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ponde au troisième, et le second au quatrième que le cinquième et le sixième riment ensemble; que le septième réponde au dixième, et que le huitième et le neuvième riment ensemble.

Montrez-nous, guerriers magnanimes,
Votre vertu dans tout son jour.
Voyons comment vos cœurs sublimes
Du sort soutiendront le retour.
Tant que sa faveur vous seconde,
Vous êtes les maîtres du monde ;
Votre gloire nous éblouit.
Mais au moindre revers funeste,
Le masque tombe, l'homme reste,
Et le héros s'évanouit.

Parmi les autres manières de mêler agréablement les rimes dans ces sortes de stances, celle-ci est la plus belle.

Combien plus sage et plus habile
Est un roi, qni, par ses faveurs,
Songe à s'élever dans les cœurs
Un trône durable et tranquille;
Qui ne connoît point d'autres biens,
Que ceux que ses vrais citoyens
De sa bonté peuvent attendre ;
Et qui, prompt à les discerner,
N'ouvre les mains que pour répandre,
Et ne reçoit que pour donner.

Les stances de nombre impair sont de cinq, de sept et de neuf vers. Il faut nécessairement y mettre trois rimes semblables: mais on ne doit jamais les placer de suite. En voici des exemples:

Le volage amant de Clytie
Ne caresse plus nos climats;

Et bientôt des monts de Scythie,
Le fougueux époux d'Orithie
Va nous ramener les frimats.

Ingénieuses rêveries,

Songes rians, sages loisirs,
Venez sous ces ombres chéries;
Vous suffirez à mes desirs.

Plaisirs brillans, troublez les villes;
Plaisirs champêtres et tranquilles,
Seuls vous êtes les vrais plaisirs.

Le roi des cieux et de la terre
Descend au milieu des éclairs :
Sa voix, comme un bruyant tonnerre,
S'est fait entendre dans les airs.
Dieux mortels, c'est vous qu'il appelle:
Il tient la balance éternelle,
Qui doit peser tous les humains.
Dans ses yeux la flamme étincelle,
Et le glaive brille en ses mains.

Il en est de ces stances de nombre impair, comme de celles de nombre pair. Les vers y peuvent être d'inégale mesure c'est ce qu'on peut voir dans les deux suivantes.

Que j'aime à contempler, dans mes heureux caprices,
Des profondes forêts le silence et l'horreur,
Les rochers sourcilleux, les vastes précipices!
Ce noir aspect fait mes délices,

Et je jouis de ma terreur.

On peut des plus grands rois surprendre la justice.
Incapables de tromper,

Ils ont peine à s'échapper
Des piéges de l'artifice.

Un cœur noble ne peut soupçonner dans autrui
La bassesse et la malice

Qu'il ne sent point en lui.

On appelle stances régulières, une suite de stances qui ont toutes la même forme, soit pour la mesure et le nombre des vers, depuis quatre jusqu'à dix, soit pour le mélange et la combinaison des rimes telles sont celles que j'ai citées pour exemples de stances de quatre

vers.

On appelle stances irrégulières, une suite de stances qui ont chacune une forme différente. En voici un exemple: Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire? Tout l'univers admiroit ta splendeur.

Tu n'es plus que poussière; et de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
Sion jusques au ciel élevée autrefois,

Jusqu'aux enfers maintenant abaissée,
Puissé-je demeurer sans voix,

Si dans mes chants ta douleur retracée
Jusqu'au dernier soupir n'occupe ma pensée.

rives du Jourdain! ô champs aimés des cieux!
Sacrés monts! fertiles vallées,

Par cent miracles signalées!
Du doux pays de nos aïeux
Serons-nous toujours exilées ?

Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts
Et de tes tours les magnifiques faîtes?
Quand verrai-je de toutes parts

Tes peuples, en chantant, accourir à tes fêtes ?

Ton Dieu n'est plus irrité : Réjouis-toi, Sion, et sors de la poussière; Quitte les vêtemens de ta captivité,

Et reprends ta splendeur première. Les chemins de Sion sont à la fin ouverts: Rompez vos fers,

Tribus captives,
Troupes fugitives,

Repassez les monts et les mers;

Rassemblez-vous des bouts de l'univers.

Au reste, il sera bon, dans toutes sortes de stances, d'entremêler les rimes, de manière que le premier et le dernier vers d'une stance soient d'espèce différente. Sans cette attention, l'oreille du lecteur seroit un peu choquée de trouver, en passant d'une stance à l'autre, deux vers masculins, ou deux vers féminins qui ne rimeroient pas ensemble, comme dans celles-ci :

Rois, chassez la calomnie.

Ses criminels attentats
Des plus paisibles états

Troublent l'heureuse harmonię.

Sa fureur, de sang avide,
Poursuit par-tout l'innocent.
Rois , prenez soin de l'absent
Contre sa langue homicide.

De ce monstre si farouche
Craignez la feinte douceur !
La vengeance est dans son cœur "
Et la pitié dans sa bouche.

Je dois dire néanmoins que cette manière de placer les rimes n'est pas absolument regardée comme une faute. Nos bons auteurs l'ont pratiquée, mais bien rarement. Elle n'est point du tout repréhensible dans les couplets d'une chanson.

II.

De la Poésie en général.

On vient de voir les différentes formes du discours mesuré, les règles générales qui regardent le mécanisme des vers, et qu'il faut exactement observer pour être un bon et agréable versificateur. Mais, pour être vraiment poète, il faut inventer et peindre.

ter.

L'art d'inventer consiste à trouver les De l'art objets qui existent et où ils sont, ceux d'invenqui peuvent exister et où ils peuvent être; à présenter des actions, des images, des sentimens réels, ou possibles et vraisemblables. Je dois rappeler ici en peu de mots ce que j'ai dit, dans la Rhétorique française, de l'imitation de la belle nature, principe commun de tous les beaux arts. On imite la nature, en représentant fidelement un objet tel qu'il existe, ou tel qu'il peut vraisemblablement exister. On imite la belle nature, en représentant fidèlement un objet aussi parfait que nous pouvons le concevoir, soit qu'il existe, soit que, n'existant pas, il puisse exister. C'est cette dernière opération que fait la poé. sie : elle ne présente que des objets parfaits en eux-mêmes.

Mais comment parvient-elle à donner à ces objets le degré de perfection néces

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