'est que l'amour en est exclu.

La versification de Gustave par Piron est peu harmonieuse: mais les situations. y sont bien ménagées et très intéressantes. Le rôle de Gustave sur-tout est bien fait.

Le Spartacus de Saurin offre des traits d'une grande force, et de l'élévation dans les caractères.

La Didon du marquis de Pompignan, est une des meilleures tragédies qui aient été faites de nos jours, pour la conduite de l'action, la vivacité de l'intérêt, la douceur et la pureté du style. C'est le tragique qui a atteint de plus près Racine.

On connoîtra les poètes tragiques des autres nations dans les différens théâtres que j'ai indiqués, à l'article des poètes comiques. Mais quant aux Anglais, je ne dois pas passer ici sous, silence le Caton d'Addisson: c'est la tragédie la plus régulière et la meilleure qui ait été faite

en Angleterre. Le Tourneur nous a donné une traduction de tous les ouvrages de Shakespeare.

Voici ce que l'auteur des Affiches, etc., ou Journal général de France, dit de ce dramatique anglais à l'occasion de cette traduction (1). « Depuis quelques années, on fait en France les éloges les plus outrés de Shakespeare; et s'il faut en croire certains écrivains, c'est le premier génie qui ait paru dans l'art dramatique. A peine Corneille, le grand Corneille lui-même, et Racine sont-ils dignes de lui être comparés. Pour faire revenir ces écrivains de leur enthousiasme, il suffira de leur opposer le sentiment de quelques beaux esprits d'Angleterre. Leur témoignage ne paroîtra pas certainement suspect. Voici d'abord ce que dit le comte de Chesterfield, dans une de ses lettres. « Si le génie de Sha» kespeare eût été bien cultivé, ces beau»tés que nous admirons si justement en » lui, n'auroient pas été défigurées par » ces absurdités et ces extravagances qui » les accompagnent si fréquemment ». Le même dit dans une autre lettre à son fils: << Je vous recommande les représenta>>tions théâtrales de Paris. Elles sont ex»cellentes. Les tragédies de Corneille et » de Racine, et les comédies de Molière

(1) N° 48, 1783.

» écoutées attentivement, sont d'admi>>rables leçons pour le cœur et pour » l'esprit. Il n'y a point, et il n'y eut ja» mais de théâtre comparable au théatre » Français ». Le docteur Burnet avoit dit avant lui: « C'est une honte pour » notre nation et pour la religion de » voir le théâtre si bien réformé en » France, et toujours si corrompu en An» gleterre. Molière et Racine sont de >> grands modèles pour la comédie et la » tragédie ». Ces aveux, auxquels on pourroit ajouter ceux d'Addisson, de Swift, et des gens de lettres les plus distingués de l'Angleterre, sont si glorieux pour notre théâtre, que toute dispute sur la préférence paroît devoir être terminée, et que nos enthousiastes doivent rougir, ce semble, des éloges qu'ils prodiguent à Shakespeare....«Soyons justes néanmoins, et convenons que Shakespeare a quelquefois des beautés du premier ordre, qu'il offre des traits de génie, de force, et d'un naturel exquis: mais ces traits sont rares, et noyés dans une multitude d'autres les plus disparates, et même les plus extravagans. En un mot, ce poète ne peut ni ne doit jamais être un modèle ».

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Les tragédies de Métastase sont les meilleures qui aient été faites en Italie: le fond en est intéressant, uoble et théâtral. Elles ont été traduites par Richelet,

et ont paru sous le titre de Tragédies et Opéra de l'abbé Metastasio.

La Mérope de Maffei est une tragédie qui honore infiniment le théâtre de J'Italie moderne. Elle est remarquable par cette majestueuse simplicité qu'on admire dans les anciens. Nous en avons une bonne traduction par Freret.

II.

De la Tragédie-Lyrique, ou Opéra.

Nous ne sommes pas choqués d'entendre dans la tragédie proprement dite, et le plus souvent dans la comédie, des rois, des héros, des grands, des bourgeois, même des hommes du peuple, parler en vers. Pourquoi serions-nous révoltés d'entendre chanter ces mêmes personnages, soit dans la tragédie lyrique, soit dans l'opéra comique. Nous adoptons volontiers au théâtre le systême imaginaire d'une nation rimante. Ne pouvons-nous pás admettre de même celui d'une nation chantante? Le discours mesuré n'est pas plus naturel à l'homme que le chant. Il est même vraisemblable que celui-ci a précédé l'autre. Sans doute le premier homme qui a essayé d'imiter le ramage des oiseaux, on qui, si l'on veut, s'est livré aux transports de la joie, à l'enthousiasme de l'ad

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