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point de spectateur qui puisse entendre froidement un homme du peuple, qui placé dans la même situation qu'un prince malheureux, emploie les mêmes expressions que ce prince pour déplorer son malheur.

Dans la troisième espèce de parodie, qui est celle des originaux parodiés en quelques parties seulement, on fait usage d'un incident singulier, d'une situation tragique, de certaines pensées, de certaines expressions. Mais on sent qu'un seul endroit déterminé ne peut fournir le sujet que d'une ou de deux scènes de parodie. Il faut alors composer une pièce dans laquelle on jettera ces scènes en s'attachant à les bien traiter, à les amener sur-tout avec tant d'art, que le spectateur ne puisse point les pré

voir.

L'objet de la parodie est de corriger le goût, en relevant d'une manière comique les défauts de l'ouvrage parodié, soit par rapport à la conduite, soit par rapport aux situations, soit par rapport aux sentimens et à l'expression même. Elle devient entre les mains de la critique, dit encore l'abbé Sallier, le flambeau dont on éclaire les défauts d'un auteur qui avoit surpris l'admiration. Ainsi la parodie est un genre d'ouvrage qui nous fait distinguer dans une pièce de théâtre le bon or du clinquant; qui

par conséquent ne peut être désavoué par la raison, et que le bon goût autorise: c'est un badinage innocent, permis par les lois, qui n'offense pas personnellement l'auteur parodié, et qui en exigeant dans le parodiste un esprit non moins juste que délicat, ne sauroit donner aucune idée désavantageuse de son caractère. Parisau a donc eu raison de dire en terminant une de ses excellentes pièces en ce genre:

Melpomène à son tour doit m'accorder ma grace.
En les travestissant, j'admire ses héros.

Le parodiste rit, mais jamais il n'outrage.
Nul ne sait mieux priser les beautés d'un ouvrage,
Que celui qui s'occupe à chercher ses défauts (1),

III.

De l'Opéra Comique.

Le style des moeurs, la peinture da ridicule peuvent trouver place dans l'Opéra Comique, mais n'en sont pas l'objet principal et direct. Une comédie en ce genre est une pièce d'intrigue faite pour nous égayer, où les caractères ne sont touchés que superficiellement, et où le ridicule est présenté en passant. Elle est assujétie aux mêmes règles que toutes les autres pièces de théâtre. Mais

(1) La Veuve de Cancale, parodie de la Veuve de Malabar, tragédie.

mique en

elle en a de particulières qu'il suffira

d'indiquer.

Opéra co- On distingue deux espèces d'opéra covaudevil- mique; l'opéra comique en vaudevilles, les. et les pièces à ariettes. Le premier est

tout entier, ou presque tout entier en chansons, sur des airs connus. Je dis presque tout entier, parce que souvent il y a des choses qui auroient mauvaise grace à être chantées, et qui ne peuvent être qu'en dialogue. Le sujet de ces sortes de pièces doit être simple, exposé avec précision, et sagement conduit. Il faut sur-tout que les airs soient bien choisis, et qu'ils conviennent aux sentimens, à la situation des personnages. La connoissance des principes de la musique, et des règles de la prosodie, est absolument nécessaire au poète pour ce dernier objet. Pourroit-il les ignorer, sans s'exposer à placer une syllabe longue sous une note brève, et des paroles gaies sur un air qui ne le seroit pas ?

Au reste, les plus habiles musiciens. prétendent que la musique bien faite relativement à l'esprit de certaines paroles, ne peut point être adaptée à d'autres paroles. Ils disent que, pour qu'un air convienne à des paroles nouvelles, il faut qu'elles renferment les mêmes sentimens qu'expriment les paroles anciennes. Or, cela demanderoit un soin bien pénible; et vraisembla

blement même y travailleroit-on sans

succès.

ariettes.

Les pièces à ariettes sont celles qui Pièces à sont mêlées de chants; car une ariette ou air, n'est autre chose qu'un chant mis sur des paroles qui expriment un sentiment ou une passion. De toutes les parties d'une comédie de cette espèce, c'est la plus difficile à faire. Il faut que la poésie y peigne toujours la situation du personnage; qu'elle soit naturelle, précise, coulante, et que toutes les expressions prêtent à la musique. L'ariette ne peut donc être placée que dans les endroits où le personnage est agité de quelque passion. Elle doit de plus être la récapitulation et la péroraison de la scène: c'est une remarque que fait J. J. Rousseau. Voilà pourquoi l'acteur disparoît presque toujours, après avoir chanté.

Un chant ne peut plaire, s'il est monotone. C'est au poète à fournir au musicien le moyen de diversifier le sien. Il doit pour cela varier, autant qu'il est possible, le caractère des ariettes, c'està-dire, placer après une ariette qui exprime une passion douce, une ariette qui exprime une passion contraire ou différente. Il faut encore qu'il proportionne le dialogue à la musique, de manière que l'un n'occupe pas la scène plus long-temps que l'autre.

Les duo sont deux personnes qu'on fait

péra co

Des Duo chanter à-la-fois. On a remarqué qu'ils dans l'o- sont hors de la nature, parce qu'il n'est mique. point naturel de voir deux personnes se parler à-la-fois durant un certain temps, soit pour dire la même chose, soit pour se contredire, sans jamais s'écouter ni se répondre. Mais cette remarque n'a point lieu dans l'opéra comique, à cause du peu de dignité des personnages qu'on y introduit, et auxquels on ne suppose pas une grande éducation. Il ne faut placer les duo, dit J. J. Rousseau (1), que dans des situations vives et touchantes, n'y mettre qu'un dialogue court, peu phra. sé, formé d'interrogations, de réponses, d'exclamations vives et courtes. Une autre altention est de ne pas prendre indifféremment pour sujets toutes les passions violentes; mais seulement celles qui sont susceptibles de la mélodie douce et un peu contrastée. La fureur, l'emportement marchent trop vîte; on ne distingue rien; on n'entend qu'un aboiement confus, et le duo ne fait point d'effet.

Appliquez ces sages conseils aux trio, aux quatuor, aux quinque, etc.

Le dénouement d'un opéra comique doit être comme dans toutes les pièces de théâtre, amené naturellement, et produit par un incident tiré du fond de

(1) Dict. de Musique.

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