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art qu'il met au dessus de tous les

arts.

Le style de la comédie, quel que soit le ton qu'on prenne, sera donc vraiment simple et naturel, si l'on fait parler un personnage, comme on doit supposer qu'il parle (lorsqu'il parle bien) dans la société ordinaire. Ainsi les trois. genres de comique que nous avons distingués, et qui sont marqués par la condition des personnages agissans, doivent servir de base à l'élocution dans la comédie. On sait quelle est la manière de s'exprimer des grands, des bourgeois, des hommes du peuple. On n'a qu'à y ajouter plus de choix, plus de précision, plus de vivacité, plus de sel, plus de gaîté.

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Au reste, les exemples en cette matière sont indispensables et instruisent bien mieux que tous les préceptes. Il ne s'agit que de choisir un bon modèle, un guide sûr qui ne puisse pas nous égarer; et le meilleur est sans contredit Molière. Il faut donc lire principalement, pour le style du haut comique, la 5 scène du 2e acte, et la 3e scène du 4 acte du Misanthrope: pour le style du comique bourgeois, les 6o et 7e scènes des Femmes savantes pour le style du bas comique, la scène 4o du 4 acte du Dépit amoureux. Mais dans celle-ci, il ne faudra pas s'arrêter aux détails du morceau de

Poètes comiques.

fromage et du potage, qui, comme je l'ai déja dit, sont du comique grossier. Ces scènes, que je me borne à indiquer ici, parmi une infinité d'autres de ses comédies, réunissent à la propriété du style, la beauté du dialogue, et le sel du vrai comique.

Nous devons aux Grecs l'invention de l'art dramatique. La comédie et la tragédie furent, dans leurs commencemens, confondues ensemble. Elles n'étoient l'une et l'autre qu'un chant de plusieurs personnes qui foi moient un choeur. Thespis, natif d'Icarie, île de l'Archipel, et qui vivoit l'an 536 avant J. C., y jeta un personnage qui parloit seul. Ses acteurs barbouillés de lie, se promenant dans les campagnes sur un tombereau, chantoient les louanges de Bacchus et railloient les passans. Bientôt on sépara le sérieux du burlesque; alors la comédie et la tragédie eurent chacune leur objet particulier. Les poètes" qui, du temps même de Thespis, introduisirent dans la première un certain nombre de personnages, et l'élevèrent sur un théâtre décent, en lui donnant un ordre régulier, furent Chionidès, Magnès et Phormis. Il ne nous est rien resté de leurs ouvrages.

On distingue trois espèces ou trois âges dans la comédie grecque; la vieille, la moyenne et la nouvelle, Dans la vieille

comédie, qui commença vers le temps de la mort de Thespis, les poètes n'inventoient ni les sujets ni les noms. Ils mettoient sur la scène des aventures réelles, des caractères connus; ils représentoient au naturel les vices, les ridicules vrais ou supposés d'un citoyen, d'un magistrat, d'un des hommes les plus considérables de la république ; et le principal acteur en portoit le nom. C'est de cette manière que le vertueux Socrate fut joué dans les Nuées ďAristophane. On poussa même la licence jusqu'à attaquer la religion et les dieux.

Lamaque, général des Athéniens, rendit, vers l'an 404 avant J. C. un décret, par lequel il fut défendu aux poètes comiques d'employer des noms connus. Alors à la vieille comédie succéda la moyenne. Les noms y étoient supposés; mais les sujets étoient véritables. Sous ces noms imaginaires, les poètes peignoient si bien le caractère et les mœurs des personnes qui étoient l'objet de leur satire, qu'on ne pouvoit s'y méprendre. D'ailleurs les acteurs étoient revêtus d'habits de même forme, de même couleur que ceux de ces particuliers ridiculisés, et portoient des masques moulés sur leur visage.

Alexandre s'étant rendu maître de la Grèce, proscrivit entièrement, vers l'an 335 avant J. C., toutes ces licences scan

daleuses. Les poètes à qui il ne fut plus permis de présenter des aventures réelles, furent donc obligés de recourir à des sujets purement imaginés. La comédie devint alors la satire générale des vices et des ridicules, et parut à-peu-près dans l'état où nous la voyons aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle la comédie nouvelle.

Parmi le grand nombre des poètes qui se distinguèrent dans la vieille comédie, Aristophane, né à Linde, dans l'île de Rhodes, vers l'an 455 avant J. C., est le seul dont les ouvrages nous soient parvenus. On y trouve aussi quelques pièces da la comédie moyenne. Ce poète avoit un génie libre, gai, et vraiment comique; ilaisissoit très-bien le ridicule et le rendoit de même : ses comédies sont pleines de vivacité et de saillies. Mais il ne sut se prescrire aucune borne. On concevroit à peine l'audace avec laquelle il blesse la pudeur, outrage les dieux mêmes. Il n'est pas possible de le lire, sans voir à découvert le satirique par méchanceté, le libertin par corruption de moeurs, l'impie par principe. Aussi le P. Brumoi s'est contenté, dans son Théâtre des Grecs, de donner une analyse de ses pièces. Nulle plume, dit-il, fût-elle païenne et cynique, n'oseroit produire au grand jour les horreurs que j'ai dérobées aux yeux des lecteurs. Ma

dame Dacier n'a traduit que son Plutus et ses Nuées, et Boivin ses Oiseaux. Poinsinet de Sivry a traduit toutes ses comédies, partie en vers, partie en prose; mais il a été obligé de laisser des actes entiers, dont la licence est extrême.

Ménandre, né à Athènes, vers l'an 542 avant J. C., et surnommé le prince de la comédie nouvelle, ne nous est connu que par des fragmens, qui nous font juger que Plutarque avoit bien raison de préférer ses comédies à celles d'Aristophane. On voit dans ces morceaux une peinture toujours vive, exacte et décente, une satire toujours fine et délicate des vices et des ridicules. Ils ont été traduits à la suite du théâtre d'Aristophane, par Poinsinet de Sivry, qui y a joint ceux de Philémon, poète comique, fils d'un autre Philémon, contemporain et rival de Ménandre. Les ouvrages de ce dernier Philémon ont été perdus, ainsi que ceux de Diphile, qui se rendit célèbre dans la même espèce de comédie.

Livius Andronicus, Grec de naissance, fut à Rome le créateur du théâtre comique, vers l'an 240 avant J. C. Trèspeu de temps après cette époque, plusieurs Romains, parmi lesquels on distingue Ennius, s'exercèrent dans la comédie latine, et lui ôtèrent de plus en plus sa première rudesse. Mais elle n'étoit encore qu'une farce indécente et

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