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fers. Mais Arcas, qui n'a pu voir, sans frémir, l'appareil du sacrifice qu'on a préparé, vient dire à Clitemnestre et à Achille, qu'Agamemnon attend Iphigénie à l'autel, pour la sacrifier. A cette nouvelle Clitemnestre éperdue, implore le secours d'Achille, et court aussitôt se présenter à Agamemnon. Achille veut aller défendre et venger son amante, et demander en même temps raison à Agamemnon de l'outrage qu'il lui fait à luimême. Mais il est retenu par Iphigénie. Clitemnestre, à qui Agamemnon a fait refuser le passage de l'autel, revient implorer le secours d'Achille, qui lui jure que, tant qu'il respirera, sa fille ne sera point immolée, et qui va tout disposer à la servir. Voilà le noeud qui se serre. D'un côté, Agamemnon est entièrement déterminé à sacrifier Iphigénie; et le danger de cette jeune princesse devient, par-là même, plus grand, et l'inquiétude du spectateur plus vive. De l'autre côté, elle a Achille pour défenseur. Mais ce héros pourra-t-il la soustraire à la mort, contre l'ordre des dieux, et la volonté du roi?

Acte IV. Eriphile, toujours jalouse de ce que fait Achille pour sa rivale, et craignant que ce héros ne vienne à bout de la sauver, est tentée d'aller divulguer la menace des dieux, pour allumer le feu de la discorde dans tout le camp. Cepen

dant Agamemnon ne voyant pas paroître sa fille à l'autel, vient la demander à Clitemnestre, qui éclate avec la plus vive fureur contre lui, et qui disparoît de sa présence, en amenant avec elle Iphigénie. Agamemnon troublé, sent plus que jamais la tendresse paternelle se réveiller dans son ame. Achille qui vient le trouver, lui parle avec la plus grande hauteur, et même sur le ton de la menace. Agamemnon lui répond avec toute la noblesse et toute la grandeur d'un chef des rois de la Grèce, et finit par lui dire qu'il rompt tous les noeuds qui l'attachent à lui. Achille encore plus irrité, mais se contenant, lui réplique :

Rendez grace au senl nœud qui retient ma colère.
D'Iphigénie encor je respecte le père.

Peut-être sans ce nom, le chef de tant de rois
M'auroit osé braver pour la dernière fois.

Je ne dis plus qu'un mot: c'est à vous de m'entendre.
J'ai votre fille ensemble et ma gloire à défendre.
Pour aller jusqu'au cœur que vous voulez percer,
Voilà par quels chemins vos coups doivent passer.
AGAMEMNON, seul.

Et voilà ce qui rend sa perte inévitable!
Ma fille toute seule étoit plus redoutable.
Ton insolent amour qui croit m'épouvanter,
Vient de hâter le coup que tu veux arrêter.
Ne délibérons plus. Bravons sa violence.
Ma gloire intéressée emporte la balance.
Achille menaçant détermine mon cœur:
Ma pitié sembleroit un effet de ma peur.

Il appelle ses gardes.

Que vais-je faire ?

Puis-je leur prononcer cet ordre sanguinaire ?
Cruel, à quel combat faut-il te préparer ?
Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer?
Une mère m'attend, une mère intrépide
Qui défendra son sang contre un père homicide.
Je verrai mes soldats moins barbares que moi,
Respecter dans ses bras la fille de leur roi.
Achille nous menace, Achille nous méprise.
Mais ma fille en est-elle à mes lois moins soumise ?
Ma fille, de l'autel cherchant à s'échapper,
Gémit-elle du coup dont je la veux frapper?
Que dis-je? que prétend mon sacrilége zèle?
Quels vœux en l'immolant, formerai-je sur elle?
Quelques prix glorieux qui me soicnt proposés,
Quels lauriers me plairont de son sang arrosés ?
Je veux fléchir des dieux la puissance suprême.
Ah! quels dieux me seroient plus cruels que moi-méme!
Non, je ne puis. Cédons au sang, à l'amitié,
Et ne rougissons plus d'une juste pitié.
Qu'elle vive. Mais quoi! peu jaloux de ma gloire,
Dois-je au superbe Achille accorder la victoire?
Son téméraire orgueil que je vais redoubler,
Croira que je lui cède, et qu'il m'a fait trembler.
De quel frivole soin mon esprit s'embarrasse!
Ne puis-je pas d'Achille humilier l'audace ?
Que ma fille à ses yeux soit un sujet d'ennui :
Il l'aime. Elle vivra pour un autre que lui.

