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vantes, de la robe et du latin des médecins. Molière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde.

J'ai dit ailleurs que Molière avoit laissé le sceptre de la comédie entre les mains de Regnard. Nul autre poète comique n'étoit plus digne de le porter. Il montre dans ses pièces, soit de caractère, soit d'intrigue, un bon sens exquis, une connoissance des plus étendues du théâtre, le talent le plus propre à bien manier un sujet, à bien conduire, à bien dénouer une action, et un art admirable à saisir et à peindre les ridicules. Elles portent toutes l'empreinte d'un génie vif, gai et vraimeut comique. Ce poète répand par-tout le sel de l'enjouement: son dialogue est plein de feu. On a mis sa comédie du Joueur à côté des bonnes pièces de Molière. Voilà les deux poètes qui, dans le siècle dernier, ont successivement régné sur la scène comique.

Destouches est venu immédiatement après Regnard, et l'a dignement remplacé, quoiqu'il ne l'ait pas tout-à-fait égalé. Les plans de ses comédies sont tracés avec intelligence. Elles sont en général conduites avec sagesse, trèsintéressantes et toujours morales. Ce poète saisit fort bien les traits essentiels d'un caractère, et le peint des couleurs qui lui sont propres. Il écrit purement; mais il n'a pas assez de saillies: son co

mique est toujours noble, mais manquant un peu de gaîté. Sa comédie du Glorieux et celle du Philosophe marié, lui ont à jamais assuré un des premiers rangs parmi nos poètes comiques.

Piron n'a enrichi notre scène que d'une comédie : c'est la Métromanie, qui sera toujours comptée au nombre des chef d'oeuvres. Le choix des caractères et la manière de les faire ressortir, la conduite, le style, l'enjouement, le comique, tout rend cet ouvrage immortel, digne d'une si honorable distinction. Molière lui-même eût ambitionné la gloire d'avoir fait cette pièce.

Tels sont parmi nous les plus parfaits modèles que puissent se proposer les jeunes poètes dans le genre de la comédie. Mais nous avons encore une foule d'excellens comiques, dont les pièces constamment applaudies au théâtre par l'homme de goût, ne plaisent pas moins à la lecture qu'à la représentation. Je vais faire connoître les principaux, en commençant par ceux qui furent contemporains de Molière et de Regnard.

Raimond Poisson, né avec une imagination gaie, paroît n'avoir songé qu'à divertir le spectateur, sans s'attacher trop scrupuleusemeut aux règles de la bonne comédie. Ses pièces sont en effet très-réjouissantes, et offrent des détails pleins de saillies. On peut les lire pres

que toutes avec plaisir, quoiqu'il n'y ait que le Bon Soldat et le Baron de la Crasse qui soient connus au théâtre.

On y voit aussi paroître assez souvent le Procureur arbitre, et l'Impromptu de campagne; petites comédies qui sont de Philippe Poisson, petit-fils du précédent.

Montfleury a, dans ses comédies, un style assez facile, et y présente des situations assez comiques. Mais on n'y voit que trop souvent des pensées et des expressions licencieuses. De toutes les pièces de ce poète, la Fille Capitaine, et la Femme Juge et Partie sont les seules qu'on joue encore de temps en temps.

Le Mercure galantoula Comédie sans , titre, par Boursault, est une pièce bien conduite, pleine des détails les plus agréables, et que le public voit toujours avec un nouveau plaisir. Ses autres comédies de caractère ou d'intrigue n'ont pas eu un grand succès.

La plupart des comédies de Hauteroche, sont gaies et bien conduites. On remarque sur-tout ces deux qualités dans le Deuil, Crispin Médecin, et le Cocher supposé: pièces qui reparoissent assez souvent sur notre théâtre.

L'Avocat patelin, dont François Cor bueil fut le premier auteur, étoit joué sous Charles VIII, temps où l'art de la comédie étoit encore dans le chaos.

Brueys le rajeunit vers la fin du 17° siècle, et en fit une pièce charmante. Il donna encore deux fort bonnes comédies, le Grondeur, et le Muet. Dans la première, le caractère principal est d'une vérité frappante et d'un vrai comique. On la place immédiatement après les meilleures pièces de Molière. Les uns disent que ces deux comédies furent l'ouvrage de Brueys et de Palaprat. Les autres assurent que Palaprat fut seulement le disciple et l'ami de Brueys, et n'eut aucune part à ses travaux littéraires.

Une peinture fine et délicate de caractères souvent neufs, et toujours soutenus, fait le principal mérite des comédies de Dufresny. Elles sont de plus dialoguées avec justesse et avec précision. Il y a beaucoup de jeu et de vivacité dans les scènes. Mais en général elles laissent quelque chose à desirer du côté de l'intrigue et du dénouement. Le double Veuvage, et l'Esprit de contradiction sont celles qui reparoissent ou qui méritent de reparoître le plus souvent.

Dancourt avoit reçu de la nature un génie vraiment comique: le style et le dialogue de la plupart de ses pièces l'annoncent. Mais il écrivoit avec trop de facilité aussi est-il bien souvent incorrect et négligé. Il a fait une cinquantaine de Comédies : les

plus estimées sont les Bourgeoises à la mode, les Bourgeoises de qualité; le Galant Jardinier, les Vendanges de Surenne, le Moulin de Javelle, les Curieux de Compiègne.

Le Grand a de la gaîté, de la vivacité, des saillies: il entend même l'art du dialogue. Mais en général ses pièces manquent de régularité, et la décence n'y est pas assez respectée. Celles qu'on joue le plus souvent, sont l'Aveugle clairvoyant, l'Ami de tout le monde, et la Nouveauté.

Le célèbre Baron, Comédien, fut aussi poète comique. Il donna l'Andrienne, pièce imitée de Térence ; la Coquette, et l'Homme à bonne fortune. Elles sont restées au théâtre ; et on les y voit reparoître avec plaisir, sur-tout la dernière.

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Notre siècle a produit et produit tous les jours une foule de poètes comiques. Je me contenterai d'indiquer ici les plus remarquables de ceux que la mort a enlevés à la république des lettres et dont les pièces ont encore les suffrages des connoisseurs.

La comédie de Turcaret a mérité à le Sage une place distinguée parmi nos bons poètes comiques. On y reconnoît l'observateur judicieux, qui a très-bien saisi le ridicule, et le peintre habile qui le rend avec autant d'agrément que de

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