Oldalképek
PDF
ePub

l'action

dans le sanctuaire; voilà le commencement. Athalie, qui depuis plusieurs années s'est emparée de la couronne, demande cet enfant au grand - prêtre, qui le refuse, et qui se met en défense contre cette reine; voilà le milieu. Athalie, attirée dans le temple par le grandprête, est mise à mort par son ordre, et Joas est reconnu roi; voilà la fin. L'action est complètement achevée. Le spectateur sort pleinement satisfait, et sa curiosité n'a plus rien à desirer.

Unité de Il faut que l'action dramatique soit dramati- une, et qu'elle se passe tout entière en un même jour, et en un même lieu.

que,

Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli (1).

C'est le précepte qu'ont donné tous les grands maîtres, et qui a été rigoureusement observé par tous les bons poètes ; précepte que la nature seule nous indique, et qui doit être aussi invariable qu'elle.

L'esprit humain ne peut embrasser plusieurs objets à la fois. L'oeil seroit choqué de voir deux événemens dans un même tableau. Si l'on présentoit sur le théâtre plusieurs actions à la fois, il est clair que le même personnage ne pourroit point les faire toutes en même temps. Il faudroit qu'il y eût autant de princi

(1) Boileau. Art Poét, ch. 111.

paux personnages que d'actions. Ces personnages partageroient donc l'intérêt du spectateur. Or l'intérêt ainsi divisé ne pourroit être que très-foible. Si l'on suppose que le même personnage feroit successivement toutes ses actions, je dirai que ce ne seroit plus alors une pièce de théâtre, ce seroit une histoire plus ou moins longue, qui ne pourroit pas exciter un intérêt bien vif; soit parce que les objets s'y succéderoient trop rapidement; soit parce que l'impression de l'un effaceroit ou arrêteroit nécessairement l'impression de l'autre; soit enfin, parce que plusieurs actions, dont chacune seroit présentée avec tous ses dévoloppemens, ne pourroient que fatiguer à la longue l'attention du spectateur. Ainsi cettte règle est non seulement puisée dans le bon sens, mais encore faite pour notre plaisir. Voici en quoi consiste cette unité d'action.

[ocr errors]

l'action,

ties.

L'action dramatique est une, quand Unité de toutes ses parties, ou toutes les petites prise du actions qui la composent, qui en précè- rapport dent l'accomplissement, ont un même des parprincipe, et aboutissent à un centre commun. On doit s'y proposer un seul but; et tous les moyens qu'on emploie, tous les efforts qu'on fait, doivent tendre à ce but. Le martyre de Polieucte est le sujet de la tragédie de ce nom. Voyez comme toutes les petites actions qui pré

Unité de

cèdent cette action principale, concourent à son accomplissement. Polieucte, malgré les prières de Pauline sa femme, sort du palais, et va recevoir le baptême. Il entre ensuite dans le temple avec Néarque son ami, et brise pendant le sacrifice, les statues des faux dieux. Néarque est mis à mort par l'ordre du gouverneur Félix, bead-père de Polieucte. Ce mème Félix se joint à Pauline, pour engager Polieucte à marquer publiquement quelque repentir de l'action qu'il vient de faire. Polieucte le refuse il est inébranlable; et sa fermeté lui fait trouver la mort après laquelle il soupiroit.

:

L'action est encore une, quand le prinl'action, cipal personnage est, depuis le commenl'unité de cement jusqu'à la fin, dans le même péril. Si ce péril cesse, l'action est finie: si

prise de

péril.

le
personnage tombe dans un second pé-
ril qui ne soit pas une suite nécessaire
du premier, une seconde action com-
mence; ce que les loix du théâtre n'au-
torisent point. Le jeune Joas, depuis
l'instant où le grand-prêtre prend la ré-
solution de le couronner, est en danger
de tomber au pouvoir d'Athalie ; et ce
danger croissant toujours, ne cesse que
par la mort de cette reine: voilà l'unité
d'action. Il n'en est pas de même dans les
Horaces. Le héros de la pièce revenant
vainqueur du combat contre les trois

Curiaces, est sorti d'un péril général qui intéressoit tout l'état. Mais en tuant sa sœur, il tombe dans un nouveau péril qui lui est particulier, puisqu'il n'y va que de sa vie. Aussi Corneille luimême a-t-il reconnu que cette duplicité de péril rendoit l'action double dans cette tragédie.

[ocr errors]

prise de

Enfin l'action est une,, quand le prin- Unité de cipal personnage réunit tout l'intérêt du l'action spectateur, comme Joas dans Athalie, l'unité Britannicus dans la tragédie de ce nom. d'intérêt. Ce n'est pas qu'on ne puisse s'intéresser aux autres personnages et qu'ils ne puissent eux-mêmes être diversement intéressés. Ils le sont toujours dans nos meilleures pièces de théâtre. Mais tous ces intérêts divers s'y rapportent au principal personnage; et c'est-là une des régles les plus essentielles. S'ils ne s'y rapportoient pas, l'intérêt seroit double, et l'action le seroit aussi. C'est sur ce principe que quelques critiques trouvent une duplicité d'action dans l'Andromaque de Racine. Il faut convenir que l'intérêt qu'on prend à Oreste qui aime Hermione, se rapportant à lui seul, affoiblit beaucoup l'intérêt qu'on prend à Andromaque. Le cœur est partagé entre ces deux personnages. Aussi entre-t-on moins vivement dans les sentimens d'Andromaque pour son fils Astianax. Mais d'un autre côté cet amour d'Oreste tient à

Unité de

lieu.

l'action principale, puisque Hermione, qui aime Pyrrhus sans en être aimée, furieuse de voir qu'on lui préfère une rivale, engage Oreste à tuer Pyrrhus.

On peut mêler à l'action principale une action particulière et moins considérable, qu'on nomme épisode. Mais il faut que cet épisode y soit bien lié, et y ait un rapport direct et nécessaire. Il doit influer sur le dénouement de l'action principale: s'il n'y influe pas, il est entièrement vicieux. Tel est dans le Cid l'épisode de l'Infante: tel est celui d'Antiochus dans la Berenice de Racine. On sait que le grand Condé étant à une représentation de cette dernière pièce, dit au sujet de ce personnage: et Antiochus, qu'en ferons-nous? Il faut le marier avec l'Infante du Cid. L'épisode d'Aricie, dans la Phèdre du même poète, n'a pas été à l'abri de la critique, parce qu'il n'influe que foiblement sur le dénouement. Cet épisode ne se lie à l'action principale que vers la fin du quatrième acte, où Phèdre paroît portée à justifier Hippolyte auprès de Thésée, mais renonce à ce dessein, aussitôt qu'elle ap prend qu'Aricie est sa rivale.

L'action dramatique étant une, elle doit nécessairement se passer dans un même lieu. Cette seconde règle est encore prescrite par le bon sens. Quel peintre s'aviseroit de représenter un

[ocr errors]

héros

« ElőzőTovább »