Agamemnon fait appeler Clitemnestre et Iphigénie. Il leur ordonne de partir promptement, en se dérobant à la vigilance de Calchas, tandis qu'il va luimême l'abuser par de feintes raisons, et lui demander au moins le reste de la journée pour ce sacrifice. Eriphile, présente à cet entretien, reconnoît les effets de l'amour d'Achille sa jalouse fureur s'irrite; elle veut perdre Iphigénie ou périr, et va tout découvrir à Calchas. Voilà le noeud qui se serre encore davantage, et le trouble du spectateur qui

va toujours en croissant. Un moment d'espérance a soulevé l'ame, mais pour la faire retomber avec plus de force. Clitemnestre et Iphigénie seront elles sorties du camp, avant qu'Eriphile ait instruit Calchas de leur départ? Cette incertitude est terrible.

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Acte V. Toute l'armée, qui a su que les dieux ont ordonné le sacrifice d'Iphigénie, s'est opposée à sa fuite, et demande à grands cris la victime. Achille veut amener Iphigénie dans sa tente, où il la défendra contre toute l'armée. Elle refuse de le suivre, et ne songe qu'à obéir à son père. Ce héros furieux, résolu de renverser le bûcher, d'immoler le prêtre, de frapper Agamemnon luimême, va se ranger près de l'autel avec ses thessaliens. On y conduit Iphigénie, malgré les efforts de Clitemnestre, que retiennent les gardes, contenus euxmêmes par tout le camp, qu'un zèle fatal avengle, et qui ne reconnoît en ce moment d'autre maître que Calchas. Voilà le noeud aussi serré qu'il puisse l'être. Le trouble et l'inquiétude ne peuvent être plus vifs : l'ame est déchirée. Y a-t-il encore quelque ressource pour l'intéressante Iphigénie? Achille, le seul Achille pourra-t-il avec ses soldats résister à une armée si nombreuse, et composée de si braves guerriers? Il faut qu'Iphigénie périsse, ou qu'elle soit dé

livrée: nous touchons au moment où le noeud va se dénouer.

Ulysse vient raconter à Clitemnestre qu'Achille, à la tête de ses thessaliens, combattoit pour arracher Iphigénie au fer du sacrificateur; qu'un nuage de traits s'élevoit dans les airs, et que le sang, prémices du carnage, commençoit à couler, lorsque Calchas, plein du dieu qui l'agitoit, s'est avancé entre les deux partis, et expliquant l'oracle, a déclaré que la victime demandée par les dieux, étoit une autre Iphigénie, née d'un mariage secret de Thésée avec Hélène : elle me voit, a-t-il dit aux Grecs; elle m'entend; elle est devant vos yeux. Aussi-tôt toute l'armée a jeté les yeux sur Eriphile, qui se voyant condamnée à mourir, a saisi avec fureur le couteau sacré, qu'elle a plongé dans son sein. Voilà le dénoue

ment.

La conduite de cette tragédie est admirable. Le sujet y est exposé avec toute la netteté qu'on peut desirer. L'action, aussi bien nouée qu'elle puisse l'être, y marche rapidement, sans jamais être embarrassée. Les incidens y naissent tous les uns des autres, et sans qu'ils choquent en aucune manière la plus exacte vraisemblance. L'intérêt y est toujours vif et toujours gradué. La terreur et la pitié, qui commencent dès l'exposition même du sujet, vont tou

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