Oldalképek
PDF
ePub

Ceux-ci sont de Boileau.

Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent, Promenoient dans Paris le monarque indolent.

Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent;
Les murs en sont émus; les voûtes en mugissent,
Et même l'orgue en pousse un long gémissement.

Le bled pour se donner sans peine ouvrant la terre, N'attendoit pas qu'un boeuf pressé de l'aiguillon, Traçát à pas tardifs un pénible sillon.

L'autre esquive le coup; et l'assiette volant
S'en va frapper le mur, et revient en roulant.

J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé, qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.

La Mollesse oppressée Dans sa bouche à ce mot sent sa langue glacée, Et lasse de parler, succombant sous l'effort, Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort.

Si l'on veut avoir un exemple, et tout à-la-fois les règles de cette harmonie imitative, on n'a qu'à lire ces beaux vers de l'abbé du Resnel, tirés de sa traduction de l'Essai sur la Critique, par Pope.

Que le style soit doux, lorsqu'un tendre zéphire,
A travers les forêts, s'insinue et soupire,
Qu'il coule avec lenteur, quand de petits ruisseaux
Roulent tranquillement leurs languissantes eaux,

Mais les vents en fureur, la mer pleine de rage,
Font-ils d'un bruit affreux retentir le rivage?
Le vers comme un torrent, en grondant doit marcl er.
Qu'Ajax soulève et lance un énorme rocher;
Le vers appesanti tombe avec cette masse.
Voyez-vous des épis effleurant la surface,

Camille dans un champ, qui court, vole, et fend l'air ?
La muse suit Camille, et part comme un éclair.

DES RÈGLES

DES OUVRAGES EN VERS.

Division LE poète raconte quelquefois une acde la poé- tion: quelquefois il la met sous les yeux :

sje,

d'autres fois il se livre seulement au sentiment: enfin il traite souvent quelque sujet dans le dessein d'instruire: de-là naissent quatre espèces de poésie. Quand le poète raconte une action, c'est la poésie épique. Quand il offre aux yeux un spectacle, en introduisant des personnages qui parlent et qui agissent, c'est la poésie dramatique. Quand, pénétré d'un sentiment, agité d'une passion, il s'y livre tout entier, et les exprime avec le plus vif enthousiasme, c'est la poésie lyrique. Quand il emploie son langage brillant et figuré, pour établir ou développer une verité, pour donner des règles et des préceptes, c'est la poésie didactique.

Ces quatre genres, quoique séparés l'un de l'autre, peuvent se trouver, et se trouvent assez souvent réunis dans un même poème. Le poète épique présente, en bien des endroits, ses personnages qui parlent et qui agissent. Il n'est pas rare que le poète dramatique raconte. Le poète lyrique même le fait quelquefois, en se soutenant toujours dans son essor. La poésie didactique renferme souvent des récits intéressans, des sentimens exprimés avec feu, et les discours directs de certains personnages. Il ne seroit guère possible d'indiquer un poème, qui, dans toutes ses parties, se rapportât exactement à un seul de ces quatre genres.

Ainsi je ne suivrai point cette division, pour faire connoître les divers ouvrages en vers. Il me paroît plus simple et plus commode de les parcourir tous successivement, en commençant par les moins considérables. Il y en a qui sont très-courts, et qui peuvent être tous compris sous le titre de Poésies fugitives. Il y en a d'autres auxquels on donne le nom de petits Poèmes, et d'autres nommés par excel lence grands Poèmes.

De

CHAPITRE PREMIER.

Des Poésies fugitives.

Il n'est pas aussi aisé qu'on pourroit se l'imaginer, de réussir dans les poésies fugitives. Outre qu'elles exigent, chacune dans son espèce, un talent particu lier, on n'y souffre pas les moindres inégalités, les plus légers défauts. Il faut qu'une petite pièce de vers soit aussi parfaite qu'elle puisse l'être. Si elle ne l'est point, on la regarde, avec raison, presque comme mauvaise,

Ces petits ouvrages poétiques sont ; 1o. L'énigme, le logogryphe, et la charade. 2°. L'épigramme, le madrigal et le sonnet. 3°. Le rondeau et le triolet. 4°. L'épitaphe et l'inscription. 5°. L'épithalame et la chanson. Je ne parle point de la balade, du chant royal, du lai, du virelai, et autres petites pièces de vers, qui ne sont plus guère d'usage.

ARTICLE J.

De l'Énigme, du Logogryphe et de la

Charade.

L'ÉNIGME est l'exposition d'une chose l'Eugme, naturelle qu'on donne à deviner, en la

[ocr errors]

décrivant par ses causes, ses effets, ses propriétés, mais sous des idées et des termes équivoques. Elle peut être en prose mais elle est presque toujours en vers. L'auteur qui à dit : Maison à louer, laquelle a deux portes, trois fenétres, du logement pour quatre maitres, même pour cinq en un besoin, deux caves, un grenier à foin; maison que le propriétaire, avec sa baguette d'enchanteur, peut transporter au gré du locataire, dans quelque quartier qu'il lui plaira; maison qui porte un écriteau tiré de Barême et de l'algèbre, et dont le nom, aussi bien que celui de l'enchanteur, se lit dans le calendrier: cet auteur, dis-je, a proposé une énigme, dont le mot est une voiture nommée

fiacre. On y voit la description d'une chose par ses propriétés; description où ne sont employées que des idées et des expressions équivoques, puisqu'elles présentent plusieurs rapports et plu

sieurs sens.

L'équivoque caractérise donc l'énigme: elle y donne le change au lecteur, qui d'ailleurs doit s'y attendre. La métaphore et l'antithèse sont les principales figures, propres à ce genre de poésie, qui doit être court, précis, et piquer sur-tout la curiosité du lecteur par quelque trait qui semble désigner le mot, ou par les contrastes singuliers

« ElőzőTovább »