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pour les vues, la disposition et la conduite de l'ouvrage.

Il n'y a point dans cette comédie de caractère principal. Il y en a quatre, comme je l'ai déjà dit, qui sont à-peuprès de la même force, qui brillent presqu'également. Les principaux personnages sont Sganarelle, Ariste frères, Isabelle, Léonor sœurs, et Valère, amant d'Isabelle. La scène est dans une place publique.

Acte I. Sganarelle et Ariste ouvrent la scène. Sganarelle est un homme d'un âge un peu avancé, bizarre et singulier dans ses manières, dans son habillement, d'une humeur farouche et sauvage, fuyant toute société, et de plus, est-il dit dans le cours de l'action, ayant un mauvais œil. Ariste est un homme d'un sens droit et d'une raison saine: il pense que l'homme sage doit s'accommoder au plus grand nombre, n'avoir rien d'affecté dans ses habits, et suivre l'usage. L'action est préparée dans cette scène par des discours relatifs à la façon de vivre de chacun de ces deux personnages. On va voir le sujet exposé dans celle qui suit.

Isabelle, Léonor, et Lisette suivante de celle-ci, sortent de la maison, pour aller respirer la douceur du beau temps. Sganarelle les appercevant, défend à Isabelle de sortir. Ariste lui demande envain de les laisser aller se promener,

Sganarelle lui répond que les actions d'Isabelle doivent dépendre de lui, puisqu'il est son tuteur; et en parlant des deux sœurs, il dit:

Elles sont sans parens, et notre ami leur père,
Nous commit leur conduite à son heure dernière;
Et nous chargeant tous deux ou de les épouser,
Ou sur notre refus, un jour d'en disposer,
Sur elles, par contrat, nous sut, dès leur enfance,
Et de père et d'époux donner pleine puissance.
D'élever celle-là vous prites le souci,

Et moi, je me chargeai du soin de celle-ci.
Selon vos volontés, vous gouvernez la vôtre;
Laissez-moi, je vous prie, à mon gré régir l'autre.

Sganarelle voulant donc épouser Isabelle, prétend qu'enfermée au logis, elle ne s'occupe que des choses du ménage, de recoudre son linge, de tricoter quelques bas, et ne sorte jamais sans avoir qui la veille; car il dit tout nettement à Léonor qu'elle gâte sa pupille. Ariste lui représente que les soins défians et la gêne ne font point la vertu des femmes; mais que l'honneur doit les tenir dans le devoir. Je laisse, poursuit-il en parlant de Léonor, je laisse à son choix liberté tout entière.

Si quatre mille écus de rente bien venans,
Une grande tendresse, et des soins complaisans
Peuvent, à son avis, pour un tel mariage,
Réparer entre nous l'inégalité d'âge,

Elle peut m'épouser; sinon choisir ailleurs.

Je consens que sans moi ses destins soient meilleurs ;
Et j'aime mieux la voir sous un autre hyménée,
Que si, contre son gré, sa main m'étoit donnée,

Il ajoute en réponse aux questions que lui fait Sganarelle, que, s'il épouse Léonor, elle aura toujours la liberté d'aller au bal, de fréquenter les lieux d'assemblée, et de voir le monde. Sganarelle le traite de vieux fou, et fait rentrer Isabelle, afin qu'elle n'entende pas, dit-il, cette pratique infàme.

Ariste dit qu'il veut s'abandonner à la foi de celle qu'il aura épousée, et qu'il prétend vivre toujours comme il a vécu. Alors Sganarelle s'écrie qu'il aura bien du plaisir, lorsqu'il le verra trompé par sa femme. Léonor lui proteste qu'Ariste n'aura point à craindre cette disgrace, s'il faut qu'elle en soit l'épouse; mais qu'elle ne répondroit de rien, si elle étoit la sienne. Lisette ajoute qu'il meriteroit bien d'éprouver le sort dont il parle.

Sganarelle, seul, grondant contre cette famille, composée, suivant lui, d'un vieillard insensé, d'une femme coquette, et de valets impudens, prend la résolution de se retirer à la campagne avec sa pupille, afin qu'elle ne perde point les sentimens d'honneur qu'il lui a inspirés. Valère, amant d'Isabelle, vient l'acoster, et lui témoigne qu'étant son voisin, il seroit enchanté de lier connoissance avec lui. Sganarelle lui fait diverses reparties très - brusques, et le laisse. Le jeune homme est désespéré de

voir celle qu'il aime au pouvoir d'un sauvage. Depuis quatre mois, dit-il à son valet, il la suit par-tout, sans avoir pu trouver un moment pour lui parler. Isabelle l'a vu; mais a-t-elle compris le langage de ses yeux? Connoît-elle et approuve-t-elle l'excès de son amour? Que faire pour le savoir? Il entre chez lui avec son valet, pour y mieux rêver.

Acte II. İsabelle venant montrer à son tuteur le logis de Valère, dit à part:

O ciel! sois-moi propice, et seconde en ce jour
Le stratagême adroit d'un innocent amour.

Et un peu après, en s'en allant :

Je fais pour une fille un projet bien hardi:
Mais l'injuste rigueur dont envers moi l'on use,
Dans tout esprit bien fait, me servira d'excuse.

ou

Sganarelle, seul, frappe à la porte de Valère. Après un jeu de théâtre plaisant, qui consiste dans l'offre que Valère fait à Sganarelle d'entrer dans sa maison, de faire apporter des siéges, et dans bien des cérémonies qu'ils font l'un et l'autre pour se couvrir, le tuteur lui dit qu'il sait qu'il aime Isabelle, qui lui en a fait elle-même la confidence, et qui de plus, dit-il, m'a chargé de vous donner avis,

Que depuis que par vous tous ses pas sont suivis,
Son cœur qu'avec excès votre poursuite outrage,
'a que trop de vos yeux entendu le langage;
e vos secrets desirs lui sont assez connus;

Et que c'est vous donner des soucis superflus,
De vouloir davantage expliquer votre flamme,
Qui choque l'amitié que me garde son ame.
VALÈRE.

C'est elle, dites-vous, qui de sa part vous fait....

SGANARELLE.

Oui, vous venir donner cet avis franc et net,
Et qu'ayant vu l'ardeur dont votre ame est blessée,
Elle vous eût plutôt fait savoir sa pensée,
Si son cœur avoit eu dans son émotion
A qui pouvoir donner cette commission.

VALÈRE, bas à son valet. Ergaste, que dis-tu d'une telle aventure ? SGANARELLE, bas.

Le voilà bien surpris.

ERGASTE, bas à Valère.

Selon ma conjecture,
Je tiens qu'elle n'a rien de déplaisant pour vous;
Qu'un mystère assez fin est caché là-dessous,
Et qu'enfin cet avis n'est pas d'une personne
Qui veuille voir cesser l'amour qu'elle vous donne.

Valère et Ergaste s'étant retirés, Sganarelle appelle Isabelle, qui en entrant, dit tout bas:

J'ai peur que mon amant, plein de sa passion,
N'ait pas de mon avis compris l'intention;
Et j'en veux, dans les fers où je suis prisonnière,
Hasarder un qui parle avec plus de lumière.

Sganarelle lui rend compte de sa commission, et lui dit qu'il a lieu de croire que son amant abandonnera ses vues. J'ai bien peur du contraire, lui répond Isabelle; et elle lui raconte qu'à peine étoit-il sorti du logis, que s'étant mise à

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