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* Mœurs

et mœurs

LÉAND r E.

Tu m'en fais souvenir ; je l'avois oublié.

L'Irrésolu de Destouches, après avoir balancé dans tout le cours de la pièce, entre Célimène et Julie, et s'être à la fin décidé pour celle-ci, dit en sortant pour aller signer le contrat de mariage:

J'aurois mieux fait, je crois, d'épouser Célimène.

Le Métromane de Piron, venant d'apprendre que sa pièce de théâtre est entièrement tombée par les efforts de la cabale, ferme la scène en disant:

Vous, à qui cependant j'ai consacré mes jours,
Muses, tenez-moi lieu de fortune et d'amours.

Dans les comédies de caractère, il générales, faut peindre les moeurs générales et les particuliè moeurs particulières des pays. C'est sur res dans la ces deux pivots que roulent les intrigues Comédie. des bonnes comédies des anciens et des

modernes. Une pièce de théâtre fondée
sur des mœurs générales, est universel-
lement applaudie, et va à la postérité,
la plus reculée, parce que ces caractères
généraux, qui sont comme l'apanage
inaliénable de la nature, étant toujours
et par-tout les mêmes, la peinture en
doit plaire à tous les hommes, dans toust
les pays, dans tous les siècles. La comé-
die de l'Avare que Plaute a faite, il y
a près de deux mille
nous intéresse

ans,

encore aujourd'hui, et intéressera ceux qui viendront après nous. Il en est de même de l'Avare de Molière, de son Tartuffe, de son Misanthrope, du Joueur, du Glorieux, du Grondeur et de plusieurs autres comédies en ce genre, qui ont été presque toutes transportées chez les autres nations de l'Europe. Il en sera de même de toutes les pièces de théâtre, où le poète comique présentera un miroir des vices qui règnent dans tous les temps; où il dessinera ces caractères communs au Grec, au Romain, à l'Espagnol, au Français, à l'Italien, etc.

Les comédies, dont l'intrigue n'est fondée que sur les moeurs particulières, ont, dans leur origine, un succès plus éclatant mais ce succès n'est que passager ou borné à un pays. Nous lisons avec plaisir l'Andrienne et les autres comédies de Térence, parce qu'elles sont bien écrites, bien dialoguées, bien conduites. Mais elles ne nous intéressent pas beaucoup par rapport aux caractères, parce que nous n'y voyons que la peinture des mœurs romaines de ce temps-là, dont les mœurs d'aujourd'hui sont bien différentes. Le succès de l'excellente comédie des Précieuses ridicules par Molière, a été également borné à son siècle et à notre nation, parce que le ridicule qui y est peint, n'a existé que chez nous, et

n'existe plus aujourd'hui. Voilà pourquoi cette pièce n'a été traduite dans aucune langue étrangère : elle ne pouvoit intéresser que les Français.

Des coups Les coups de théâtre ou surprises font de théa- un très-bel effet dans la comédie. Ce sont tre, et des des événemens qui arrivent subitement, tes de co- dans le cours de l'action, sans que le mique,

deux sor

spectateur s'y soit attendu. Le poète doit ici lui faire goûter tout le plaisir d'une vive et agréable surprise, sans choquer néanmoins en aucune manière le bon sens et la raison. Il faut donc que les événemens ne puissent nullement être prévus, et qu'en même temps ils soient vraisemblables, naturels, tirés du fonds de l'intrigue même, et amenés par la situation des personnages; ce qui demande beaucoup d'art et de délicatesse.

spec

Le comique est ce qui fait rire le tateur. Il y en a de deux sortes; le comique d'action et le comique de pensée. Le premier est celui qui prend sa source dans l'action même, et qui se trouve dans la situation des personnages. Le second n'est autre chose que les bons mots, les saillies, les plaisanteries qui naissent dans la conversation. Le comique d'action ou de situation est sans contredit le meilleur, non- seulement pour instruire, mais encore pour amuser. On ne doit cependant pas exclure le comique de pensée; mais il faut bien

se

se garder de ne s'attacher qu'à celui-là.

Si ce comique de pensée faisoit seul le mérite d'une pièce de théâtre, le succès ne pourroit en être que momentané; et l'on ne tarderoit pas à reconnoître dans son auteur le défaut de génie et d'invention, qu'il auroit voulu cacher sous un vain étalage de traits ingénieux et brillans. En effet, tous ces jeux de mots plaisans et badins, toutes ces pensées subtiles, tous ces portraits plus éclatans que vrais, enfin tout ce qu'on appelle du joli, parce que c'est exprimé avec esprit et avec grace, peut pour un instant flatter agréablement l'imagination du spectateur, qui admire, en souriant, la délica tesse, la légèreté, le coloris de l'auteur. Mais il s'en faut bien qu'il y trouve un grand fonds d'instruction, et un sujet réel d'amusement, qui sont les deux fins de la bonne comédie. Son esprit ne peut certainement pas y puiser de grandes lumières sur la nature d'un caractère, sur un défaut, sur un ridicule; et son ame, loin d'éprouver un vrai sentiment de joie, loin de s'ouvrir aux transports toujours renaissans d'une gaîté vive et durable, retombe bientôt dans son premier état de dégoût, de langueur et d'affaissement. Ainsi l'on peut dire alors ce que le C. de B** dit ( peut-être avec raison) de la comédie de nos jours, dans

son Épitre sur le Goût, au dac de Ni

vernois.

On ne sit plas ; on sourit aujourd'hui,
Et nos plaisirs sont voisins de l'ennui.

Le comique d'action, au contraire nous amuse autant qu'il nous instruit. C'est là que le poète, en nous montrant son personnage sous le côté ridicule, dévoile au grand jour le caractère, le défaut, le vice qu'il a eu intention de peindre pour nous divertir et pour nous corriger. Loin donc de courir après l'esprit, il ne doit s'attacher qu'à dresser son plan et à conduire son action, de manière que ses personnages se trouvent dans des situations vraiment comiques. Alors il n'aura besoin ni de saillies, ni de bons mots pour exciter le rire du spectateur. Les expressions les plus naturelles, les pensées les plus simples produiront cet effet à cause de la situation du personnage,

Analyse Pour avoir un bel exemple de ce cod'une co- mique de situation, d'un coup de théâtre médie de amené avec un art admirable, et géné

Molière.

ralement de la manière de conduire une pièce, nous n'avons qu'à ouvrir Molière. Je choisis préférablement l'Ecole des Maris, parce qu'il n'y a presque point de scène qui ne présente une situation. Bret a bien raison de dire que cette pièce est le chef-d'oeuvre du génie comique

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